[1,5] V. 1. Ταύτας δὴ τὰς πεπλανημένας, ὥσπερ ἔφην, ὑπολήψεις ἐξελέσθαι τῆς
διανοίας τῶν πολλῶν προαιρούμενος καὶ ἀντικατασκευάσαι τὰς ἀληθεῖς,
περὶ μὲν τῶν οἰκισάντων τὴν πόλιν, οἵτινες ἦσαν καὶ κατὰ τίνας ἕκαστοι
καιροὺς συνῆλθον καὶ τίσι τύχαις χρησάμενοι τὰς πατρίους οἰκήσεις
ἐξέλιπον, ἐν ταύτῃ δηλώσω τῇ γραφῇ, δι´ ἧς Ἕλληνάς τε αὐτοὺς ὄντας
ἐπιδείξειν ὑπισχνοῦμαι καὶ οὐκ ἐκ τῶν ἐλαχίστων ἢ φαυλοτάτων ἐθνῶν
συνεληλυθότας.
2. Περὶ δὲ τῶν πράξεων, ἃς μετὰ τὸν οἰκισμὸν εὐθέως ἀπεδείξαντο, καὶ περὶ
τῶν ἐπιτηδευμάτων, ἐξ ὧν εἰς τοσαύτην ἡγεμονίαν προῆλθον οἱ μετ´ αὐτοὺς,
ἀπὸ τῆς μετὰ ταύτην ἀρξάμενος ἀναγραφῆς ἀφηγήσομαι, παραλιπὼν οὐδὲν
ὅση μοι δύναμις τῶν ἀξίων ἱστορίας, ἵνα τοῖς γε μαθοῦσι τὴν ἀλήθειαν ἃ
προσήκει περὶ τῆς πόλεως τῆσδε παραστῇ φρονεῖν, εἰ μὴ παντάπασιν ἀγρίως
καὶ δυσμενῶς διάκεινται πρὸς αὐτήν, καὶ μήτε ἄχθεσθαι τῇ ὑποτάξει κατὰ τὸ
εἰκὸς γενομένῃ (φύσεως γὰρ δὴ νόμος ἅπασι κοινός, ὃν οὐδεὶς καταλύσει
χρόνος, ἄρχειν ἀεὶ τῶν ἡττόνων τοὺς κρείττονας) μήτε κατηγορεῖν τῆς τύχης,
ὡς οὐκ ἐπιτηδείῳ πόλει τηλικαύτην ἡγεμονίαν καὶ τοσοῦτον ἤδη χρόνον
προῖκα δωρησαμένης·
3. Μαθοῦσί γε δὴ παρὰ τῆς ἱστορίας, ὅτι μυρίας ἤνεγκεν ἀνδρῶν ἀρετὰς
εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς μετὰ τὸν οἰκισμὸν, ὧν οὔτ´ εὐσεβεστέρους οὔτε δικαιοτέρους
οὔτε σωφροσύνῃ πλείονι παρὰ πάντα τὸν βίον χρησαμένους οὐδέ γε τὰ
πολέμια κρείττους ἀγωνιστὰς οὐδεμία πόλις ἤνεγκεν οὔτε Ἑλλὰς οὔτε
βάρβαρος, εἰ δὴ ἀπέσται τοῦ λόγου τὸ ἐπίφθονον· ἔχει γάρ τι καὶ τοιοῦτον ἡ
τῶν παραδόξων καὶ θαυμαστῶν ὑπόσχεσις.
4. Οἱ δὲ σύμπαντες οἱ τοσοῦτο περιθέντες αὐτῇ δυναστείας μέγεθος
ἀγνοοῦνται πρὸς Ἑλλήνων, οὐ τυχόντες ἀξιολόγου συγγραφέως· οὐδεμία γὰρ
ἀκριβὴς ἐξελήλυθε περὶ αὐτῶν Ἑλληνὶς ἱστορία μέχρι τῶν καθ´ ἡμᾶς χρόνων,
ὅτι μὴ κεφαλαιώδεις ἐπιτομαὶ πάνυ βραχεῖαι.
| [1,5] V 1. Donc, pour enlever ces idées fausses, comme je l’ai dit, des esprits des
gens et pour les remplacer par la vérité, je vais montrer dans ce livre qui étaient
les fondateurs de la ville, à quelles époques les divers groupes se rencontrèrent
et par quels revers de la fortune ils ont abandonné leurs pays d'origine. De cette
façon je m’engage à montrer que c’étaient des Grecs et qu’ils venaient de
nations qui n’étaient pas les moins petites ni les moins considérables.
2. Et en commençant le livre suivant je raconterai les actions qu'ils accomplirent
juste après la fondation de la ville et les coutumes et les institutions grâce
auxquelles leurs descendants sont parvenus à une telle hégémonie; et, dans la
mesure du possible, je n'omettrai aucun fait digne de figurer dans l'histoire, et
finalement je veux insuffler dans l’esprit de ceux qui seront alors au courant de
la vérité l’opinion convenable de cette ville, - à moins qu'ils n’éprouvent déjà
une attitude tout à fait violente et une hostilité envers elle, - et aussi de faire en
sorte qu'ils ne puissent plus ressentir de l'indignation devant leur soumission
actuelle, qui est basée sur la raison (c’est une loi de nature universelle, que le
temps ne peut pas détruire, qui ordonne que les supérieurs commandent aux
inférieurs), et qu’ils n’accusent plus la fortune d’avoir accordé étourdiment à
une ville peu méritante une si grande suprématie et qui dure déjà depuis si
longtemps.
3. Particulièrement quand ils auront appris de mon histoire que Rome dès le
début, juste après sa fondation, produisit des myriades d’hommes dont aucune
ville, grecque ou barbare n’a jamais produit autant de piété, de justice, de sang-
froid tout au long de leur vie, de valeur guerrière. Voilà, dis-je, ce que j'espère
accomplir, si mes lecteurs veulent bien laisser tomber tout ressentiment : pour
certains un tel sentiment apparaît quand on promet de raconter des choses qui
vont à l'opposé de l'opinion reçue ou qui sont dignes d’admiration.
4. C’est un fait que tous ces Romains qui ont porté leur pays à une si grande
hégémonie sont inconnus aux Grecs, faute d'un historien compétent. Aucune
histoire précise des Romains écrite en langue grecque n’existe encore, sauf
quelques brefs et sommaires épitomés.
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