[1,3] III. 1. Αἱ μὲν οὖν ἐπιφανέσταται τῶν πρόσθεν ἡγεμονιῶν, ἃς παρειλήφαμεν
ἐκ τῆς ἱστορίας, τοσαύτην ἀκμήν τε καὶ ἰσχὺν λαβοῦσαι κατελύθησαν· τὰς
γὰρ Ἑλληνικὰς δυνάμεις οὐκ ἄξιον αὐταῖς ἀντιπαρεξετάζειν, οὔτε μέγεθος
ἀρχῆς οὔτε χρόνον ἐπιφανείας τοσοῦτον ὅσον ἐκεῖναι λαβούσας.
2. Ἀθηναῖοι μέν γε αὐτῆς μόνον ἦρξαν τῆς παραλίου δυεῖν δέοντα
ἑβδομήκοντα ἔτη καὶ οὐδὲ ταύτης ἁπάσης, ἀλλὰ τῆς ἐντὸς Εὐξείνου τε
πόντου καὶ τοῦ Παμφυλίου πελάγους, ὅτε μάλιστα ἐθαλασσοκράτουν.
Λακεδαιμόνιοι δὲ Πελοποννήσου καὶ τῆς ἄλλης κρατοῦντες Ἑλλάδος ἕως
Μακεδονίας τὴν ἀρχὴν προὐβίβασαν, ἐπαύσθησαν δὲ ὑπὸ Θηβαίων οὐδὲ ὅλα
τριάκοντα ἔτη τὴν ἀρχὴν κατασχόντες.
3. Ἡ δὲ Ῥωμαίων πόλις ἁπάσης μὲν ἄρχει γῆς ὅση μὴ ἀνέμβατός ἐστιν, ἀλλ´
ὑπ´ ἀνθρώπων κατοικεῖται, πάσης δὲ κρατεῖ θαλάσσης, οὐ μόνον τῆς ἐντὸς
Ἡρακλείων στηλῶν, ἀλλὰ καὶ τῆς Ὠκεανίτιδος ὅση πλεῖσθαι μὴ ἀδύνατός
ἐστι, πρώτη καὶ μόνη τῶν ἐκ τοῦ παντὸς αἰῶνος μνημονευομένων ἀνατολὰς
καὶ δύσεις ὅρους ποιησαμένη τῆς δυναστείας· χρόνος τε αὐτῇ τοῦ κράτους οὐ
βραχύς, ἀλλ´ ὅσος οὐδεμιᾷ τῶν ἄλλων οὔτε πόλεων οὔτε βασιλειῶν.
4. Εὐθὺς μὲν γὰρ ἐξ ἀρχῆς μετὰ τὸν οἰκισμὸν τὰ πλησίον ἔθνη πολλὰ καὶ
μάχιμα ὄντα προσήγετο καὶ προὔβαινεν ἀεὶ πᾶν δουλουμένη τὸ ἀντίπαλον·
ταῦτα δὲ πέντε καὶ τετταράκοντα ἤδη πρὸς ἑπτακοσίοις ἔτεσίν ἐστιν εἰς
ὑπάτους Κλαύδιον Νέρωνα τὸ δεύτερον ὑπατεύοντα καὶ Πείσωνα
Καλπούρνιον, οἳ κατὰ τὴν τρίτην ἐπὶ ταῖς ἐνενήκοντα καὶ ἑκατὸν ὀλυμπιάσιν
ἀπεδείχθησαν.
5. Ἐξ οὗ δὲ ὅλης ἐκράτησεν Ἰταλίας καὶ ἐπὶ τὴν ἁπάντων ἐθάρρησεν ἀρχὴν
προελθεῖν, ἐκβαλοῦσα μὲν ἐκ τῆς θαλάττης Καρχηδονίους, οἳ πλείστην ἔσχον
ναυτικὴν δύναμιν, ὑποχείριον δὲ λαβοῦσα Μακεδονίαν, ἣ τέως ἐδόκει
μέγιστον ἰσχύειν κατὰ γῆν, οὐδὲν ἔτι ἀντίπαλον ἔχουσα οὔτε βάρβαρον
φῦλον οὔτε Ἑλληνικὸν γενεὰν ἑβδόμην ἤδη τὴν ἐπ´ ἐμοῦ διαμένει παντὸς
ἄρχουσα τόπου·
6. Ἔθνος δὲ οὐδὲν ὡς εἰπεῖν ἐστιν, ὃ περὶ τῆς κοινῆς ἡγεμονίας ἢ τοῦ μὴ
ἄρχεσθαι πρὸς αὐτὴν διαφέρεται. Ἀλλὰ γὰρ ὅτι μὲν οὔτε τὴν ἐλαχίστην τῶν
ὑποθέσεων προῄρημαι, καθάπερ ἔφην, οὔτε περὶ φαύλας καὶ ἀσήμους
πράξεις ἔγνωκα διατρίβειν, ἀλλὰ περί τε πόλεως γράφω τῆς περιφανεστάτης
καὶ περὶ πράξεων ὧν οὐκ ἂν ἔχοι τις ἑτέρας ἐπιδείξασθαι λαμπροτέρας, οὐκ
οἶδ´ ὅ τι δεῖ πλείω λέγειν.
| [1,3] III. 1. Nous voyons ainsi que par le passé les plus célèbres des hégémonies dont
l'histoire nous a gardé le souvenir, après avoir atteint une très grande puissance,
ont pourtant été renversées. Quant aux puissances grecques, elles ne sont pas à
comparer à ces dernières, puisqu'elles n'ont eu ni la grandeur de l'empire ni la
durée de leur hégémonie.
2. Les Athéniens n'ont dominé la côte que pendant soixante-huit ans et leur
suprématie ne s’étendait pas sur toute celle-ci, mais seulement à la partie entre
l'Euxin et la mer de Pamphylie, quand leur suprématie navale était à son apogée.
Les Lacédémoniens, quand ils furent les maîtres du Péloponnèse et du reste de
la Grèce, étendirent leur empire jusqu’en Macédoine, mais furent arrêtés par les
Thébains après avoir gardé leur empire à peine trente ans.
3. Mais Rome règne sur tous les pays qui ne sont pas inaccessibles ou inhabités,
et elle est maîtresse de l’ensemble des mers, non seulement celles qui se
trouvent en deçà des colonnes d’Hercule mais aussi de l’Océan, sauf de la
partie qui n’est pas navigable. C’est le premier et le seul état connu de tout
temps qui jamais ait eu comme frontières de son empire le levant et le couchant.
Et sa suprématie ne fut pas de la courte durée, mais plus longue que celle de
n'importe quelle autre cité ou royaume.
4. Mais Rome, dès le début, juste après sa fondation, commença à attirer les
nations voisines, qui étaient nombreuses et belliqueuses, et continua à
s’étendre en subjuguant toutes les nations rivales. Et sept cent et quarante-cinq
ans se sont écoulées depuis sa fondation jusqu’au consulat de Claudius Nero,
consul pour la deuxième fois, et de Calpurnius Piso, qui furent désignés dans la
cent quatre-vingt-treizième Olympiade
5. Depuis qu’elle a maîtrisé l’ensemble de l’Italie, elle s’est enhardie à
aspirer à la conquête de toute l’humanité, et après chassé les Carthaginois,
dont les forces navales étaient supérieures à toutes les autres, et soumis la
Macédoine, qui jusque-là était considérée comme la plus puissante nation de la
terre, elle n’a plus comme rivale aucune nation barbare ou grecque; et elle est
maintenant, à ce jour, déjà depuis sept générations maîtresse de l’univers et il
n’y a aucune nation, à ce que je puisse voir, pour disputer son hégémonie
universelle ou pour contester son pouvoir
6. C’est pourquoi, pour prouver mon affirmation que je n’ai pas choisi les
sujets les plus insignifiant ni décidé de traiter d’actions vulgaires et viles, mais
que j’ai entrepris d’écrire non seulement sur la plus illustre cité, mais aussi sur
des exploits dont on ne pourrait montrer de plus brillants, je reconnais ne pouvoir
en dire plus.
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