[1,20] XX. 1. Ἐλθοῦσι δὴ τοῖς Ἀβοριγῖσι σὺν πολλῇ στρατιᾷ ἱκετηρίας οἱ Πελασγοὶ
προτείνοντες ὁμόσε χωροῦσιν ἄνοπλοι φράζοντές τε τὰς ἑαυτῶν τύχας καὶ
δεόμενοι πρὸς φιλίαν δέξασθαι σφᾶς συνοίκους οὐ λυπηροὺς ἐσομένους, ἐπεὶ
καὶ τὸ δαιμόνιον αὐτοὺς εἰς τήνδε μόνην ἄγει τὴν χώραν, ἐξηγούμενοι τὸ
λόγιον.
2. Τοῖς δὲ Ἀβοριγῖσι ταῦτα πυθομένοις ἐδόκει πείθεσθαι τῷ θεοπροπίῳ καὶ
λαβεῖν συμμαχίαν Ἑλληνικὴν κατὰ τῶν διαφόρων σφίσι βαρβάρων,
πονουμένοις τῷ πρὸς τοὺς Σικελοὺς πολέμῳ. Σπένδονταί τε δὴ πρὸς τοὺς
Πελασγοὺς καὶ διδόασιν αὐτοῖς χωρία τῆς ἑαυτῶν ἀποδασάμενοι τὰ περὶ τὴν
ἱερὰν λίμνην, ἐν οἷς ἦν τὰ πολλὰ ἑλώδη, ἃ νῦν κατὰ τὸν ἀρχαῖον τῆς
διαλέκτου τρόπον Οὐέλια ὀνομάζεται.
3. Σύνηθες γὰρ ἦν τοῖς ἀρχαίοις Ἕλλησιν ὡς τὰ πολλὰ προτιθέναι τῶν
ὀνομάτων, ὁπόσων αἱ ἀρχαὶ ἀπὸ φωνηέντων ἐγίνοντο, τὴν <ου> συλλαβὴν
ἑνὶ στοιχείῳ γραφομένην. Τοῦτο δ´ ἦν ὥσπερ γάμμα διτταῖς ἐπὶ μίαν ὀρθὴν
ἐπιζευγνύμενον ταῖς πλαγίοις, ὡς Fελένη καὶ Fάναξ καὶ Fοῖκος καὶ Fαὴρ καὶ
πολλὰ τοιαῦτα.
4. Ἔπειτα μοῖρά τις αὐτῶν οὐκ ἐλαχίστη, ὡς ἡ γῆ πᾶσιν οὐκ ἀπέχρη,
πείσαντες τοὺς Ἀβοριγῖνας συνάρασθαί σφισι τῆς ἐξόδου στρατεύουσιν ἐπὶ
τοὺς Ὀμβρικοὺς καὶ πόλιν αὐτῶν εὐδαίμονα καὶ μεγάλην ἄφνω
προσπεσόντες αἱροῦσι Κρότωνα· ταύτῃ φρουρίῳ καὶ ἐπιτειχίσματι κατὰ τῶν
Ὀμβρικῶν χρώμενοι, κατεσκευασμένῃ τε ὡς ἔρυμα εἶναι πολέμου
ἀποχρώντως καὶ χώραν ἐχούσῃ τὴν πέριξ εὔβοτον, πολλῶν καὶ ἄλλων
ἐκράτησαν χωρίων τοῖς τε Ἀβοριγῖσι τὸν πρὸς τοὺς Σικελοὺς πόλεμον ἔτι
συνεστῶτα πολλῇ προθυμίᾳ συνδιέφερον, ἕως ἐξήλασαν αὐτοὺς ἐκ τῆς
σφετέρας.
5. Καὶ πόλεις πολλὰς, τὰς μὲν οἰκουμένας καὶ πρότερον ὑπὸ τῶν Σικελῶν, τὰς
δ´ αὐτοὶ κατασκευάσαντες, ᾤκουν οἱ Πελασγοὶ κοινῇ μετὰ τῶν Ἀβοριγίνων,
ὧν ἐστιν ἥ τε Καιρητανῶν πόλις, Ἄγυλλα δὲ τότε καλουμένη, καὶ Πίσα καὶ
Σατορνία καὶ Ἄλσιον καὶ ἄλλαι τινὲς, ἃς ἀνὰ χρόνον ὑπὸ Τυρρηνῶν
ἀφῃρέθησαν.
| [1,20] XX. 1. Donc quand les Aborigènes s’avancèrent avec une armée nombreuse,
les Pélasges s’approchèrent sans armes avec des branches d’olivier à la
main, en leur expliquant quelle est leur propre sort et les priant de les recevoir
d'une façon amicale pour qu’ils habitent avec eux, les assurant qu'ils ne
seraient pas gênants, puisque le ciel lui-même les guidait dans ce pays particulier
selon l'oracle, qu'ils leur citent.
2. Quand les Aborigènes entendirent ces mots, ils résolurent d’obéir à l'oracle et
de prendre ces Grecs comme alliés contre leurs ennemis barbares, parce qu'ils
étaient fort oppressés par leur guerre contre le Sikèles. Ils firent donc un traité
avec les Pélasges et leurs assignèrent une partie de leurs propres terres qui
s'étendent près du lac sacré; la plupart de ces terres étaient marécageuses et
s'appellent encore aujourd’hui Velia, selon la forme antique de leur langue.
3. La coutume des anciens Grecs était de placer généralement avant les mots qui
commencent par une voyelle la syllabe "OU", écrite avec une lettre "F" (c'était
comme un gamma, constitué de deux lignes obliques reliées à une ligne droite),
comme Fg-eleneh, Fg-anax, Fg-oikos, Faehr, et beaucoup de mots
semblables.
4. Ensuite, une partie considérable des Pélasges, comme la terre n'était pas
suffisante pour les nourrir tous, persuada les Aborigènes de se joindre à eux dans
une expédition contre les Ombriens, et de marcher avec eux, ils tombèrent à
l’improviste sur Crotone et s’en emparèrent : c’était une ville grande et
prospère. Et utilisant cet endroit comme bastion et comme forteresse contre les
Ombriens, car elle était suffisamment équipée pour servir de défense en temps
de guerre et avait des pâturages fertiles aux alentours, ils se rendirent maîtres
aussi de nombreux autres places et aidèrent la grande ardeur des Aborigènes
durant la guerre qu'ils menaient encore contre les Sikèles, jusqu'à ce qu'ils les
eussent chassés de leur pays.
5. Et les Pélasges accompagnés des Aborigènes occupèrent beaucoup de villes,
dont certaines étaient précédemment habitées par le Sikèles et d'autres qu'ils
construisirent eux-mêmes; parmi ces dernières il y a Caeré, alors appelée Agylla,
et Pise, Saturnia, Alsium et quelques d'autres, qui au cours de temps passèrent
aux mains des le Tyrrhéniens.
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