[110] Ἡγοῦμαι τοίνυν λοιπὸν εἶναί μοι περὶ τοῦ κηρύγματος εἰπεῖν καὶ τῶν
εὐθυνῶν: τὸ γὰρ ὡς τἄριστά τ' ἔπραττον καὶ διὰ παντὸς εὔνους εἰμὶ καὶ πρόθυμος εὖ
ποιεῖν ὑμᾶς, ἱκανῶς ἐκ τῶν εἰρημένων δεδηλῶσθαί μοι νομίζω. καίτοι τὰ μέγιστά
γε τῶν πεπολιτευμένων καὶ πεπραγμένων ἐμαυτῷ παραλείπω, ὑπολαμβάνων
πρῶτον μὲν ἐφεξῆς τοὺς περὶ αὐτοῦ τοῦ παρανόμου λόγους ἀποδοῦναί με δεῖν,
εἶτα, κἂν μηδὲν εἴπω περὶ τῶν λοιπῶν πολιτευμάτων, ὁμοίως παρ' ὑμῶν ἑκάστῳ
τὸ συνειδὸς ὑπάρχειν μοι.
(111) τῶν μὲν οὖν λόγων, οὓς οὗτος ἄνω καὶ κάτω διακυκῶν ἔλεγε περὶ τῶν
παραγεγραμμένων νόμων, οὔτε μὰ τοὺς θεοὺς ὑμᾶς οἶμαι μανθάνειν οὔτ' αὐτὸς
ἐδυνάμην συνεῖναι τοὺς πολλούς: ἁπλῶς δὲ τὴν ὀρθὴν περὶ τῶν δικαίων
διαλέξομαι. τοσούτου γὰρ δέω λέγειν ὡς οὐκ εἴμ' ὑπεύθυνος, ὃ νῦν οὗτος
διέβαλλε καὶ διωρίζετο, ὥσθ' ἅπαντα τὸν βίον ὑπεύθυνος εἶναι ὁμολογῶ ὧν ἢ
διακεχείρικ' ἢ πεπολίτευμαι παρ' ὑμῖν.
(112) ὧν μέντοι γ' ἐκ τῆς ἰδίας οὐσίας ἐπαγγειλάμενος δέδωκα τῷ δήμῳ, οὐδεμίαν
ἡμέραν ὑπεύθυνος εἶναί φημι ἀκούεις Αἰσχίνη; οὐδ' ἄλλον οὐδένα, οὐδ' ἂν
τῶν ἐννέ' ἀρχόντων τις ὢν τύχῃ. τίς γάρ ἐστι νόμος τοσαύτης ἀδικίας καὶ
μισανθρωπίας μεστὸς ὥστε τὸν δόντα τι τῶν ἰδίων καὶ ποιήσαντα πρᾶγμα
φιλάνθρωπον καὶ φιλόδωρον τῆς χάριτος μὲν ἀποστερεῖν, εἰς τοὺς συκοφάντας δ'
ἄγειν, καὶ τούτους ἐπὶ τὰς εὐθύνας ὧν ἔδωκεν ἐφιστάναι; οὐδὲ εἷς. εἰ δέ φησιν
οὗτος, δειξάτω, κἀγὼ στέρξω καὶ σιωπήσομαι.
(113) ἀλλ' οὐκ ἔστιν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἀλλ' οὗτος συκοφαντῶν, ὅτι ἐπὶ τῷ
θεωρικῷ τότ' ὢν ἐπέδωκα τὰ χρήματα, ‘ἐπῄνεσεν αὐτό’ φησίν ‘ὑπεύθυνον ὄντα’
οὐ περὶ τούτων γ' οὐδενὸς ὧν ὑπεύθυνος ἦν, ἀλλ' ἐφ' οἷς ἐπέδωκα, ὦ συκοφάντα.
‘ἀλλὰ καὶ τειχοποιὸς ἦσθα’ καὶ διά γε τοῦτο ὀρθῶς ἐπῃνούμην, ὅτι τἀνηλωμέν'
ἔδωκα καὶ οὐκ ἐλογιζόμην. ὁ μὲν γὰρ λογισμὸς εὐθυνῶν καὶ τῶν ἐξετασόντων
προσδεῖται, ἡ δὲ δωρειὰ χάριτος καὶ ἐπαίνου δικαία ἐστὶ τυγχάνειν: διόπερ ταῦτ'
ἔγραψεν ὁδὶ περὶ ἐμοῦ.
(114) ὅτι δ' οὕτω ταῦτ' οὐ μόνον ἐν τοῖς νόμοις, ἀλλὰ καὶ ἐν τοῖς ὑμετέροις ἤθεσιν
ὥρισται, ἐγὼ ῥᾳδίως πολλαχόθεν δείξω. πρῶτον μὲν γὰρ Ναυσικλῆς στρατηγῶν
ἐφ' οἷς ἀπὸ τῶν ἰδίων προεῖτο πολλάκις ἐστεφάνωται ὑφ' ὑμῶν: εἶθ' ὅτε τὰς
ἀσπίδας Διότιμος ἔδωκε καὶ πάλιν Χαρίδημος, ἐστεφανοῦντο: εἶθ' οὑτοσὶ
Νεοπτόλεμος πολλῶν ἔργων ἐπιστάτης ὤν, ἐφ' οἷς ἐπέδωκε τετίμηται. σχέτλιον
γὰρ ἂν εἴη τοῦτό γε, εἰ τῷ τιν' ἀρχὴν ἄρχοντι ἢ διδόναι τῇ πόλει τὰ ἑαυτοῦ διὰ
τὴν ἀρχὴν μὴ ἐξέσται, ἢ τῶν δοθέντων ἀντὶ τοῦ κομίσασθαι χάριν εὐθύνας ὑφέξει.
(115) ὅτι τοίνυν ταῦτ' ἀληθῆ λέγω, λέγε τὰ ψηφίσματά μοι τὰ τούτοις γεγενημέν'
αὐτὰ λαβών. λέγε. Ψήφισμα.
{Ἄρχων Δημόνικος Φλυεύς, βοηδρομιῶνος ἕκτῃ μετ' εἰκάδα, γνώμη βουλῆς καὶ
δήμου, Καλλίας Φρεάρριος εἶπεν, ὅτι δοκεῖ τῇ βουλῇ καὶ τῷ δήμῳ στεφανῶσαι
Ναυσικλέα τὸν ἐπὶ τῶν ὅπλων, ὅτι Ἀθηναίων ὁπλιτῶν δισχιλίων ὄντων ἐν
Ἴμβρῳ καὶ βοηθούντων τοῖς κατοικοῦσιν Ἀθηναίων τὴν νῆσον, οὐ δυναμένου
Φίλωνος τοῦ ἐπὶ τῆς διοικήσεως κεχειροτονημένου διὰ τοὺς χειμῶνας πλεῦσαι
καὶ μισθοδοτῆσαι τοὺς ὁπλίτας, ἐκ τῆς ἰδίας οὐσίας ἔδωκε καὶ οὐκ εἰσέπραξε τὸν
δῆμον, καὶ ἀναγορεῦσαι τὸν στέφανον Διονυσίοις τραγῳδοῖς καινοῖς}.
(116) Ἕτερον Ψήφισμα.
{Εἶπε Καλλίας Φρεάρριος, πρυτάνεων λεγόντων, βουλῆς γνώμη: ἐπειδὴ
Χαρίδημος ὁ ἐπὶ τῶν ὁπλιτῶν, ἀποσταλεὶς εἰς Σαλαμῖνα, καὶ Διότιμος ὁ ἐπὶ τῶν
ἱππέων, ἐν τῇ ἐπὶ τοῦ ποταμοῦ μάχῃ τῶν στρατιωτῶν τινῶν ὑπὸ τῶν πολεμίων
σκυλευθέντων, ἐκ τῶν ἰδίων ἀναλωμάτων καθώπλισαν τοὺς νεανίσκους ἀσπίσιν
ὀκτακοσίαις, δεδόχθαι τῇ βουλῇ καὶ τῷ δήμῳ στεφανῶσαι Χαρίδημον καὶ
Διότιμον χρυσῷ στεφάνῳ, καὶ ἀναγορεῦσαι Παναθηναίοις τοῖς μεγάλοις ἐν τῷ
γυμνικῷ ἀγῶνι καὶ Διονυσίοις τραγῳδοῖς καινοῖς: τῆς δὲ ἀναγορεύσεως
ἐπιμεληθῆναι θεσμοθέτας, πρυτάνεις, ἀγωνοθέτας}.
(117) τούτων ἕκαστος, Αἰσχίνη, τῆς μὲν ἀρχῆς ἧς ἦρχεν ὑπεύθυνος ἦν, ἐφ' οἷς δ'
ἐστεφανοῦτο οὐχ ὑπεύθυνος. οὐκοῦν οὐδ' ἐγώ: ταὐτὰ γὰρ δίκαι' ἐστί μοι περὶ τῶν
αὐτῶν τοῖς ἄλλοις δήπου. ἐπέδωκα: ἐπαινοῦμαι διὰ ταῦτα, οὐκ ὢν ὧν ἔδωχ'
ὑπεύθυνος. ἦρχον: καὶ δέδωκά γ' εὐθύνας ἐκείνων, οὐχ ὧν ἐπέδωκα. νὴ Δί', ἀλλ'
ἀδίκως ἦρξα. εἶτα παρών, ὅτε μ' εἰσῆγον οἱ λογισταί, οὐ κατηγόρεις;
(118) ἵνα τοίνυν ἴδηθ' ὅτι αὐτὸς οὗτός μοι μαρτυρεῖ ἐφ' οἷς οὐχ ὑπεύθυνος ἦν
ἐστεφανῶσθαι, λαβὼν ἀνάγνωθι τὸ ψήφισμ' ὅλον τὸ γραφέν μοι. οἷς γὰρ οὐκ
ἐγράψατο τοῦ προβουλεύματος, τούτοις ἃ διώκει συκοφαντῶν φανήσεται.
λέγε.Ψήφισμα.
{Ἐπὶ ἄρχοντος Εὐθυκλέους, πυανεψιῶνος ἐνάτῃ ἀπιόντος, φυλῆς πρυτανευούσης
Οἰνῇδος, Κτησιφῶν Λεωσθένους Ἀναφλύστιος εἶπεν: ἐπειδὴ Δημοσθένης
Δημοσθένους Παιανιεὺς γενόμενος ἐπιμελητὴς τῆς τῶν τειχῶν ἐπισκευῆς καὶ
προσαναλώσας εἰς τὰ ἔργα ἀπὸ τῆς ἰδίας οὐσίας τρία τάλαντα ἐπέδωκε ταῦτα
τῷ δήμῳ, καὶ ἐπὶ τοῦ θεωρικοῦ κατασταθεὶς ἐπέδωκε τοῖς ἐκ | [110] Il me reste à parler de la proclamation et des
comptes : car mes bons services envers l'État,
mon affection, mon dévouement pour vous, me
semblent mis à un assez grand jour par ce qui
précède. J'omets cependant mes actions les plus
importantes, persuadé qu'il est temps de répondre
au reproche d'illégalité, et que, si je tais le
reste de ma vie publique, vos souvenirs y suppléeront.
Tout ce verbiage confus qu'Eschine a entassé
sur l'infraction des lois ne vous a rien appris, j'en
atteste les Dieux ! et moi-même je n'y ai pu rien
comprendre. Suivant la droite ligne, je discuterai
la simple équité. L'imposteur a cent fois affirmé
que je suis comptable. Eh bien ! je suis si loin de
le nier, que je m'avoue comptable toute ma vie
des deniers et des affaires dont j'ai eu l'administration.
Mais ce que j'ai donné spontanément
de mon propre bien, je soutiens que je n'en
suis pas comptable un seul jour, entends-tu,
Eschine ? ni aucun autre, fût-ce un des neuf Archontes.
Lorsque, par générosité, par patriotisme,
un citoyen donne à l'État une partie de
sa fortune, où est la loi assez inique, assez cruelle
pour lui ravir votre reconnaissance, le livrer aux
sycophantes, soumettre son bienfait à leur contrôle ?
Une telle loi n'existe point. S'il prétend le
contraire, qu'il la montre, je me résigne et me
tais. Mais elle n'existe pas, ô Athéniens ! Toutefois,
parce que j'étais trésorier du théâtre quand
j'ai donné, le calomniateur s'écrie : Le Conseil
lui décernait un éloge, et il était comptable! —
Non, cet honneur ne s'appliquait à rien dont je
fusse comptable, mais à mes libéralités, vil sycophante!
— Tu étais encore, poursuit-il, intendant des fortifications.
— Eh ! voilà pourquoi j'ai mérité des louanges : je complétai
la dépense par un don, sans compter avec Athènes. Un
compte demande une enquête, des contrôleurs;
mais à des largesses que faut-il ? la reconnaissance,
des éloges : et tel fut le motif du décret de Ctésiphon.
Ces principes se fondent et sur vos lois, et sur
vos usages : maint exemple le prouvera facilement.
Nausiclès, étant stratége, a reçu plusieurs
couronnes pour ses libéralités. Après lui, Diotime,
puis Charidème, furent couronnés pour un
don de boucliers. Encore préposé à de nombreux
ouvrages publics, Néoptolème, que voici,
pour y avoir suppléé de son bien, obtint le même
honneur. Il serait cruel, en effet, que l'exercice
d'une charge privât du droit de faire un don à la
patrie, ou que, pour toute reconnaissance, on
soumît des largesses à une enquête. — Pour
constater les faits, prends et lis-moi les décrets
qui furent portés alors. Lis. Décret.
Archonte, Détnonique Phlyes. Le vingt-six de
Boédromion, de l'avis du Conseil et du Peuple, Callias de
Phréarrhe a dit :
Le Conseil et le Peuple décernent une couronne au
stratége de service Nausiclès, parce que, deux mille hoplites
athéniens étant à Imbros pour protéger leurs concitoyens
qui habitent cette île, et Philon, élu trésorier, ne
pouvant, à cause des tempêtes, faire la traversée et solder
cette infanterie, il l'a entretenue à ses frais, sans recours
sur le Peuple. La couronne sera proclamée aux
Dionysies, pendant les tragédies nouvelles.
Autre décret.
Les prytanes entendus, de l'avis du Conseil, Callias de
Phréarrhe a dit :
Attendu que Charidème, chef de l'infanterie, envoyé à
Salamine, et Diotime, chef de la cavalerie, voyant, dans !
le combat prés du fleuve, une partie des troupes dépouillée
par l'ennemi, ont, à leurs propres dépens, fourni
huit cents boucliers aux jeunes soldats ; le Conseil et le
Peuple arrêtent :
Charidème et Diotime seront couronnés d'une couronne
d'or, que l'on proclamera aux grandes Panathénées, dans
les luttes gymniques, et aux Dionysies, pendant les nouvelles tragédies.
Sont chargés du soin de la proclamation, les thesmothètes,
les prytanes, les agonothè tes.
Chacun de ces citoyens, Eschine, comptable
de la charge qu'il exerçait, ne l'était point du
bienfait qui lui valut une couronne. Je ne le suis
donc pas, moi : ma cause étant pareille, j'ai
même droit, sans doute. Ai-je donné ? on m'en
loue, et jene suis pas comptable de mes dons. Ai-je
administré? j'ai rendu compte de ma charge, non
de mes largesses. Mais, j'ai malversé ? Pourquoi
donc, toi qui étais là quand les contrôleurs
m'appelaient devant eux, ne m'accusais-tu point?
Pour vous convaincre que, de son propre aveu,
je ne dois nul compte de ce qui me faisait couronner,
qu'on prenne le décret porté en ma faveur,
et qu'on le lise en entier. Dans cette décision
préalable, ce qu'il n'a pas attaqué démasquera
ses impostures sur ce qu'il poursuit. — Lis.
Décret.
Sous l'Archonte Euthyclès, le neuf de la 3e décade de
Pyanepsion, la tribu Oenéide présidant, Ctésiphon
d'Anapld yste, fils de Léosthène, a dit :
Attendu que Démosthène de Paeania, fils de Démosthène,
chargé de la réparation des Murs, y a dépensé, de
son bien, trois talents dont il a fait don au Peuple ; que,
trésorier du théâtre, il a ajouté, pour les sacrifices, cent
mines à la somme tirée de toutes les tribus ;
Le Conseil et le Peuple d'Athènes arrêtent ;
Un éloge public est décerné à Démosthène de Poeania,
fils de Démosthène, pour sa vertu, son beau caractère, et
le zèle qui l'anime en tonte occasion pour le Peuple Athénien.
Il sera couronné d'une couronne d'or, dont la proclamation
se fera sur le théâtre, aux Dionysies, le
jour des nouvelles tragédies, par les soins de l'agonothète.
Telles sont mes libéralités ; tu n'en dis mot :
mais l'honneur dont le Conseil déclare qu'elles
doivent être payées, voilà ce que tu attaques!
Recevoir des dons, tu l'avoues, est chose légitime;
la reconnaissance, tu la proscris comme
illégale! Le méchant consommé, l'ennemi du
ciel, l'envieux, n'est-ce pas, grands Dieux! un tel homme?
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