[4,11b] Ἀλλὰ Σωκράτης ὀλιγάκις ἐλούετο. (-) Ἀλλὰ ἔστιλβεν
αὐτοῦ τὸ σῶμα, ἀλλ´ ἦν οὕτως ἐπίχαρι καὶ ἡδύ, ὥστ´
ἤρων αὐτοῦ οἱ ὡραιότατοι καὶ εὐγενέστατοι καὶ ἐπεθύμουν ἐκείνῳ
παρακατακλίνεσθαι μᾶλλον ἢ τοῖς εὐμορφοτάτοις. ἐξῆν ἐκείνῳ μήτε λούεσθαι
μήτε πλύνεσθαι,
εἰ ἤθελεν· καίτοι καὶ τὸ ὀλιγάκις ἰσχὺν εἶχεν. κἂν θερμῷ μὴ θέλῃς, ψυχρῷ. (-)
Ἀλλὰ λέγει Ἀριστοφάνης
τοὺς ὠχριῶντας, τοὺς ἀνυποδήτους λέγω. (-)
Λέγει γὰρ καὶ ἀεροβατεῖν αὐτὸν καὶ ἐκ τῆς παλαίστρας
κλέπτειν τὰ ἱμάτια. ἐπεί τοι πάντες οἱ γεγραφότες περὶ
Σωκράτους πάντα τἀναντία αὐτῷ προσμαρτυροῦσιν, ὅτι
ἡδὺς οὐ μόνον ἀκοῦσαι, ἀλλὰ καὶ ἰδεῖν ἦν. πάλιν περὶ
Διογένους ταὐτὰ γράφουσι. δεῖ γὰρ μηδὲ κατὰ τὴν ἀπὸ
τοῦ σώματος ἔμφασιν ἀπὸ φιλοσοφίας ἀποσοβεῖν τοὺς
πολλούς, ἀλλ´ ὥσπερ τὰ ἄλλα εὔθυμον καὶ ἀτάραχον
ἐπιδεικνύειν αὑτὸν οὕτως καὶ ἀπὸ τοῦ σώματος. ’ἴδετε,
ὦ ἄνθρωποι, ὅτι οὐδὲν ἔχω, οὐδενὸς δέομαι· ἴδετε, πῶς
ἄοικος ὢν καὶ ἄπολις καὶ φυγάς, ἂν οὕτως τύχῃ, καὶ
ἀνέστιος πάντων τῶν εὐπατριδῶν καὶ πλουσίων ἀταραχώτερον
διάγω καὶ εὐρούστερον. ἀλλὰ καὶ τὸ σωμάτιον
ὁρᾶτε ὅτι οὐ κακοῦται ὑπὸ τῆς αὐστηρᾶς διαίτης.‘ ἂν
δέ μοι ταῦτα λέγῃ τις ἀνθρώπου σχῆμα καταδίκου ἔχων
καὶ πρόσωπον, τίς με πείσει θεῶν προσελθεῖν φιλοσοφίᾳ, ἥ γε τοιούτους ποιεῖ;
μὴ γένοιτο· οὐδ´, εἰ σοφὸς ἔμελλον εἶναι, ἤθελον.
Ἐγὼ μὲν νὴ τοὺς θεοὺς τὸν νέον τὸν πρώτως κινούμενον θέλω μᾶλλον ἐλθεῖν
πρός με πεπλασμένον τὴν
κόμην ἢ κατεφθινηκότα καὶ ῥυπαρόν. βλέπεται γάρ
τις ἐν ἐκείνῳ τοῦ καλοῦ φαντασία, ἔφεσις δὲ τοῦ εὐσχήμονος. ὅπου δ´ αὐτὸ{ν}
εἶναι φαντάζεται, ἐκεῖ καὶ φιλοτεχνεῖ. λοιπὸν ὑποδεῖξαι μόνον αὐτῷ δεῖ καὶ εἰπεῖν
’νεανίσκε, τὸ καλὸν ζητεῖς καὶ εὖ ποιεῖς. ἴσθι οὖν, ὅτι
ἐκεῖ φύεται, ὅπου τὸν λόγον ἔχεις· ἐκεῖ αὐτὸ ζήτει,
ὅπου τὰς ὁρμὰς καὶ τὰς ἀφορμάς, ὅπου τὰς ὀρέξεις, τὰς
ἐκκλίσεις. τοῦτο γὰρ ἔχεις ἐν σεαυτῷ ἐξαίρετον, τὸ σωμάτιον δὲ φύσει πηλός
ἐστιν. τί πονεῖς εἰκῇ περὶ αὐτό;
εἰ μηδὲν ἕτερον, τῷ χρόνῳ γνώσῃ, ὅτι οὐδέν ἐστιν‘.
ἂν δέ μοι ἔλθῃ κεκοπρωμένος, ῥυπαρός, μύστακα ἔχων
μέχρι τῶν γονάτων, τί αὐτῷ εἰπεῖν ἔχω, ἀπὸ ποίας αὐτὸν ὁμοιότητος ἐπαγαγεῖν;
περὶ τί γὰρ ἐσπούδακεν ὅμοιον τῷ καλῷ, ἵν´ αὐτὸν μεταθῶ καὶ εἴπω ’οὐκ ἔστιν
ἐνθάδε τὸ καλόν, ἀλλ´ ἐνθάδε‘; θέλεις αὐτῷ λέγω ’οὐκ
ἔστιν ἐν τῷ κεκοπρῶσθαι τὸ καλόν, ἀλλ´ ἐν τῷ λόγῳ‘;
ἐφίεται γὰρ τοῦ καλοῦ; ἔμφασιν γάρ τινα αὐτοῦ ἔχει;
ἄπελθε καὶ χοίρῳ διαλέγου, ἵν´ ἐν βορβόρῳ μὴ κυλίηται. διὰ τοῦτο καὶ
Πολέμωνος ἥψαντο οἱ λόγοι οἱ Ξενοκράτους ὡς φιλοκάλου νεανίσκου· εἰσῆλθεν
γὰρ ἔχων ἐναύσματα τῆς περὶ τὸ καλὸν σπουδῆς, ἀλλαχοῦ δ´ αὐτὸ
ζητῶν. ἐπεί τοι οὐδὲ τὰ ζῷα τὰ ἀνθρώποις σύντροφα
ῥυπαρὰ ἐποίησεν ἡ φύσις. μή τι ἵππος κυλίεται ἐν βορβόρῳ,
μή τι κύων γενναῖος; ἀλλ´ ὁ ὗς καὶ τὰ σαπρὰ
χηνίδια καὶ σκώληκες καὶ ἀράχναι, τὰ μακροτάτω τῆς
ἀνθρωπίνης συναναστροφῆς ἀπεληλασμένα. σὺ οὖν ἄνθρωπος ὢν οὐδὲ ζῷον
εἶναι θέλεις τῶν ἀνθρώποις συντρόφων, ἀλλὰ σκώληξ μᾶλλον ἢ ἀράχνιον; οὐ
λούσῃ πού ποτε ὡς θέλεις, οὐκ ἀποπλυνεῖς σεαυτόν, οὐχ ἥξεις
καθαρός, ἵνα σοι χαίρωσιν οἱ συνόντες; ἀλλὰ καὶ εἰς τὰ
ἱερὰ ἡμῖν συνέρχῃ τοιοῦτος, ὅπου πτῦσαι οὐ νενόμισται
οὐδ´ ἀπομύξασθαι, ὅλος ὢν πτύσμα καὶ μύξα;
Τί οὖν; καλλωπίζεσθαί τις ἀξιοῖ; μὴ γένοιτο, εἰ μὴ
ἐκεῖνο ὃ πεφύκαμεν, τὸν λόγον, τὰ δόγματα, τὰς ἐνεργείας, τὸ δὲ σῶμα μέχρι
τοῦ καθαρίου, μέχρι τοῦ μὴ
προσκόπτειν. ἀλλ´ ἂν ἀκούσῃς, ὅτι οὐ δεῖ φορεῖν κόκκινα, ἀπελθὼν κόπρωσόν
σου τὸν τρίβωνα ἢ κατάρρηξον. (-) Ἀλλὰ πόθεν ἔχω καλὸν τρίβωνα; (-) Ἄνθρωπε,
ὕδωρ ἔχεις, πλῦνον αὐτόν. ἰδοὺ νέος ἀξιέραστος, ἰδοὺ
πρεσβύτης ἄξιος τοῦ ἐρᾶν καὶ ἀντερᾶσθαι, ᾧ τις υἱον
αὑτοῦ παραδῷ ... θησόμενον, ᾧ θυγατέρες, ᾧ νέοι
προσελεύσονται, ἂν οὕτως τύχῃ, ἵνα ἐν κοπρῶνι λέγῃ
τὰς σχολάς. μὴ γένοιτο. πᾶσα ἐκτροπὴ ἀπό τινος ἀνθρωπικοῦ
γίνεται, αὕτη ἐγγύς ἐστι τῷ μὴ ἀνθρωπικὴ εἶναι.
| [4,11b] — Mais Socrate se lavait rarement ! — Oui, mais son corps reluisait; mais
ce corps était si agréable et si attrayant, que les plus jeunes et les
plus nobles s'en éprenaient, et auraient mieux aimé coucher avec lui
qu'avec les plus beaux garçons. Il aurait eu le droit de ne pas se
baigner, de ne pas se laver, s'il avait voulu ; et, si peu qu'il le fit, le
résultat y était. Si tu ne veux pas qu'il se baignât à l'eau chaude, il se
baignait du moins dans l'eau froide. — Mais, il y a contre lui le mot
d'Aristophane : « Je parle de ces gens pâles et sans chaussures. »
— Mais Aristophane a dit aussi que Socrate marchait dans l'air, et volait
les habits dans les gymnases ! Et tous ceux qui ont écrit sur Socrate en
rapportent tout le contraire, qu'il n'était pas seulement séduisant à
entendre, mais encore à voir. On a écrit la même chose sur Diogène aussi.
C'est qu'en effet il ne faut pas éloigner le vulgaire de la philosophie
par l'aspect de notre corps, mais nous montrer à ses yeux dispos et
heureux dans notre corps comme dans le reste. « Voyez, ô mortels, que je
n'ai rien et que je n'ai besoin de rien!» Voyez comment sans maison, sans
patrie, exilé, s'il le faut, et sans feu ni lieu, je vis plus heureux et
plus calme que tous vos Eupatrides et tous vos riches. Voyez aussi mon
corps, qui ne souffre en rien de ma vie sévère. » Si quelqu'un me parlait
ainsi avec l'air et la mine d'un condamné, quel est le Dieu qui pourrait
me persuader de m'attachera un philosophe, qui rendrait les gens tels? Que
le ciel m'en préserve ! Je m'y refuserais, alors même que je devrais y
devenir un sage.
Pour moi, par tous les Dieux ! j'aime mieux que le jeune homme qui vient à
moi pour la première fois, s'y présente bien frisé, que sale et les
cheveux en désordre. On voit du moins en lui quelque idée du Beau, quelque
amour de ce qui sied. Il le cherche où il croit qu'il est. On n'a plus
qu'à lui montrer où il est, et à lui dire : « Jeune homme, tu cherches le
Beau, et tu fais bien. Sache donc qu'il est pour toi où est ta raison.
Cherche-le où est ta faculté de vouloir et de repousser, de désirer et de
fuir. Car c'est là chez toi ce qui de la valeur; pour ton corps, il n'est
que boue de sa nature. A quoi bon te donner pour lui des peines inutiles?
Le temps, à défaut d'autre chose, t'apprendra qu'il n'est rien. Mais, si
celui qui vient à moi est couvert d'ordures et de saletés, avec une barbe
qui lui descend jusqu'aux genoux, que puis-je lui dire? Par quelles
analogies l'amener où je veux? Après quoi a-t-il couru qui ressemblât au
Beau, pour que je n'aie qu'à le changer de direction, et à lui dire : Le
Beau n'est pas là, mais ici? Veux-tu que je lui dise : Le Beau n'est pas
dans la saleté, mais dans la raison? Est-ce qu'il se soucie du Beau?
Est-ce qu'il en a en lui quelque idée? Va-t'en donc disputer avec un
pourceau, pour qu'il ne se roule pas dans la fange! C'est grâce à cela que
les discours de Xénocrate ont touché Polémon : le jeune homme aimait le
Beau. Quand il entra dans l'école, il avait en lui le principe de l'amour
du Beau; seulement, il cherchait le Beau où il n'était pas.
Il n'y a pas jusqu'aux animaux qui vivent avec l'homme, que la nature
n'ait faits propres. Est-ce le cheval qui se roule dans la fange? Est-ce
un chien de noble race? Non, mais le pourceau, mais les sales oies, mais
les vers, mais les araignées, tout ce qu'il y a de fait pour vivre le plus
loin de l'homme. Et toi, qui es un homme, voudras-tu n'être même pas un
des animaux qui vivent avec l'homme? Aimeras-tu mieux être un ver ou une
araignée? Ne te laveras-tu donc jamais, quel que soit le mode que tu
préfères? Ne te baigneras-tu jamais? Ne voudras-tu pas nous arriver
propre, pour que l'on soit heureux d'être avec toi? Entreras-tu avec nous
en pareil état dans ces temples, où il n'est permis de cracher ni de se
moucher, toi qui n'es que morve et que crachat?
— Quoi donc ! doit-on vouloir se faire beau? — A Dieu ne plaise! si ce
n'est dans ce qui est nous par nature, dans notre raison, dans nos
jugements, dans nos actes ; quant au corps, il ne faut s'en occuper que
pour qu'il soit propre et ne choque personne. Parce qu'on t'aura dit qu'il
ne faut pas porter de vêtements écarlates, vas-tu couvrir ton manteau
d'ordures ou le mettre en loques? — Et d'où pourrais-je avoir un beau
manteau? — Homme, tu as de l'eau; laves-y le tien. O l'aimable jeune homme
! O le vieillard fait pour aimer et pour être aimé, à qui on amènera son
fils pour qu'il l'instruise, que les jeunes filles et les jeunes garçons
viendront trouver au besoin, et qui leur fera la leçon sur un tas de
fumier ! Toute aberration a sa source dans quelque côté de la nature
humaine; mais celle-ci est bien près de n'avoir rien d'humain.
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