[2,45] Ταύτῃ οὖν σε λανθάνει, ὦ Σώκρατες,
ὅτι οὐχ ὑπὸ νέου φιλονεικίας οἴει αὐτὸ
γεγράφθαι, ἀλλ´ ὑπὸ πρεσβυτέρου φιλοτιμίας·
ἐπεὶ, ὅπερ γε εἶπον, οὐ κακῶς ἀπείκασας.
Ἀντέθηκε τῷ μὲν "πρεσβυτικῷ τὸ νέον"·
τῷ δὲ "φιλονείκῳ τὸ φιλότιμον"· Πῶς δὴ
καὶ κατὰ τίνα τρόπον, εἰ μὲν τὸν αὐτὸν ἐτιθέμην τῷ Παρμενίδῃ σκοπὸν, ὡς σὺ
φῂς, εἰπεῖν
περὶ τοῦ ἑνὸς ὄντος, ἀφ´ οὗ τὰ ὄντα πάντα,
προήκων ἤδη καθ´ ἡλικίαν ἐγὼ ὁ Ζήνων, ἐγέγραπτο ἄν μοι τὸ βιβλίον "ὑπὸ
πρεσβυτέρου
φιλοτιμίας"; τί γὰρ ἔδει, τοῦ καθηγεμόνος
οὕτω θεωρητικώτατον περὶ αὐτοῦ διελθόντος
(720) λόγον, ἐμὲ πρὸς αὐτὸ ποιεῖσθαι τὴν γραφήν;
φιλότιμον γὰρ ἀτεχνῶς τὸ τοιοῦτο· τοῦτο δὲ
τὸ πάθος πανταχοῦ μὲν αἰσχρὸν, ἐν δὲ πρεσβύτῃ φαινόμενον αἴσχιστον· ἐπειδὴ
δὲ περὶ ἄλλου οὐδὲ ἐγὼ γέγραφα νέος ὢν καὶ ἀμυνόμενος
τοὺς κωμῳδεῖν ἐπιχειροῦντας τὸν τοῦ πατρὸς
λόγον, "ὑπὸ νέου φιλονεικίας" φαίης ἂν γεγράφθαι μοι τὸ βιβλίον· καὶ γὰρ νέος
ὢν οὕτω
γέγραφα ἀμυντικῶς τοῦ πλήθους, ἀλλ´ οὐ πρεσβύτης ὢν ὡς σὺ οἴει, ὦ Σώκρατες,
φαίη ἂν ὁ
Ζήνων, καὶ οὐδὲ πρὸς τὸν διδάσκαλον ἀντιφιλοτιμούμενος· φιλοτιμίας γὰρ τὸ
μηδὲν προσθήσοντας ὅμως περὶ τῶν αὐτῶν τοῖς πρεσβυτέροις
λέγειν τε καὶ γράφειν· δῆλος γὰρ ὁ τοῦτο ποιῶν
ἀλλοτρίῳ κόσμῳ κοσμεῖσθαι βουλόμενος καὶ τὸν
παρὰ τῶν ἐπιστημόνων ἔπαινον θηρώμενος.
Ὁ μὲν ὅλος νοῦς τῶν ἐκκειμένων γραμμάτων
τοιοῦτος· ἐνδείκνυται δὲ καὶ διὰ τούτων ὁ
Πλάτων ὅτι αἱ τῶν πρώτων ἐξημμέναι δυνάμεις
πολλὰ μὲν γιγνώσκουσιν ἃ τοῖς μετὰ θεοὺς ἄληπτά ἐστι, πολλὰ δὲ καὶ διὰ μέσων
ἄλλων ὁρῶσιν, ὥσπερ ὑπὸ παραπετάσμασί τισιν ἄλλοις ἐν
αὐτοῖς κρυπτομένων τῶν ἑνικωτάτων αἰτιῶν.
Καὶ μὴν καὶ τὸ τῆς ἀπεικασίας πρὸς μὲν τὸ
προκείμενον ὀρθῶς ἔχει, καθόσον ὁ τοῦ Ζήνωνος
λόγος ἀφομοιοῦσθαι πρὸς τὸν Παρμενίδειον ἐθέλει λόγον, αὐτὸ μὲν ἐκεῖνος
εἶναι μὴ δυνάμενος,
ἀπεικασμένος δὲ ἐκείνῳ καθάπερ, οἶμαι, καὶ τὸ
ἐν τοῖς πολλοῖς ἓν εἰκών ἐστι τοῦ πρὸ τῶν πολλῶν. Οὐ κακῶς μὲν οὖν ἀπείκασεν
ὁ Σωκράτης
τὸν Ζήνωνος λόγον τῷ Παρμενιδείῳ, ἔστι γάρ τις
ἐν αὐτοῖς ὁμοιότης· καὶ οὐκ εἶπεν ὀρθῶς, ἀλλ´
οὐ κακῶς, ὅτι μὴ καὶ τὴν ἀνομοιότητα αὐτῶν
καὶ τὴν ὑπεροχὴν καὶ τὴν ἔλλειψιν ἐθεώρησε.
Πρὸς δὲ τὰ παραδείγματα αὐτῶν οἰκείως εἴληπται, διότι καὶ ἐν ἐκείνοις
ὁμοιοῦται μὲν τὰ
μέσα τοῖς πρώτοις, ἔστι δέ πως καὶ τὰ ἀνόμοια
αὐτοῖς, καθόσον ἀπ´ αὐτῶν προελήλυθε. Τὰ δὲ
τρίτα θεωρεῖ μὲν αὐτῶν τὴν ὁμοιότητα καὶ
τὴν ἕνωσιν· γίγνεται γὰρ αὐτοῖς ὥσπερ ἓν νοητὸν τὰ πρὸ αὑτῶν· αὐτῷ δὲ τῷ
νοεῖν αὐτὰ καὶ
(721) θεωρεῖν, ὡς ἓν ἐκφαίνεται αὐτοῖς κατὰ τὴν
ἐκείνων ἀγαθοειδῆ βούλησιν καὶ ἡ διάκρισις
τῶν θείων αἰτιῶν καὶ ἡ τῶν τάξεων ἑτερότης.
| [2,45] § 45. « Voilà donc, cher Socrate, ce qui t'a échappé; tu n'as pas vu que ce livre a été écrit dans un sentiment d'émulation par un jeune homme, mais tu le crois écrit par un homme plus âgé et par un esprit d ambition orgueilleuse ; quoique, comme je l'ai déjà dit, tu ne nous as pas mal compris et devinés. »
Il a opposé le jeune au vieux, le sentiment de l'émulation à la passion de l'orgueil. Mais comment et de quelle manière, si je m'étais posé le même but que Parménide, comme tu le dis, à savoir de traiter, moi, Zénon, déjà avançant en âge, de l'un être, duquel sortent tous les êtres, comment ce livre aurait-il été écrit par esprit d'orgueilleuse rivalité envers un homme plus âgé que moi? Comment aurait-il été convenable, puisque mon chef avait, avec une méthode si parfaitement scientifique, traité de l'un être, que moi je composasse un ouvrage sur le même sujet ? Car cela eût été réellement une ambition d'orgueil ; or ce sentiment est toujours vilain, et il se montre surtout vilain chez un vieillard. Mais puisque je n'ai écrit sur aucun autre sujet quand j'étais jeune et que je repoussais les attaques de ceux qui s'efforçaient de tourner en ridicule le système de mon père, tu dois reconnaître que mon livre a été écrit par un jeune homme et par un sentiment de simple émulation. C'est pendant ma jeunesse que je l'ai fait et pour repousser la pluralité, et non, comme tu crois, cher Socrate. déjà vieux, et sans aucun sentiment de rivalité orgueilleuse contre mon maître, voilà ce que dirait Zénon. Car sans y mettre aucune passion d'orgueil et de vanité, on peut cependant parler et écrire sur les mêmes sujets que les plus vieux En effet on voit tout de suite celui qui fait cela parce qu il veut se parer de la parure d'autrui, et ravir l'éloge des hommes de savoir et de goût. Tel est bien l'esprit du livre dont il s'agit. Et par là Platon prouve que les puissances qui se suspendent aux principes premiers connaissent beaucoup de choses qui sont incompréhensibles à ceux qui viennent après les Dieux, en voient beaucoup, par des intermédiaires autres, parce que les causes les plus rapprochées de l'un sont cachées dans d'autres choses, dont elles se couvrent comme de voiles. En outre, la conjecture de Socrate relative à l'objet de l'entretien est juste, en ce sens que le discours de Zénon veut se rendre semblable à celui de Parménide, tout en ne pouvant pas être celui là même ; mais il lui ressemble, à mon avis, comme l'un dans les plusieurs est l'image de l'un avant les plusieurs. Socrate n'a pas donc eu tort de rapprocher le discours de Zénon de celui de Parménide; car il y a entr'eux une certaine ressemblance, et d'ailleurs il n a pas dit : tu as justement (rapproché) ; mais: tu n'as pas été inexact, parce qu'il n'a pas saisi leur dissemblance, la supériorité, de l'un, et l'infériorité de l'autre. Les rapports de ces discours aux paradigmes des personnages sont intimes parce qu'on y voit la ressemblance des termes moyens aux premiers, et qu'il y a aussi entr'eux des dissemblances en tant qu'ils en ont procédé. Les troisièmes perçoivent la ressemblance et l'union (des deuxièmes avec les premiers), car les termes qui les précèdent deviennent pour eux, comme un intelligible, et par le fait qu ils les pensent et les voient, la distinction des causes divines et la différence de leurs ordres leur apparaissent par suite de la volonté remplie de bonté de ces principes.
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