[2,36] Τὸν οὖν Σωκράτη ἀκούσαντα πάλιν
τε κελεῦσαι τὴν πρώτην ὑπόθεσιν τοῦ
πρώτου λόγου ἀναγνῶναι, καὶ ἀναγνωσθείσης·
Πῶς, φάναι, ὦ Ζήνων, τοῦτο λέγεις>;
Ὁρᾷς ὅση τῆς ἀναγωγῆς ἡ τάξις. Πρῶτον
μὲν τὴν ἐν τοῖς γράμμασι θεωρεῖ τοῦ Ζήνωνος
διάνοιαν ὁ Σωκράτης, ἔπειτα πειρᾶται τῆς ἐν
τοῖς λόγοις αὐτοῦ δυνάμεως, καὶ τρίτον ἐπ´
αὐτὴν ἀνατρέχει τὴν τῆς ψυχῆς ἐπιστήμην.
Μετὰ τὰ γράμματα οὖν ἀνακινεῖ πρὸς τοὺς λόγους αὐτὸν, ἀνακινεῖ δὲ ἑαυτὸν
ἐπιδείξας ἱκανῶς τῶν γραμμάτων ἀντιλαβόμενον· πρὶν γὰρ
τῶν δευτέρων μετάσχωμεν τελέως, γελοῖον προστρέχειν τοῖς ὑψηλοτέροις.
Ἐπιδείκνυσι δὲ πᾶν
τὸ γράμμα συνεσπειραμένως θεωρήσας· τοῦτο
δὲ ποιήσας οὐδὲν ὀξύῤῥοπον καὶ προπετὲς ὡς
νέος πέπονθεν, οὐδὲ εὐθὺς συνῆψε τὰς ἀπορίας,
ἀλλὰ πρὸ τούτου τὸν πατέρα τῶν λόγων ἐπερωτᾷ τίς ἡ πρώτη τοῦ πρώτου λόγου
ὑπόθεσις,
ἵνα ἀκριβέστερόν τε γνῷ ὃ βούλεται καὶ μὴ
δόξῃ προπετείας ὑπέχειν ἔγκλημα πρὸς τὸν
λόγον εὐθὺς ἱστάμενος· ἵνα πρὸ τῶν ἀποριῶν ἡ
εὐπορία καὶ πρὸ τῶν δοκούντων ἐλέγχων ἡ κοινωνία προλαμβανομένη τὴν ὅλην
συνουσίαν ἐμμελῆ καταστήσηται. Πολλῶν δὲ εἰρημένων
ὑπὸ τοῦ Ζήνωνος λόγων, καὶ τετταράκοντα τῶν
πάντων, ἕνα τῶν πρώτων ὁ Σωκράτης ἀπολαβὼν ἀπορεῖ πρὸς αὐτὸν ὡς
ἀγωνιστικώτερον καὶ
(695) φυσικώτερον ἠρωτημένον· ὁ δὲ ἦν τοιοῦτος· εἰ
πολλὰ τὰ ὄντα, τὸ αὐτὸ ὂν ὅμοιόν ἐστι καὶ
ἀνόμοιον, ἀλλὰ μὴν ἀδύνατον τὸ αὐτὸ ὅμοιον
εἶναι καὶ ἀνόμοιον, οὐκ ἄρα πολλὰ τὰ ὄντα.
Καὶ οὗτος μὲν ὅλος ὁ πρῶτος λόγος ἐκ τῶν δύο
συνημμένων καὶ τῆς προσλήψεως καὶ τοῦ συμπεράσματος· ὁ δὲ Σωκράτης ἀξιοῖ
τοῦ πρώτου
λόγου τὴν πρώτην ὑπόθεσιν ἀκοῦσαι, δηλαδὴ
ταύτην, εἰ πολλὰ τὰ ὄντα, τὸ αὐτὸ ὂν ὅμοιόν
ἐστι καὶ ἀνόμοιον. Τρεῖς γάρ εἰσιν αἱ ὑποθέσεις,
ὧν αὕτη μὲν μία· δευτέρα δὲ, εἰ μὴ τὸ αὐτό
ἐστιν ὅμοιον καὶ ἀνόμοιον, οὐ πολλὰ τὰ ὄντα·
καὶ τρίτη μετὰ ταύτην ἡ πρόσληψις, ἀλλὰ μὴν
οὐκ ἔστι ταὐτὸν ὅμοιον καὶ ἀνόμοιον· καλοῦνται γὰρ ὑποθέσεις τά τε δύο
συνημμένα καὶ ἡ
πρόσληψις, ἐξ ὧν ὑποκειμένων συνάγεται τὸ
προκείμενον. Ζητεῖ δ´ οὖν ὁ Σωκράτης ἀκοῦσαι
πάλιν τὴν πρώτην ὑπόθεσιν τῶν τριῶν, καὶ ὅ
τε Ζήνων, ἅτε φιλόσοφος ὢν, ἀναγινώσκει αὐτὴν πάντως που διὰ πολλῶν
εἰρημένην, καὶ
δίδωσιν αὐτῷ τῶν ἑπομένων λόγων ἀφορμήν·
οἱ μὲν γὰρ σοφισταὶ κἂν ἐπιδείξωσί τι σύγγραμμα, πρὸς τοὺς βασανίζειν
ἐπιχειροῦντας
ἀπεχθάνονται, καὶ τὴν πρώτην τοῦ συρφετοῦ
ἀπαντήσαντος οὐ βούλονται λόγον ὑπέχειν τῶν
λόγων· τῶν δὲ γνησίων φιλοσόφων οὐ τοιοῦτος
ὁ τρόπος, ἀλλὰ καὶ δὶς καὶ τρὶς τοὺς αὐτοὺς
ἐπαναλαμβάνουσι λόγους ἀσμένως, καὶ ἄλλοις
ὑπέχοντες τὰς ἀκοὰς ἀπορεῖν πρὸς αὐτοὺς βουλομένοις τε καὶ δυναμένοις.
Ἀναγνωσθείσης οὖν
τῆς πρώτης ὑποθέσεως ὁ Σωκράτης συναιρεῖ τὸν
ὅλον λόγον, καὶ ἐπιδείκνυσι τῷ Ζήνωνι τὸ συνοπτικὸν τῆς ἑαυτοῦ διανοίας καὶ τὸ
ὀξὺ καὶ τὸ
σαφηνιστικὸν μέντοι τῶν ἀγκύλως εἰρημένων
καὶ ὅλως τὸ πρὸς ἀναγωγὴν ἐπιτήδειον· τοῦτο
γάρ ἐστι τὸ συναιρεῖν τὰς πολλὰς νοήσεις, τὸ
καταδράττεσθαι τῆς ἀληθείας, τὸ ἀναπλοῦν τὴν
ἀποκεκρυμμένην τῶν θειοτέρων διάνοιαν.
| [2,36] § 36. « Alors Socrate, l'ayant entendu, reprit la parole pour le prier de relire le premier sujet du premier discours, et quand la lecture fut terminée : « Comment, dit-il, comment, Zénon, dis-tu cela ? »
Tu vois quelle est l'étendue de l'ordre de l'ascension. D'abord Socrate étudie dans l'œuvre écrite la pensée de Zénon; puis il met à l'épreuve la valeur de ses arguments: et en troisième lieu, il arrive à la science même de l'âme. Ainsi après la lecture de l'ouvrage, il l'invite à prendre la parole, et il s'excite lui-même en montrant qu'il a parfaitement compris le traité écrit. Car avant d'avoir complètement participé aux choses du deuxième degré, il serait ridicule de courir aux plus élevées. Il montre donc, en le résumant, qu'il a compris l'ouvrage. Et après avoir fait cela, sans montrer ni l'empresement ni la précipitation de la jeunesse, il n'a pas immédiatement fait suivre ses objections, mais auparavant il interroge le père des discours, et lui demande quelle est la première hypothèse de son premier raisonnement, afin de connaître plus précisément ce qu'il veut dire, et ne pas encourir le reproche de témérité en passant immédiatement à la discussion, afin d'établir, avant les objections, une entente, et qu'avant qu'apparaissent les réfutations, un accord préalable imprime un ordre régulier a toute la conférence. Comme Zénon avait formulé un grand nombre d'arguments, en tout quarante, Socrate reprend les premiers, et lui pose à lui-même la question, comme étant de caractère plus militant et plus versé dans la connaissance de la nature. Or voici quel était cet argument : si un des êtres est plusieurs, le même être est semblable et dissemblable : or il est impossible que la même chose soit semblable et dissemblable : donc les êtres ne sont pas plusieurs. Tel est le premier argument, complet, formé de deux propositions conjointes, d'une mineure et de la conclusion. Socrate veut entendre la première hypothèse du premier argument, à savoir celle-ci : si les êtres sont plusieurs, le même être est semblable et dissemblable. Car il y a trois hypothèses possibles, dont celle là est la première, la deuxième est : si la même chose n'est pas a la fois semblable et dissemblable, les êtres ne sont pas plusieurs ; la troisième, qui suit celle ci, est la mineure : or la même n'est pas semblable et dissemblable: car on appelle hypothèse et les deux conjointes et la mineure, desquelles, étant posées, est conclue la proposition en question. Socrate demande donc à entendre la première hypothèse des trois, et Zénon, en tant qu'étant philosophe, la lit et comme elle est nécessairement exprimée avec d'assez grands développements, il lui fournit aussi le point de départ des discours qui vont suivre. Les sophistes, même lorsqu'ils font la lecture de quelque ouvrage écrit, s'irritent contre ceux qui veulent les mettre à l'épreuve et aussitôt que la foule du public est réunie, ne veulent pas rendre compte de ce qu'ils ont dit. Tel n'est pas le procédé des vrais philosophes, mais ils reprennent gracieusement deux et trois fois les mêmes raisonnements et ne refusent pas de rendre compte de leurs doctrines à ceux qui veulent et qui peuvent argumenter contre eux. Après la lecture de la première hypothèse, Socrate résume en termes concis tout l'argument, et expose à Zénon le système général de sa propre conception, le sens profond et cependant clair des théories exposées sous une forme obscure et tortueuse, et en un mot ce qui est propre à l'élévation des âmes : car c'est là faire la synthèse de la pluralité des pensées, s'emparer de la vérité et déployer le sens caché des doctrines divines.
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