[2,30] Ἔφη δὲ δὴ ὁ Ἀντιφῶν λέγειν τὸν
Πυθόδωρον, ὅτι ἀφίκοιντό ποτε εἰς
Παναθήναια τὰ μεγάλα Ζήνων τε καὶ Παρμενίδης.
Εἰσί τινες οἵ φασι τὸν Ἀντιφῶντα τούτους
ἀπαγγέλλειν τοὺς λόγους, οὐχ ὡς εἴδησιν αὐτῶν ἔχοντα ἢ ἐπιστήμην, ἀλλ´ ἄκρᾳ
μόνῃ τῇ
γλώττῃ καὶ κατὰ μνήμην αὐτοῖς προσφερόμενον,
(682) οἷον εἴ τις αὐτὸν τουτονὶ τὸν διάλογον
ἐκμαθὼν ἀποστοματίζειν δυνατὸς εἴη, τὴν ἐν
αὐτῷ κεκρυμμένην διάνοιαν ἀγνοῶν. Ἡγοῦμαι
δὲ ἔγωγε μήτ´ ἂν τὴν τάξιν τῶν πραγμάτων
μήτ´ ἂν τὸ καθῆκον τοῖς ἀνδράσιν οὕτω διασώσασθαι, μετὰ τῆς πρεπούσης
διαθέσεως, τὸν
ἀγνοοῦντα τὴν τῶν λόγων βαθύτητα καὶ τοὺς
σκοποὺς τῶν τε ἐρωτήσεων καὶ τῶν ἀποκρίσεων·
παγχάλεπον γὰρ λόγῳ μιμεῖσθαι τοὺς λόγους
τῶν ἐπιστημόνων, ὡς καὶ ὁ Τίμαιος ἡμᾶς ἐδίδαξε· καὶ γὰρ ἔδει τοῖς μιμησομένοις
τῆς
ὁμοίας ἐκείνοις ἀρετῆς, ἵνα καλῶν ἐπάξιοι γένωνται τῶν λόγων μιμηταί. Τοῦτο
μὲν οὖν οὐ
δέομαι κατασκευάζειν, τοῦ Πλάτωνος τοιοῦτον
κανόνα παρασχομένου τοῖς τὰ τοιαῦτα βασανίζουσιν· ἀλλ´ ἕξει πρώτως μὲν τὴν
τῶν λεγομένων ἐπιστήμην ὁ Παρμενίδης, δευτέρως δὲ ὁ
Ζήνων, κατὰ δὲ τρίτην τάξιν ὁ Σωκράτης (οὗτος γὰρ αὐτοῖς καὶ συνδιαπλέκει
τοὺς λόγους),
τετάρτην δὲ ὁ Πυθόδωρος (οὗτος γὰρ καὶ αὐτῶν
ἐκείνων, Ζήνωνος ὢν μαθητὴς, ἀκήκοε), πέμπτην δὲ ὁ Ἀντιφῶν, ὁ παρὰ τοῦ
Πυθοδώρου τὸν
λόγον παραδεξάμενος, ὃς προσεχῶς ἀπὸ τῶν
ἀνδρῶν ὑπεδέξατο τοὺς εἰρησομένους λόγους
καὶ οὕτως ἡμᾶς ἀνήγαγεν ἐπ´ ἐκείνους, ὥστε
αὐτῶν ἐκείνων ἀκροάσασθαι δοκεῖν καὶ αὐτῇ
περιβεβηκέναι τῇ πρώτῃ σκηνῇ καὶ μετεσχηκέναι τῆς πρώτης συνουσίας· τοῦτο
δὴ ἡ τοῦ
Πλάτωνος ἐργάζεται διασκευὴ καὶ ἡ τῆς ὑποθέσεως οἰκονομία, μόνον οὐχ ὑπ´
ὀφθαλμοῖς
ἡμῖν ἐπιδεικνυμένη τὰ πράγματα, τοὺς καιροὺς, τὰ πρόσωπα, τοὺς τόπους, τὰς
ἐνεργείας,
τὰς διαθέσεις, τοὺς λόγους. Δοκεῖ δέ μοι καὶ ἡ
τῶν προσώπων πάντων ἐφ´ ἕνα τὸν Παρμενίδην
ἀναγωγὴ πολλὴν ἐνδείκνυσθαι τῶν πραγμάτων
ἀλήθειαν· πάντα γὰρ τὰ πλήθη τῶν ὄντων καὶ
πᾶσαι τάξεις ἑνίζονται περὶ τὴν θείαν αἰτίαν,
καὶ τοῦτο ἐνδείκνυται τοῖς συνετωτέροις ἐφεξῆς
(683) οὑτωσὶ λέγων, "Ἀντιφῶν, Πυθόδωρος, Ζήνων,
Παρμενίδης". Καὶ ἡ τῶν Παναθηναίων
δὲ αὖ μνήμη συντελεῖ πρὸς τὴν ὅλην τοῦ διαλόγου πρόθεσιν· ὡς ἡ ἱστορία λέγει,
τὰ Παναθήναια συνοικισθέντων ἐπετελέσθη τῶν Ἀθηναίων. Πάλιν οὖν ἑνίζεται
κἀνταῦθα τὸ πλῆθος
καὶ συντάττεται περὶ τὴν πολιοῦχον θεόν·
τοῦτο δὲ ἦν τοῦ διαλόγου τὸ τέλος, ἐξάψαι τὰ
πάντα τοῦ ἑνὸς καὶ δεῖξαι σαφῶς ὅπως ἕκαστα προελήλυθεν ἐκεῖθεν. Ἔχει δὲ
οὐκ ὀλίγην
καὶ τὴν εἰς τοὺς ἄνδρας εὐφημίαν ὁ λόγος τῷ
εἰπεῖν αὐτοὺς οὐκ εἰς Ἀθήνας ἐλθεῖν, ἀλλ´ εἰς
τὰ Παναθήναια. Τῆς οὖν θεοῦ ἕνεκα καὶ τῆς
ἑορτῆς ἐπεδήμουν, ἀλλ´ οὐκ ἐπιδείξεως οὐδὲ
τοῦ δημοσίᾳ φιλοσοφεῖν· ὃ δὴ καὶ παρὰ τοῖς
Πυθαγορείοις κατέγνωστο· σοφιστικῆς γὰρ τὸ
τοιοῦτον καὶ ἀνδρῶν χρηματιστῶν ἦν τὸ ἔργον.
| [2,30] § 30. « Alors Antiphon nous dit que Pythodore lui avait rapporté qu'un jour vinrent assister aux grandes Panathénées, Zénon et Parménide. »
Il y en a qui disent qu'Antiphon, qui fait le récit de ces entretiens n'en a ni conscience ni intelligence, qu'il ne fait que les reproduire de bouche et de mémoire, comme quelqu'un qui, ayant appris ce dialogue par coeur, le réciterait de mémoire, sans en comprendre la pensée profonde et cachée. Pour moi, je pense que ni l'ordre des faits ni le respect de la loi de convenance, en ce qui concerne les personnages. ne permettent d'accepter, avec une présomption suffisante. qu'il ignore le sens profond des discours qu'il reproduit et le but des questions et des réponses : il est
très difficile de reproduire en paroles tes théories scientifiques comme nous l'a appris Timée; car il faut que ceux qui doivent faire cette imitation aient un mérite égal à la valeur de ces raisonnements, afin de devenir de dignes imitateurs de ces belles doctrines. Ceci, je n'ai pas besoin de le prouver, puisque Platon impose cette règle obligatoire à ceux qui veulent tenter cette épreuve. Ainsi Parménide aura éminemment la science de ce qui est dit ici; au deuxième rang, sera Zénon; au troisième rang, Socrate ; (car celui-ci aussi se mêle et participe à leur discussion) au quatrième. Pythodore, qui l'a entendue et qui est un disciple de Zénon; au cinquième, Antiphon, qui l'a recueillie de la bouche de Pythodore, lequel tenait d'eux directement et sans intermédiaire, les discours qui vont être reproduits, et qui nous y reporte, de sorte qu'il semble que nous entendions les interlocuteurs eux-mêmes, que nous assistions à la première scène, et que nous prenions part à la première conférence. C'est là l'effet produit par l'art de Platon par l'aménagement du sujet, qui nous met pour ainsi dire sous les yeux les faits, les circonstances, les personnages, les lieux, les actes, les dispositions d'esprit, les discours. Et le fait que tous les personnages se ramènent à un seul. Parménide, me paraît exprimer le sens vrai et profond des choses el des idées, car toutes les pluralités et tous les ordres des êtres s'unissent dans la cause divine, et c'est ce qu'il montre à ceux qui savent voir et entendre, en les nommant selon cet ordre de succession : Antiphon, Pythodore, Zénon, Parménide.
Et même la mention des Panathénées contribue à l'exposition complète du sujet du dialogue : en effet, l'histoire nous apprend que les Panathénées ont été fondées quand les Athéniens se réunirent dans une même cité. Voici donc encore ici la pluralité unifiée, et coordonnée autour de la Déesse Protectrice de l'État, g-Poliouchos. Or c'est là le but du dialogue, de relier le Tout et les choses à l'Un, et de montrer clairement que chacune d'elles individuellement a procédé de lui. Ce n'est donc pas une façon sans importance de louer nos philosophes que de dire expressément qu'ils sont venus, non à Athènes, mais aux Panathénées. C'est pour la Déesse et pour sa fête, qu'ils ont fait ce voyage, et non pour y tenir des discours d'apparat, ni pour y exposer leur philosophie : ce qui était condamné par les Pythagoriciens: Car une telle besogne est du domaine de la sophistique et des gens âpres au gain.
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