HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PROCLUS, Commentaire sur le Parménide, livre II

Paragraphes 29

  Paragraphes 29

[2,29] (680) Καὶ δεομένων ἡμῶν διελθεῖν τοὺς λόγους, τὸ μὲν πρῶτον ὤκνει, πολὺ γὰρ ἔφη ἔργον εἶναι· ἔπειτα μέν τοι διηγεῖτο. μὲν "δέησις" τῶν Κλαζομενίων ἐμφανίζει τὴν λιπαρὰν τῶν ψυχῶν ἀντοχὴν τῶν οἰκείων ἡγεμόνων· οὐ γὰρ ἄλλως αὐταῖς παραγίγνεται τὸ θεοῖς συναφθῆναι καὶ μετὰ θεῶν συμπεριπόλησις διὰ τούτων τῶν δαιμόνων· ἐξέχονται γὰρ οὗτοι τῶν ἐγκοσμίων θεῶν, ὥς φησιν ἐν Φαίδρῳ Σωκράτης, αὗται δὲ τῶν δαιμόνων, ἡγεῖται δὲ τῆς δεήσεως πρῶτον μὲν γνῶσις αὐτῶν (πῶς γὰρ ἂν δέοιντο τούτων, οὓς μὴ εἰδεῖεν οἵτινές εἰσι, καὶ οἵων αὑταῖς ἀγαθῶν ἡγεμόνες;), ἔπειτα ἔργα τῆς μετουσίας αὐτῶν· δεῖ γὰρ καὶ ὀρέγεσθαι τούτων ὧν δεόμεθα· μὴ ὀρεγόμενοι γὰρ οὐδ´ ἂν ἐν τῇ τάξει τῶν δεομένων εἴημεν. δὲ τοῦ Ἀντιφῶντος "ὄκνος" εἰκόνα φέρει τῆς τῶν θείων αἰτιῶν ἀποκρύφου καὶ ἀῤῥήτου δυνάμεως· δύσληπτον γάρ ἐστι τὸ θεῖον ὅπου ποτ´ ἂν καὶ δυσεπίγνωστον καὶ μόλις ἐκφαινόμενον ταῖς ψυχαῖς, καὶ ὅταν λιπαρῶς ἀντιλάβωνται τῆς μετουσίας αὐτοῦ καὶ τῆς πρὸς αὐτὸ κοινωνίας· συνεθισμοῦ γὰρ δέονται πρὸς τὴν θείαν αὐγὴν, καὶ οἱ θεῖοι δαίμονες ἐπιδείκνυνται ταῖς εἰς αὐτοὺς ἀνατεινομέναις ψυχαῖς, δι´ αὐτῶν ἅπαν τὸ θεῖον καθορᾷν ἐπειγομέναις, βεβαίως δὲ καὶ μονίμως ἀντιλαμβανομέναις αὐτῶν ἀναπλοῦσι καὶ ἐκφαίνουσι τὴν θείαν ἀλήθειαν· καὶ τοῦτό ἐστιν "διήγησις", ἀνάπλωσις τῶν κεκρυμμένων καὶ ἔκφανσις, καὶ τελειότης ἀγωγὸς ἀπὸ τῶν θείων δαιμόνων ἐνδεδομένη ταῖς ψυχαῖς. Ταῦτα μὲν οὖν ἐν τοῖς ὅλοις σκοπῶν εὑρήσεις, καὶ οὐκ ἂν ἄλλως ἔχοι· θαυμάζειν δὲ οὐ χρὴ τοὺς νῦν ἀκούοντας Ἀντιφῶντος λέγοντος ὡς "πολὺ τὸ ἔργον" καὶ χαλεπὸν, ἐν δὲ τοῖς πρόσθεν ἀκηκοότας ὡς "οὐδὲν ἄρα χαλεπὸν" τοῦ (681) Ἀδειμάντου λέγοντος· μὲν γὰρ πρὸς τὴν Ἀντιφῶντος ἀποβλέπει δύναμιν καὶ τὴν μνήμην τῶν λόγων, δὲ πρὸς αὐτοὺς τοὺς ἀκροατὰς, μήποτε οὐκ ἀρκοῦσι πρὸς τὴν τῆς θεωρίας ταύτης ὑποδοχήν· ἄνδρες γάρ εἰσιν ἐξ Ἰωνίας ἥκοντες καὶ πρὸς τοὺς ἐποπτικωτέρους λόγους ἀήθεις. Δοκεῖ δέ μοι καὶ ἄλλως Ἀντιφῶν μιμούμενος τοὺς Ἐλεάτας σοφοὺς ἐξαίρειν τὴν ὑπόθεσιν καὶ πάμπολυ τὸ ἔργον ἀποκαλεῖν· καὶ γὰρ Ζήνων τοῦτο ποιήσει, προϊόντος τοῦ διαλόγου, καὶ αὐτὸς μέγας Παρμενίδης. Ἀλλὰ καὶ ἐν Σοφιστῇ καὶ Πολιτικῷ ξένος, ἑταῖρος τούτων ὑπάρχων, τὴν πρώτην δύσληπτον καὶ παγχάλεπον εἶναι τὴν ἀπόκρισιν λέγει πρὸς τὴν τοῦ Σωκράτους ἐρώτησιν· καὶ οὐχ οἱ μὲν Ἐλεάται τοῦτον τὸν τρόπον, δὲ Πλάτων ἄλλως παρακελεύεται ποιεῖν, ἀλλὰ καὶ αὐτὸς παραγγέλλει τοῖς τι τοιοῦτον αἰτοῦσιν ἐνδείκνυσθαι τὴν χαλεπότητα τοῦ πράγματος· τοῦτο γὰρ ἀκριβὲς γίγνεται δοκίμιον τῆς τῶν προσιόντων ἐπιτηδειότητός τε καὶ ἀνεπιτηδειότητος. μέντοι τῆς θεωρίας γνήσιος ἐραστὴς οὐκ ἀναδύεται τὸν πόνον, ἀλλ´ ὅσῳ χαλεπωτέρα ἀντίληψις, τοσούτῳ προθυμότερον πρόσεισιν οὐκ ἀποδειλιῶν πρὸς τοὺς ἄθλους· δ´ ἀτελὴς καὶ ἀγεννὴς, ἀκούσας τὸ ἔργον ὡς χαλεπὸν, οἴχεται φυγὰς τοῦ πράγματος μὴ προσῆκον αὐτῷ προσείη. Ἐνταῦθα δ´ οὖν ὄντως τε δειλὸς ἀνὴρ τ´ ἄλκιμος ἐξεφάνθη, καὶ τοῦτο γίγνεται κριτήριον τῶν εὖ πεφυκότων καὶ μή. [2,29] § 29. « Et comme nous le prions de nous reproduire ces discours, il hésita d'abord, car, nous dit-il, c'est une grosse affaire : cependant à la fin, il les rapporta. » Cette prière des Clazoméniens met en lumière la force tenace avec laquelle les âmes s'attachent à leurs guides propres : car ce n'est que par l'intermédiaire de ces démons qu'elles se lient aux Dieux et les accompagnent dans leur voyage autour du ciel. Car ceux-ci sont attachés et unis aux Dieux encosmiques, comme le dit Socrate dans le Phèdre, et celles-là aux démons : ce qui gouverne et commence la prière, c'est d'abord la connaissance des démons (car comment adresser une prière à des personnes dont on ne sait ni qui ils sont, ni de quels biens ils peuvent être les auteurs pour nous:) c'est ensuite le fait de participer à eux ; car il faut désirer les choses que nous demandons, et si nous ne les désirions pas, nous n'appartiendrions pas à la catégorie des demandeurs. Or l'hésitation d'Antiphon porte l'image de la puissance mystérieuse et ineffable des causes divines : car où qu'il soit, le divin est difficile à saisir, difficile à connaître; c'est à peine s'il apparaît aux âmes, même alors qu'elles tendent d'un énergique effort à participer de lui, à entrer en communion avec lui; elles ont besoin de s'habituer à l'éclat de la lumière divine, par laquelle les démons divins se révèlent aux âmes qui tendent vers eux, qui s'efforcent, par leur intermédiaire, de contempler tout le divin et à celles qui s'attachent à eux fermement et inébranlablement, ils déploient et font apparaître la vérité divine : et c'est là le récit, c'est à dire le déploiement, l'exposition au grand jour des choses cachées ; c'est là la perfection et la force ascensionnelle communiquée aux âmes par les démons divins. Voilà ce que tu trouveras dans l'univers des choses, si tu l'examines, et ce qui ne saurait être autrement. Et il ne faut pas qu'on s'étonne d'entendre maintenant Antiphon dire que c'est une grosse affaire et difficile, tandis que précédemment on avait entendu Adimante dire : « mais ce n'est pas chose difficile. » Car l'un fait allusion à la capacité d'Antiphon, à sa fidèle mémoire des discours, tandis que l'autre ne considère que les auditeurs, dans la crainte qu'ils ne soient pas en état de recevoir cette théorie; car ce sont des personnes qui viennent d'Ionie et ne sont guère habituées à des théories d'un caractère quelque peu mystique. Et encore, sous un autre aspect, Antiphon, imitant les sages d'Élée, me paraît faire ressortir la difficulté du sujet en l'appelant une très grosse affaire : car c'est Zénon qui s'en chargera dans la suite du dialogue, et le grand Parménide, lui même. Mais même l'Étranger, qui est de leur école, dit dans le Sophiste et le Politique que la première réponse à la question de Socrate n'est pas aisée à comprendre, et renferme de très grosses difficultés. Et il ne faut pas dire que les Éléates entendent faire la recherche d'une façon et que Platon l'entend faire autrement : mais celui-ci aussi, à ceux qui demandent qu'on leur donne l'explication, annonce la difficulté de l'entreprise : cette rigueur de la recherche devient, comme une pierre de touche pour reconnaître l'aptitude ou la non aptitude de ceux qui aspirent, à cette connaissance. Le véritable amant de la science ne récuse pas sa peine ; mais plus une chose est difficile à saisir, plus il montre de cœur et d'ardeur a l'aborder, et ne se montre pas lâche en face des luttes à soutenir. Mais celui qui n'a pour elle qu'un amour imparfait et sans courage, en entendant dire que c'est une grosse affaire, s'en va et se dérobe à une entreprise pour laquelle il n'était pas fait. C'est donc en cela que se montrent réellement et le lâche et le brave. et c'est là ce qui devient le critérium de ceux que la nature a bien doués et de ceux qu'elle a mal doués.


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Dernière mise à jour : 18/03/2010