[934] (934a) Ἐγὼ δέ «Τοῦτο μὲν» ἔφην,
«πρὸς τοὔνομα μᾶλλον ἐριστικῶς ἢ πρὸς τὸ πρᾶγμα φυσικῶς καὶ μαθηματικῶς
ἐνισταμένου. Τὸν γὰρ ἀντιφραττόμενον ὑπὸ τῆς γῆς τόπον εἰ μὴ σκιάν τις
ἐθέλοι καλεῖν ἀλλ´ ἀφεγγὲς χωρίον, ὅμως ἀναγκαῖον ἐν αὐτῷ τὴν σελήνην
γενομένην - - - καὶ ὅλως» ἔφην «εὔηθές ἐστιν ἐκεῖ μὴ φάναι τῆς γῆς
ἐξικνεῖσθαι τὴν σκιάν, - - - ἡ σκιὰ τῆς σελήνης ἐπιπίπτουσα τῇ ὄψει καὶ
διήκουσα πρὸς τὴν γῆν ἔκλειψιν ἡλίου ποιεῖν. Πρὸς σὲ δέ, ὦ Φαρνάκη,
τρέψομαι. Τὸ γὰρ ἀνθρακῶδες ἐκεῖνο (934b) καὶ διακαὲς χρῶμα τῆς σελήνης, ὃ
φῂς ἴδιον αὐτῆς εἶναι, σώματός ἐστι πυκνότητα καὶ βάθος ἔχοντος· οὐθὲν γὰρ
ἐθέλει τοῖς ἀραιοῖς ὑπόλειμμα φλογὸς οὐδ´ ἴχνος ἐμμένειν οὐδ´ ἔστιν
ἄνθρακος γένεσις, οὗ μὴ στερέμνιον σῶμα δεξάμενον διὰ βάθους τὴν πύρωσιν
καὶ σῷζον· ὥς που καὶ Ὅμηρος εἴρηκεν
«Αὐτὰρ ἐπεὶ πυρὸς ἄνθος ἀπέπτατο, παύσατο δὲ φλὸξ
ἀνθρακιὴν στορέσασα».
Ὁ γὰρ ἄνθραξ ἔοικεν οὐ πῦρ ἀλλὰ σῶμα πεπυρωμένον εἶναι καὶ πεπονθὸς ὑπὸ
πυρὸς στερεῷ καὶ ῥίζαν ἔχοντι προσμένοντος ὄγκῳ καὶ προσδιατρίβοντος· αἱ
δὲ φλόγες (934c) ἀραιᾶς εἰσιν ἔξαψις καὶ ῥεύματα τροφῆς καὶ ὕλης, ταχὺ
δι´ ἀσθένειαν ἀναλυομένης. Ὥστ´ οὐδὲν ἂν ὑπῆρχε τοῦ γεώδη καὶ πυκνὴν εἶναι
τὴν σελήνην ἕτερον οὕτως ἐναργὲς τεκμήριον, εἴπερ αὐτῆς ἴδιον ἦν ὡς χρῶμα
τὸ ἀνθρακῶδες. Ἀλλ´ οὐκ ἔστιν, ὦ φίλε Φαρνάκη· πολλὰς γὰρ ἐκλείπουσα χρόας
ἀμείβει καὶ διαιροῦσιν αὐτὰς οὕτως οἱ μαθηματικοὶ κατὰ χρόνον καὶ ὥραν
ἀφορίζοντες· ἂν ἀφ´ ἑσπέρας ἐκλείπῃ, φαίνεται μέλαινα δεινῶς ἄχρι τρίτης
ὥρας καὶ ἡμισείας· ἂν δὲ μέσῃ, τοῦτο δὴ τὸ ἐπιφοινίσσον ἵησι καὶ (πῦρ καὶ)
πυρωπόν· ἀπὸ δ´ ἑβδόμης ὥρας καὶ ἡμισείας ἀνίσταται τὸ ἐρύθημα· καὶ τέλος
ἤδη πρὸς ἕω λαμβάνει χρόαν κυανοειδῆ καὶ χαροπήν, ἀφ´ ἧς δὴ καὶ (934d)
μάλιστα «γλαυκῶπιν» αὐτὴν οἱ ποιηταὶ καὶ Ἐμπεδοκλῆς ἀνακαλοῦνται.
Τοσαύτας οὖν χρόας ἐν τῇ σκιᾷ τὴν σελήνην λαμβάνουσαν ὁρῶντες οὐκ ὀρθῶς
ἐπὶ μόνον καταφέρονται τὸ ἀνθρακῶδες, ὃ μάλιστα φήσαι τις ἂν ἀλλότριον
αὐτῆς εἶναι καὶ μᾶλλον ὑπόμιγμα καὶ λεῖμμα τοῦ φωτὸς διὰ τῆς σκιᾶς
περιλάμποντος, ἴδιον δὲ τὸ μέλαν καὶ γεῶδες. Ὅπου δὲ πορφυρίσιν ἐνταῦθα
καὶ φοινικίσι λίμναις τε καὶ ποταμοῖς δεχομένοις ἥλιον ἐπίσκια χωρία
γειτνιῶντα συγχρῴζεται καὶ περιλάμπεται, διὰ τὰς ἀνακλάσεις ἀποδιδόντα
πολλοὺς καὶ διαφόρους ἀπαυγασμούς, (934e) τί θαυμαστὸν εἰ ῥεῦμα πολὺ σκιᾶς
ἐμβάλλον ὥσπερ εἰς πέλαγος οὐράνιον οὐ σταθεροῦ φωτὸς οὐδ´ ἠρεμοῦντος ἀλλὰ
μυρίοις ἄστροις περιελαυνομένου μίξεις τε παντοδαπὰς καὶ μεταβολὰς
λαμβάνοντος, ἄλλην ἄλλοτε χρόαν ἐκματτόμενον ἀπὸ τῆς σελήνης ἐνταῦθ´
ἀποδίδωσιν; Ἄστρον μὲν γὰρ ἢ πῦρ οὐκ ἂν ἐν σκιᾷ διαφανείη μέλαν ἢ γλαυκὸν
ἢ κυανοειδές, ὄρεσι δὲ καὶ πεδίοις καὶ θαλάσσαις πολλαὶ μὲν ἀφ´ ἡλίου
μορφαὶ χρωμάτων ἐπιτρέχουσι καὶ σκιαῖς καὶ ὁμίχλαις, οἵας φαρμάκοις
γραφικοῖς μιγνύμενον ἐπάγει βαφὰς τὸ λαμπρόν. Ὧν τὰ μὲν τῆς θαλάττης
ἐπικεχείρηκεν (934f) ἁμωσγέπως ἐξονομάζειν Ὅμηρος «ἰοειδέα» καλῶν καί «
οἴνοπα πόντον», αὖθις δέ «πορφύρεον κῦμα» «γλαυκήν» τ´ ἄλλως «
θάλασσαν» καί «λευκὴν γαλήνην» , τὰς δὲ περὶ τὴν γῆν διαφορὰς τῶν
ἄλλοτ´ ἄλλως ἐπιφαινομένων χρωμάτων παρῆκεν ὡς ἀπείρους τὸ πλῆθος οὔσας.
Τὴν δὲ σελήνην οὐκ εἰκὸς ὥσπερ τὴν θάλασσαν μίαν ἔχειν ἐπιφάνειαν, ἀλλ´
ἐοικέναι μάλιστα τῇ γῇ τὴν φύσιν,
| [934] (934a)
Je leur répondis que cette objection était plutôt une vaine dispute de mots
qu'un raisonnement physique ou mathématique sur la question même ;
que, si l'on ne veut pas appeler ombre le lieu qui est obscurci par
l'interposition de la terre, et dire seulement qu'il est privé de lumière,
il faut toujours nécessairement que lorsque la lune se trouve dans ce
lieu, elle devienne obscure. «En un mot, lui dis-je, il est contre toute
raison de dire que l'ombre de la terre ne parvient pas jusqu'à l'endroit
d'où l'ombre de la lune, atteignant notre vue et arrivant jusqu'à la
terre, fait éclipser le soleil.
«Maintenant je m'adresse à vous, Pharnace. Cette couleur de charbon
ardent (934b) que vous dites être particulière à la lune ne peut convenir
qu'à un corps qui a de l'épaisseur et de la profondeur ; car il ne reste
jamais aucune trace, aucune apparence de feu dans les corps dont la
substance est rare et déliée, et on ne peut faire de charbon qu'avec des
corps solides dont l'épaisseur puisse se pénétrer de feu et le conserver
longtemps. Homère dit quelque part:
"Lorsque dans le foyer il ne voit plus de flamme,
Il étend les charbons";
car le charbon est moins un véritable feu qu'un corps igné et tout pénétré
du feu qu'il conserve dans une masse solide et durable ; au lieu que la
flamme (934c) est l'expansion d'une matière rare qui lui sert d'aliment,
mais que sa faiblesse fait promptement dissiper ; en sorte que rien ne
prouverait davantage que la lune est un corps solide et terrestre, sinon que
sa couleur propre fût celle du charbon.
«Mais ce n'est point là, mon cher Pharnace, sa couleur particulière ;
et la lune, pendant son éclipse, prend successivement plusieurs couleurs
différentes que les mathématiciens déterminent suivant le temps et
l'heure, et qu'ils distinguent ainsi : quand elle s'éclipse vers le soir,
elle paraît d'un noir effrayant jusqu'à trois heures et demie ; si c'est à
minuit, elle jette une couleur rougeâtre qui tient de celle du feu ; après
sept heures et demie, sa couleur est purement rouge ; enfin, vers l'aube
du jour, sa teinte est d'un bleu tirant sur le gris, ce qui lui fait
donner par les poètes, et en particulier par Empédocle, (934d) le surnom
de "glaucopis". Puis donc que nous voyons la lune prendre
successivement dans l'ombre tant de couleurs différentes, les stoïciens
ont tort de ne lui attribuer que celle du charbon ardent, qu'on pourrait
dire au contraire lui être moins propre qu'aucune autre, puisqu'elle est
formée de rayons affaiblis qui brillent à travers l'ombre, et que la
couleur noirâtre et terreuse serait plutôt celle de la lune. Nous voyons
ici-bas que les lacs et les étangs, qui sont frappés des rayons du soleil,
prennent à leur surface une teinte de rouge et de pourpre, et que les
lieux voisins qui sont dans l'ombre offrent une légère nuance des mêmes
couleurs, et, par l'effet des mêmes réflexions, renvoient plusieurs traits
de lumière. (934e) Faut-il donc s'étonner si un grand fleuve d'ombre
venant à tomber dans la vaste mer de la lumière céleste, qui, loin d'être
stable et tranquille, est agitée par un nombre infini d'astres et reçoit
toutes sortes de mélanges et de changements, faut-il, dis-je, s'étonner
que cette ombre nous renvoie les diverses couleurs que la lune lui imprime? Un astre
où une masse de feu ne peuvent, dans l'ombre, paraître noirs, bleus ou
grisâtres ; mais on voit se succéder sur les montagnes, sur les plaines et
sur les mers, plusieurs sortes de couleurs que produit la réflexion du
soleil, et qui sont l'effet du mélange de la lumière avec les ombres et
les nuages, qu'on peut comparer aux premières matières que les peintres
emploient pour leurs couleurs. (934f) Homère, pour exprimer ces diverses
teintes qui paraissent sur la mer, dit que l'Océan a la couleur de la
violette ou du vin ; que les flots sont teints de pourpre ou de bleu, et
il désigne le calme par la blancheur. Quant à la variété des couleurs dont
la terre se nuance, il n'en a point parlé, sans doute parce que le nombre
en est infini.
«Il n'est pas vraisemblable que la lune n'ait, comme la mer, qu'une
surface unie : elle doit plutôt ressembler à la terre,
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