HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Sur l'éducation des enfants : oeuvre complète

Chapitre 14

  Chapitre 14

[14] Καὶ μέντοι καὶ τῆς αἰσχρολογίας ἀπακτέον τοὺς υἱεῖς· "λόγος γὰρ ἔργου σκιή" κατὰ Δημόκριτον. εἶτά γε μὴν ἐντευκτικοὺς αὐτοὺς εἶναι παρασκευαστέον καὶ φιλοπροσηγόρους· οὐδὲν γὰρ ὡς τὰ ἀνέντευκτα τῶν ἠθῶν ἐστιν οὕτως ἀξιομίσητον. ἔτι τοίνυν οἱ παῖδες ἀμισεῖς γίγνοιντ´ ἂν τοῖς συνοῦσι μὴ παντελῶς ἐν ταῖς ζητήσεσιν ἀπαραχώρητοι γιγνόμενοι· οὐ γὰρ τὸ νικᾶν μόνον ἀλλὰ καὶ τὸ ἡττᾶσθαι ἐπίστασθαι καλὸν ἐν οἷς τὸ νικᾶν βλαβερόν. ἔστι γὰρ ὡς ἀληθῶς καὶ νίκη Καδμεία. ἔχω δὲ μάρτυρα τούτου Εὐριπίδην τὸν σοφὸν ἐπαγαγέσθαι λέγοντα "δυοῖν λεγόντοιν, θατέρου θυμουμένου, μὴ ἀντιτείνων τοῖς λόγοις σοφώτερος." τοίνυν τῶν εἰρημένων οὐδενὸς ἧττόν ἐστιν ἀλλὰ καὶ μᾶλλον ἐπιτηδευτέα τοῖς νέοις καὶ δὴ λεκτέον. ταῦτα δ´ ἐστὶ τὸ τὸν βίον ἀτύφωτον ἀσκεῖν, τὸ τὴν γλῶτταν κατέχειν, τὸ τῆς ὀργῆς ὑπεράνω γίγνεσθαι, τὸ τῶν χειρῶν κρατεῖν. τούτων ἕκαστον ἡλίκον ἐστὶ σκεπτέον· ἔσται δ´ ἐπὶ παραδειγμάτων γνωριμώτερα. Οἷον ἵν´ ἀπὸ τοῦ τελευταίου πρῶτον ἄρξωμαι, τὰς χεῖράς τινες ὑποσχόντες λήμμασιν ἀδίκοις τὴν δόξαν τῶν προβεβιωμένων ἐξέχεαν· ὡς Γύλιππος Λακεδαιμόνιος τὰ σακκία τῶν χρημάτων παραλύσας φυγὰς ἀπηλάθη τῆς Σπάρτης. Τό γε μὴν ἀόργητον ἀνδρός ἐστι σοφοῦ. Σωκράτης μὲν γάρ, λακτίσαντος αὐτὸν νεανίσκου θρασέος μάλα καὶ βδελυροῦ, τοὺς ἀμφ´ αὑτὸν ὁρῶν ἀγανακτοῦντας καὶ σφαδᾴζοντας ὡς καὶ διώκειν αὐτὸν ἐθέλειν, "ἆρ´," ἔφησε, "καὶ εἴ μ´ ὄνος ἐλάκτισεν, ἀντιλακτίσαι τοῦτον ἠξιώσατ´ ἄν;" οὐ μὴν ἐκεῖνός γε παντελῶς κατεπροίξατο, πάντων δ´ αὐτὸν ὀνειδιζόντων καὶ λακτιστὴν ἀποκαλούντων ἀπήγξατο. Ἀριστοφάνους δέ, ὅτε τὰς Νεφέλας ἐξέφερε, παντοίως πᾶσαν ὕβριν αὐτοῦ κατασκεδαννύντος, καί τινος τῶν παρόντων "κᾆτα τοιαῦτ´ ἀνακωμῳδοῦντος οὐκ ἀγανακτεῖς" εἰπόντος " Σώκρατες;" "μὰ Δί´ οὐκ ἔγωγ´," ἔφησεν· "ὡς γὰρ ἐν συμποσίῳ μεγάλῳ τῷ θεάτρῳ σκώπτομαι." ἀδελφὰ τούτοις καὶ σύζυγα φανήσονται πεποιηκότες Ἀρχύτας Ταραντῖνος καὶ Πλάτων. μὲν γὰρ ἐπανελθὼν ἀπὸ τοῦ πολέμου (στρατηγῶν δ´ ἐτύγχανε) γῆν καταλαβὼν κεχερσωμένην, τὸν ἐπίτροπον καλέσας αὐτῆς "ᾤμωξας ἄν," ἔφησεν, "εἰ μὴ λίαν ὠργιζόμην." Πλάτων δὲ δούλῳ λίχνῳ καὶ βδελυρῷ θυμωθείς, τὸν τῆς ἀδελφῆς υἱὸν Σπεύσιππον καλέσας "τοῦτον," ἔφησεν ἀπελθών, "κρότησον· ἐγὼ γὰρ πάνυ θυμοῦμαι." χαλεπὰ δὲ ταῦτα καὶ δυσμίμητα φαίη τις ἄν. οἶδα κἀγώ. πειρατέον οὖν εἰς ὅσον οἷόν τ´ ἐστὶ τούτοις παραδείγμασι χρωμένους τὸ πολὺ τῆς ἀκρατοῦς καὶ μαινομένης ὑφαιρεῖν ὀργῆς· οὐδὲ γὰρ ἐς τἄλλα ἐνάμιλλοι ταῖς ἐκείνων ἐσμὲν οὔτ´ ἐμπειρίαις οὔτε καλοκαγαθίαις. ἀλλ´ οὐδὲν ἧττον ἐκείνων, ὥσπερ θεῶν ἱεροφάνται καὶ δᾳδοῦχοι τῆς σοφίας ὄντες, ὅσαπέρ ἐστιν ἐν δυνατῷ, ταῦτα μιμεῖσθαι καὶ περικνίζειν ἐπιχειροῦμεν. Τὸ τοίνυν τῆς γλώττης κρατεῖν (περὶ τούτου γάρ, ὧνπερ ὑπεθέμην, εἰπεῖν λοιπόν) εἴ τις μικρὸν καὶ φαῦλον ὑπείληφε, πλεῖστον διαμαρτάνει τῆς ἀληθείας. σοφὸν γὰρ εὔκαιρος σιγὴ καὶ παντὸς λόγου κρεῖττον. καὶ διὰ τοῦτό μοι δοκεῖ τὰς μυστηριώδεις τελετὰς οἱ παλαιοὶ κατέδειξαν, ἵν´ ἐν ταύταις σιωπᾶν ἐθισθέντες ἐπὶ τὴν τῶν ἀνθρωπίνων μυστηρίων πίστιν τὸν ἀπὸ τῶν θείων μεταφέρωμεν φόβον. καὶ γὰρ αὖ σιωπήσας μὲν οὐδεὶς μετενόησε, λαλήσαντες δὲ παμπληθεῖς. καὶ τὸ μὲν σιγηθὲν ἐξειπεῖν ῥᾴδιον, τὸ δὲ ῥηθὲν ἀναλαβεῖν ἀδύνατον. μυρίους δ´ ἔγωγ´ οἶδ´ ἀκούσας ταῖς μεγίσταις συμφοραῖς περιπεσόντας διὰ τὴν τῆς γλώττης ἀκρασίαν. ὧν τοὺς ἄλλους παραλιπὼν ἑνὸς δυεῖν τύπου ἕνεκεν ἐπιμνησθήσομαι. τοῦ γὰρ Φιλαδέλφου γήμαντος τὴν ἀδελφὴν Ἀρσινόην Σωτάδης εἰπών "εἰς οὐχ ὁσίην τρυμαλιὴν τὸ κέντρον ὠθεῖς", ἐν δεσμωτηρίῳ πολλοὺς κατεσάπη χρόνους καὶ τῆς ἀκαίρου λαλιᾶς οὐ μεμπτὴν ἔδωκε δίκην, ἵνα δὲ γέλωτα παράσχῃ τοῖς ἄλλοις, αὐτὸς πολὺν χρόνον ἔκλαυσεν. ἐνάμιλλα δὲ τούτοις καὶ σύζυγα καὶ Θεόκριτος σοφιστὴς εἶπέ τε καὶ ἔπαθε, καὶ πολὺ δεινότερα. Ἀλεξάνδρου γὰρ πορφυρᾶς ἐσθῆτας κελεύσαντος κατασκευάζειν τοὺς Ἕλληνας, ἵν´ ἐπανελθὼν τὰ ἐπινίκια τοῦ πολέμου τοῦ κατὰ τῶν βαρβάρων θύσειε, καὶ τῶν ἐθνῶν κατὰ κεφαλὴν εἰσφερόντων ἄργυρον "πρότερον μέν," ἔφησεν, "ἠμφισβήτουν, νῦν δ´ ᾔσθημαι σαφῶς ὅτι πορφύρεοςὉμήρουθάνατοςοὗτός ἐστιν." ἐξ ὧν ἐχθρὸν ἐκτήσατο τὸν Ἀλέξανδρον. Ἀντίγονον δὲ τὸν βασιλέα τῶν Μακεδόνων ἑτερόφθαλμον ὄντα τὴν πήρωσιν προφέρων εἰς οὐ μετρίαν ὀργὴν κατέστησε. τὸν γὰρ ἀρχιμάγειρον Εὐτροπίωνα γεγενημένον ἐν τάξει πέμψας παραγενέσθαι πρὸς αὐτὸν ἠξίου καὶ λόγον δοῦναι καὶ λαβεῖν. ταῦτα δ´ ἀπαγγέλλοντος ἐκείνου πρὸς αὐτὸν καὶ πολλάκις προσιόντος "εὖ οἶδ´," ἔφησεν, "ὅτι ὠμόν με θέλεις τῷ Κύκλωπι παραθεῖναι," ὀνειδίζων τὸν μὲν ὅτι πηρός, τὸν δ´ ὅτι μάγειρος ἦν. κἀκεῖνος "τοιγαροῦν" εἰπών "τὴν κεφαλὴν οὐχ ἕξεις ἀλλὰ τῆς ἀθυροστομίας ταύτης καὶ μανίας δώσεις δίκην," ἀπήγγειλε τὰ εἰρημένα τῷ βασιλεῖ, δὲ πέμψας ἀνεῖλε τὸν Θεόκριτον. Παρὰ πάντα [14] Il faut aussi détourner les enfants des conversations déshonnêtes. "Le langage est l'ombre des actions", disait Démocrite. On s'attachera également à ce qu'ils soient prévenants et affectueux dans leurs paroles. Car autant les caractères manquant d'affabilité méritent d'exciter la répulsion, autant les enfants seront sûrs de ne pas se faire détester de ceux avec qui ils vivent s'ils se gardent d'être intraitables dans les discussions. Ce n'est pas seulement le triomphe qui est beau: il est également honorable de savoir succomber là où le triomphe pourrait avoir des conséquences fâcheuses et deviendrait véritablement une autre victoire à la Cadmus. Je puis produire pour garant de ce que j'avance une citation du sage Euripide : "Entre interlocuteurs dont l'un est en colère Quel est le plus sensé ? Celui qui se modère". Restent d'autres considérations aussi importantes qu'aucune de celles que j'ai exposées, et qui, même, réclament davantage l'attention des jeunes gens : je dois les développer. Il faut qu'ils s'exercent à vivre sans mollesse ; qu'ils retiennent leur langue; qu'ils maîtrisent leur colère; qu'ils gardent leurs mains nettes. Combien chacun de ces préceptes a d'importance, c'est ce qui vaut la peine d'être examiné; et des exemples le feront reconnaître plus clairement. Ainsi, pour commencer par la dernière des recommandations que je viens d'énumérer, quelques personnages ayant porté la main sur des proies illégitimes ont perdu la gloire de leur vie antérieure. Témoin Gylippe le Lacédémonien, qui ouvrit les sacs où était contenu l'argent du trésor public. et qui, condamné au bannissement, fut chassé de Sparte. Résister à la tentation de se mettre en colère est le propre du sage. Voyez Socrate. Un jeune insolent, d'une perversité inconcevable, lui avait donné des coups de pied; il vit que ceux qui l'entouraient étaient indignés et trépignaient au point de vouloir poursuivre l'agresseur. «Seriez-vous donc d'avis, dit-il, au cas où un âne m'aurait lancé des ruades, que je lui en rendisse à mon tour?" Du reste, l'autre n'en fut pas complétement quitte à si bon marché. Tout le monde l'accablant de reproches et l'appelant «l'homme aux ruades», il se pendit. Aristophane, quand il représenta ses Nuées, fit pleuvoir sur le même Socrate toutes les injures imaginables. Pendant que le sage était ainsi joué sur la scène, un des assistants lui dit : «Tu ne t'indignes pas, ô Socrate? — Non pas, en vérité, répondit-il : le théâtre me semble un grand festin où je suis le point de mire des railleurs». On reconnaîtra une similitude et une concordance parfaite avec ces principes dans ce que firent Archytas de Tarente et Platon. Le premier, revenu d'une expédition militaire qu'il avait commandée, trouva son champ tout en friche. Il appela celui à qui le soin en avait été confié. «Je t'aurais fait pousser de beaux cris, lui dit-il, si je n'étais tellement fort en colère». Pour Platon, étant furieux contre un esclave gourmand et incorrigible, il appela Speusippe, le fils de sa soeur. «Sors avec ce misérable, lui dit-il, et administre-lui une correction : car moi, je suis trop irrité». Une pareille modération est bien difficile, pourra-t-on dire, et il n'est pas aisé de suivre de tels exemples. Je le sais comme un autre. Ce n'est donc que dans la mesure de ses moyens qu'il faut essayer de les mettre à profit, afin de réprimer en soi les excès d'une colère outrée qui peut aller jusqu'à la folie. Pour le reste non plus, nous ne pouvons rivaliser avec de tels modèles, soit en expérience, soit en vertus; mais nous n'en devons pas moins nous constituer, en quelque sorte, les prêtres et les desservants de ces illustres personnages comme s'ils étaient des êtres divins; nous devons entreprendre de les imiter en ce qui nous est possible et recueillir leurs exemples". Il faut maîtriser sa langue : c'est, d'entre les prescriptions énumérées par moi, celle qui me reste à développer. Regarder ce précepte comme une puérilité sans importance, ce serait commettre une erreur des plus graves. Le silence observé à propos est un acte de sagesse qui vaut mieux que toutes les paroles du monde; et, selon moi, les anciens en fondant des initiations mystiques ont voulu que la réserve et la crainte apportée aux cérémonies religieuses nous habituât à la discrétion que réclament les affaires humaines. Jamais on ne s'est repenti d'être resté muet; et combien de gens, au contraire, ont eu à gémir de leur loquacité ! Révéler ce qui avait été mis sous le sceau du silence est chose facile, mais reprendre ce qu'on a dit est impossible. Je sais pour ma part, les ayant entendu citer, des milliers de catastrophes produites par l'intempérance de la langue. Pour laisser de côté toutes les autres, je ne mentionnerai qu'une ou deux d'entre elles, à titre d'exemples. Ptolémée Philadelphe ayant épousé sa soeur Arsinoé, Sotadès s'avisa de dire : "Vers un trou non permis ton aiguillon se porte". Durant plusieurs années il pourrit dans une prison, subissant pour son bavardage intempestif un châtiment qu'on ne saurait désapprouver ; et après en avoir fait rire d'autres, il pleura lui-même bien longtemps. L'indiscrétion et le sort du sophiste Théocrite peuvent le disputer à cet exemple et marcher de front avec lui; son supplice fut même beaucoup plus terrible. Alexandre avait ordonné aux Grecs de préparer des habits de pourpre, afin que quand il serait de retour ils assistassent à des sacrifices offerts en l'honneur de victoires par lui remportées sur les Barbares. Les peuples fournirent, par une contribution personnelle, l'argent nécessaire à cette dépense. Théocrite dit alors : «Auparavant j'hésitais sur le sens de certain mot d'Homère; mais aujourd'hui je comprends à merveille ce que veut dire la mort de pourpre». Par ces paroles il se fit un ennemi d'Alexandre. Le même Théocrite s'étant moqué de la difformité d'Antigone, roi de Macédoine, à qui il manquait un oeil, excita chez ce prince une colère démesurée. Antigone lui avait envoyé son premier maître d'hôtel, Entropion, qui se trouvait occuper une charge à la cour; et celui-ci devait inviter Théocrite à venir près du roi pour lui rendre des comptes en recevant les siens. Eutropion s'acquitta du message et alla plusieurs fois le trouver. "Je sais bien, Théocrite, que tu veux me servir tout crû au Cyclope.» C'était insulter l'un parce qu'il était borgne, l'autre parce qu'on voyait en lui un cuisinier. «Eh bien, lui répondit Eutropion, tu ne garderas pas ta tête : tu payeras la peine de cette légèreté de langue et de cette folie ». Il rapporta donc le propos au roi, et celui-ci envoya mettre à mort Théocrite. Mais par-dessus toutes ces recommandations, une des plus sacrées c'est d'habituer les enfants à dire ce qui est vrai, car le mensonge a quelque chose de servile. Il mérite d'être détesté par tous les hommes, et n'est pas même pardonnable chez des esclaves qui gardent quelque mesure.


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Dernière mise à jour : 12/05/2005