[15] Ταῦτα μὲν οὖν οὐκ ἐνδοιάσας οὐδὲ μελλήσας
περὶ τῆς τῶν παίδων εὐκοσμίας καὶ σωφροσύνης
διείλεγμαι· περὶ δὲ τοῦ ῥηθήσεσθαι μέλλοντος
ἀμφίδοξός εἰμι καὶ διχογνώμων, καὶ τῇδε κἀκεῖσε
μετακλίνων ὡς ἐπὶ πλάστιγγος πρὸς οὐδέτερον
ῥέψαι δύναμαι, πολὺς δ´ ὄκνος ἔχει με καὶ τῆς
εἰσηγήσεως καὶ τῆς ἀποτροπῆς τοῦ πράγματος.
ἀποτολμητέον δ´ οὖν ὅμως εἰπεῖν αὐτό. τί οὖν
τοῦτ´ ἐστί; πότερα δεῖ τοὺς ἐρῶντας τῶν παίδων
ἐᾶν τούτοις συνεῖναι καὶ συνδιατρίβειν, ἢ τοὐναντίον
εἴργειν αὐτοὺς καὶ ἀποσοβεῖν τῆς πρὸς τούτους
ὁμιλίας προσῆκεν; ὅταν μὲν γὰρ ἀποβλέψω πρὸς
τοὺς πατέρας τοὺς αὐθεκάστους καὶ τὸν τρόπον
ὀμφακίας καὶ στρυφνούς, οἳ τῶν τέκνων ὕβριν
οὐκ ἀνεκτὴν τὴν τῶν ἐρώντων ὁμιλίαν ἡγοῦνται,
εὐλαβοῦμαι ταύτης εἰσηγητὴς γενέσθαι καὶ σύμβουλος.
ὅταν δ´ αὖ πάλιν ἐνθυμηθῶ τὸν Σωκράτη
τὸν Πλάτωνα τὸν Ξενοφῶντα τὸν Αἰσχίνην τὸν
Κέβητα, τὸν πάντα χορὸν ἐκείνων τῶν ἀνδρῶν οἳ
τοὺς ἄρρενας ἐδοκίμασαν ἔρωτας καὶ τὰ μειράκια
προήγαγον ἐπί τε παιδείαν καὶ δημαγωγίαν καὶ
τὴν ἀρετὴν τῶν τρόπων, πάλιν ἕτερος γίγνομαι
καὶ κάμπτομαι πρὸς τὸν ἐκείνων τῶν ἀνδρῶν
ζῆλον. μαρτυρεῖ δὲ τούτοις Εὐριπίδης οὕτω λέγων
"ἀλλ´ ἔστι δή τις ἄλλος ἐν βροτοῖς ἔρως,
ψυχῆς δικαίας σώφρονός τε κἀγαθῆς."
τὸ δὲ τοῦ Πλάτωνος σπουδῇ καὶ χαριεντισμῷ
μεμιγμένον οὐ παραλειπτέον. ἐξεῖναι γάρ φησι
δεῖν τοῖς ἀριστεύσασιν ὃν ἂν βούλωνται τῶν καλῶν
φιλῆσαι. τοὺς μὲν οὖν τῆς ὥρας ἐπιθυμοῦντας
ἀπελαύνειν προσῆκε, τοὺς δὲ τῆς ψυχῆς ἐραστὰς
ἐγκρίνειν κατὰ τὸ σύνολον. καὶ τοὺς μὲν Θήβησι
καὶ τοὺς ἐν Ἤλιδι φευκτέον ἔρωτας καὶ τὸν ἐν
Κρήτῃ καλούμενον ἁρπαγμόν, τοὺς δ´ Ἀθήνησι
καὶ τοὺς ἐν Λακεδαίμονι ζηλωτέον καὶ τῶν παίδων μιμητέον.
| [15] Tout ce que j'ai exposé jusqu'ici dans l'intérêt de
la convenance et de la sagesse indispensables aux enfants,
je l'ai développé sans avoir un instant éprouvé le moindre
trouble et la moindre hésitation. Pour ce qui me reste à
dire je me sens frappé d'incertitude, et je flotte irrésolu.
Je laisse pencher la balance tantôt d'un côté, tantôt de
l'autre, sans pouvoir me décider. En raison même du sujet,
ma répugnance est extrême à conseiller ou à dissuader. Il
faut, pourtant, que j'aie le courage d'aborder cette matière.
La question est celle-ci: doit-on laisser ceux qui professent
l'amour des garçons, vivre avec eux et les fréquenter; ou, au
rebours, convient-il de les écarter de ce commerce avec les
enfants et de le leur interdire? Quand mes yeux se portent sur
ces pères dont la sévérité, la rigidité, va jusqu'à la rudesse,
qui, en raison des outrages que pourrait subir la pudeur de
leurs fils, redoutent de les exposer à la fréquentation des amoureux,
je crains de me constituer l'avocat et le partisan de
semblables commerces. Mais lorsque, d'autre part, je songe
à Socrate, à Platon, à Xénophon, à Eschine, à Cébès, à toute
la pléiade de ces hommes illustres qui ont approuvé l'amour
des garçons, et qui ont dirigé les progrès de leurs jeunes
amis dans les sciences, dans les affaires publiques, dans les
vertus privées, je me trouve être d'un avis différent, et je
me range du côté de pareils hommes. Un témoignage en
faveur de cette dernière opinion, ce sont ces deux vers d'Euripide :
"D'un autre amour encor les mortels font usage,
Que ne repousse point une âme juste et sage".
Je ne dois pas omettre non plus ces paroles de Platon, qui
présentent une pensée à la fois agréable et sérieuse :
«Il faut, dit-il, permettre à ceux qui se sont distingués
par quelque action éclatante d'aimer qui il leur plaira parmi
les beaux garçons". Toutefois il conviendra d'écarter ceux
qui ne seront passionnés que pour la beauté corporelle, et
l'on n'admettra absolument que ceux qui seront amoureux
de l'âme. Les amours tels qu'on les voit se pratiquer à
Thèbes, dans Élis, méritent qu'on les fuie, aussi bien que
les rapts à la Crétoise. Les amours de garçons, tels qu'ils
existent chez les Athéniens et les Spartiates, peuvent être
suivis et imités.
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