| [24] ’Τὸ δ´ ἐμπαθὲς ἐν ἀρχῇ καὶ δάκνον, ὦ μακάριε
 Ζεύξιππε, μὴ φοβηθῇς ὡς ἕλκος ἢ ὀδαξησμόν· καίτοι
 καὶ μεθ´ ἕλκους ἴσως οὐδὲν {ἢ} δεινὸν ὥσπερ τὰ δένδρα
 συμφυῆ γενέσθαι πρὸς γυναῖκα χρηστήν. ἕλκωσις δὲ καὶ
 κυήσεως ἀρχή· μῖξις γὰρ οὐκ ἔστι τῶν μὴ πρὸς ἄλληλα
 πεπονθότων. ταράττει δὲ καὶ μαθήματα παῖδας ἀρχομένους
 καὶ φιλοσοφία νέους· ἀλλ´ οὔτε τούτοις ἀεὶ παραμένει
 τὸ δηκτικὸν οὔτε τοῖς ἐρῶσιν, ἀλλ´ ὥσπερ ὑγρῶν
 πρὸς ἄλληλα συμπεσόντων ποιεῖν τινα δοκεῖ ζέσιν ἐν
 ἀρχῇ καὶ τάραξιν ὁ Ἔρως, εἶτα χρόνῳ καταστὰς καὶ καθαρθεὶς
 τὴν βεβαιοτάτην διάθεσιν παρέσχεν. αὕτη γάρ
 ἐστιν ὡς ἀληθῶς ἡ δι´ ὅλων λεγομένη κρᾶσις, ἡ τῶν
 ἐρώντων· ἡ δὲ τῶν ἄλλως συμβιούντων ταῖς κατ´
 Ἐπίκουρον ἁφαῖς καὶ περιπλοκαῖς ἔοικε, συγκρούσεις
 λαμβάνουσα καὶ ἀποπηδήσεις, ἑνότητα δ´ οὐ ποιοῦσα
 τοιαύτην, οἵαν Ἔρως ποιεῖ  γαμικῆς κοινωνίας ἐπιλαβόμενος.
 οὔτε γὰρ ἡδοναὶ μείζονες ἀπ´ ἄλλων οὔτε χρεῖαι
 συνεχέστεραι πρὸς ἄλλους οὔτε φιλίας τὸ καλὸν ἑτέρας
 ἔνδοξον οὕτω καὶ ζηλωτόν, ὡς
  ‘ὅθ´ ὁμοφρονέοντε νοήμασιν οἶκον ἔχητον
 ἀνὴρ ἠδὲ γυνή’.
 καὶ γὰρ ὁ νόμος βοηθεῖ καὶ γεννήσεως κοινῆς ἕνεκα καὶ
 τοὺς θεοὺς Ἔρωτος ἡ φύσις ἀποδείκνυσι δεομένους.
 οὕτω γὰρ ‘ἐρᾶν μὲν ὄμβρου γαῖαν’ οἱ ποιηταὶ 
 λέγουσι καὶ γῆς οὐρανόν, ἐρᾶν δ´ ἡλίου σελήνην οἱ
 φυσικοὶ καὶ συγγίνεσθαι καὶ κυεῖσθαι· καὶ γῆν δ´ ἀνθρώπων
 μητέρα καὶ ζῴων καὶ φυτῶν ἁπάντων γένεσιν οὐκ
 ἀναγκαῖον ἀπολέσθαι ποτὲ καὶ σβεσθῆναι παντάπασιν,
 ὅταν ὁ δεινὸς ἔρως καὶ ἵμερος τοῦ θεοῦ τὴν ὕλην ἀπολίπῃ
 καὶ παύσηται ποθοῦσα καὶ διώκουσα τὴν ἐκεῖθεν ἀρχὴν καὶ κίνησιν;
 ’Ἀλλ´ ἵνα μὴ μακρὰν ἀποπλανᾶσθαι δοκῶμεν ἢ κομιδῇ
 φλυαρεῖν, οἶσθα τοὺς παιδικοὺς ἔρωτας ὡς εἰς ἀβεβαιότητα
 πολλὰ λέγουσι καὶ σκώπτουσι, λέγοντες ὥσπερ
 ᾠὸν αὐτῶν τριχὶ διαιρεῖσθαι τὴν φιλίαν, αὐτοὺς δὲ νομάδων
 δίκην ἐνεαρίζοντας τοῖς τεθηλόσι καὶ ἀνθηροῖς εὐθὺς
 ὡς ἐκ γῆς πολεμίας ἀναστρατοπεδεύειν· ἔτι δὲ φορτικώτερον
 ὁ σοφιστὴς Βίων τὰς τῶν καλῶν τρίχας Ἁρμοδίους
 ἐκάλει καὶ Ἀριστογείτονας, ὡς ἅμα καλῆς τυραννίδος
 ἀπαλλαττομένους ὑπ´ αὐτῶν τοὺς ἐραστάς. ταῦτα μὲν οὐ
 δικαίως κατηγορεῖται τῶν γνησίων ἐραστῶν· τὰ δ´ ὑπ´
 Εὐριπίδου ῥηθέντ´ ἐστὶ κομψά· ἔφη γὰρ Ἀγάθωνα τὸν
 καλὸν ἤδη γενειῶντα περιβάλλων καὶ κατασπαζόμενος,
 ὅτι τῶν καλῶν καὶ τὸ μετόπωρον καλόν.  ἐκδέχεται
 μόνον - - -  οὐδὲν  πολιῶσα ἀκμάζων καὶ ῥυτίσιν, ἀλλ´
 ἄχρι τάφων καὶ μνημάτων παραμένει. καὶ συζυγίας ὀλίγας
 ἔστι παιδικῶν, μυρίας δὲ γυναικείων ἐρώτων καταριθμήσασθαι,
 πάσης πίστεως κοινωνίαν πιστῶς ἅμα καὶ
 προθύμως συνδιαφερούσας· βούλομαι δ´ ἕν τι τῶν καθ´
 ἡμᾶς ἐπὶ Καίσαρος Οὐεσπασιανοῦ γεγονότων διελθεῖν.
 | [24] «Quant à l'impression et à la douleur causées par le 
premier acte de l'hymen, n'allez pas, mon cher Zeuxippe, 
les redouter comme on craindrait une blessure profonde ou 
une grave déchirure. Y eût-il même, peut-être, ulcération, 
on ne doit pas s'en inquiéter le moins du monde. Une 
honnête femme qu'on approche pour la première fois est 
comme un bel arbre que l'on greffe. Cette déchirure, d'ailleurs, 
est le début de la grossesse : attendu que l'union ne 
peut se consommer sans que les deux époux aient à souffrir 
l'un de l'autre. L'étude des mathématiques est pénible 
pour ceux qui les commencent, de même que celle de la 
philosophie pour les jeunes gens : mais pas plus qu'elles ne 
sont toujours hérissées de difficultés, l'amour ne conserve 
toujours ses épines. Comme il arrive quand deux liqueurs 
se combinent ensemble, l'amour semble au commencement 
produire une certaine fermentation, un certain désordre; 
mais au bout de quelque temps tout se rassied, se calme, 
et reprend la disposition la plus solidement assurée. Car le 
mélange appelé «mélange d'un tout avec un tout» est 
véritablement celui qui s'opère entre époux amoureux. Le 
fait de vivre ensemble à d'autres conditions ressemble à 
ces contacts, à ces entrelacements dont parle Epicure, qui
sont suivis de collisions et de séparations brusques. Dans 
ces derniers rapprochements il n'y a rien qui constitue l'unité 
que seul produit l'Amour quand il préside au commerce 
intime de deux époux.
«On ne saurait éprouver d'un autre de plus vifs plaisirs, 
on ne saurait procurer à un autre des avantages plus constants, 
enfin, aucun attachement ne pourrait se rencontrer 
plus glorieux et plus enviable
"Que dans un bon ménage, où tendrement unis 
S'accordent deux époux ..."
Leur union est protégée par la loi, et la Nature montre 
clairement que les dieux mêmes, pour procréer en commun, 
ont besoin de l'Amour. Ainsi, les poètes disent que 
"la Terre est amoureuse du dieu qui verse les pluies, et 
que le Ciel est amoureux de la Terre." Les physiciens disent 
également, que le Soleil aime la Lune, qu'il se rapproche 
d'elle, qu'il la féconde. Et, s'il est vrai que la Terre 
soit la mère commune des hommes, qu'elle ait donné naissance 
à tous les animaux et à tous les végétaux, n'en conclut-on 
pas nécessairement qu'un jour elle devra périr et 
complétement s'éteindre, lorsque le puissant Amour, autrement 
dit un désir émané de Dieu même, aura abandonné 
la matière, et lorsque celle-ci aura cessé de désirer 
et de poursuivre ce principe de création et de mouvement 
qui ne réside pas ailleurs.
«Mais prenons garde de nous écarter de notre sujet, ou 
de paraître nous abandonner à un bavardage inutile. Vous 
savez que l'amour des garçons est souvent cité pour ses 
inconstances. On dit, en raillant, que c'est un oeuf qu'un crin 
coupe en deux, que ceux qui le pratiquent font comme les 
peuples nomades qui, après avoir passé un printemps dans 
des endroits verdoyants et couverts de fleurs, décampent 
soudain en ennemis. Dans un langage plus énergique encore 
le sophiste Bion disait, que les poils de barbe des mignons 
étaient autant d'Aristogitons et d'Harmodius, parce 
qu'en croissant ces poils délivraient leurs amants d'un bel 
esclavage. Cela serait injuste, appliqué aux amoureux sincères; 
et le mot d'Euripide est plein de grâce. II disait, en 
embrassant le bel Agathon qui avait déjà de la barbe, et 
en le couvrant de baisers : «Ce qui est beau jouit d'un 
bel automne.» Mais il est certain que l'amour inspiré 
par une compagne honnête, non seulement conserve sa 
vivacité quand l'épouse a pris des cheveux blancs et des rides, 
mais qu'il persiste encore au delà du sépulcre et de la 
tombe. Contre un bien petit nombre d'amours de garçons 
dont la constance s'est maintenue, on citerait des milliers 
d'époux restés, avec autant de dévouement que d'ardeur, 
fidèles jusqu'au dernier moment à la tendresse qui les unissait. 
Je veux en citer un exemple qui s'est produit de nos 
jours et sous le règne de l'empereur Vespasien.
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