[52] LII - Ἔτι δή μοι καὶ τόδε σκέψαι, ἔφη, εἰ ἄρα συνομολογήσεις. θερμόν τι
καλεῖς καὶ ψυχρόν;
- Ἔγωγε.
- Ἆρ᾽ ὅπερ χιόνα καὶ πῦρ;
- (103d) Μὰ Δί᾽ οὐκ ἔγωγε.
- Ἀλλ᾽ ἕτερόν τι πυρὸς τὸ θερμὸν καὶ ἕτερόν τι χιόνος τὸ ψυχρόν;
- Ναί.
- Ἀλλὰ τόδε γ᾽ οἶμαι δοκεῖ σοι, οὐδέποτε χιόνα γ᾽ οὖσαν δεξαμένην τὸ
θερμόν, ὥσπερ ἐν τοῖς πρόσθεν ἐλέγομεν, ἔτι ἔσεσθαι ὅπερ ἦν, χιόνα καὶ
θερμόν, ἀλλὰ προσιόντος τοῦ θερμοῦ ἢ ὑπεκχωρήσειν αὐτῷ ἢ ἀπολεῖσθαι.
- Πάνυ γε.
- Καὶ τὸ πῦρ γε αὖ προσιόντος τοῦ ψυχροῦ αὐτῷ ἢ ὑπεξιέναι ἢ ἀπολεῖσθαι,
οὐ μέντοι ποτὲ τολμήσειν δεξάμενον τὴν ψυχρότητα ἔτι εἶναι ὅπερ ἦν, πῦρ
καὶ ψυχρόν.
- (103e) Ἀληθῆ, ἔφη, λέγεις.
- Ἔστιν ἄρα, ἦ δ᾽ ὅς, περὶ ἔνια τῶν τοιούτων, ὥστε μὴ μόνον αὐτὸ τὸ εἶδος
ἀξιοῦσθαι τοῦ αὑτοῦ ὀνόματος εἰς τὸν ἀεὶ χρόνον, ἀλλὰ καὶ ἄλλο τι ὃ ἔστι
μὲν οὐκ ἐκεῖνο, ἔχει δὲ τὴν ἐκείνου μορφὴν ἀεί, ὅτανπερ ᾖ. Ἔτι δὲ ἐν τῷδε
ἴσως ἔσται σαφέστερον ὃ λέγω· τὸ γὰρ περιττὸν ἀεί που δεῖ τούτου τοῦ
ὀνόματος τυγχάνειν ὅπερ νῦν λέγομεν· ἢ οὔ;
- Πάνυ γε.
- Ἆρα μόνον τῶν ὄντων - τοῦτο γὰρ ἐρωτῶ - ἢ καὶ ἄλλο (104a) τι ὃ ἔστι μὲν
οὐχ ὅπερ τὸ περιττόν, ὅμως δὲ δεῖ αὐτὸ μετὰ τοῦ ἑαυτοῦ ὀνόματος καὶ τοῦτο
καλεῖν ἀεὶ διὰ τὸ οὕτω πεφυκέναι ὥστε τοῦ περιττοῦ μηδέποτε
ἀπολείπεσθαι; Λέγω δὲ αὐτὸ εἶναι οἷον καὶ ἡ τριὰς πέπονθε καὶ ἄλλα πολλά.
σκόπει δὲ περὶ τῆς τριάδος. Ἆρα οὐ δοκεῖ σοι τῷ τε αὑτῆς ὀνόματι ἀεὶ
προσαγορευτέα εἶναι καὶ τῷ τοῦ περιττοῦ, ὄντος οὐχ ὅπερ τῆς τριάδος; Ἀλλ᾽
ὅμως οὕτως πέφυκε καὶ ἡ τριὰς καὶ ἡ πεμπτὰς καὶ ὁ ἥμισυς τοῦ ἀριθμοῦ
ἅπας, ὥστε (104b) οὐκ ὢν ὅπερ τὸ περιττὸν ἀεὶ ἕκαστος αὐτῶν ἐστι περιττός·
καὶ αὖ τὰ δύο καὶ (τὰ) τέτταρα καὶ ἅπας ὁ ἕτερος αὖ στίχος τοῦ ἀριθμοῦ οὐκ
ὢν ὅπερ τὸ ἄρτιον ὅμως ἕκαστος αὐτῶν ἄρτιός ἐστιν ἀεί· συγχωρεῖς ἢ οὔ;
- Πῶς γὰρ οὔκ; ἔφη.
- Ὃ τοίνυν, ἔφη, βούλομαι δηλῶσαι, ἄθρει. ἔστιν δὲ τόδε, ὅτι φαίνεται οὐ
μόνον ἐκεῖνα τὰ ἐναντία ἄλληλα οὐ δεχόμενα, ἀλλὰ καὶ ὅσα οὐκ ὄντ᾽
ἀλλήλοις ἐναντία ἔχει ἀεὶ τἀναντία, οὐδὲ ταῦτα ἔοικε δεχομένοις ἐκείνην
τὴν ἰδέαν ἣ ἂν τῇ ἐν αὐτοῖς οὔσῃ ἐναντία ᾖ, ἀλλ᾽ ἐπιούσης αὐτῆς ἤτοι (104c)
ἀπολλύμενα ἢ ὑπεκχωροῦντα. Ἢ οὐ φήσομεν τὰ τρία καὶ ἀπολεῖσθαι
πρότερον καὶ ἄλλο ὁτιοῦν πείσεσθαι, πρὶν ὑπομεῖναι ἔτι τρία ὄντα ἄρτια
γενέσθαι;
- Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη ὁ Κέβης.
- Οὐδὲ μήν, ἦ δ᾽ ὅς, ἐναντίον γέ ἐστι δυὰς τριάδι.
- Οὐ γὰρ οὖν.
- Οὐκ ἄρα μόνον τὰ εἴδη τὰ ἐναντία οὐχ ὑπομένει ἐπιόντα ἄλληλα, ἀλλὰ καὶ
ἄλλ᾽ ἄττα τὰ ἐναντία οὐχ ὑπομένει ἐπιόντα.
- Ἀληθέστατα, ἔφη, λέγεις.
| [52] LII. — Examine-moi encore ceci, poursuivit Socrate, et vois si tu seras de mon avis. Y a-
t-il quelque chose que tu appelles chaud et quelque chose que tu appelles froid ?
— Oui.
— Sont-ce les mêmes choses que la neige et le feu ?
— Non, par Zeus.
— Alors le chaud est autre chose que le feu, et le froid autre chose que la neige ?
— Oui.
— Alors tu es bien, je pense, de cet avis, que jamais la neige, étant neige, si elle a, pour
reprendre notre expression de tout à l’heure, reçu le chaud, ne sera plus ce qu’elle était,
à la fois neige et chaude, mais, à l’approche du chaud, ou bien elle lui cédera la place, ou
bien elle périra.
— Certainement.
— Et de même le feu, si le froid s’approche de lui, ou se retirera ou bien périra ; mais
jamais il ne se résoudra, ayant reçu le froid, à être encore ce qu’il était, à la fois feu et froid.
— C’est vrai, dit-il.
— Il arrive donc, reprit Socrate, que dans quelques cas du même genre, non seulement
l’idée abstraite elle-même ait droit à porter le même nom éternellement, mais qu’il en
soit de même pour une autre chose qui n’est pas cette idée, mais qui a toujours, tant
qu’elle existe, la forme de cette idée. Voici des exemples qui rendront peut-être ma
pensée plus claire. Il faut que l’impair garde toujours ce nom qui sert à le désigner à
présent, n’est-ce pas ?
— Certainement.
— Or est-il la seule chose qui ait ce nom ? car c’est cela que je demande ; ou y en a-t-il
quelque autre qui, sans être ce qu’est l’impair, doit cependant toujours porter elle-même
le nom d’impair en plus de son propre nom, parce que sa nature est telle qu’elle n’est
jamais séparée de l’impair ? C’est le cas, dis-je, pour le nombre trois et pour beaucoup
d’autres choses. Arrêtons-nous au nombre trois. Ne te semble-t-il pas qu’il doit toujours
être appelé à la fois du nom qui lui est propre et du nom de l’impair, bien que l’impair
ne soit pas la même chose que le nombre trois ? Cependant le nombre trois, le nombre
cinq et une moitié tout entière de la numération sont constitués de telle sorte que chacun
de ces nombres, sans être ce qu’est l’impair, est toujours impair. Il en est de même du
deux, du quatre et de toute l’autre série des nombres ; chacun d’eux, sans être ce qu’est
le pair, n’en est pas moins toujours pair. En conviens-tu, ou non ?
— Comment n’en conviendrais-je pas ? dit-il.
— Maintenant fais attention à ce que je veux démontrer. Le voici : il est évident que non
seulement ces contraires abstraits s’excluent les uns les autres, mais encore que toutes
les choses qui, sans être contraires les unes aux autres, contiennent toujours des
contraires, que ces choses-là, dis-je, ne semblent pas non plus recevoir l’idée contraire à
celle qui est en elles et qu’à son approche, ou elles périssent, ou elles cèdent la place. Ne
dirons-nous pas que le nombre trois périra et souffrira tout au monde plutôt que de se
résigner à devenir pair, en restant trois ?
— C’est certain, dit Cébès.
— Et pourtant, reprit Socrate, deux n’est pas contraire à trois.
— Non, en effet.
— Ce ne sont donc pas seulement les formes contraires qui ne supportent pas l’approche
les unes des autres ; il y a d’autres choses encore qui ne supportent pas l’approche de
leurs contraires.
— C’est parfaitement vrai, dit-il.
|