[51] LI - Καί τις εἶπε τῶν παρόντων ἀκούσας - ὅστις δ᾽ ἦν, οὐ σαφῶς μέμνημαι - «
Πρὸς θεῶν, οὐκ ἐν τοῖς πρόσθεν ἡμῖν λόγοις αὐτὸ τὸ ἐναντίον τῶν νυνὶ
λεγομένων ὡμολογεῖτο, ἐκ τοῦ ἐλάττονος τὸ μεῖζον γίγνεσθαι καὶ ἐκ τοῦ
μείζονος τὸ ἔλαττον, καὶ ἀτεχνῶς αὕτη εἶναι ἡ γένεσις τοῖς ἐναντίοις, ἐκ τῶν
ἐναντίων; Νῦν δέ μοι δοκεῖ λέγεσθαι ὅτι τοῦτο οὐκ ἄν ποτε γένοιτο. »
Καὶ ὁ Σωκράτης παραβαλὼν τὴν κεφαλὴν καὶ ἀκούσας, (103b) « Ἀνδρικῶς,
ἔφη, ἀπεμνημόνευκας, οὐ μέντοι ἐννοεῖς τὸ διαφέρον τοῦ τε νῦν λεγομένου
καὶ τοῦ τότε. τότε μὲν γὰρ ἐλέγετο ἐκ τοῦ ἐναντίου πράγματος τὸ ἐναντίον
πρᾶγμα γίγνεσθαι, νῦν δέ, ὅτι αὐτὸ τὸ ἐναντίον ἑαυτῷ ἐναντίον οὐκ ἄν ποτε
γένοιτο, οὔτε τὸ ἐν ἡμῖν οὔτε τὸ ἐν τῇ φύσει. τότε μὲν γάρ, ὦ φίλε, περὶ τῶν
ἐχόντων τὰ ἐναντία ἐλέγομεν, ἐπονομάζοντες αὐτὰ τῇ ἐκείνων ἐπωνυμίᾳ,
νῦν δὲ περὶ ἐκείνων αὐτῶν ὧν ἐνόντων ἔχει τὴν ἐπωνυμίαν τὰ ὀνομαζόμενα·
(103c) αὐτὰ δ᾽ ἐκεῖνα οὐκ ἄν ποτέ φαμεν ἐθελῆσαι γένεσιν ἀλλήλων
δέξασθαι. » Καὶ ἅμα βλέψας πρὸς τὸν Κέβητα εἶπεν, « Ἆρα μή που, ὦ Κέβης,
ἔφη, καὶ σέ τι τούτων ἐτάραξεν ὧν ὅδε εἶπεν;
- Οὐδ᾽ αὖ, ἔφη ὁ Κέβης, οὕτως ἔχω· καίτοι οὔτι λέγω ὡς οὐ πολλά με
ταράττει.
- Συνωμολογήκαμεν ἄρα, ἦ δ᾽ ὅς, ἁπλῶς τοῦτο, μηδέποτε ἐναντίον ἑαυτῷ τὸ
ἐναντίον ἔσεσθαι.
- Παντάπασιν, ἔφη.
| [51] LI. — A ces mots, quelqu’un de la compagnie — qui c’était, je ne m’en souviens pas
exactement — prit la parole : « Au nom des dieux, n’avez-vous pas admis
précédemment juste le contraire de ce que vous soutenez à présent, que le plus grand
naît du plus petit et le plus petit du plus grand, et que c’est précisément ainsi qu’a lieu la
naissance des contraires : ils sortent des contraires ? Or à présent il me semble que vous
soutenez que cela ne saurait jamais arriver. »
En l’entendant, Socrate tourna la tête et dit : « Tu es un brave, de nous avoir rappelé
cela. Cependant tu ne saisis pas la différence qu’il y a entre ce que nous disons
maintenant et ce que nous avons dit tantôt. Tantôt nous avons dit qu’une chose
contraire naît de celle qui lui est contraire ; mais à présent nous disons que le contraire
lui-même ne saurait jamais être contraire à lui-même, ni le contraire qui est en nous, ni
celui qui est dans la nature. C’est que tantôt, mon ami, nous parlions des choses qui ont
des contraires, choses que nous désignons par le nom de ces contraires, tandis qu’à
présent il est question de ces contraires mêmes, de l’immanence desquels les choses
tirent leur nom : c’est ces contraires en soi qui, selon nous, ne consentiraient jamais à
naître les uns des autres... »
Et ce disant, il regarda Cébès et lui dit : « N’as-tu pas été troublé toi aussi, Cébès, par
l’objection de notre ami ?
— Non, dit Cébès, ce n’est pas mon cas. Cependant je ne veux pas dire que je ne sois
souvent troublé.
— Alors, reprit Socrate, nous sommes absolument d’accord sur ce point, que jamais un
contraire ne sera contraire à lui-même ?
— Absolument, dit-il.
|