HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Phedon

Chapitre 33

  Chapitre 33

[33] XXXIII - Ἐγὼ ἐρῶ, ἔφη. Γιγνώσκουσι γάρ, δὅς, οἱ φιλομαθεῖς (82e) ὅτι
παραλαβοῦσα αὐτῶν τὴν ψυχὴν φιλοσοφία ἀτεχνῶς διαδεδεμένην ἐν τῷ
σώματι καὶ προσκεκολλημένην, ἀναγκαζομένην δὲ ὥσπερ διὰ εἱργμοῦ διὰ
τούτου σκοπεῖσθαι τὰ ὄντα ἀλλὰ μὴ αὐτὴν διαὑτῆς, καὶ ἐν πάσῃ ἀμαθίᾳ
κυλινδουμένην, καὶ τοῦ εἱργμοῦ τὴν δεινότητα κατιδοῦσα ὅτι διἐπιθυμίας
ἐστίν, ὡς ἂν μάλιστα αὐτὸς δεδεμένος συλλήπτωρ (83a) εἴη τοῦ δεδέσθαι, -
ὅπερ οὖν λέγω, γιγνώσκουσιν οἱ φιλομαθεῖς ὅτι οὕτω παραλαβοῦσα
φιλοσοφία ἔχουσαν αὐτῶν τὴν ψυχὴν ἠρέμα παραμυθεῖται καὶ λύειν
ἐπιχειρεῖ, ἐνδεικνυμένη ὅτι ἀπάτης μὲν μεστὴ διὰ τῶν ὀμμάτων σκέψις,
ἀπάτης δὲ διὰ τῶν ὤτων καὶ τῶν ἄλλων αἰσθήσεων, πείθουσα δὲ ἐκ
τούτων μὲν ἀναχωρεῖν, ὅσον μὴ ἀνάγκη αὐτοῖς χρῆσθαι, αὐτὴν δὲ εἰς αὑτὴν
συλλέγεσθαι καὶ ἁθροίζεσθαι παρακελευομένη, πιστεύειν δὲ μηδενὶ ἄλλῳ
ἀλλ᾽ (83b) αὐτὴν αὑτῇ, ὅτι ἂν νοήσῃ αὐτὴ καθαὑτὴν αὐτὸ καθαὑτὸ τῶν
ὄντων· ὅτι δἂν διἄλλων σκοπῇ ἐν ἄλλοις ὂν ἄλλο, μηδὲν ἡγεῖσθαι ἀληθές·
εἶναι δὲ τὸ μὲν τοιοῦτον αἰσθητόν τε καὶ ὁρατόν, δὲ αὐτὴ ὁρᾷ νοητόν τε καὶ
ἀιδές. Ταύτῃ οὖν τῇ λύσει οὐκ οἰομένη δεῖν ἐναντιοῦσθαι τοῦ ὡς ἀληθῶς
φιλοσόφου ψυχὴ οὕτως ἀπέχεται τῶν ἡδονῶν τε καὶ ἐπιθυμιῶν καὶ λυπῶν
(καὶ φόβων) καθὅσον δύναται, λογιζομένη ὅτι, ἐπειδάν τις σφόδρα ἡσθῇ
φοβηθῇ ( λυπηθῇ) ἐπιθυμήσῃ, οὐδὲν τοσοῦτον κακὸν ἔπαθεν ἀπ᾽ (83c)
αὐτῶν ὧν ἄν τις οἰηθείη, οἷον νοσήσας τι ἀναλώσας διὰ τὰς ἐπιθυμίας,
ἀλλ πάντων μέγιστόν τε κακῶν καὶ ἔσχατόν ἐστι, τοῦτο πάσχει καὶ οὐ
λογίζεται αὐτό.
- Τί τοῦτο, Σώκρατες; ἔφη Κέβης.
- Ὅτι ψυχὴ παντὸς ἀνθρώπου ἀναγκάζεται ἅμα τε ἡσθῆναι σφόδρα
λυπηθῆναι ἐπί τῳ καὶ ἡγεῖσθαι περὶ ἂν μάλιστα τοῦτο πάσχῃ, τοῦτο
ἐναργέστατόν τε εἶναι καὶ ἀληθέστατον, οὐχ οὕτως ἔχον· ταῦτα δὲ μάλιστα
<τὰ> ὁρατά· οὔ;
- Πάνυ γε.
- (83d) Οὐκοῦν ἐν τούτῳ τῷ πάθει μάλιστα καταδεῖται ψυχὴ ὑπὸ σώματος;
- Πῶς δή;
- Ὅτι ἑκάστη ἡδονὴ καὶ λύπη ὥσπερ ἧλον ἔχουσα προσηλοῖ αὐτὴν πρὸς τὸ
σῶμα καὶ προσπερονᾷ καὶ ποιεῖ σωματοειδῆ, δοξάζουσαν ταῦτα ἀληθῆ
εἶναι ἅπερ ἂν καὶ τὸ σῶμα φῇ. Ἐκ γὰρ τοῦ ὁμοδοξεῖν τῷ σώματι καὶ τοῖς
αὐτοῖς χαίρειν ἀναγκάζεται οἶμαι ὁμότροπός τε καὶ ὁμότροφος γίγνεσθαι
καὶ οἵα μηδέποτε εἰς Ἅιδου καθαρῶς ἀφικέσθαι, ἀλλὰ ἀεὶ τοῦ σώματος
ἀναπλέα ἐξιέναι, ὥστε ταχὺ πάλιν πίπτειν εἰς (83e) ἄλλο σῶμα καὶ ὥσπερ
σπειρομένη ἐμφύεσθαι, καὶ ἐκ τούτων ἄμοιρος εἶναι τῆς τοῦ θείου τε καὶ
καθαροῦ καὶ μονοειδοῦς συνουσίας.
- Ἀληθέστατα, ἔφη, λέγεις, Κέβης, Σώκρατες.
[33] XXXIII. — Je vais te le dire, repartit Socrate. Les amis de la science, dit-il, savent que,
quand la philosophie a pris la direction de leur âme, elle était véritablement enchaînée et
soudée à leur corps et forcée de considérer les réalités au travers des corps comme au
travers des barreaux d’un cachot, au lieu de le faire seule et par elle-même, et qu’elle se
vautrait dans une ignorance absolue. Et ce qu’il y a de terrible dans cet
emprisonnement, la philosophie l’a fort bien vu, c’est qu’il est l’oeuvre du désir, en sorte
que c’est le prisonnier lui-même qui contribue le plus à serrer ses liens. Les amis de la
science savent, dis-je, que la philosophie, qui a pris leur âme en cet état, l’encourage
doucement, s’efforce de la délivrer, en lui montrant que, dans l’étude des réalités, le
témoignage des yeux est plein d’illusions, plein d’illusions aussi celui des oreilles et des
autres sens, en l’engageant à se séparer d’eux, tant qu’elle n’est pas forcée d’en faire
usage, en l’exhortant à se recueillir et à se concentrer en elle-même et à ne se fier qu’à
elle-même et à ce qu’elle a conçu elle-même par elle-même de chaque réalité en soi, et à
croire qu’il n’y a rien de vrai dans ce qu’elle voit par d’autres moyens et qui varie
suivant la variété des conditions où il se trouve, puisque les choses de ce genre sont
sensibles et visibles, tandis que ce qu’elle voit par elle-même est intelligible et invisible.
— En conséquence, persuadée qu’il ne faut pas s’opposer à cette délivrance, l’âme du
vrai philosophe se tient à l’écart des plaisirs, des passions, des chagrins, des craintes,
autant qu’il lui est possible. Elle se rend compte en effet que, quand on est violemment
agité par le plaisir, le chagrin, la crainte ou la passion, le mal qu’on en éprouve, parmi
ceux auxquels on peut penser, comme la maladie ou les dépenses qu’entraînent les
passions, n’est pas aussi grand qu’on le croit, mais qu’on est en proie au plus grand et
au dernier des maux et qu’on n’y prête pas attention.
— Quel est ce mal, Socrate ? demanda Cébès.
— C’est que toute âme humaine, en proie à un plaisir ou à un chagrin violent, est forcée
de croire que l’objet qui est la principale cause de ce qu’elle éprouve est très clair et très
vrai, alors qu’il n’en est rien. Ces objets sont généralement des choses visibles, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Or n’est-ce pas quand elle est ainsi affectée que l’âme est le plus strictement
enchaînée par le corps ?
— Comment cela ?
— Parce que chaque plaisir et chaque peine a pour ainsi dire un clou avec lequel il
l’attache et la rive au corps, la rend semblable à lui et lui fait croire que ce que dit le
corps est vrai. Or, du fait qu’elle partage l’opinion du corps et se complaît aux mêmes
plaisirs, elle est forcée, je pense, de prendre les mêmes moeurs et la même manière de
vivre, et par suite elle est incapable d’arriver jamais pure dans l’Hadès : elle est toujours
contaminée par le corps quand elle en sort. Aussi retombe-t-elle promptement dans un
autre corps, et elle y prend racine comme une semence jetée en terre, et par suite elle est
privée du commerce de ce qui est divin, pur et simple.
— C’est très vrai, Socrate, dit Cébès.


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Dernière mise à jour : 8/06/2005