[10] X - Τί δὲ δὴ περὶ αὐτὴν τὴν τῆς φρονήσεως κτῆσιν; Πότερον ἐμπόδιον τὸ
σῶμα ἢ οὔ, ἐάν τις αὐτὸ ἐν τῇ ζητήσει (65b) κοινωνὸν συμπαραλαμβάνῃ;
οἷον τὸ τοιόνδε λέγω· ἆρα ἔχει ἀλήθειάν τινα ὄψις τε καὶ ἀκοὴ τοῖς
ἀνθρώποις, ἢ τά γε τοιαῦτα καὶ οἱ ποιηταὶ ἡμῖν ἀεὶ θρυλοῦσιν, ὅτι οὔτ᾽
ἀκούομεν ἀκριβὲς οὐδὲν οὔτε ὁρῶμεν; Καίτοι εἰ αὗται τῶν περὶ τὸ σῶμα
αἰσθήσεων μὴ ἀκριβεῖς εἰσιν μηδὲ σαφεῖς, σχολῇ αἵ γε ἄλλαι· πᾶσαι γάρ που
τούτων φαυλότεραί εἰσιν. Ἢ σοὶ οὐ δοκοῦσιν;
- Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη.
- Πότε οὖν, ἦ δ᾽ ὅς, ἡ ψυχὴ τῆς ἀληθείας ἅπτεται; Ὅταν μὲν γὰρ μετὰ τοῦ
σώματος ἐπιχειρῇ τι σκοπεῖν, δῆλον ὅτι τότε ἐξαπατᾶται ὑπ᾽ αὐτοῦ.
(65c) - Ἀληθῆ λέγεις.
- Ἆρ᾽ οὖν οὐκ ἐν τῷ λογίζεσθαι εἴπερ που ἄλλοθι κατάδηλον αὐτῇ γίγνεταί τι
τῶν ὄντων;
- Ναί.
- Λογίζεται δέ γέ που τότε κάλλιστα, ὅταν αὐτὴν τούτων μηδὲν παραλυπῇ,
μήτε ἀκοὴ μήτε ὄψις μήτε ἀλγηδὼν μηδέ τις ἡδονή, ἀλλ᾽ ὅτι μάλιστα αὐτὴ
καθ᾽ αὑτὴν γίγνηται ἐῶσα χαίρειν τὸ σῶμα, καὶ καθ᾽ ὅσον δύναται μὴ
κοινωνοῦσα αὐτῷ μηδ᾽ ἁπτομένη ὀρέγηται τοῦ ὄντος.
- Ἔστι ταῦτα.
- Οὐκοῦν καὶ ἐνταῦθα ἡ τοῦ φιλοσόφου ψυχὴ μάλιστα (65d) ἀτιμάζει τὸ
σῶμα καὶ φεύγει ἀπ᾽ αὐτοῦ, ζητεῖ δὲ αὐτὴ καθ᾽ αὑτὴν γίγνεσθαι;
- Φαίνεται.
- Τί δὲ δὴ τὰ τοιάδε, ὦ Σιμμία; Φαμέν τι εἶναι δίκαιον αὐτὸ ἢ οὐδέν;
- Φαμὲν μέντοι νὴ Δία.
- Καὶ αὖ καλόν γέ τι καὶ ἀγαθόν;
- Πῶς δ᾽ οὔ;
- Ἤδη οὖν πώποτέ τι τῶν τοιούτων τοῖς ὀφθαλμοῖς εἶδες;
- Οὐδαμῶς, ἦ δ᾽ ὅς.
- Ἀλλ᾽ ἄλλῃ τινὶ αἰσθήσει τῶν διὰ τοῦ σώματος ἐφήψω αὐτῶν; λέγω δὲ περὶ
πάντων, οἷον μεγέθους πέρι, ὑγιείας, ἰσχύος, καὶ τῶν ἄλλων ἑνὶ λόγῳ
ἁπάντων τῆς οὐσίας ὃ (65e) τυγχάνει ἕκαστον ὄν· ἆρα διὰ τοῦ σώματος
αὐτῶν τὸ ἀληθέστατον θεωρεῖται, ἢ ὧδε ἔχει· ὃς ἂν μάλιστα ἡμῶν καὶ
ἀκριβέστατα παρασκευάσηται αὐτὸ ἕκαστον διανοηθῆναι περὶ οὗ σκοπεῖ,
οὗτος ἂν ἐγγύτατα ἴοι τοῦ γνῶναι ἕκαστον;
- Πάνυ μὲν οὖν.
- Ἆρ᾽ οὖν ἐκεῖνος ἂν τοῦτο ποιήσειεν καθαρώτατα ὅστις ὅτι μάλιστα αὐτῇ τῇ
διανοίᾳ ἴοι ἐφ᾽ ἕκαστον, μήτε τιν᾽ ὄψιν παρατιθέμενος ἐν τῷ διανοεῖσθαι
μήτε (τινὰ) ἄλλην (66a) αἴσθησιν ἐφέλκων μηδεμίαν μετὰ τοῦ λογισμοῦ, ἀλλ᾽
αὐτῇ καθ᾽ αὑτὴν εἰλικρινεῖ τῇ διανοίᾳ χρώμενος αὐτὸ καθ᾽ αὑτὸ εἰλικρινὲς
ἕκαστον ἐπιχειροῖ θηρεύειν τῶν ὄντων, ἀπαλλαγεὶς ὅτι μάλιστα ὀφθαλμῶν
τε καὶ ὤτων καὶ ὡς ἔπος εἰπεῖν σύμπαντος τοῦ σώματος, ὡς ταράττοντος καὶ
οὐκ ἐῶντος τὴν ψυχὴν κτήσασθαι ἀλήθειάν τε καὶ φρόνησιν ὅταν κοινωνῇ;
Ἆρ᾽ οὐχ οὗτός ἐστιν, ὦ Σιμμία, εἴπερ τις (καὶ) ἄλλος ὁ τευξόμενος τοῦ ὄντος;
- Ὑπερφυῶς, ἔφη ὁ Σιμμίας, ὡς ἀληθῆ λέγεις, ὦ Σώκρατες.
| [10] X. — Et quand il s’agit de l’acquisition de la science, le corps est-il, oui ou non, un
obstacle, si on l’associe à cette recherche ? Je m’explique par un exemple : la vue et
l’ouïe offrent-elles aux hommes quelque certitude, ou est-il vrai, comme les poètes nous
le chantent sans cesse, que nous n’entendons et ne voyons rien exactement ? Or si ces
deux sens corporels ne sont pas exacts ni sûrs, les autres auront peine à l’être ; car ils
sont tous inférieurs à ceux-là. N’est-ce pas ton avis ?
— Si, entièrement, dit Simmias.
— Quand donc, reprit Socrate, l’âme atteint-elle la vérité ? Quand elle entreprend de
faire quelque recherche de concert avec le corps, nous voyons qu’il l’induit en erreur.
— C’est vrai.
— N’est-ce pas en raisonnant qu’elle prend, si jamais elle la prend, quelque
connaissance des réalités ?
— Si.
— Mais l’âme ne raisonne jamais mieux que quand rien ne la trouble, ni l’ouïe, ni la
vue, ni la douleur, ni quelque plaisir, mais qu’au contraire elle s’isole le plus
complètement en elle-même, en envoyant promener le corps et qu’elle rompt, autant
qu’elle peut, tout commerce et tout contact avec lui pour essayer de saisir le réel.
— C’est juste.
— Ainsi donc, ici encore, l’âme du philosophe méprise profondément le corps, le fuit et
cherche à s’isoler en elle-même ?
— Il me semble.
— Et maintenant, Simmias, que dirons-nous de ceci ? Admettons-nous qu’il y a quelque
chose de juste en soi, ou qu’il n’y a rien ?
— Oui, par Zeus, nous l’admettons.
— Et aussi quelque chose de beau et de bon ?
— Sans doute.
— Or as-tu déjà vu aucune chose de ce genre avec tes yeux ?
— Pas du tout, dit-il.
— Alors, les as-tu saisies par quelque autre sens de ton corps ? Et je parle ici de toutes
les choses de ce genre, comme la grandeur, la santé, la force, en un mot de l’essence de
toutes les autres choses, c’est-à-dire de ce qu’elles sont en elles-mêmes. Est-ce au moyen
du corps que l’on observe ce qu’il y a de plus vrai en elles ? ou plutôt n’est-il pas vrai
que celui d’entre nous qui se sera le mieux et le plus minutieusement préparé à penser la
chose qu’il étudie en elle-même, c’est celui-là qui s’approchera le plus de la connaissance
des êtres ?
— Certainement.
— Et le moyen le plus pur de le faire, ne serait-ce pas d’aborder chaque chose, autant
que possible, avec la pensée seule, sans admettre dans sa réflexion ni la vue ni quelque
autre sens, sans en traîner aucun avec le raisonnement, d’user au contraire de la pensée
toute seule et toute pure pour se mettre en chasse de chaque chose en elle-même et en sa
pureté, après s’être autant que possible débarrassé de ses yeux et de ses oreilles et, si je
puis dire, de son corps tout entier, parce qu’il trouble l’âme et ne lui permet pas
d’arriver à la vérité et à l’intelligence, quand elle l’associe à ses opérations ? S’il est
quelqu’un qui puisse atteindre l’être, n’est-ce pas, Simmias, celui qui en usera de la
sorte ?
— C’est merveilleusement exact, Socrate, ce que tu dis là, répondit Simmias.
|