[4,54] Ἐπεὶ δ´ ἐν ᾗ ἐξεθέμην τοῦ Κέλσου λέξει παραφραζούσῃ
ἀπὸ τοῦ Τιμαίου τινὰ γέγραπται, ὡς ἄρα ὁ μὲν θεὸς
οὐδὲν θνητὸν ἐποίησεν ἀλλὰ μόνα τὰ ἀθάνατα, τὰ δὲ θνητὰ
ἄλλων ἐστὶν ἔργα. Καὶ ψυχὴ μὲν θεοῦ ἔργον, σώματος δὲ
ἄλλη φύσις. Καὶ οὐδὲν διοίσει σῶμα ἀνθρώπου σώματος
νυκτερίδος ἢ εὐλῆς ἢ βατράχου· ὕλη γὰρ ἡ αὐτή, καὶ τὸ
φθαρτὸν αὐτῶν ὅμοιον· φέρε καὶ περὶ τούτων ἐπ´ ὀλίγον
διαλάβωμεν, ἐλέγχοντες τὸν ἤτοι μὴ προσποιούμενον τὴν
ἑαυτοῦ ἐπικούρειον γνώμην ἤ, ὡς ἂν εἴποι ἄν τις, ὕστερον
μεταθέμενον ἐπὶ τὰ βελτίω ἢ καί, ὡς ἂν λέγοιτο, τὸν ὁμώνυμον
τῷ Ἐπικουρείῳ. Τοιαῦτα γὰρ ἐχρῆν αὐτὸν ἀποφαινόμενον
καὶ ἐναντία λέγειν οὐ μόνον ἡμῖν προθέμενον ἀλλὰ καὶ οὐκ
ἀγεννεῖ φιλοσόφων αἱρέσει τῶν ἀπὸ τοῦ Κιτιέως Ζήνωνος
κατασκευάσαι ὅτι τὰ τῶν ζῴων σώματα οὐκ ἔστιν ἔργα τοῦ
θεοῦ, καὶ ὅτι ἡ τοσαύτη περὶ αὐτὰ τέχνη οὐκ ἀπὸ τοῦ
πρώτου ἐλήλυθε νοῦ. Ἔδει δ´ αὐτὸν καὶ περὶ τῶν τοσούτων
καὶ ὑπὸ ἐνυπαρχούσης ἀφαντάστου φύσεως διοικουμένων
παντοδαπῶν φυτῶν καὶ πρὸς χρείαν γεγονότων οὐκ εὐκαταφρόνητον
ἐν τῷ παντὶ ἀνθρώπων καὶ τῶν ἀνθρώποις
διακονουμένων ζῴων ἢ ὅπως ποτὲ ἄλλως ὄντων, μὴ
ἀποφήνασθαι μόνον ἀλλὰ καὶ διδάξαι ὅτι μὴ τέλειός τις
νοῦς τὰς τοσαύτας ἐνεποίησε ποιότητας τῇ ὕλῃ τῶν φυτῶν.
Εἰ δ´ ἅπαξ θεοὺς ἐποίει δημιουργοὺς πάντων σωμάτων,
ὡς μόνης ψυχῆς ἔργον οὔσης θεοῦ, πῶς οὐχὶ ἑξῆς ἦν τῷ
μερίζοντι τὰ τοσαῦτα δημιουργήματα καὶ πολλοῖς διδόντι
μετά τινος κατασκευάσαι οὐκ εὐκαταφρονήτου λόγου θεῶν
διαφοράς, τῶνδε μὲν ἀνθρώπεια κατασκευαζόντων σώματα
ἑτέρων δὲ φέρ´ εἰπεῖν κτήνεια καὶ ἄλλων θήρεια; Ἐχρῆν δ´
αὐτόν, ὁρῶντα θεοὺς δρακόντων καὶ ἀσπίδων καὶ βασιλίσκων
δημιουργοὺς καὶ κατὰ ἔντομον εἶδος αὐτῶν τινας εἶναι
δημιουργοὺς καὶ ἄλλους κατ´ εἶδος ἑκάστου φυτοῦ καὶ
ἑκάστης βοτάνης, λέγειν τὰς αἰτίας τῶν μερισμῶν. Ἴσως
γὰρ ἂν ἐπιδοὺς ἑαυτὸν τῇ ἀκριβείᾳ τῆς τῶν κατὰ τὸν τόπον
βασάνου ἤτοι ἐτήρει ἕνα θεὸν πάντων δημιουργόν, πρός τι
καὶ ἕνεκέν τινος ἕκαστον πεποιηκότα, ἢ μὴ τηρῶν ἑώρα τί
χρὴ αὐτὸν ἀπολογήσασθαι περὶ ἀδιαφόρου τῇ αὐτοῦ φύσει
πράγματος τοῦ φθαρτοῦ, καὶ ὅτι οὐδὲν ἄτοπον τὸν ἐξ
ἀνομοίων συνεστηκότα κόσμον ὑπὸ ἑνὸς γεγονέναι τεχνίτου,
συμφερόντως τῷ ὅλῳ τὰς διαφορὰς τῶν εἰδῶν κατασκευάζοντος.
Ἢ τὸ ἔσχατόν γε ἔδει αὐτὸν περὶ τηλικούτου
δόγματος μηδ´ ἀποφαίνεσθαι τὴν ἀρχήν, εἴπερ κατασκευάζειν
οὐκ ἔμελλεν ἅπερ διδάσκειν ἐπηγγέλλετο· εἰ μὴ ἄρα ὁ
ἐγκαλῶν τοῖς ψιλὴν πίστιν ἐπαγγελλομένοις αὐτὸς ἡμᾶς
πιστεύειν ἐβούλετο οἷς ἀπεφήνατο, καίτοι γε οὐ τὸ ἀποφήνασθαι
ἀλλὰ τὸ διδάξαι ἐπαγγειλάμενος.
| [4,54] Mais puisque Celse nous fait cette paraphrase d'un
passage qu'il a tiré du Dialogue de Platon Timée : Que Dieu n'a rien
fait de mortel ; qu'il n'y a que les êtres immortels qui soient ses
ouvrages; et que pour les êtres mortels ils ont été faits par d'autres que
par lui : qu'ainsi l'âme est l'ouvrage de Dieu, mais que le corps est d'un
autre ordre et qu'il n'y a point de différence entre le corps d'un homme
et celui d une chauve-souris, d'un ver ou d'une grenouille, parce que la
matière de l'un est la même que celle des autres, et qu'ils sont tous
également corruptibles. Arrêtons-nous un peu à réfuter ce qu'il dit ici.
Il y déguisé son attachement pour la secte d'Épicure ou comme on le peut
croire, il a enfin embrassé de meilleurs sentiments, si ce n'est aussi que
l'on dise qu'il n'a rien de commun que le nom avec cet autre Celse,
épicurien. Quoi qu'il en soit, puisqu'il voulait avancer de telles choses,
contraires non seulement à notre créance, mais à celle même des disciples
de Zénon Citien, qui ne tiennent pas un rang peu considérable parmi les
philosophes, ne fallait-il pas qu'il se mît en devoir de prouver que les
corps des animaux ne sont point l'ouvrage de Dieu, et que cet art
admirable qu'on y remarque n'est point une production de la souveraine
intelligence ? Ce principe interne, privé d'imagination, qui est renfermé
dans chaque espèce de ce nombre presque infini de plantes, et qui les
diversifie si régulièrement dans tout l'univers pour l'usage et pour le
besoin tant de l'homme que des animaux qui, quels qu'ils soient
d'ailleurs, rendent du service à l'homme ; tout cela ne devait-il pas
l'obliger encore à nous donner des raisons solides au lieu de s'en tenir à
la simple affirmation, pour montrer que ce n'est pas non plus une
intelligence parfaite qui a mis tant de différentes qualités dans la
matière des plantes? Ayant une fois posé que ce sont les dieux inférieurs
qui font tous les corps, et qu'il n'y a que l'âme qui soit l'ouvrage du
grand Dieu, pouvait-il, après un partage de cette importance, où il
assigne à chacun sa tâche et son emploi, se dispenser de nous alléguer
quelques bonnes preuves de cette différence des dieux, dont les uns
bâtissent les corps des hommes, les autres ceux des animaux domestiques,
par exemple, et les autres, ceux des bêtes sauvages ? Il fallait sans
doute que, puisqu'il voyait les dieux ainsi occupés, les uns à fabriquer
les corps des dragons, des aspics ou des basilics, les autres à bâtir ceux
de chaque plante et de chaque herbe, selon les différentes espèces
d'atomes, il nous rendît raison de ces diverses occupations. Peut-être
qu'en s'appliquant soigneusement à examiner ce point, ou il aurait reconnu
qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui a créé tous les êtres et qui les a
destinés chacun à sa fin ou à son usage ; ou, s'il ne l'avait pas reconnu,
il aurait songé à se défendre contre ceux qui soutiennent que la
corruptibilité des êtres matériels est de sa nature une chose
indifférente, et qu'il n'y a point d'absurdité que le monde, qui est
composé de parties si dissemblables, soit l'ouvrage d'un seul ouvrier, qui
fait que toutes ces diverses espèces concourent au bien commun de
l'univers. Enfin s'il ne voulait pas prouver ce qu'il se vantait de nous
apprendre, il eût mieux fait de ne toucher point du tout à un dogme si
important. Si ce n'est que lui, qui se moque de la simple foi des autres,
veuille que nous le croyions sur sa parole ; bien qu'au reste il ne nous
eût pas promis des paroles, mais des raisons.
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