[4,53] Οὐκ οἶδα δ´ ὅπως τὰ ἄμικτα καὶ οὐ πεφυκότα ἅμα
συμβαίνειν ἀνθρωπίνῃ φύσει συναγαγὼν εἶπε τὸ βιβλίον
ἐκεῖνο ἐλέους καὶ μίσους ἄξιον εἶναι. Πᾶς γὰρ ὁμολογήσει
τὸν ἐλεούμενον μὴ μισεῖσθαι, ὅτ´ ἐλεεῖται, καὶ τὸν μισούμενον
μὴ ἐλεεῖσθαι, ὅτε μισεῖται. Διὰ τοῦτο δὲ μὴ προκεῖσθαι
ἐλέγχειν φησὶ ταῦτα ὁ Κέλσος, ἐπεὶ οἴεται αὐτὰ παντί που
δῆλα εἶναι καὶ πρὸ τοῦ ἐπαγομένου λογικῶς ἐλέγχου ὡς
φαῦλα καὶ ἐλέους καὶ μίσους ἄξια. Παρακαλοῦμεν δὲ τὸν
ἐντυγχάνοντα τῇ ἀπολογίᾳ ταύτῃ πρὸς τὴν Κέλσου κατηγορίαν γεγραμμένῃ ἀνασχέσθαι καὶ ἐπακοῦσαι τῶν συγγραμμάτων
ἡμῶν καὶ ὅση δύναμις ἐκ τῶν γεγραμμένων στοχάσασθαι
τῆς προαιρέσεως τῶν γραψάντων καὶ τῆς συνειδήσεως
καὶ τῆς διαθέσεως· εὑρήσει γὰρ ἄνδρας, διαπύρως περὶ ὧν
ὑπειλήφασι διατεινομένους, τινὰς δὲ ἐμφαίνοντας καὶ τὸ
ἱστορίαν ἑωραμένην καὶ καταληφθεῖσαν ἀναγράφειν ὡς
παράδοξον καὶ γραφῆς ἀξίαν ἐπὶ ὠφελείᾳ τῶν ἀκουσομένων.
Ἢ τολμάτω τις λέγειν μὴ πάσης ὠφελείας εἶναι πηγὴν καὶ
ἀρχὴν τὸ πιστεῦσαι τῷ τῶν ὅλων θεῷ καὶ πάντα πράττειν
κατ´ ἀναφορὰν τοῦ ἐκείνῳ ἀρέσκειν περὶ οὑτινοσοῦν καὶ
μηδὲν ἀπάρεστον αὐτῷ μηδ´ ἐνθυμεῖσθαι, ὡς οὐ μόνον
λόγων καὶ ἔργων ἀλλὰ καὶ διαλογισμῶν κριθησομένων.
Καὶ τίς ἂν ἄλλος λόγος ἐπιστρεφέστερον προσάγοι τὴν
ἀνθρωπίνην φύσιν τῷ εὖ ζῆν ὡς ἡ πίστις ἢ ἡ διάληψις περὶ
τοῦ πάντ´ ἐφορᾶν τὸν ἐπὶ πᾶσι θεὸν τὰ ὑφ´ ἡμῶν λεγόμενα
καὶ πραττόμενα ἀλλὰ καὶ λογιζόμενα; Παραβαλέτω γὰρ ὁ
βουλόμενος ἄλλην ὁδόν, ἐπιστρέφουσαν ἅμα καὶ βελτιοῦσαν
οὐ μόνον ἕνα που καὶ δεύτερον ἀλλ´ ὅση δύναμις καὶ πλείστους
ὅσους, ἵνα τις τῇ παραθέσει ἀμφοτέρων τῶν ὁδῶν ἀκριβῶς
κατανοήσῃ τὸν διατιθέντα πρὸς τὸ καλὸν λόγον.
| [4,53] Je ne comprends pas, au reste,
d'où vient que Celse mêle ainsi des choses incompatibles et qui ne
sauraient se rencontrer ensemble dans notre cœur, lorsqu'il dit de ce
livre, qu'il est digne de pitié et d'indignation. Car il n'y a personne
qui ne m'avoue que ce qui fait pitié ne donne pas d'indignation, dans le
temps qu'il fait pitié, et que ce qui donne de l'indignation ne fait pas
pitié dans le temps qu'il donne de l'indignation. Mon dessein n'est pas,
ajoute-t-il, d'en relever les absurdités. Il croit que tout le monde les
peut facilement reconnaître, avant même qu'on ait fait voir, par raison,
que ce sont des choses mal digérées, dignes de pitié et d'indignation. Je
supplie ceux entre les mains de qui tombera cette apologie de s'opposer
aux accusations de Celse, et d'avoir la patience de lire nos livres, et de
faire tout ce qu'ils pourront, en les lisant, pour pénétrer dans
l'intention des auteurs, pour découvrir le fond de leur conscience, pour
connaître l'assiette de leur esprit. On trouvera que ce sont des hommes
qui soutiennent, avec une ardeur toute de feu, ce dont ils sont persuadés
; qu'il paraît même que quelques-uns d'eux ont vu et soigneusement observé
ce qu'ils nous racontent comme des choses extraordinaires, qui méritaient
d'être écrites pour le bien de ceux qui les liraient. Oserait-on dire que
la source et le principe de toute la sagesse ne soient pas de croire au
grand Dieu ; de ne rien faire absolument qu'en vue de lui être agréable ;
de n'avoir pas le moindre désir pour ce qui peut lui déplaire, persuadés
qu'il sera le juge non seulement de nos paroles et de nos actions, mais de
nos pensées mêmes? Y a-t-il doctrine qui puisse plus efficacement porter
les hommes à bien vivre, que celle qui leur enseigne à croire que le grand
Dieu voit tout ce qu'ils disent, tout ce qu'ils font et tout ce qu'ils
pensent? On nous fera plaisir de nous en montrer quelque autre qui change
en même temps l'esprit et le cœur, non d'une personne ou de deux, mais
d'une multitude presque innombrable. Il sera aisé de connaître, en la
comparant avec la nôtre, laquelle est la plus capable d'inspirer des
sentiments de vertu.
|