[4,39] Ἐπεὶ δὲ καὶ τὰ περὶ τὸν ὄφιν ὡς ἀντιπράσσοντα
τοῖς τοῦ θεοῦ πρὸς τὸν ἄνθρωπον παραγγέλμασιν ὁ Κέλσος
κωμῳδεῖ, μῦθόν τινα παραπλήσιον τοῖς παραδιδομένοις ταῖς
γραυσὶν ὑπολαβὼν εἶναι τὸν λόγον, καὶ ἑκὼν οὔτε τὸν θεοῦ
«παράδεισον» ὠνόμασεν οὐδ´ ὡς πεφυτευκέναι λέγεται
«ὁ θεὸς» «ἐν Ἐδὲμ κατ´ ἀνατολὰς» καὶ μετὰ τοῦτο
ἐξανατεταλκέναι «ἐκ τῆς γῆς πᾶν ξύλον ὡραῖον εἰς ὅρασιν
καὶ καλὸν εἰς βρῶσιν καὶ τὸ ξύλον τῆς ζωῆς ἐν μέσῳ τῷ
παραδείσῳ καὶ τὸ γνωστὸν καλοῦ καὶ πονηροῦ ξύλον» καὶ
τὰ ἐπὶ τούτοις εἰρημένα, δυνάμενα αὐτόθεν κινῆσαι τὸν
εὐμενῶς ἐντυγχάνοντα, ὅτι πάντα ταῦτα οὐκ ἀσέμνως τροπολογεῖται·
φέρε ἀντιπαραθῶμεν ἐκ τοῦ Συμποσίου Πλάτωνος
τὰ εἰρημένα περὶ τοῦ Ἔρωτος τῷ Σωκράτει καὶ ὡς
σεμνοτέρῳ πάντων τῶν ἐν τῷ Συμποσίῳ εἰπόντων περὶ αὐτοῦ
τῷ Σωκράτει περιτεθέντα. Οὕτω δ´ ἔχει ἡ Πλάτωνος λέξις·
«Ὅτ´ ἐγένετο ἡ Ἀφροδίτη, εἱστιῶντο οἱ θεοί, οἵ
τε ἄλλοι καὶ ὁ τῆς Μήτιδος υἱὸς Πόρος. Ἐπειδὴ δὲ ἐδείπνησαν, προσαιτήσουσα οἷον δὴ εὐωχίας οὔσης ἀφίκετο ἡ
Πενία καὶ ἦν περὶ τὰς θύρας. Ὁ οὖν Πόρος μεθυσθεὶς τοῦ
νέκταρος—οἶνος γὰρ οὔπω ἦν—εἰς τὸν τοῦ Διὸς κῆπον
εἰσελθὼν βεβαρημένος εὗδεν. Ἡ οὖν Πενία ἐπιβουλεύουσα
διὰ τὴν αὑτῆς ἀπορίαν παιδίον ποιήσασθαι ἐκ τοῦ Πόρου,
κατακλίνεταί τε παρ´ αὐτῷ καὶ ἐκύησε τὸν Ἔρωτα. Διὸ δὴ
καὶ τῆς Ἀφροδίτης ἀκόλουθος θεράπων γέγονεν ὁ Ἔρως,
γεννηθεὶς ἐν τοῖς ἐκείνης γενεθλίοις καὶ ἅμα φύσει ἐραστὴς
ὢν περὶ τὸ καλόν, καὶ τῆς Ἀφροδίτης καλῆς οὔσης. Ἅτε
οὖν Πόρου καὶ Πενίας υἱὸς ὢν ὁ Ἔρως ἐν τοιαύτῃ τύχῃ
καθέστηκε. Πρῶτον μὲν πένης ἀεί ἐστι καὶ πολλοῦ δεῖ
ἁπαλός τε καὶ καλός, οἷον οἱ πολλοὶ οἴονται, ἀλλὰ σκληρὸς
καὶ αὐχμηρὸς καὶ ἀνυπόδητος καὶ ἄοικος, χαμαιπετὴς ἀεὶ
ὢν καὶ ἄστρωτος, ἐπὶ θύραις καὶ ἐν ὁδοῖς ὑπαίθριος κοιμώμενος,
τὴν τῆς μητρὸς φύσιν ἔχων ἀεὶ ἐνδείᾳ ξύνοικος. Κατὰ
δ´ αὖ τὸν πατέρα ἐπίβουλός ἐστι τοῖς καλοῖς καὶ τοῖς ἀγαθοῖς,
ἀνδρεῖος ὢν καὶ ἴτης καὶ σύντονος, θηρευτὴς δεινός, ἀεὶ
προσπλέκων μηχανὰς καὶ φρονήσεως ἐπιθυμητὴς καὶ
πόριμος, φιλοσοφῶν διὰ παντὸς τοῦ βίου, δεινὸς γόης καὶ
φαρμακεὺς καὶ σοφιστής· καὶ οὔτε ὡς ἀθάνατος πέφυκεν
οὔτε ὡς θνητός, ἀλλὰ τοτὲ μὲν τῆς αὐτῆς ἡμέρας θάλλει
καὶ ζῇ, ὅταν εὐπορήσῃ, τοτὲ δ´ ἀποθνῄσκει, πάλιν δ´ ἀναβιώσκεται
διὰ τὴν τοῦ πατρὸς φύσιν. Τὸ δὲ ποριζόμενον ἀεὶ
ὑπεκρεῖ, ὥστε οὔτ´ ἀπορεῖ Ἔρως ποτὲ οὔτε πλουτεῖ.
Σοφίας δ´ αὖ καὶ ἀμαθίας ἐν μέσῳ ἐστίν.»
Ἄρα γὰρ οἱ ἐντυγχάνοντες τούτοις ἐὰν μὲν τὴν κακοήθειαν
τοῦ Κέλσου μιμῶνται, ὅπερ Χριστιανῶν ἀπείη, καταγελάσονται
τοῦ μύθου καὶ ἐν χλεύῃ θήσονται τὸν τηλικοῦτον
Πλάτωνα· ἐὰν δὲ τὰ ἐν μύθου σχήματι λεγόμενα φιλοσόφως
ἐξετάζοντες δυνηθῶσιν εὑρεῖν τὸ βούλημα τοῦ Πλάτωνος,
θαυμάσονται τίνα τρόπον δεδύνηται τὰ μεγάλα ἑαυτῷ φαινόμενα
δόγματα κρύψαι μὲν διὰ τοὺς πολλοὺς ἐν τῷ τοῦ μύθου
σχήματι, εἰπεῖν δ´ ὡς ἐχρῆν τοῖς εἰδόσιν ἀπὸ μύθων εὑρίσκειν
τὸ περὶ ἀληθείας τοῦ ταῦτα συντάξαντος βούλημα. Τοῦτον δὲ
τὸν παρὰ Πλάτωνι μῦθον ἐξεθέμην διὰ «τὸν» παρ´ αὐτῷ «τοῦ
Διὸς κῆπον», παραπλήσιόν τι ἔχειν δοκοῦντα τῷ παραδείσῳ
τοῦ θεοῦ, καὶ τὴν Πενίαν, τῷ ἐκεῖ ὄφει παραβαλλομένην,
καὶ τὸν ὑπὸ τῆς Πενίας ἐπιβουλευόμενον Πόρον τῷ ἀνθρώπῳ
ἐπιβουλευομένῳ ὑπὸ τοῦ ὄφεως. Οὐ πάνυ δὲ δῆλον, πότερον
κατὰ συντυχίαν ἐπιπέπτωκε τούτοις ὁ Πλάτων ἤ, ὡς
οἴονταί τινες, ἐν τῇ εἰς Αἴγυπτον ἀποδημίᾳ συντυχὼν καὶ
τοῖς τὰ Ἰουδαίων φιλοσοφοῦσι καὶ μαθών τινα παρ´ αὐτῶν
τὰ μέν τινα τετήρηκε τὰ δὲ παρεποίησε, φυλαξάμενος
προσκόψαι τοῖς Ἕλλησιν ἐκ τοῦ πάντῃ τὰ τῆς Ἰουδαίων
τηρῆσαι σοφίας, διαβεβλημένων παρὰ τοῖς πολλοῖς διὰ τὸ
ξενίζον τῶν νόμων καὶ τὴν ἰδιότροπον κατ´ αὐτοὺς πολιτείαν.
Οὔτε δὲ τὸν Πλάτωνος μῦθον οὔτε τὰ περὶ τὸν ὄφιν καὶ τὸν
παράδεισον τοῦ θεοῦ καὶ ὅσα ἐν αὐτῷ ἀναγέγραπται γεγονέναι
νῦν καιρὸς ἦν διηγήσασθαι· προηγουμένως γὰρ ἐν
τοῖς ἐξηγητικοῖς τῆς Γενέσεως, ὡς οἷόν τ´ ἦν, εἰς ταῦτα
ἐπραγματευσάμεθα.
| [4,39] Si l'on veut faire valoir cela par des explications allégoriques, que
l'allégorie soit juste ou non, nous dirons toujours : Quoi ! les grecs
auront le privilège de pouvoir expliquer leur philosophie en termes
couverts; les Égyptiens et les autres peuples barbares, qui donnent à
leurs mystères le nom spécieux de vérités voilées, auront la même liberté;
mais les Juifs, avec leur législateur et tout ce qu'ils ont d'écrivains,
passeront en votre esprit pour les plus grossiers de tous les hommes!
Cette nation sera la seule sur qui Dieu ne versera aucun rayon de sa
lumière; cette nation instruite à s'élever si noblement jusqu'à lui comme
à une nature incréée, à ne regarder que lui, à ne fonder que sur lui
toutes ses espérances!
Celse prend aussi pour objet de ses railleries l'histoire du serpent, qui
entreprit de renverser, comme il parle, les lois que Dieu avait données à
l'homme (Gen., Il, 8); et il dit que c'est là une fable qui n'est bonne
qu'il amuser les vieilles : mais il affecte de ne dire pas un mot du
paradis, que Dieu planta en Eden, vers l'Orient, où la terre produisit
ensuite toutes sortes d'arbres agréables à la vue et dont les fruits
étaient de bon goût, avec l'arbre de vie au milieu, et celui qui donnait
la connaissance du bien et du mal : ce qui est assez capable, aussi bien
que les autres choses qui nous sont racontées au même endroit, de faire
juger à un homme sans passion que c'est là un très beau champ pour
l'allégorie.
Faisons-en donc comparaison avec ce que Platon dit de l'amour
dans son Banquet, et qu'il attribue à Socrate, comme ce qu'il y a de plus
beau dans tout le dialogue. "A la naissance de Vénus, dit-il, les dieux
célébrèrent une fête où se trouva, avec les autres, Porus, dieu de
l'abondance, fils de Métis, déesse de la bonne conduite. Comme ils furent
hors de table, la Pauvreté se présenta à la porte pour mendier, ayant
appris qu'il s'était fait là un festin. Cependant Porus, enivré de nectar
(car le vin n'était pas encore en usage), entra dans le jardin de Jupiter
et s'y endormit. La Pauvreté, qui crut sa fortune faite si elle pouvait
avoir un enfant de lui, alla adroitement se coucher à ses côtés ; et
quelque temps après elle mit l'Amour au monde. Delà vient que l'Amour
s'est attaché à la suite et au service de Vénus, ayant été formé le jour
de sa fête. D'ailleurs Vénus est belle, et il aime naturellement ce qui
est beau. Comme donc le dieu de l'abondance est son père, et la Pauvreté
sa mère; aussi tient-il de l'un et de l'autre. Il est toujours indigent et
bien loin d'avoir le teint frais et délicat, comme la plupart se
l'imaginent; il est hâlé et malpropre ; il marche nu-pieds ; il est sans
retraite ; il ne couche que sur la dure et à découvert, à quelque porte ou
dans les rues, en un mot il manque de tout, comme sa mère. Mais il
ressemble à son père, en ce qu'il est toujours au guet pour surprendre les
personnes bien faites; qu'il est courageux, entreprenant et infatigable,
ardent et rusé chasseur, soigneux d'agir, tant qu'il peut, avec prudence,
et ingénieux au besoin; philosophe sans relâche, grand fourbe, grand
charlatan et grand sophiste. Il n'est proprement ni mortel ni immortel.
Souvent, dans un même jour, il est plein de vie et de force, quand il a
tout à souhait ; ensuite on le voit mourir, et puis revivre, à cause de
l'immortalité de son père. Ce qu'il ramasse, au reste, il le dissipe
aussitôt. Ainsi il n'est jamais ni pauvre ni riche, et il tient comme le
milieu entre la sagesse et l'ignorance". Si ceux qui lisent cela voulaient
imiter la malignité de Celse (mais à Dieu ne plaise que des chrétiens en
aient la pensée !) ils se moqueraient de la fable et de son auteur, tout
grand homme qu'il est. Si au contraire ils cherchent en philosophes ce que
Platon a voulu cacher sous cet emblème, et qu'ils en puissent pénétrer le
sens, ils admireront qu'il ait su si ingénieusement couvrir, sous l'écorce
d'une fable, des dogmes qu'il a jugés trop relevés pour ses lecteurs du
commun, et que néanmoins il les ait proposés nettement à ceux qui ont
d'assez bons yeux pour connaître la vérité au travers de ce voile. J'ai
choisi tout exprès cette fable dans Platon, à cause de ce qu'il y dit du
jardin de Jupiter, qui répond en quelque sorte, ce semble, au paradis de
Dieu ; de la Pauvreté, qui répond au serpent, et de Porus que la Pauvreté
surprit, qui répond à l'homme, surpris par le serpent. Il y a sujet de
douter si c'est par un effet du hasard que Platon s'est ainsi rencontré
avec Moïse, ou si, comme quelques-uns croient, ayant connu, dans son
voyage d'Égypte, des personnes instruites dans les mystères des Juifs, et
en ayant pris quelque teinture avec elles, il en a retenu de certaines
choses et il a déguisé les autres; de peur de choquer les Grecs, s'il se
fût entièrement attaché à la philosophie d'un peuple si décrié dans le
monde par la singularité de ses lois et par la forme particulière de son
gouvernement. Mais ce n'est pas ici le lieu d'expliquer ni la fable de
Platon, ni ce qui nous est dit, soit du serpent, soit du paradis de Dieu,
et de toutes les choses qui s'y passèrent. J'ai traité ces matières le
plus exactement que j'ai pu, dans mes Commentaires sur la Genèse.
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