[4,18] Προσδιατρίβων δ´ ὁ Κέλσος οἷς οὐ νενόηκεν αἴτιος
ἡμῖν γίνεται ταυτολογίας, οὐ βουλομένοις κἂν τῷ δοκεῖν
ἀβασάνιστον τῶν ὑπ´ αὐτοῦ λελεγμένων τι καταλελοιπέναι.
Φησὶν οὖν ἑξῆς ὅτι ἤτοι ὡς ἀληθῶς μεταβάλλει ὁ θεός,
ὥσπερ οὗτοί φασιν, εἰς σῶμα θνητόν, καὶ προείρηται τὸ
ἀδυνατεῖν· ἢ αὐτὸς μὲν οὐ μεταβάλλει, ποιεῖ δὲ τοὺς
ὁρῶντας δοκεῖν καὶ πλανᾷ καὶ ψεύδεται. Ἀπάτη δὲ καὶ
ψεῦδος ἄλλως μὲν κακά, μόνως δ´ ἂν ὡς ἐν φαρμάκου μοίρᾳ
χρῷτό τις ἤτοι πρὸς φίλους νοσοῦντας καὶ μεμηνότας,
ἰώμενος, ἢ πρὸς ἐχθρούς, κίνδυνον ἐκφυγεῖν προμηθούμενος.
Οὔτε δὲ νοσῶν ἢ μεμηνὼς οὐδεὶς θεῷ φίλος, οὔτε φοβεῖταί
τινα ὁ θεός, ἵνα πλανήσας κίνδυνον διαφύγῃ. Καὶ πρὸς τοῦτο
λέγοιτ´ ἂν πῇ μὲν περὶ τῆς τοῦ θείου λόγου φύσεως, ὄντος
θεοῦ, πῇ δὲ περὶ τῆς Ἰησοῦ ψυχῆς· περὶ μὲν οὖν τῆς τοῦ
λόγου φύσεως ὅτι, ὥσπερ ἡ τῶν τροφῶν ποιότης πρὸς τὴν
τοῦ νηπίου φύσιν εἰς γάλα μεταβάλλει ἐν τῇ τρεφούσῃ,
ἢ ὑπὸ τοῦ ἰατροῦ κατασκευάζεται πρὸς τὸ τῆς ὑγείας
χρειῶδες τῷ κάμνοντι, ἢ τῷ ἰσχυροτέρῳ ὡς δυνατωτέρῳ
οὑτωσὶ εὐτρεπίζεται· οὕτως τὴν τοῦ πεφυκότος τρέφειν
ἀνθρωπίνην ψυχὴν λόγου δύναμιν ὁ θεὸς τοῖς ἀνθρώποις
ἑκάστῳ κατ´ ἀξίαν μεταβάλλει. Καὶ τινὶ μέν, ὡς ὠνόμασεν
ἡ γραφή, «λογικὸν ἄδολον γάλα» γίνεται, τινὶ δὲ ὡς
ἀσθενεστέρῳ οἱονεὶ λάχανον, τινὶ δὲ τελείῳ «στερεὰ
τροφὴ» παραδίδοται. Καὶ οὐ δή που ψεύδεται τὴν ἑαυτοῦ
φύσιν ὁ λόγος, ἑκάστῳ τρόφιμος γινόμενος, ὡς χωρεῖ αὐτὸν
παραδέξασθαι, καὶ οὐ πλανᾷ οὐδὲ ψεύδεται.
Εἰ δ´ ἐπὶ τῆς Ἰησοῦ ψυχῆς λαμβάνει τις τὴν μεταβολήν,
αὐτῆς εἰς σῶμα ἐλθούσης, πευσόμεθα, πῶς λέγει μεταβολήν.
Εἰ μὲν γὰρ τῆς οὐσίας, οὐ δίδοται οὐ μόνον ἐπ´ ἐκείνης
ἀλλ´ οὐδὲ περὶ ἄλλου λογικῆς ψυχῆς· εἰ δ´ ὅτι πάσχει τι
ὑπὸ τοῦ σώματος ἀνακεκραμένη αὐτῷ καὶ ἀπὸ τοῦ τόπου,
εἰς ὃν ἐλήλυθε, καὶ τί ἄτοπον ἀπαντᾷ τῷ λόγῳ, ἀπὸ πολλῆς
φιλανθρωπίας καταβιβάζοντι σωτῆρα τῷ γένει τῶν ἀνθρώπων;
Ἐπεὶ μηδεὶς τῶν πρότερον θεραπεύειν ἐπαγγειλαμένων
τοσοῦτον ἐδύνατο, ὅσον αὐτὴ ἐπεδείξατο δι´ ὧν πεποίηκε,
καὶ ἑκουσίως εἰς τὰς ἀνθρωπίνας κῆρας ὑπὲρ τοῦ γένους
ἡμῶν καταβᾶσα. Ταῦτα δ´ ἐπιστάμενος ὁ θεῖος λόγος πολλὰ
πολλαχοῦ λέγει τῶν γραφῶν. Ἀρκεῖ δ´ ἐπὶ τοῦ παρόντος
μίαν παραθέσθαι Παύλου λέξιν οὕτως ἔχουσαν· «Τοῦτο
φρονείσθω ἐν ὑμῖν, ὃ καὶ ἐν Χριστῷ Ἰησοῦ, ὃς ἐν μορφῇ
θεοῦ ὑπάρχων οὐχ ἁρπαγμὸν ἡγήσατο τὸ εἶναι ἴσα θεῷ,
ἀλλ´ ἑαυτὸν ἐκένωσε μορφὴν δούλου λαβών», «καὶ σχήματι
εὑρεθεὶς ὡς ἄνθρωπος ἐταπείνωσεν ἑαυτόν, γενόμενος
ὑπήκοος μέχρι θανάτου, θανάτου δὲ σταυροῦ. Διὸ καὶ ὁ
θεὸς αὐτὸν ὑπερύψωσε καὶ ἐχαρίσατο αὐτῷ ὄνομα τὸ ὑπὲρ
πᾶν ὄνομα.»
| [4,18] Celse est cause que nous usons de redites, car il insiste longtemps sur
les mêmes choses faute de les entendre ; et nous ne voulons laisser aucun
endroit de son écrit qu'on puisse croire avec la moindre apparence que
nous n'ayons pas examiné. Voici donc ce qu'il ajoute : "Ou c'est
véritablement que Dieu se change, comme ils parlent, en un corps mortel,
ce que nous venons de voir qui est impossible ; ou quoiqu'il ne change
pas effectivement, il fait qu'il parait changé, trompant les yeux de ceux
qui le voient, ce qui serait mentir". Or la tromperie et les mensonges sont
toujours blâmables, à moins que l'on ne s'en serve comme d'un remède pour
soulager ses amis, quand la maladie a troublé leur esprit et affaibli leur
raison ; ou comme d'un moyen pour se délivrer des mains de ses ennemis.
Mais Dieu n'a point pour amis des gens dont l'esprit soit troublé, ou la
raison affaiblie; et il ne craint personne pour être contraint d'avoir
recours à la tromperie dans le danger. (Matth. XV, 24. et XVIII, 12). La
réponse peut regarder, ou la nature du Verbe divin qui est Dieu lui-même,
ou l'âme de Jésus. A l'égard de la nature du Verbe, je dis que, comme les
aliments se changent en lait dans une nourrice, pour être propres à
l'enfant qu'elle nourrit, et qu'un médecin les prépare de sorte qu'ils
puissent servir à la guérison de ses malades ; mais qu'on les apprête
autrement pour les personnes saines et vigoureuses : Dieu tout de même
change la vertu de son Verbe ou de sa Parole, selon le besoin
particulier de ceux à qui il l'adresse, et conformément à la disposition
de leur âme. Ainsi, cette Parole est aux uns, un lait spirituel et tout
pur (I Pierre, II, 2), comme l'Ecriture le nomme; aux autres, qui sont
infirmes, elle leur lient lieu de légumes ; mais à ceux qui sont parfaits,
elle leur sert de viande solide (Rom., XIV, 2). Cependant, elle ne déguise
point sa nature ; mais, quand les hommes la reçoivent, elle les nourrit
chacun selon sa portée : en quoi il n'y a ni tromperie ni mensonge. A
l'égard de l'âme de Jésus, si c'est elle qu'on prétend qui ait changé en
s'unissant à un corps, je demanderai de quel changement on veut parler :
car si l'on entend un changement d'essence, il ne s'en fait point de tel,
ni dans cette âme, ni dans aucune autre âme raisonnable ; mais si l'on
veut dire que s'étant revêtue d'un corps, elle n'a pu éviter qu'il n'agit
sur elle, et ne la fit souffrir à cause de l'union qu'ils ont eue ensemble
et du lieu où il a fallu qu'elle vint, pour s'unir à lui; qu'y a-t-il en
cela d'indigne du Verbe, que son ardent amour pour les hommes a porté à
venir nous présenter un Sauveur qui fit pour nous ce qu'aucun de ceux qui
avaient par le passé entrepris notre guérison, n'avait pu faire? C'est ce
qu'a fait cette sainte âme, lorsqu'elle s'est volontairement abaissée en
notre faveur jusqu'à la condition des hommes mortels ; et c'est ce que le
Verbe divin a dessein de nous apprendre, parce qu'il nous dit en divers
endroits des Écritures : mais il suffira de rapporter ici ce passage de Saint
Paul : "Soyons dans la même disposition et dans le même sentiment, où a été
Jésus-Christ qui, ayant la forme et la nature de Dieu, n'a point fait
trophée d'être égal à Dieu : mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la
forme et la nature de serviteur, et étant reconnu pour homme par tout ce
qui a paru de lui au dehors, il s'est rabaissé lui-même, se rendant
obéissant jusqu'à la mort et jusqu'à la mort de la croix. C'est pourquoi
Dieu l'a élevé à une souveraine grandeur et lui a donné un nom qui est
au-dessus de tous les noms" (Philip., Il, 5, etc.).
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