HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Le navire ou les souhaits

Paragraphes 43-44

  Paragraphes 43-44

[43] τὸ δὲ μέγιστον ἄλλος τις ἔστω ἐπὶ πᾶσιν ἥδιστος, ὡς ἐράσμιον εἶναί με περιθέμενον παισὶ τοῖς ὡραίοις καὶ γυναιξὶ καὶ δήμοις ὅλοις καὶ μηδένα εἶναι ἀνέραστον καὶ ὅτῳ μὴ ποθεινότατος ἐγὼ καὶ ἀνὰ στόμα, ὥστε πολλὰς γυναῖκας οὐ φερούσας τὸν ἔρωτα καὶ ἀναρτᾶν ἑαυτὰς καὶ τὰ μειράκια ἐπιμεμηνέναι μοι καὶ εὐδαίμονα εἶναι δοκεῖν, εἴ τινα καὶ μόνον προσβλέψαιμι αὐτῶν, εἰ δ´ ὑπερορῴην, κἀκεῖνα ὑπὸ λύπης ἀπολλύσθω, καὶ ὅλως ὑπὲρ τὸν Ὑάκινθον Ὕλαν Φάωνα τὸν Χῖον εἶναί με. [43] Mais le plus précieux et le plus agréable de tous ces anneaux serait celui qui, passé à mon doigt, me rendrait aimable aux jolis garçons, aux femmes et à des peuples entiers, en sorte qu'il n'y aurait personne qui ne m'aimât, ne désirât mes faveurs et n'eût toujours mon nom à la bouche. Une foule de femmes, incapables de maîtriser leur passion, se pendraient; les jeunes garçons raffoleraient de moi; on estimerait heureux celui d'entre eux sur qui j'aurais seulement laissé tomber un regard, et si je les dédaignais, eux aussi mourraient de chagrin. En un mot, je laisserais loin derrière moi Hyacinthe, Hylas et Phaon de Chios.
[44] καὶ ταῦτα πάντα ἔχειν μὴ ὀλιγοχρόνιον ὄντα μηδὲ κατὰ μέτρον ζῶντα τῆς ἀνθρωπίνης βιοτῆς, ἀλλ´ ἔτη χίλια νέον ἐκ νέου γιγνόμενον διαβιῶναι ἀμφὶ τὰ ἑπτακαίδεκα ἔτη ἀεὶ ἀποδυόμενον τὸ γῆρας ὥσπερ οἱ ὄφεις. οὐδὲν γὰρ δεήσει με ταῦτα ἔχοντα· πάντα γὰρ ἐμὰ ἦν ἂν τὰ τῶν ἄλλων, ἐς ὅσον ἀνοίγειν τε τὰς θύρας ἐδυνάμην καὶ κοιμίζειν τοὺς φύλακας καὶ ἀθέατος εἶναι εἰσιών. εἰ δέ τι ἐν Ἰνδοῖς Ὑπερβορέοις θέαμα παράδοξον κτῆμα τίμιον ὅσα ἐμφαγεῖν πιεῖν ἡδέα, οὐ μεταστειλάμενος, ἀλλ´ αὐτὸς ἐπιπετόμενος ἀπέλαυον ἁπάντων ἐς κόρον. καὶ ἐπεὶ γρὺψ ὑπόπτερον θηρίον φοῖνιξ ὄρνεον ἐν Ἰνδοῖς ἀθέατον τοῖς ἄλλοις, ἐγὼ δὲ καὶ τοῦτο ἑώρων ἄν, καὶ τὰς πηγὰς δὲ τὰς Νείλου μόνος ἂν ἠπιστάμην καὶ ὅσον τῆς γῆς ἀοίκητον, καὶ εἴ τινες ἀντίποδες ἡμῖν οἰκοῦσι τὸ νότιον τῆς γῆς ἡμίτομον ἔχοντες. ἔτι δὲ καὶ ἀστέρων φύσιν καὶ σελήνης καὶ αὐτοῦ ἡλίου ῥᾳδίως ἔγνων ἂν ἀπαθὴς ὢν τῷ πυρί, καὶ τὸ πάντων ἥδιστον, αὐθημερὸν ἀγγεῖλαι ἐς Βαβυλῶνα, τίς ἐνίκησεν Ὀλύμπια, καὶ ἀριστήσαντα, εἰ τύχοι, ἐν Συρίᾳ δειπνῆσαι ἐν Ἰταλίᾳ. εἰ δέ τις ἐχθρὸς εἴη, ἀμύνασθαι καὶ τοῦτον ἐκ τοῦ ἀφανοῦς πέτρον ἐμβαλόντα τῇ κεφαλῇ, ὡς ἐπιτετρῖφθαι τὸ κρανίον, τούς τε αὖ φίλους εὖ ποιεῖν ἐπιχέαντα κοιμωμένοις αὐτοῖς τὸ χρυσίον. καὶ μὴν εἴ τις ὑπερόπτης εἴη τύραννος πλούσιος ὑβριστής, ἀράμενος αὐτὸν ὅσον ἐπὶ σταδίους εἴκοσιν ἀφῆκα φέρεσθαι κατὰ τῶν κρημνῶν. τοῖς παιδικοῖς δὲ ὁμιλεῖν ἀκωλύτως ἂν ἐξῆν εἰσιόντα ἀθέατον κοιμίσαντα ἅπαντας ἄνευ ἐκείνων μόνων. οἷον δὲ κἀκεῖνο ἦν, τοὺς πολεμοῦντας ἐπισκοπεῖν ἔξω βέλους ὑπεραιωρούμενον; καὶ εἰ δόξειέ μοι, προσθέμενος ἂν τοῖς ἡττημένοις κοιμίσας τοὺς κρατοῦντας νικᾶν παρεῖχον τοῖς φεύγουσιν ἀναστρέψασιν ἀπὸ τῆς τροπῆς. καὶ τὸ ὅλον, παιδιὰν ἐποιούμην ἂν τὸν τῶν ἀνθρώπων βίον καὶ πάντα ἐμὰ ἦν καὶ θεὸς ἐδόκουν τοῖς ἄλλοις. τοῦτο ἄκρα εὐδαιμονία ἐστὶ μήτε ἀπολέσθαι μήτε ἐπιβουλευθῆναι δυναμένη, καὶ μάλιστα μεθ´ ὑγιείας ἐν μακρῷ τῷ βίῳ. [44] Pour jouir de tout cela, je ne veux pas d'une vie courte, mesurée à l'aune de l'existence humaine, je veux vivre mille ans dans une jeunesse constamment renouvelée, et, tous les dix-sept ans environ, je dépouillerai ma vieillesse, à l'exemple des serpents. Avec ces avantages, je ne manquerai de rien; car tous les biens des autres seront à moi, puisque je pourrai ouvrir les portes, endormir les gardiens et entrer dans les maisons sans être vu. S'il y a dans les Indes ou les contrées hyperboréennes quelque spectacle extraordinaire, quelque objet de haut prix, des mets, des boissons délicieuses, je n'enverrai pas les chercher, j'y volerai moi-même et je jouirai de tout à satiété. Les autres n'ont jamais vu le griffon, ce quadrupède ailé, ni le phénix, cet oiseau des Indes : moi, j'irai les voir. Je serai le seul qui connaîtrai les sources du Nil et les contrées inhabitées de la terre et s'il y a des antipodes qui habitent l'hémisphère austral. Je connaîtrai aussi sans peine la nature des astres, de la lune et du soleil même, puisque je serai insensible au feu, et, chose agréable entre toutes, j'annoncerai le jour même à Babylone qui aura remporté la victoire olympique et, après avoir, s'il se trouve, déjeuné en Syrie, je dînerai en Italie. Si j'ai quelque ennemi, je m'en vengerai sans être vu en lui lançant une pierre à la tête, de manière à lui briser le crâne. Par contre, je ferai du bien à mes amis et leur verserai de l'or pendant leur sommeil. Mais si j'aperçois quelque riche orgueilleux, quelque tyran qui outrage l'humanité, je l'enlèverai à vingt stades de hauteur, et je le laisserai tomber sur des rochers. Rien ne m'empêchera de jouir de mes mignons, puisque j'entrerai chez eux sans être vu et que j'endormirai tout le monde, excepté eux seuls. Quel plaisir ce serait encore d'espionner les belligérants en m'élevant au-dessus de la portée des traits, et, quand je le voudrais, de prendre le parti des vaincus, d'endormir les vainqueurs et de donner la victoire aux vaincus revenus de leur déroute. En un mot je me ferais un jeu de la vie des hommes, tout serait à moi et l'on me prendrait pour un dieu. Et le comble de ma félicité, c'est que je ne pourrais la perdre, qu'elle serait à l'abri des embûches et surtout que j'en jouirais en bonne santé pendant une longue vie.


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Dernière mise à jour : 25/10/2007