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[39] (ΛΥΚΙΝΟΣ)
Πέπαυσο ἤδη, ὦ Σάμιππε. καιρὸς γὰρ σὲ ἤδη
μὲν νενικηκότα τηλικαύτην μάχην ἐν Βαβυλῶνι
εὐωχεῖσθαι τὰ ἐπινίκια—ἑκστάδιος γὰρ οἶμαί σοι
ἡ ἀρχή—Τιμόλαον δὲ ἐν τῷ μέρει εὔχεσθαι ὅπερ
ἂν ἐθέλῃ.
(ΣΑΜΙΠΠΟΣ)
Τί δ´ οὖν, ὦ Λυκῖνε; οἷά σοι ᾐτῆσθαι δοκῶ;
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Παρὰ πολύ, ὦ θαυμασιώτατε βασιλέων, ἐπιπονώτερα
καὶ βιαιότερα τῶν Ἀδειμάντου, παρ´
ὅσον ἐκεῖνος μὲν ἐτρύφα διτάλαντα χρύσεα ἐκπώματα
προπίνων τοῖς συμπόταις, σὺ δὲ καὶ
ἐτιτρώσκου μονομαχῶν καὶ ἐδεδίεις καὶ ἐφρόντιζες
νύκτωρ καὶ μεθ´ ἡμέραν· οὐ μόνον γάρ σοι τὰ
παρὰ τῶν πολεμίων φοβερὰ ἦν, ἀλλὰ καὶ ἐπιβουλαὶ
μυρίαι καὶ φθόνος παρὰ τῶν συνόντων καὶ μῖσος
καὶ κολακεία, φίλος δὲ οὐδεὶς ἀληθής, ἀλλὰ πρὸς
τὸ δέος ἅπαντες ἢ πρὸς τὴν ἐλπίδα εὖνοι δοκοῦντες
εἶναι. ἀπόλαυσις μέν γε οὐδὲ ὄναρ τῶν ἡδέων,
ἀλλὰ δόξα μόνη καὶ πορφυρὶς χρυσῷ ποικίλη καὶ
ταινία λευκὴ περὶ τῷ μετώπῳ καὶ δορυφόροι
προϊόντες, τὰ δ´ ἄλλα κάματος ἀφόρητος καὶ ἀηδία
πολλή, καὶ ἢ χρηματίζειν δεῖ τοῖς παρὰ τῶν
πολεμίων ἥκουσιν ἢ δικάζειν ἢ καταπέμπειν τοῖς
ὑπηκόοις ἐπιτάγματα, καὶ ἤτοι ἀφέστηκέ τι ἔθνος
ἢ ἐπελαύνουσί τινες τῶν ἔξω τῆς ἀρχῆς. δεδιέναι
οὖν δεῖ πάντα καὶ ὑφορᾶσθαι, καὶ ὅλως ὑπὸ
πάντων μᾶλλον ἢ ὑπὸ σεαυτοῦ εὐδαιμονίζεσθαι.
| [39] (LYKINOS)
Arrête-toi à présent, Samippos. Il est temps, après
avoir remporté une si grande victoire que tu reviennes
à Babylone pour la célébrer par de grands festins, car ton
empire a, je crois, dépassé les six stades qui lui ont été
accordés, et c'est le tour de Timolaos de souhaiter ce
qu'il lui plaira.
(SAMIPPOS)
Eh bien, Lykinos, que te semble de mes souhaits?
(LYKINOS)
Ils sont beaucoup plus pénibles, admirable monarque,
et beaucoup plus audacieux que ceux d'Adeimantos.
Celui-ci menait une vie luxueuse, offrant des coupes d'or
de deux talents aux convives dont il portait la santé,
tandis que toi, blessé en combat singulier, tu vivais
nuit et jour dans la crainte et les soucis. Tu avais à
redouter non seulement les entreprises des ennemis, mais
encore des embûches sans nombre, l'envie de tes familiers,
la haine et la flatterie. Tu n'avais pas un ami véritable :
ceux qui te paraissaient les plus attachés ne l'étaient
que par la crainte ou par l'espérance. Jamais tu n'as joui
du plaisir, même en songe. Tu as eu seulement de la vaine
gloire, un habit de pourpre brodé d'or, un ruban blanc
autour du front et des gardes qui te précédaient; du
reste, tu étais accablé de fatigue et en butte à mille
ennuis. Il fallait donner audience aux ambassadeurs des
ennemis, rendre la justice, envoyer tes ordres à tes sujets.
Tantôt c'est un peuple qui a fait défection, tantôt une
invasion qui vient du dehors. Il te faut donc tout craindre,
tout soupçonner. Bref tout le monde te croit heureux,
excepté toi.
| [40] καὶ γὰρ οὖν καὶ τόδε πῶς οὐ ταπεινόν, ὅτι καὶ
νοσεῖς τὰ ὅμοια τοῖς ἰδιώταις καὶ ὁ πυρετὸς οὐ
διαγιγνώσκει σε βασιλέα ὄντα οὐδ´ ὁ θάνατος
δέδιε τοὺς δορυφόρους, ἀλλ´ ἐπιστάς, ὁπόταν αὐτῷ
δοκῇ, ἄγει οἰμώζοντα οὐκ αἰδούμενος τὸ διάδημα;
σὺ δὲ ὁ οὕτως ὑψηλὸς καταπεσὼν ἀνάσπαστος ἐκ
τοῦ βασιλείου θρόνου τὴν αὐτὴν ὁδὸν ἄπει τοῖς
πολλοῖς, ἰσότιμος ἐλαυνόμενος ἐν τῇ ἀγέλῃ τῶν
νεκρῶν, χῶμα ὑψηλὸν ὑπὲρ γῆς καὶ στήλην
μακρὰν ἢ πυραμίδα εὔγραμμον τὰς γωνίας ἀπολιπών,
ἐκπρόθεσμα καὶ ἀνεπαίσθητα φιλοτιμήματα.
εἰκόνες δὲ ἐκεῖναι καὶ νεῴ, οὓς ἀνιστᾶσιν αἱ
πόλεις θεραπεύουσαι, καὶ τὸ μέγα ὄνομα πάντα
κατ´ ὀλίγον ὑπορρεῖ καὶ ἄπεισιν ἀμελούμενα. ἢν
δὲ καὶ ὅτι μάλιστα ἐπὶ πλεῖστον παραμείνῃ, τίς
ἔτι ἀπόλαυσις ἀναισθήτῳ αὐτῷ γενομένῳ; ὁρᾷς
οἷα μὲν ἔτι ζῶν ἕξεις πράγματα δεδιὼς καὶ
φροντίζων καὶ κάμνων, οἷα δὲ καὶ μετὰ τὴν
ἀπαλλαγὴν ἔσται;
| [40] Et puis n'est-ce pas aussi une chose humiliante d'être
exposé aux maladies comme les simples particuliers?
La fièvre ne sait pas distinguer en toi le
monarque, et la mort ne craint pas tes satellites; elle se
présente quand il lui plaît et t'emmène en dépit de tes
gémissements, sans respect pour ton diadème. Et toi,
qui étais si élevé, te voilà par terre, arraché du trône
royal, et tu t'en vas par la même route que le commun
des hommes, confondu et chassé dans le troupeau des
morts. Tu ne laisses sur la terre qu'un tombeau élevé et
une grande colonne ou une pyramide aux angles bien
avivés, honneurs posthumes qui ne te touchent plus.
Ces statues, ces temples que les villes élèvent pour te
flatter, cette grande renommée, tout cela se dissipe peu
à peu et se perd dans l'oubli. A supposer même qu'ils
durent très longtemps, quelle jouissance peuvent-ils encore
procurer à celui qui ne peut plus rien sentir? Tu vois que
d'ennuis tu auras de ton vivant, toujours en butte à la
crainte, à l'inquiétude, à la fatigue, et ce qui t'arrivera
quand tu seras parti pour l'autre monde.
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