[30] ἐπὶ μέντοι τοῦ Πλάτωνος καὶ ἄλλη τίς ἐστιν, ὡς ἔφην,
διαφορά· οὐ γὰρ μεγέθει τῶν ἀρετῶν, ἀλλὰ καὶ τῷ πλήθει πολὺ
λειπόμενος ὁ Λυσίας ὅμως πλεῖον ἔτι τοῖς ἁμαρτήμασι περιττεύει
ἢ ταῖς ἀρεταῖς λείπεται.
Τί ποτ´ οὖν εἶδον οἱ ἰσόθεοι ἐκεῖνοι καὶ τῶν μεγίστων ἐπορεξάμενοι
τῆς συγγραφῆς, τῆς δ´ ἐν ἅπασιν ἀκριβείας ὑπερφρονήσαντες;
πρὸς πολλοῖς ἄλλοις ἐκεῖνο, ὅτι ἡ φύσις οὐ ταπεινὸν ἡμᾶς ζῷον
οὐδ´ ἀγεννὲς ἐ---κρινε τὸν ἄνθρωπον, ἀλλ´ ὡς εἰς μεγάλην τινὰ
πανήγυριν εἰς τὸν βίον καὶ εἰς τὸν σύμπαντα κόσμον ἐπάγουσα,
θεατάς τινας τῶν ἄθλων αὐτῆς ἐσομένους καὶ φιλοτιμοτάτους
ἀγωνιστάς, εὐθὺς ἄμαχον ἔρωτα ἐνέφυσεν ἡμῶν ταῖς ψυχαῖς
παντὸς ἀεὶ τοῦ μεγάλου καὶ ὡς πρὸς ἡμᾶς δαιμονιωτέρου. διόπερ
τῇ θεωρίας καὶ διανοίας τῆς ἀνθρωπίνης ἐπιβολῇ οὐδ´ ὁ σύμπας
κόσμος ἀρκεῖ, ἀλλὰ καὶ τοὺς τοῦ περιέχοντος πολλάκις ὅρους
ἐκβαίνουσιν αἱ ἐπίνοιαι, καὶ εἴ τις περιβλέψαιτο ἐν κύκλῳ τὸν
βίον, ὅσῳ πλέον ἔχει τὸ περιττὸν ἐν πᾶσι καὶ μέγα καὶ καλόν,
ταχέως εἴσεται πρὸς ἃ γεγόναμεν. ἔνθεν φυσικῶς πως ἀγόμενοι
μὰ Δί´ οὐ τὰ μικρὰ ῥεῖθρα θαυμάζομεν, εἰ καὶ διαυγῆ καὶ χρήσιμα,
ἀλλὰ τὸν Νεῖλον καὶ Ἴστρον ἢ Ῥῆνον, πολὺ δ´ ἔτι μᾶλλον
τὸν Ὠκεανόν· οὐδέ γε τὸ ὑφ´ ἡμῶν τουτὶ φλογίον ἀνακαιόμενον,
ἐπεὶ καθαρὸν σῴζει τὸ φέγγος, ἐκπληττόμεθα τῶν οὐρανίων
μᾶλλον, καίτοι πολλάκις ἐπισκοτουμένων, οὐδὲ τῶν τῆς Αἴτνης
κρατήρων ἀξιοθαυμαστότερον νομίζομεν, ἧς αἱ ἀναχοαὶ πέτρους
τε ἐκ βυθοῦ καὶ ὅλους ὄχθους ἀναφέρουσι καὶ ποταμοὺς ἐνίοτε τοῦ
γηγενοῦς ἐκείνου καὶ αὐτομάτου προχέουσι πυρός. ἀλλ´ ἐπὶ τῶν
τοιούτων ἁπάντων ἐκεῖν´ ἂν εἴποιμεν, ὡς εὐπόριστον μὲν ἀνθρώποις
τὸ χρειῶδες ἢ καὶ ἀναγκαῖον, θαυμαστὸν δ´ ὅμως ἀεὶ τὸ παράδοξον.
| [30] CHAPITRE XXX.
De Platon, et de Lysias, et de l’excellence de l’esprit humain.
Pour ce qui est de Platon, comme j'ai dit, il y a bien de la différence.
Car il surpasse Lysias non seulement par l'excellence, mais aussi par le
nombre de ses beautés. Je dis plus, c'est que Platon est au dessus de
Lysias, moins pour les qualités qui manquent à ce dernier, que pour les
fautes dont il est rempli.
Qu'est-ce donc qui a porté ces esprits divins à mépriser cette exacte et
scrupuleuse délicatesse, pour ne chercher que le sublime dans leurs
écrits? En voici une raison. C'est que la nature n'a point regardé l'homme
comme un animal de basse et de vile condition : mais elle lui a donné la
vie, et l'a fait venir au monde comme dans une grande assemblée, pour être
spectateur de toutes les choses qui s'y passent, elle l’a, dis-je,
introduit dans cette lice, comme un courageux athlète qui ne doit respirer
que la gloire. C'est pourquoi elle a engendré d'abord en nos âmes une
passion invincible, pour tout ce qui nous paraît de plus grand et de plus
divin. Aussi voyons-nous que le monde entier ne suffit pas à la vaste
étendue de l'esprit humain. Nos pensées vont souvent plus loin que les
cieux, et pénètrent au-delà de ces bornes qui environnent et qui terminent
toutes choses.
Et certainement si quelqu'un fait un peu de réflexion sur un homme dont la
vie n'ait rien eu dans tout son cours, que de grand et d'illustre, il peut
connaître par là, à quoi nous sommes nés. Ainsi nous n'admirons pas
naturellement de petits ruisseaux, bien que l’eau en soit claire et
transparente, et utile même pour notre usage : mais nous sommes
véritablement surpris quand nous regardons le Danube, le Nil, le Rhin, et
l'Océan surtout. Nous ne sommes pas fort étonnés de voir une petite flamme
que nous avons allumée, conserver longtemps sa lumière pure: mais nous
sommes frappés d'admiration quand nous contemplons ces feux qui s'allument
quelquefois dans le ciel ; bien que pour l'ordinaire ils s’évanouissent en
naissant: et nous ne trouvons rien de plus étonnant dans la nature que ces
fournaises du mont Etna qui quelquefois jette du profond de ses abîmes,
"Des pierres, des rochers, et des fleuves de flamme".
De tout cela il faut conclure, que ce qui est utile et même nécessaire aux
hommes souvent n'a rien de merveilleux, comme étant aisé à acquérir, mais
que tout ce qui est extraordinaire est admirable et surprenant.
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