HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Ps.-LONGIN, Le Traité du sublime

Chapitre 27

  Chapitre 27

[27] Περὶ δὲ πλήθους {καὶ} μεταφορῶν μὲν Καικίλιος ἔοικε συγκατατίθεσθαι τοῖς δύο τὸ πλεῖστον τρεῖς ἐπὶ ταὐτοῦ νομοθετοῦσι τάττεσθαι. γὰρ Δημοσθένης ὅρος καὶ τῶν τοιούτων· τῆς χρείας δὲ καιρός, ἔνθα τὰ πάθη χειμάρρου δίκην ἐλαύνεται καὶ τὴν πολυπλήθειαν αὐτῶν ὡς ἀναγκαίαν ἐνταῦθα συνεφέλκεται. "ἄνθρωποι" φησί "μιαροὶ καὶ κόλακες, ἠκρωτηριασμένοι τὰς ἑαυτῶν ἕκαστοι πατρίδας, τὴν ἐλευθερίαν προπεπωκότες πρότερον Φιλίππῳ, νυνὶ δὲ Ἀλεξάνδρῳ, τῇ γαστρὶ μετροῦντες καὶ τοῖς αἰσχίστοις τὴν εὐδαιμονίαν, τὴν δ´ ἐλευθερίαν καὶ τὸ μηδένα ἔχειν δεσπότην, τοῖς πρότερον Ἕλλησιν ὅροι τῶν ἀγαθῶν ἦσαν καὶ κανόνες, ἀνατετροφότες." ἐνταῦθα τῷ πλήθει τῶν τροπικῶν κατὰ τῶν προδοτῶν ἐπιπροσθεῖ τοῦ ῥήτορος θυμός. διόπερ μὲν Ἀριστοτέλης καὶ Θεόφραστος μειλίγματά φασί τινα τῶν θρασειῶν εἶναι ταῦτα μεταφορῶν, τὸ "ὡσπερεὶ" φάναι καὶ "οἱονεὶ" καὶ "εἰ χρὴ τοῦτον εἰπεῖν τὸν τρόπον" καὶ "εἰ δεῖ παρακινδυνευτικώτερον λέξαι γὰρ ὑποτίμησις, φασίν, ἰᾶται τὰ τολμηρά. ἐγὼ δὲ καὶ ταῦτα μὲν ἀποδέχομαι, ὅμως δὲ πλήθους καὶ τόλμης μεταφορῶν, ὅπερ ἔφην κἀπὶ τῶν σχημάτων, τὰ εὔκαιρα καὶ σφοδρὰ πάθη καὶ τὸ γενναῖον ὕψος εἶναί φημι ἴδιά τινα ἀλεξιφάρμακα, ὅτι τῷ ῥοθίῳ τῆς φορᾶς ταυτὶ πέφυκεν ἅπαντα τἆλλα παρασύρειν καὶ προωθεῖν, μᾶλλον δὲ καὶ ὡς ἀναγκαῖα πάντως εἰσπράττεσθαι τὰ παράβολα, καὶ οὐκ ἐᾷ τὸν ἀκροατὴν σχολάζειν περὶ τὸν τοῦ πλήθους ἔλεγχον διὰ τὸ συνενθουσιᾶν τῷ λέγοντι. ἀλλὰ μὴν ἔν γε ταῖς τοπηγορίαις καὶ διαγραφαῖς οὐκ ἄλλο τι οὕτως κατασημαντικὸν ὡς οἱ συνεχεῖς καὶ ἐπάλληλοι τρόποι. δι´ ὧν καὶ παρὰ Ξενοφῶντι τἀνθρωπίνου σκήνους ἀνατομὴ πομπικῶς καὶ ἔτι μᾶλλον ἀναζωγραφεῖται θείως παρὰ τῷ Πλάτωνι. τὴν μὲν κεφαλὴν αὐτοῦ φησιν ἀκρόπολιν, ἰσθμὸν δὲ μέσον διῳκοδομῆσθαι μεταξὺ τοῦ στήθους τὸν αὐχένα, σφονδύλους τε ὑπεστηρίχθαι φησὶν οἷον στρόφιγγας, καὶ τὴν μὲν ἡδονὴν ἀνθρώποις εἶναι κακοῦ δέλεαρ, γλῶσσαν δὲ γεύσεως δοκίμιον· ἄναμμα δὲ τῶν φλεβῶν τὴν καρδίαν καὶ πηγὴν τοῦ περιφερομένου σφοδρῶς αἵματος, εἰς τὴν δορυφορικὴν οἴκησιν κατατεταγμένην· τὰς δὲ διαδρομὰς τῶν πόρων ὀνομάζει στενωπούς· "τῇ δὲ πηδήσει τῆς καρδίας ἐν τῇ τῶν δεινῶν προσδοκίᾳ καὶ τῇ τοῦ θυμοῦ ἐπεγέρσει, ἐπειδὴ διάπυρος ἦν, ἐπικουρίαν μηχανώμενοι" φησί "τὴν τοῦ πλεύμονος ἰδέαν ἐνεφύτευσαν, μαλακὴν καὶ ἄναιμον καὶ σήραγγας ἐντὸς ἔχουσαν ὁποῖον μάλαγμα, ἵν´ θυμὸς ὁπότ´ ἐν αὐτῇ ζέσῃ πηδῶσα εἰς ὑπεῖκον μὴ λυμαίνηται." καὶ τὴν μὲν τῶν ἐπιθυμιῶν οἴκησιν προσεῖπεν ὡς γυναικωνῖτιν, τὴν τοῦ θυμοῦ δὲ ὥσπερ ἀνδρωνῖτιν· τόν γε μὴν σπλῆνα τῶν ἐντὸς μαγεῖον, ὅθεν πληρούμενος τῶν ἀποκαθαιρομένων μέγας καὶ ὕπουλος αὔξεται. "μετὰ δὲ ταῦτα σαρξὶ πάντα" φησί "κατεσκίασαν, προβολὴν τῶν ἔξωθεν τὴν σάρκα, οἷον τὰ πιλήματα, προθέμενοι·" νομὴν δὲ σαρκῶν ἔφη τὸ αἷμα· "τῆς δὲ τροφῆς ἕνεκα" φησί "διωχέτευσαν τὸ σῶμα, τέμνοντες ὥσπερ ἐν κήποις ὀχετούς, ὡς ἔκ τινος νάματος ἐπιόντος, ἀραιοῦ ὄντος αὐλῶνος τοῦ σώματος, τὰ τῶν φλεβῶν ῥέοι νάματα." ἡνίκα δὲ τελευτὴ παραστῇ, λύεσθαί φησι τὰ τῆς ψυχῆς οἱονεὶ νεὼς πείσματα, μεθεῖσθαί τε αὐτὴν ἐλευθέραν. ταῦτα καὶ τὰ παραπλήσια μυρί´ ἄττα ἐστὶν ἑξῆς· ἀπόχρη ** δεδηλωμένα, ὡς μεγάλαι τε φύσιν εἰσὶν αἱ τροπικαί, καὶ ὡς ὑψηλοποιὸν αἱ μεταφοραί, καὶ ὅτι οἱ παθητικοὶ καὶ φραστικοὶ κατὰ τὸ πλεῖστον αὐταῖς χαίρουσι τόποι. ὅτι μέντοι καὶ χρῆσις τῶν τρόπων, ὥσπερ τἆλλα πάντα καλὰ ἐν λόγοις, προαγωγὸν ἀεὶ πρὸς τὸ ἄμετρον, δῆλον ἤδη, κἂν ἐγὼ μὴ λέγω. ἐπὶ γὰρ τούτοις καὶ τὸν Πλάτωνα οὐχ ἥκιστα διασύρουσι, πολλάκις ὥσπερ ὑπὸ βακχείας τινὸς τῶν λόγων εἰς ἀκράτους καὶ ἀπηνεῖς μεταφορὰς καὶ εἰς ἀλληγορικὸν στόμφον ἐκφερόμενον. "οὐ γὰρ ῥᾴδιον ἐπινοεῖν" φησίν "ὅτι πόλιν εἶναι δεῖ δίκην κρατῆρος κεκερασμένην, οὗ μαινόμενος μὲν οἶνος ἐγκεχυμένος ζεῖ, κολαζόμενος δ´ ὑπὸ νήφοντος ἑτέρου θεοῦ, καλὴν κοινωνίαν λαβών, ἀγαθὸν πόμα καὶ μέτριον ἀπεργάζεται." νήφοντα γάρ, φασί, θεὸν τὸ ὕδωρ λέγειν, κόλασιν δὲ τὴν κρᾶσιν, ποιητοῦ τινος τῷ ὄντι οὐχὶ νήφοντός ἐστι. τοῖς τοιούτοις ἐλαττώμασιν ἐπιχειρῶν ὅμως αὐτὸ καὶ Καικίλιος ἐν τοῖς ὑπὲρ Λυσίου συγγράμμασιν ἀπεθάρρησε τῷ παντὶ Λυσίαν ἀμείνω Πλάτωνος ἀποφήνασθαι, δυσὶ πάθεσι χρησάμενος ἀκρίτοις· φιλῶν γὰρ τὸν Λυσίαν ὡς οὐδ´ αὐτὸς αὑτόν, ὅμως μᾶλλον μισεῖ {τῷ παντὶ} Πλάτωνα Λυσίαν φιλεῖ. πλὴν οὗτος μὲν ὑπὸ φιλονικίας, οὐδὲ τὰ θέματα ὁμολογούμενα, καθάπερ ᾠήθη. ὡς γὰρ ἀναμάρτητον καὶ καθαρὸν τὸν ῥήτορα προφέρει πολλαχῇ διημαρτημένου τοῦ Πλάτωνος· τὸ δ´ ἦν ἄρα οὐχὶ τοιοῦτον, οὐδὲ ὀλίγου δεῖ. [27] CHAPITRE XXVII. Des métaphores. Pour ce qui est du nombre des Métaphores; Cecilius semble être de l'avis de ceux qui n'en souffrent pas plus de deux ou trois tout au plus, pour exprimer une seule chose. Mais Démosthène nous doit encore ici servir de règle. Cet orateur nous fait voir où il y a des occasions ou l’on en peut employer plusieurs à la fois et quand les passions, comme un torrent rapide, les entraînent avec elles nécessairement, et en foule. "Ces hommes malheureux, dit-il quelque part, ces lâches flatteurs, ces furies de la République ont cruellement déchiré leur patrie. Ce sont eux qui dans la débauche ont autrefois vendu à Philippe notre liberté, et qui la vendent encore aujourd'hui à Alexandre, qui mesurant, dis-je tout leur bonheur aux sales plaisirs de leur ventre, à leurs infâmes débordements, ont renversé toutes les bornes de l’honneur, et détruit parmi nous, cette règle où les anciens Grecs faisaient consister toute leur félicité de ne souffrir point de maître". Par cette foule de métaphores, l'orateur décharge ouvertement sa colère contre ces traîtres. Néanmoins Aristote et Théophraste, pour excuser l'audace de ces figures, pensent qu'il est bon d'y apporter ces adoucissements. "Pour ainsi dire". "Pour parler ainsi". "Si j’ose me servir de ces termes". "Pour m’expliquer un peu plus hardiment". En effet, ajoutent-ils, l'excuse est un remède contre les hardiesses du discours, et je suis bien de leur avis. Mais je soutiens pourtant toujours ce que j'ai déjà dit, que le remède le plus naturel contre l'abondance et la hardiesse soit des métaphores, soit des autres figures, c'est de ne les employer qu'à propos, je veux dire, dans les grandes passions, et dans le sublime. Car comme le sublime et le pathétique par leur violence et leur impétuosité emportent naturellement, et entraînent tout avec eux, ils demandent nécessairement des expressions fortes, et ne laissent pas le temps à l'auditeur de s'amuser à chicaner le nombre des métaphores, parce qu'en ce moment il est épris d'une commune fureur avec celui qui parle. Et même pour les lieux communs et les descriptions, il n'y a rien quelquefois qui exprime mieux les choses qu'une foule de métaphores continuées. C'est par elles que nous voyons dans Xénophon une description si pompeuse de l'édifice du corps humain. Platon néanmoins en a fait la peinture d'une manière encore plus divine. Ce dernier appelle la tête une citadelle. Il dit que le cou est un isthme, qui a été mis entre elle et la poitrine. Que les vertèbres sont, comme des gonds sur lesquels elle tourne. Que la volupté est l’amorce de tous les malheurs qui arrivent aux hommes. Que la langue est le juge des faveurs. Que le cœur est la source des veines, la fontaine du sang qui de là se porte avec rapidité dans toutes les autres parties, et qu’il est placé dans une forteresse gardée de tous côtés. Il appelle les pores des rues étroites. Les Dieux poursuit-il, voulant soutenir le battement du cœur que la vue inopinée des choses terribles, ou le mouvement de la colère qui est de feu, lui causent ordinairement; ils ont mis sous lui le poumon dont la substance est molle et n’a point de sang: mais ayant par-dedans de petits trous en forme d’éponge, il sert au cœur comme d’oreiller, afin que quand la colère est enflammée, il ne soit point troublé dans ses fonctions. Il appelle la partie concupiscible, l’appartement de la femme et la partie irascible, l'appartement de l’homme. Il dit que la rate est la cuisine des intestins et qu’étant pleine des ordures du foie, elle s’enfle et devient bouffie. Ensuite, continue-t-il, les Dieux couvrirent toutes ces parties de chair qui leur sert comme de rempart et de défense contre les injures du chaud et du froid, et contre tous les autres accidents. Et elle est, ajoute-t-il comme une laine molle et ramassée qui entoure doucement le corps. Il dit que le sang est la pâture de la chair. Et afin, poursuit-il, que toutes les parties puissent recevoir l’aliment, ils y ont creusé comme dans un jardin, plusieurs canaux, afin que les ruisseaux des veines sortant du cœur, comme de leur source, passent couler dans ces étroits conduits du corps humain. Au reste quand la mort arrive il dit, que les organes se dénouent comme les cordages d'un vaisseau et qu'ils laissent aller l'âme en liberté. Il y en a encore une infinité d'autres ensuite de la même force: mais ce que nous avons dit suffit pour faire voir, combien toutes ces figures sont sublimes d'elles-mêmes: combien, dis-je, les métaphores servent au grand, et de quel usage elles peuvent être dans les endroits pathétiques, et dans les descriptions. Or que ces figures ainsi que toutes les autres élégances du discours portent toujours les choses dans l'excès et c'est ce que l’on remarque assez sans que je le dise. Et c'est pourquoi Platon même n'a pas été peu blâmé, de ce que souvent, comme par une fureur de discours, il se laisse emporter à des métaphores dures et excessives, et à une vaine pompe allégorique. "On ne concevra pas aisément, dit-il en un endroit, qu’il en est d'une ville comme d'un vase, où le vin qu’on verse et qui est d'abord bouillant et furieux, tout d'un coup entrant en société avec une autre divinité sobre qui le châtie, devient doux et bon à boire". D'appeler l'eau une divinité sobre, et de se servir du terme de châtier pour tempérer: En un mot de s’étudier si fort à ces petites finesses, cela sent, disent-ils, son poète qui n'est pas lui-même trop sobre. Et c'est peut-être ce qui a donné sujet à Cecilius de décider si hardiment dans ses Commentaires sur Lysias : que Lysias valait mieux en tout que Platon, poussé par deux sentiments aussi peu raisonnables l'un que l'autre. Car bien qu'il aimât Lysias plus que soi-même, il haïssait encore plus Platon qu'il n’aimait Lysias : si bien que porté de ces deux mouvements, et par un esprit de contradiction, il a avancé plusieurs choses de ces deux auteurs, qui ne sont pas des décisions si souveraines qu'il s'imagine. De fait accusant Platon d'être tombé en plusieurs endroits, il parle de l'autre comme d'un auteur achevé, et qui n'a point de défauts, ce qui bien loin d'être vrai, n'a pas même une ombre de vraisemblance. Et d'ailleurs où trouverons-nous un écrivain qui ne pêche jamais, et où il n'y ait rien à reprendre ?


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Dernière mise à jour : 14/06/2007