[1] Τὸ μὲν τοῦ Καικιλίου συγγραμμάτιον, ὃ περὶ ὕψους συνετάξατο,
ἀνασκοπουμένοις ἡμῖν ὡς οἶσθα κοινῇ, Ποστούμιε Τερεντιανὲ
φίλτατε, ταπεινότερον ἐφάνη τῆς ὅλης ὑποθέσεως καὶ ἥκιστα τῶν
καιρίων ἐφαπτόμενον, οὐ πολλήν τε ὠφέλειαν, ἧς μάλιστα δεῖ
στοχάζεσθαι τὸν γράφοντα, περιποιοῦν τοῖς ἐντυγχάνουσιν, εἴγ´
ἐπὶ πάσης τεχνολογίας δυεῖν ἀπαιτουμένων, προτέρου μὲν τοῦ
δεῖξαι τί τὸ ὑποκείμενον, δευτέρου δὲ τῇ τάξει, τῇ δυνάμει δὲ
κυριωτέρου, πῶς ἂν ἡμῖν αὐτὸ τοῦτο καὶ δι´ ὧν τινων μεθόδων
κτητὸν γένοιτο, ὅμως ὁ Καικίλιος ποῖον μέν τι ὑπάρχει τὸ
ὑψηλὸν διὰ μυρίων ὅσων ὡς ἀγνοοῦσι πειρᾶται δεικνύναι, τὸ δὲ
δι´ ὅτου τρόπου τὰς ἑαυτῶν φύσεις προάγειν ἰσχύοιμεν ἂν εἰς
ποσὴν μεγέθους ἐπίδοσιν οὐκ οἶδ´ ὅπως ὡς οὐκ ἀναγκαῖον
παρέλιπεν· πλὴν ἴσως τουτονὶ μὲν τὸν ἄνδρα οὐχ οὕτως αἰτιᾶσθαι
τῶν ἐκλελειμμένων ὡς αὐτῆς τῆς ἐπινοίας καὶ σπουδῆς ἄξιον ἐπαινεῖν.
ἐπεὶ δὲ ἐνεκελεύσω καὶ ἡμᾶς τι περὶ ὕψους πάντως εἰς σὴν
ὑπομνηματίσασθαι χάριν, φέρε, εἴ τι δὴ δοκοῦμεν ἀνδράσι
πολιτικοῖς τεθεωρηκέναι χρήσιμον ἐπισκεψώμεθα. αὐτὸς δ´ ἡμῖν,
ἑταῖρε, τὰ ἐπὶ μέρους, ὡς πέφυκας καὶ καθήκει, συνεπικρινεῖς
ἀληθέστατα· εὖ γὰρ δὴ ὁ ἀποφηνάμενος τί θεοῖς ὅμοιον ἔχομεν
"εὐεργεσίαν" εἴπας "καὶ ἀλήθειαν." γράφων δὲ πρὸς σέ,
φίλτατε, τὸν παιδείας ἐπιστήμονα, σχεδὸν ἀπήλλαγμαι καὶ τοῦ
διὰ πλειόνων προϋποτίθεσθαι ὡς ἀκρότης καὶ ἐξοχή τις λόγων
ἐστὶ τὰ ὕψη, καὶ ποιητῶν τε οἱ μέγιστοι καὶ συγγραφέων οὐκ
ἄλλοθεν ἢ ἐνθένδε ποθὲν ἐπρώτευσαν καὶ ταῖς ἑαυτῶν περιέβαλον
εὐκλείαις τὸν αἰῶνα. οὐ γὰρ εἰς πειθὼ τοὺς ἀκροωμένους ἀλλ´
εἰς ἔκστασιν ἄγει τὰ ὑπερφυᾶ· πάντη δέ γε σὺν ἐκπλήξει τοῦ
πιθανοῦ καὶ τοῦ πρὸς χάριν ἀεὶ κρατεῖ τὸ θαυμάσιον, εἴγε τὸ μὲν
πιθανὸν ὡς τὰ πολλὰ ἐφ´ ἡμῖν, ταῦτα δὲ δυναστείαν καὶ βίαν
ἄμαχον προσφέροντα παντὸς ἐπάνω τοῦ ἀκροωμένου καθίσταται.
καὶ τὴν μὲν ἐμπειρίαν τῆς εὑρέσεως καὶ τὴν τῶν πραγμάτων
τάξιν καὶ οἰκονομίαν οὐκ ἐξ ἑνὸς οὐδ´ ἐκ δυεῖν, ἐκ δὲ τοῦ ὅλου
τῶν λόγων ὕφους μόλις ἐκφαινομένην ὁρῶμεν, ὕψος δέ που
καιρίως ἐξενεχθὲν τά τε πράγματα δίκην σκηπτοῦ πάντα
διεφόρησε καὶ τὴν τοῦ ῥήτορος εὐθὺς ἀθρόαν ἐνεδείξατο δύναμιν.
ταῦτα γὰρ οἶμαι καὶ τὰ παραπλήσια, Τερεντιανὲ ἥδιστε, κἂν
αὐτὸς ἐκ πείρας ὑφηγήσαιο.
| [1] CHAPITRE PREMIER. Servant de préface à tout l’ouvrage.
Vous savez bien, mon cher Terentianus, que quand nous lûmes ensemble le
petit traité que Cecilius a fait du sublime, nous trouvâmes que la
bassesse de ton style répondait assez mal à la dignité de son sujet : que
les principaux points de cette matière n'y étaient pas touchés, et qu'en un
mot cet ouvrage ne pouvait pas apporter un grand profit aux lecteurs, qui
est néanmoins le but où doit tendre tout homme qui veut écrire.
D'ailleurs, quand on traite d'un art, il y a deux choses à quoi il se faut
toujours étudier. La première est, de bien faire entendre son sujet. La
seconde, que je tiens au fonds la principale, consiste à montrer comment et
par quels moyens ce que nous enseignons se peut acquérir. Cecilius s'est
fort attaché à l'une de ces deux choses : car il s'efforce de montrer par
une infinité de paroles, ce que c'est que le grand et le sublime, comme si
c'était un point fort ignoré : mais il ne dit rien des moyens qui peuvent
porter l’esprit à ce grand et à ce sublime. Il passe cela, je ne sais
pourquoi, comme une chose absolument inutile. Après tout, cet auteur
peut-être n'est-il pas tant à reprendre pour ses fautes, qu'à louer pour
son travail, et pour le dessein qu'il a eu de bien faire. Toutefois,
puisque vous voulez que j'écrive aussi du sublime, voyons, pour l'amour de
vous, si nous n'avons point fait sur cette matière quelque observation
raisonnable, et dont les orateurs puissent tirer quelque sorte d'utilité.
Mais c'est à la charge, mon cher Terentianus, que nous reverrons ensemble
exactement mon ouvrage, et que vous m'en direz votre sentiment avec cette
sincérité que nous devons naturellement à nos amis. Car, comme un sage dit
fort bien si nous avons quelque voie pour nous rendre semblables aux
Dieux, c'est de faire plaisir et de dire la vérité.
Au reste, comme c'est à vous que j'écris, c'est à dire à un homme instruit
de toutes les belles connaissances, je ne m'arrêterai point sur beaucoup
de choses qu'il m'eût fallu établir avant que d'entrer en matière, pour
montrer que le sublime est en effet ce qui forme l'excellence et la
souveraine perfection du discours: que c'est par lui que les grands poètes
et les écrivains les plus fameux ont remporté le prix, et rempli toute la
postérité du bruit de leur gloire.
Car il ne persuade pas proprement, mais il ravit, il transporte, et produit
en nous une certaine admiration méfiée d'étonnement et de surprise, qui est
toute autre chose que de plaire seulement, ou de persuader. Nous pouvons
dire à l'égard de la Persuasion, que pour l'ordinaire, elle n'a sur nous
qu'autant de puissance que nous voulons. Il n'en est pas ainsi du sublime
: il donne au discours une certaine vigueur noble, une force invincible,
qui enlevé l'âme de quiconque nous écoute. Il ne suffit pas d'un endroit
ou deux dans un ouvrage, pour vous faire remarquer la finesse de
l’invention, la beauté de l’économie et de la disposition C'est avec peine
que cette justesse se fait remarquer par toute la suite même du discours.
Mais quand le sublime vient à paraître où il faut ; il renverse tout comme
un foudre, et présente d'abord toutes les forces de l'Orateur ramassées
ensemble. Mais ce que je dis ici, et tout ce que je pourrais dire de
semblable serait fort inutile pour vous, qui savez ces choses par
expérience, et qui m'en feriez au besoin à moi-même des leçons.
|