HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre V

Chapitre 22

  Chapitre 22

[5,22] Ἐπεὶ δὲ δείπνου πρὸς ὀλίγον μεταλαβόντες εἰς ὕπνον ἐτράπημεν, ὄναρ μοί τις πρεσβύτης ἐφαίνετο τὰ μὲν ἄλλα κατεσκληκὼς ἐπιγουνίδα δέ, λείψανον τῆς ἐφ´ ἡλικίας ἰσχύος, ἀνεσταλμένου ζώματος ὑποφαίνων, κυνῆν μὲν τῆς κεφαλῆς ἐπικείμενος ἀγχίνουν δὲ ἅμα καὶ πολύτροπον περισκοπούμενος καὶ οἷον ἐκ πληγῆς τινος μηρὸν σκάζοντα παρέλκων. Πλησιάσας δή μοι καὶ σεσηρός τι μειδιάσας » θαυμάσιε« ἔφη, »σὺ δὲ μόνος ἐν οὐδενὸς λόγου μέρει τέθεισαι τὰ καθ´ ἡμᾶς, ἀλλὰ πάντων ὅσοι δὴ τὴν Κεφαλλήνων παρέπλευσαν οἶκόν τε τὸν ἡμέτερον ἐπισκεψαμένων καὶ δόξαν γνῶναι τὴν ἡμετέραν ἐν σπουδῇ θεμένων αὐτὸς οὕτως ὀλιγώρως ἔσχηκας ὡς μηδὲ τοῦτο δὴ τὸ κοινὸν προσειπεῖν, ἐν γειτόνων καὶ ταῦτα οἰκοῦντα. Τοιγάρτοι τούτων ὑφέξεις οὐκ εἰς μακρὰν τὴν δίκην καὶ τῶν ὁμοίων ἐμοὶ παθῶν αἰσθήσῃ, θαλάττῃ τε ἅμα καὶ γῇ πολεμίοις ἐντυγχάνων· τὴν κόρην δὲ ἣν ἄγεις παρὰ τῆς ἐμῆς γαμετῆς πρόσειπε, χαίρειν γὰρ αὐτῇ φησι διότι πάντων ἐπίπροσθεν ἄγει τὴν σωφροσύνην καὶ τέλος αὐτῇ δεξιὸν εὐαγγελίζεταιἈνηλάμην ὑπὸ τῆς ὄψεως παλλόμενος καὶ τοῦ Θεαγένους τι πέπονθα ἐρομένου »Τάχα« ἔφην »ὠψίσθημεν τῆς ἀναγωγῆς καὶ τεθορύβημαι ἀφυπνίσας πρὸς τὴν ἔννοιαν· ἀλλ´ αὐτός τε ἀνίστω καὶ τὰ ὄντα συσκευάζου τὴν Χαρίκλειάν τε ἐγὼ μετελεύσομαιΠαρῆν παῖς ἐμοῦ τοῦτο σημήναντος καὶ Τυρρηνὸς αἰσθόμενος διανέστη καὶ τὸ γινόμενον ἐπυνθάνετο. Κἀγὼ »Τὸ μὲν γινόμενον ἔστιν« ἔλεγον » σὴ συμβουλή· διαδρᾶναι πειρώμεθα τοὺς ἐπιβουλεύοντας· σὺ δὲ αὐτός τε σῴζοιο πρὸς τῶν θεῶν, ἀνδρῶν βέλτιστος περὶ ἡμᾶς γεγενημένος, καὶ τήνδε δίδου τελευταίαν χάριν· θῦε διαπλεύσας εἰς Ἰθάκην ὑπὲρ ἡμῶν Ὀδυσσεῖ καὶ αἴτει τῆς μήνιδος ἀνεῖναι τῆς καθ´ ἡμῶν ἣν ἀγανακτεῖν ὡς παρεωραμένος τῆσδέ μοι τῆς νυκτὸς ἐπιφανεὶς ἐξηγόρευσενἘπηγγέλλετο ποιήσειν οὕτω καὶ ἄχρι τῆς νεὼς παρέπεμπεν ἐπιδακρύων τε πλεῖστα καὶ τὸν πλοῦν ἡμῖν ἀπήμονά τε γενέσθαι καὶ κατὰ νοῦν ἐπευχόμενος. Τί δεῖ μηκύνοντα ἐνοχλεῖν; ἄρτι φωσφόρου διαλάμψαντος ἀνηγόμεθα, πολλὰ μὲν τῶν ναυτῶν τὴν πρώτην ἐναντιουμένων τέλος δὲ πρὸς τοῦ Τυρίου τοῦ ἐμπόρου πεισθέντων λῃστρικὴν προαγορευθεῖσαν ἔφοδον διαδιδράσκειν εἰπόντος· καὶ μὲν ἐλάνθανεν τὰ ὄντα ὡς πλάσμα λέγων. Ἡμεῖς δὲ πνεύμασι βιαίοις χρησάμενοι ζάλης τε ἀπροσμάχου καὶ κλύδωνος ἀφράστου πειραθέντες ἀπολέσθαι τε παρὰ μικρὸν ἐλθόντες εἰς ἄκραν τινὰ Κρητικὴν προσωκείλαμεν, τῶν τε πηδαλίων θάτερον ἀποβαλόντες καὶ τῆς κεραίας τὸ πλεῖστον συντρίψαντες· ἐδόκει οὖν ἐπισκευῆς τε ἕνεκεν τῆς ὁλκάδος καὶ ἡμῶν αὐτῶν ἀναλήψεως ἡμέρας τινὰς ἐπιμεῖναι ἐν τῇ νήσῳ. Καὶ τούτων οὕτω γενομένων πλοῦς ἡμῖν αὖθις παρηγγέλλετο πρώτην ἡμέραν τῆς σεληναίας μετὰ τὴν πρὸς ἥλιον σύνοδον ἐπιλαμπούσης· καὶ ἀναχθέντες ἤδη ζεφύρων ἐαρινῶν ὑπηχούντων ἐφερόμεθα νύκτα τε καὶ ἡμέραν ἐπὶ τὴν Λιβύων γῆν τοῦ κυβερνήτου τὴν ὁλκάδα χειραγωγοῦντος· ἔφασκε γὰρ ἐνδέχεσθαι μὲν εὐθυβόλως καὶ διαμπὰξ περαιωθῆναι τὸ πέλαγος τοῦ πνεύματος ἐπιτρέποντος ἐπείγεσθαι δὲ λαβέσθαι τινὸς ἠπείρου καὶ ὅρμου, πειρατικὸν εἶναι τὸ ἐκ πρύμνης ἀναφαῖνον ἀκάτιον ὑφορώμενος. »Ἐξ οὗ γὰρ« ἔφη »τῆς Κρητικῆς ἤραμεν ἄκρας ἕπεται κατ´ ἴχνος καὶ ἀπαράλλακτον μεταθέει τὸν ἡμέτερον πλοῦν ὥσπερ τῆς αὐτῆς ὁρμῆς ἐξηρτημένον, ἐφώρασά τε πολλάκις συμπαραφερόμενον, ἐμοῦ τὴν ναῦν ἐξεπίτηδες ἔστιν ὅτε τοῦ εὐθέος παρατρέποντος[5,22] Lorsque nous eûmes dîné et que nous nous fûmes, peu de temps après, retirés pour dormir, je vis, en rêve, un vieillard desséché mais dont le manteau relevé laissait voir une cuisse qui conservait les restes de la vigueur qui avait été celle de sa jeunesse; sur sa tête, un casque en peau de chien; son regard dénotait une vive intelligence, et l'astuce; et il traînait la jambe, comme s'il avait été blessé. Il s'approcha de moi et me dit avec un sourire narquois : « Mon cher ami, tu es le seul à n'avoir aucune estime pour moi; tous ceux qui passent par Céphallénie viennent visiter ma patrie et témoignent d'un grand empressement à célébrer ma gloire, tandis que toi tu me tiens en si piètre estime que tu n'as même pas eu pour moi le plus banal mot de politesse, et cela alors que tu habitais chez mes voisins. Mais tu en seras puni avant peu et tu souffriras les mêmes maux que moi; la mer et la terre te seront également hostiles. Quant à la jeune fille que tu emmènes avec toi, salue-la de la part de ma femme, qui lui souhaite le bonheur parce qu'elle met la chasteté au-dessus de tout, et elle lui fait dire que tout finira bien pour elle. » Je me réveillai en sursaut, terrifié de cette vision, et comme Théagène me demandait ce que j'avais, je lui dis : « Je me demandais si nous n'étions pas en retard pour nous embarquer, et c'est cette idée qui m'a troublé lorsque je me suis éveillé. Lève-toi, prépare nos affaires; je vais appeler Chariclée. » La petite ne tarda pas à venir à mon appel; Tyrrhénos, qui entendit, se leva et demanda ce qui se passait. Et moi : « Ce qui se passe, lui dis-je, c'est que nous suivons ton conseil. Nous tentons d'échapper aux ennemis qui nous guettent; quant à toi, puissent les dieux te protéger, toi qui as été pour nous le meilleur des hommes. Rends-nous encore un dernier service : va à Ithaque et offre en notre nom un sacrifice à Ulysse, demande-lui de renoncer à la colère et à l'indignation qu'il a contre nous, parce qu'il croit que nous le méprisons : il m'est apparu cette nuit pour me le dire. » Il me promit de le faire et il nous accompagna jusqu'au bateau avec bien des larmes, demandant au ciel de nous accorder une traversée heureuse et telle que nous la souhaitions. Mais à quoi bon vous ennuyer de tous ces détails ? L'Etoile du Matin commençait à briller lorsque nous appareillâmes; les marins avaient commencé par manifester une vive opposition mais finalement ils s'étaient laissés persuader par le marchand tyrien qui leur avait dit qu'il cherchait à éviter une attaque de pirates dont on l'avait prévenu. Et il ne savait pas que son mensonge était, en fait, la vérité. Nous rencontrâmes d'abord des vents violents et nous dûmes essuyer un ouragan terrible et des vagues épouvantables, qui nous mirent à deux doigts de périr; mais nous pûmes nous abriter derrière un promontoire de Crète; de nos deux avirons de gouverne, l'un avait été arrachés et la plus grande partie des vergues brisée. Nous décidâmes donc de faire relâche plusieurs jours dans l'île, pour réparer le bateau et aussi nous reposer nous-mêmes. C'est ce que nous fîmes; puis, l'ordre fut donné d'appareiller le premier jour après la nouvelle lune, et, dès que nous fûmes au large, nous fûmes entraînés par les brises printanières qui commençaient à chanter tout autour de nous et, jour et nuit, le pilote maintenait le navire dans la direction de l'Afrique. Il affirmait qu'il serait possible de faire la traversée tout droit, et sans escale, et que le vent nous le permettrait, que, de plus, il avait hâte de rencontrer une côte et un mouillage, car il soupçonnait que c'était un brigantin de pirates que l'on distinguait par notre arrière. « Depuis que nous avons quitté le promontoire de Crète, dit-il, il nous suit à la trace et conserve exactement la même route que nous, comme s'il était attaché à notre sillage, et j'ai souvent observé qu'il changeait de cap en même temps que nous, lorsque parfois je faisais dévier exprès le navire de la route droite. »


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Dernière mise à jour : 28/02/2007