[39] Τὰ μὲν γὰρ λοιπὰ τῶν τικτομένων τῇ ὁρμῇ τῶν
ἀπογεννώντων ὑφίσταται, ὁ δὲ πνευματικὸς τόκος τῆς
ἐξουσίας ἤρτηται τοῦ τικτομένου. ἐπειδὴ τοίνυν ἐν τούτῳ
ἐστὶν ὁ κίνδυνος, ἐν τῷ μὴ διαμαρτεῖν τοῦ συμφέροντος,
κατ´ ἐξουσίαν προκειμένης παντὶ τῆς αἱρέσεως, καλῶς
ἔχειν φημὶ τὸν πρὸς τὴν γέννησιν τὴν ἰδίαν ὁρμῶντα
προδιαγνῶναι τῷ λογισμῷ, τίς αὐτῷ λυσιτελήσει πατὴρ
καὶ ἐκ τίνος ἄμεινον αὐτῷ συστῆναι τὴν φύσιν· εἴρηται
γὰρ ὅτι κατ´ ἐξουσίαν τοὺς γεννήτορας ὁ τοιοῦτος αἱρεῖται
τόκος. διχῆ τοίνυν τῶν ὄντων μεμερισμένων εἰς τὸ κτιστὸν
καὶ τὸ ἄκτιστον, καὶ τῆς μὲν ἀκτίστου φύσεως τὸ ἄτρεπτόν
τε καὶ ἀμετάθετον ἐν ἑαυτῇ κεκτημένης, τῆς δὲ κτίσεως
πρὸς τροπὴν ἀλλοιουμένης, ὁ κατὰ λογισμὸν τὸ λυσιτελοῦν
προαιρούμενος τίνος αἱρήσεται μᾶλλον γενέσθαι τέκνον,
τῆς ἐν τροπῇ θεωρουμένης ἢ τῆς ἀμετάστατόν τε καὶ
παγίαν καὶ ἀεὶ ὡσαύτως ἔχουσαν ἐν τῷ ἀγαθῷ κεκτημένης
τὴν φύσιν; ἐπεὶ οὖν ἐν τῷ εὐαγγελίῳ τὰ τρία παραδέδοται πρόσωπά τε καὶ ὀνόματα δι´ ὧν ἡ γέννησις τοῖς
πιστεύουσι γίνεται, γεννᾶται δὲ κατὰ τὸ ἴσον ὁ ἐν τῇ
τριάδι γεννώμενος παρὰ πατρός τε καὶ υἱοῦ καὶ πνεύματος
ἁγίου· οὕτω γάρ φησι περὶ τοῦ πνεύματος τὸ εὐαγγέλιον
ὅτι Τὸ γεγεννημένον ἐκ τοῦ πνεύματος πνεῦμά ἐστι, καὶ
ὁ Παῦλος ἐν Χριστῷ γεννᾷ, καὶ Ὁ πατὴρ πάντων ἐστὶ
πατήρ· ἐνταῦθά μοι νηφέτω τοῦ ἀκροατοῦ ἡ διάνοια,
μὴ τῆς ἀστατούσης φύσεως ἑαυτὴν ἔκγονον ποιήσῃ, ἐξὸν
τὴν ἄτρεπτόν τε καὶ ἀναλλοίωτον ἀρχηγὸν ποιήσασθαι
τῆς ἰδίας ζωῆς. κατὰ γὰρ τὴν διάθεσιν τῆς καρδίας τοῦ
προσιόντος τῇ οἰκονομίᾳ καὶ τὸ γινόμενον τὴν δύναμιν
ἔχει, ὥστε τὸν μὲν ἄκτιστον ὁμολογοῦντα τὴν ἁγίαν τριάδα
εἰς τὴν ἄτρεπτόν τε καὶ ἀναλλοίωτον εἰσελθεῖν ζωήν, τὸν
δὲ τὴν κτιστὴν φύσιν ἐν τῇ τριάδι διὰ τῆς ἠπατημένης
ὑπολήψεως βλέποντα, ἔπειτα ἐν αὐτῇ βαπτιζόμενον, πάλιν
τῷ τρεπτῷ τε καὶ ἀλλοιουμένῳ ἐγγεννηθῆναι βίῳ· τῇ γὰρ
τῶν γεννώντων φύσει κατ´ ἀνάγκην ὁμογενές ἐστι καὶ τὸ
τικτόμενον. τί οὖν ἂν εἴη λυσιτελέστερον, εἰς τὴν ἄτρεπτον
ζωὴν εἰσελθεῖν ἢ πάλιν τῷ ἀστατοῦντι καὶ ἀλλοιουμένῳ ἐγκυματοῦσθαι βίῳ; ἐπεὶ οὖν παντὶ δῆλόν ἐστι
τῷ καὶ ὁπωσοῦν διανοίας μετέχοντι, ὅτι τὸ ἑστὼς τοῦ
μὴ ἑστῶτος παρὰ πολὺ τιμιώτερον, καὶ τοῦ ἐλλιποῦς τὸ
τέλειον, καὶ τοῦ δεομένου τὸ μὴ δεόμενον, καὶ τοῦ διὰ
προκοπῆς ἀνιόντος τὸ μὴ ἔχον εἰς ὅ τι προέλθῃ, ἀλλ´
ἐπὶ τῆς τελειότητος τοῦ ἀγαθοῦ μένον ἀεί, ἐπάναγκες ἂν εἴη
ἓν ἐξ ἀμφοτέρων αἱρεῖσθαι πάντως τόν γε νοῦν ἔχοντα,
ἢ τῆς ἀκτίστου φύσεως εἶναι πιστεύειν τὴν ἁγίαν τριάδα
καὶ οὕτως ἀρχηγὸν διὰ τῆς πνευματικῆς γεννήσεως
ποιεῖσθαι τῆς ἰδίας ζωῆς, ἤ, εἰ ἔξω τῆς τοῦ πρώτου
καὶ ἀληθινοῦ καὶ ἀγαθοῦ θεοῦ φύσεως, τῆς τοῦ πατρὸς
λέγω, νομίζοι εἶναι τὸν υἱὸν ἢ τὸ πνεῦμα τὸ ἅγιον, μὴ
συμπαραλαμβάνειν τὴν εἰς ταῦτα πίστιν ἐν τῷ καιρῷ
τῆς γεννήσεως, μήποτε λάθῃ τῇ ἐλλιπεῖ φύσει καὶ δεομένῃ
τοῦ ἀγαθύνοντος ἑαυτὸν εἰσποιῶν καὶ τρόπον τινὰ πάλιν
εἰς τὸ ὁμογενὲς ἑαυτὸν εἰσαγάγῃ, τῆς ὑπερεχούσης φύσεως
ἀποστήσας τὴν πίστιν. ὁ γάρ τινι τῶν κτιστῶν ἑαυτὸν
ὑποζεύξας λέληθεν εἰς αὐτὸ καὶ οὐκ εἰς τὸ θεῖον τὴν
ἐλπίδα τῆς σωτηρίας ἔχων. πᾶσα γὰρ ἡ κτίσις τῷ κατὰ
τὸ ἴσον ἐκ τοῦ μὴ ὄντος εἰς τὸ εἶναι προήκειν οἰκείως
πρὸς ἑαυτὴν ἔχει· καὶ ὥσπερ ἐπὶ τῆς τῶν σωμάτων
κατασκευῆς πάντα τὰ μέλη πρὸς ἑαυτὰ συμφυῶς ἔχει,
κἂν τὰ μὲν ὑποβεβηκότα, τὰ δὲ ὑπερανεστῶτα τύχῃ,
οὕτως ἡ κτιστὴ φύσις ἥνωται πρὸς ἑαυτὴν κατὰ τὸν λόγον
τῆς κτίσεως καὶ οὐδὲν ἡ κατὰ τὸ ὑπερέχον καὶ ἐνδέον ἐν
ἡμῖν διαφορὰ διίστησιν αὐτὴν τῆς πρὸς ἑαυτὴν συμφυίας·
ὧν γὰρ ἐπ´ ἴσης προεπινοεῖται ἡ ἀνυπαρξία, κἂν ἐν τοῖς
ἄλλοις τὸ διάφορον ᾖ, οὐδεμίαν κατὰ τὸ μέρος τοῦτο τῆς
φύσεως παραλλαγὴν ἐξευρίσκομεν. εἰ οὖν κτιστὸς μὲν
ὁ ἄνθρωπος, κτιστὸν δὲ καὶ τὸ πνεῦμα καὶ τὸν μονογενῆ
θεὸν εἶναι νομίζοι, μάταιος ἂν εἴη ἐν ἐλπίδι τῆς ἐπὶ τὸ
κρεῖττον μεταστάσεως, πρὸς ἑαυτὸν ἀναλύων. ὅμοιον γὰρ
ταῖς τοῦ Νικοδήμου ὑπολήψεσίν ἐστι τὸ γινόμενον, ὃς
περὶ τοῦ δεῖν ἄνωθεν γεννηθῆναι παρὰ τοῦ κυρίου μαθὼν
διὰ τὸ μήπω χωρῆσαι τοῦ μυστηρίου τὸν λόγον ἐπὶ τὸν
μητρῷον κόλπον τοῖς λογισμοῖς κατεσύρετο. ὥστε εἰ μὴ
πρὸς τὴν ἄκτιστον φύσιν, ἀλλὰ πρὸς τὴν συγγενῆ καὶ
ὁμόδουλον κτίσιν ἑαυτὸν ἀπάγοι, τῆς κάτωθεν, οὐ τῆς ἄνωθέν
ἐστι γεννήσεως. φησὶ δὲ τὸ εὐαγγέλιον ἄνωθεν εἶναι τῶν
σωζομένων τὴν γέννησιν.
| [39] XXXIX. Les autres êtres qui naissent doivent en effet l'existence à l'impulsion
de leurs parents, tandis que la naissance spirituelle dépend de la volonté de
celui qui naît. Mais dans ce dernier cas, le danger est de se tromper sur son
intérêt, puisque chacun est libre dans son choix ; il est donc bon, je le dis,
que celui qui veut être l'auteur de sa propre naissance, connaisse d'avance par
le raisonnement qui il lui sera avantageux d'avoir pour père, et de qui il
vaudra mieux pour lui tenir sa nature ; on a dit en effet que cette sorte de
naissance choisit librement ses parents.
(2) Or comme le monde est divisé en deux parts, l'élément créé et l'élément
incréé, et que la nature incréée possède en soi la stabilité et l'immutabilité,
tandis que la création est sujette à l'altération et au changement, celui qui
choisit avec réflexion le parti avantageux, de qui préfèrera-t-il être le fils,
de la nature que l’on voit en proie au changement, ou de l'élément qui possède
une nature immuable et ferme dans le bien, et toujours semblable à elle-même ?
(3) L'Evangile fait connaître les trois personnes et les trois noms par lesquels
s'opère la naissance chez les croyants : celui qui est engendré dans la Trinité
est également engendré par le Père, par le Fils et par le Saint-Esprit, car
l'Evangile dit de l'Esprit : ce qui est né de l'Esprit est Esprit, et : Paul
engendre dans le Christ, et : le Père est père de tous. Qu'ici donc la raison de
l'auditeur montre sa sagesse, et qu'elle n'aille pas se faire la fille de la
nature toujours en proie au mouvement, quand elle peut prendre pour source de sa
propre existence la nature stable et immuable.
(4) La vertu de l'acte accompli est en effet en rapport avec la disposition de
l'âme qui s'approche du sacrement. Par suite, si elle reconnaît le caractère
incréé de la sainte Trinité, elle entre dans la vie stable et immuable, tandis
que si une conception erronée lui fait voir dans la Trinité la nature créée, et
si elle reçoit dans cette idée le baptême, elle se trouve naître de nouveau à
l'existence changeante et en proie à l'altération : car l'être engendré partage
nécessairement la nature des parents.
(5) Qu'y aura-t-il donc de plus avantageux d'entrer dans la vie immuable, ou
d'être de nouveau ballotté sur les flots d'une existence instable et changeante?
Pour quiconque a la moindre parcelle de raison, la stabilité a beaucoup plus de
prix que l'instabilité, la perfection que l'imperfection, ce qui est sans besoin
que ce qui a des besoins, et l'être dont l'élévation se fait progressivement est
inférieur en dignité à celui qui n'a pas de progrès à réaliser, et qui reste
immuable dans la perfection. Un esprit sensé sera donc bien forcé, en tout cas,
de choisir entre les deux partis : ou de croire que la sainte Trinité rentre
dans la nature incréée, et ainsi de la prendre, dans la naissance spirituelle,
pour source de sa propre vie, —ou bien, s'il regarde le Fils et le Saint-Esprit
comme étrangers à la nature du Dieu qui a le premier rang, du Dieu véritable et
bon, — je veux dire à la nature du Père, de ne pas adopter ces croyances au
moment de sa naissance, s'il ne veut pas entrer à son insu dans la nature
imparfaite, qui a besoin d'amélioration, et revenir en quelque sorte à son
milieu naturel, en détachant sa foi de la nature supérieure.
(6) Se mettre en effet sous la dépendance de quelque objet créé, c'est placer, à
son insu, l'espoir de son salut dans cet objet même, et non dans la divinité.
Car dans la création, tout se tient étroitement, parce que tout passe au même
degré du néant à l'être. Et de même que dans la structure des corps, une étroite
affinité unit entre eux tous les membres, que les uns se trouvent à la partie
supérieure, et les autres à la partie inférieure du corps, de même la nature
créée ne fait qu'un dans le plan de la création, et la différence qui sépare en
nous l'élément supérieur de l'élément inférieur n'introduit aucune désunion dans
sa cohésion interne. Les choses qui ont été d'abord conçues comme également
dépourvues d'existence, même si elles diffèrent sur d'autres points, ne nous
découvrent sur celui-là aucune différence de nature.
(7) Si donc l'homme est créé, et s'il regarde aussi ! comme des créatures
l'Esprit et Dieu le Fils unique, il serait insensé d'espérer un changement qui
l'amènerait à la vie supérieure, alors qu'il revient à lui-même. Ce qui lui
arrive est semblable aux idées que se faisait Nicodème. Apprenant du Seigneur
qu'il faut naître d'en haut, et ne comprenant pas le sens de la révélation, il
se trouvait ramené par ses raisonnements au sein maternel. De sorte que s'il se
dirige, non vers la nature incréée, mais vers la création qui partage son
origine et sa servitude, il appartient à la naissance qui vient d'en bas, et non
à celle qui vient d'en haut. Or l'Evangile dit que la naissance des créatures
envoie de salut vient d'en haut.
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