[12,9] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Θʹ.
ΟΤΙ ΔΕΟΙ ΦΕΥΓΕΙΝ ΤΑΣ ΑΡΧΑΣ· ΑΠΟ ΤΟΥ ΠΡΩΤΟΥ ΤΗΣ ΠΟΛΙΤΕΙΑΣ
Τῆς παρ´ Ἑβραίοις γραφῆς πρῶτον εἰσαγούσης Μωσέα παραιτούμενον τὴν τοῦ
λαοῦ προστασίαν δι´ ὧν πρὸς τὸν χρηματίζοντα ἔφησε· « Δέομαι, κύριε,
προχείρισαι ἄλλον τὸν δυνάμενον, ὃν ἀποστελεῖς » κἄπειτα τὸν Σαοὺλ
κρυπταζόμενον πρὸς τὸ μὴ ἀναδέξασθαι τὴν βασιλείαν καὶ τὸν προφήτην
Ἱερεμίαν ὑποπαραιτούμενον, ἐπάκουσον ὅπως καὶ ὁ Πλάτων τὸ εὔλογον τῆς
παραιτήσεως συνίστησι, λέγων οὕτως·
« Οὐκοῦν, ὦ Θρασύμαχε, τοῦτο ἤδη δῆλον, ὅτι οὐδεμία τέχνη οὐδὲ ἀρχὴ τὸ
αὑτῇ ὠφέλιμον παρασκευάζει, ἀλλ´, ὅπερ πάλαι ἐλέγετο, τὸ τῷ ἀρχομένῳ καὶ
παρασκευάζει καὶ ἐπιτάττει, τὸ ἐκείνου ξυμφέρον ἐλάττονος ὄντος σκοποῦσα,
ἀλλ´ οὐ τὸ τοῦ κρείττονος. Διὰ δὴ ταῦτα ἔγωγε, ὦ φίλε Θρασύμαχε, καὶ ἄρτι
ἔλεγον μηδένα ἐθέλειν ἑκόντα ἄρχειν καὶ τὰ ἀλλότρια κακὰ μεταχειρίζεσθαι
ἐπανορθοῦντα, ἀλλὰ μισθὸν αἰτεῖν, ὅτι μέλλων καλῶς τῇ τέχνῃ πράξειν
οὐδέποτε αὑτῷ τὸ βέλτιστον πράττει οὐδ´ ἐπιτάττει κατὰ τὴν τέχνην
ἐπιτάττων, ἀλλὰ τῷ ἀρχομένῳ. Ὧν δὴ ἕνεκα, ὡς ἔοικε, μισθὸν δεῖ ὑπάρχειν
τοῖς μέλλουσιν ἐθελήσειν ἄρχειν, ἢ ἀργύριον ἢ τιμήν, ἢ ζημίαν, ἐὰν μὴ
ἄρχῃ. »
| [12,9] CHAPITRE IX.
QUE L'ON DOIT FUIR LES EMPLOIS PUBLICS.
L'Ecriture des Hébreux, nous présentant Moïse pour la première fois, nous
le fait voir comme demandant à Dieu d'éloigner de lui le soin de conduire
son peuple. Voici comme il répond à la voix divine qui l'en charge.
«Je vous supplie Seigneur, chargez-en un autre plus capable que moi, que
vous députerez vers le peuple. » Ensuite elle nous montre Saül se cachant
pour ne pas accepter la royauté, et le prophète Jérémie cherchant à se
soustraire. Ecoutez maintenant en quels termes Platon appuie sur la
bienséance d'un pareil refus, en disant : « Il est donc évident, ô
Thrasymaque, qu'il n'existe point d'art ni de magistrature qui prépare ce
qui doit lui être utile ; mais ce que nous avons déjà dit depuis
longtemps, elle prépare et commande ce qui doit être utile à ceux qui lui
sont subordonnés; ne considérant que l'intérêt des inférieurs et non celui
des supérieurs. C'est pourquoi, comme je le disais tout à l'heure, ô mon
cher Thrasymaque, personne ne doit, de gaîté de cœur, s'offrir pour
commander, et pour corriger les fautes des autres, en prenant le maniement
des affaires ; ou bien il doit demander un salaire, parce que celui qui se
propose d'exercer convenablement un art, dans les injonctions qu'il fera
relativement à cet art, n'envisagera jamais l'avantage qui en résulterait
pour lui, mais pour ceux à qui il commande. Telle est, à ce qu'il me
semble, la raison pour laquelle une rémunération doit être assignée à ceux
qui consentiront à accepter une magistrature, soit en argent, soit en
honneur, ou bien une peine sera attachée au refus de la prendre. »
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