[1,16] XVI. 1. Τὴν μὲν δὴ πρώτην οἴκησιν οἱ Ἀβοριγῖνες ἐν τούτοις λέγονται
ποιήσασθαι τοῖς τόποις, ἐξελάσαντες ἐξ αὐτῶν Ὀμβρικούς. Ἐντεῦθεν δὲ
ὁρμώμενοι τοῖς τε ἄλλοις βαρβάροις καὶ πάντων μάλιστα Σικελοῖς
ὁμοτέρμοσιν οὖσιν ὑπὲρ τῆς χώρας ἐπολέμουν, τὸ μὲν πρῶτον ἱερά τις
ἐξελθοῦσα νεότης, ἄνδρες ὀλίγοι κατὰ βίου ζήτησιν ὑπὸ τῶν γειναμένων
ἀποσταλέντες, ἔθος ἐκπληροῦντες ἀρχαῖον, ᾧ πολλοὺς βαρβάρων τε καὶ
Ἑλλήνων ἐπίσταμαι χρησαμένους.
2. Ὁπότε γὰρ εἰς ὄχλου πλῆθος ἐπίδοσιν αἱ πόλεις τισὶ λάβοιεν ὥστε μηκέτι
τὰς οἰκείας τροφὰς ἅπασιν εἶναι διαρκεῖς, ἢ κακωθεῖσα ταῖς οὐρανίοις
μεταβολαῖς ἡ γῆ σπανίους τοὺς εἰωθότας καρποὺς ἐξενέγκειεν, ἢ τοιόνδε τι
πάθος ἄλλο τὰς πόλεις κατασχὸν εἴτε ἄμεινον εἴτε χεῖρον ἀνάγκην
ἐπιστήσειε μειώσεως τοῦ πλήθους, θεῶν ὅτῳ δὴ καθιεροῦντες ἀνθρώπων
ἐτείους γονὰς ἐξέπεμπον ὅπλοις κοσμήσαντες ἐκ τῆς σφετέρας· εἰ μὲν ὑπὲρ
εὐανδρίας ἢ νίκης ἐκ πολέμου χαριστήρια θεοῖς ἀποδιδοῖεν, προθύοντες ἱερὰ
τὰ νομιζόμενα, εὐφήμοις οἰωνοῖς τὰς ἀποικίας προπέμποντες· εἰ δ´ ἐπὶ
μηνίμασι δαιμονίοις ἀπαλλαγὰς αἰτούμενοι τῶν κατεχόντων σφᾶς κακῶν τὸ
παραπλήσιον δρῷεν, αὐτοί τε ἀχθόμενοι καὶ συγγνώμονας ἀξιοῦντες
γενέσθαι τοὺς ἀπελαυνομένους.
3. Οἱ δὲ ἀπαναστάντες ὡς οὐκέτι τῆς πατρῴας γῆς μεταληψόμενοι, εἰ μὴ
κτήσαιντο ἑτέραν, τὴν ὑποδεξαμένην αὐτοὺς εἴτε πρὸς φιλίαν εἴτε ἐν πολέμῳ
κρατηθεῖσαν πατρίδα ἐποιοῦντο· ὅ τε θεὸς, ᾧ κατονομασθεῖεν
ἀπελαυνόμενοι, συλλαμβάνειν αὐτοῖς ὡς τὰ πολλὰ ἐδόκει καὶ παρὰ τὴν
ἀνθρωπίνην δόξαν κατορθοῦν τὰς ἀποικίας.
4. Τούτῳ δὴ τῷ νόμῳ χρώμενοι καὶ τότε τῶν Ἀβοριγίνων τινὲς ἀνθούντων
ἀνδράσι τῶν χωρίων (κτείνειν γὰρ οὐδένα τῶν ἐκγόνων ἠξίουν, ἄγους
οὐδενὸς ἔλαττον τοῦτο τιθέμενοι), θεῶν ὅτῳ δὴ καθιερώσαντες ἐνιαυσίους
γονὰς ἀνδρωθέντας ἀποικίζουσι τοὺς παῖδας ἐκ τῆς σφετέρας, οἳ τοὺς
Σικελοὺς ἄγοντές τε καὶ φέροντες διετέλουν, ἐπειδὴ τὴν ἑαυτῶν ἐξέλιπον.
5. Ὡς δ´ ἅπαξ οὗτοι χωρίων τινῶν τῆς πολεμίας ἐκράτησαν, ἐκ τοῦ
ἀσφαλεστέρου ἤδη καὶ οἱ λοιποὶ Ἀβοριγῖνες οἱ δεόμενοι γῆς κατὰ σφᾶς
ἕκαστοι ἐπεχείρουν τοῖς ὁμόροις καὶ πόλεις ἔκτισαν ἄλλας τέ τινας καὶ τὰς
μέχρι τοῦδε οἰκουμένας, Ἀντεμνάτας καὶ Τελληνεῖς καὶ Φικολνέους τοὺς πρὸς
τοῖς καλουμένοις Κορνίκλοις ὄρεσι καὶ Τιβουρτίνους, παρ´ οἷς ἔτι καὶ εἰς τόδε
χρόνου μέρος τι τῆς πόλεως ὀνομάζεται Σικελικόν· καὶ ἦσαν ἁπάντων
μάλιστα τῶν προσοικούντων λυπηροὶ τοῖς Σικελοῖς. ἀνίσταται δὲ ἐκ τούτων
τῶν διαφορῶν τοῖς ἔθνεσιν ὅλοις πόλεμος ὅσος οὐδεὶς τῶν πρότερον
γενομένων ἐν Ἰταλίᾳ, καὶ προῆλθεν ἄχρι πολλοῦ χρόνου μηκυνόμενος.
| [1,16] XVI. 1. On dit que les Aborigènes se sont installés d'abord dans cette région,
après qu'ils en aient chassé les Ombriens. Puis faisant des expéditions à partir de
là, ils ont fait la guerre non seulement à tous les barbares mais en particulier aux
Sikèles, leurs voisins pour les déposséder de leurs terres. D'abord, une troupe
consacrée de jeunes hommes partit, elle se composait de quelques personnes
envoyées par leurs parents pour rechercher des moyens d’existence, selon une
coutume que je sais que beaucoup de barbares et Grecs ont suivi.
2. Chaque fois que la population d’une de leurs villes augmentait jusqu'à au
point que le produit de leurs terres ne suffisait plus pour tout le monde, ou que la
terre, blessée par les changements irraisonnables du temps, apportait des fruits
en moindre abondance qu'habituellement, ou que qu’un autre événement de la
nature, bon ou mauvais, nécessitait de diminuer leur nombre, ils consacraient à
un l’un ou l’autre de leurs dieux tous les hommes nés une même année, et
leur fournissant des armes, ils les envoyaient hors de leur pays. Si, en effet, ils le
font pour remercier les dieux de l’abondance de la population ou pour la victoire
lors d’une guerre, ils offraint les sacrifices habituels et envoyaient les colons
sous d’heureux auspices; mais si, après avoir encouru la colère du ciel, ils
cherchaient la délivrance des maux qui les assaillaient, ils exécutaient plus ou
moins la même cérémonie, mais dans l’affliction et demandant pardon aux
jeunes qu'ils envoyaient au loin.
3. Et ceux qui partaient, sachant que dorénavant ils n'auraient aucune part de la
terre de leurs pères mais devaient en acquérir d’autres, considéraient la terre
qui les recevait, soit par amitié soit qu’ils l’eussent conquise par la guerre,
comme leur propre pays. Et le dieu à qui ils étaient consacrés lors de leur départ
leur venait généralement en aide aider et faisait prospérer les colonies au delà de
toute espérance humaine.
4. Donc c’est en vertu de cette coutume que certains Aborigènes aussi à ce
moment-là, comme leur territoire devenait surpeuplé (ils ne mettraient aucun de
leurs enfants à mort, regardant cela comme un des plus grands crimes),
consacrèrent à l’un ou l’autre dieu la progéniture d'une année et quand ces
enfants devinrent des hommes ils les envoyèrent hors de leur pays comme
colons; et ceux-ci, après leur départ de leur propre terre, se mirent à piller
continuellement les Sikèles.
5. Et quand qu'ils furent devenus maîtres de toutes les contrées du pays de
l'ennemi, le reste des Aborigènes, également, qui avaient besoin de terres,
attaquèrent alors leurs voisins respectifs avec une plus grande sécurité et
construisirent diverses villes, dont certaines sont encore habitées aujourd’hui -
Antemnae, Tellenae, Ficulnea, située près des mont Corniculum, (c’est ainsi
qu’ils l’appellent), et Tibur, où un quartier de la ville est encore à ce jour
appelé le quartier des Sikèles; et de tous leurs voisins ce sont les Sikèles qu’ils
ont le plus harcelés. De ces querelles en résulta une guerre générale entre les
nations, guerre plus importantes que celles qui s'étaient produites précédemment
en Italie, et elle continua à se prolonger sur une longue période.
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