[3,12] Ιβ'.
Αὕτη μὲν ἡ Λυσίου διήγησις ἐκ τοῦ κατὰ Τίσιδος λόγου. Ἣν δὲ νῦν μέλλω λέγειν,
Δημοσθένους ἐκ τοῦ κατὰ Κόνωνος, ἧς τὴν πραγματικὴν ὁμοιότητα ἐάσαντες, τὴν ἐν τῇ
λέξει σκοπῶμεν·
« Ἐξήλθομεν ἔτος τουτὶ τρίτον εἰς Πάνακτον, φρουρᾶς ἡμῖν προγραφείσης.
Ἐσκήνωσαν οὖν οἱ υἱεῖς οἱ τουτουὶ Κόνωνος ἐγγὺς ἡμῶν, ὡς οὐκ ἂν ἐβουλόμην. Ἡ γὰρ ἐξ
ἀρχῆς ἔχθρα καὶ τὰ προσκρούματα, ἐκεῖθεν ἡμῖν συνέβη. Ἑξῆς δὲ ἀκούσεσθε. Ἔπινον
ἑκάστοτε οὗτοι τὴν ἡμέραν ὅλην, ἐπειδὴ τάχιστα ἀριστήσειαν· καὶ τοῦθ´, ἕωσπερ ἦμεν ἐν
τῇ φρουρᾷ, διετέλουν ποιοῦντες. Ἡμεῖς δ´, ὥσπερ ἐνθάδε εἰώθειμεν, οὕτω διήγομεν καὶ
ἔξω· καὶ ἣν δειπνοποιεῖσθαι τοῖς ἄλλοις ὥραν συμβαίνει, ταύτην ἂν οὗτοι ἐπαρῴνουν ἤδη,
τὰ μὲν πολλὰ εἰς τοὺς παῖδας τοὺς ἀκολούθους ἡμῶν, τελευτῶντες δὲ καὶ εἰς ἡμᾶς αὐτούς.
Φήσαντες γὰρ καπνίζειν αὐτοὺς ὀψοποιουμένους τοὺς παῖδας, ἢ κακῶς λέγειν ὅ τι τύχοιεν,
ἔτυπτον, καὶ τὰς ἀμίδας κατεσκεδάννυσαν, καὶ προσεούρουν, καὶ ἀσελγείας καὶ ὕβρεως
οὐδ´ ὁτιοῦν, ἀπέλειπον. Ὁρῶντες δὲ ἡμεῖς ταῦτα, καὶ λυπούμενοι, τὸ μὲν πρῶτον
ἀπεπεμψάμεθα· ὡς δ´ ἐχλεύαζον ἡμᾶς, καὶ οὐκ ἐπαύοντο, τῷ στρατηγῷ τὸ πρᾶγμα εἴπομεν
κοινῇ πάντες οἱ σύσσιτοι προσελθόντες, οὐδὲν ἐγὼ τῶν ἄλλων ἔξω. Λοιδορηθέντος δὲ
αὐτοῖς ἐκείνου, καὶ κακίσαντος αὐτούς, οὐ μόνον περὶ ὧν εἰς ἡμᾶς ἠσέλγαινον, ἀλλὰ καὶ
περὶ ὧν ἐποίουν ὅλως ἐν τῷ στρατοπέδῳ, τοσούτου ἐδέησαν παύσασθαι ἢ αἰσχυνθῆναι,
ὥστε ἐπειδὴ θᾶττον συνεσκότασεν, εὐθὺς ὡς ἡμᾶς εἰσεπήδησαν ταύτῃ τῇ ἑσπέρᾳ· καὶ τὸ
μὲν πρῶτον, κακῶς ἔλεγον, ἔπειτα δὲ καὶ πληγὰς ἐνέτειναν ἐμοὶ. Καὶ τοσαύτην κραυγὴν
καὶ θόρυβον περὶ τὴν σκηνὴν ἐποίησαν, ὥστε καὶ τὸν στρατὸν, καὶ τὸν στρατηγὸν, καὶ τοὺς
ταξιάρχους ἐλθεῖν, καὶ τῶν ἄλλων τινὰς στρατιωτῶν· οἳ διεκώλυσαν μηδὲν ἡμᾶς
ἀνήκεστον παθεῖν, μηδ´ αὐτοὺς ποιῆσαι, παροινουμένους ὑπὸ τούτων.
Τοῦ δὲ πράγματος εἰς τοῦτο παρελθόντος, ὡς δεῦρο ἀνήλθομεν, ἦν ἡμῖν, οἷον εἰκός, ἐκ
τούτων ὀργὴ καὶ ἔχθρα πρὸς ἀλλήλους. Οὐ μὴν ἔγωγε ᾤμην δεῖν οὔτε δίκην λαχεῖν αὐτοῖς,
οὔτε λόγον ποιεῖσθαι τῶν συμβάντων οὐδένα. ἀλλ´ ἐκεῖν´ ἁπλῶς ἐγνώκειν, τὸ λοιπὸν
εὐλαβεῖσθαι καὶ φυλάττεσθαι μὴ πλησιάζειν ὡς τοὺς τοιούτους. Πρῶτον μὲν οὖν, ὧν
εἴρηκα, τούτων βούλομαι τὰς μαρτυριας παρασχόμενος, μετὰ ταῦτα ὅσα ὑπὸ τούτου
πέπονθα, ἐπιδεῖξαι, ἵνα εἰδῆτε, ὅτι ᾧ προσῆκε τοῖς τὸ πρῶτον ἁμαρτηθεῖσιν ἐπιτιμᾶν, οὗτος
αὐτὸς πρὸς τούτοις πολλῷ δεινότερα διαπέπρακται. - Μάρτυρες. - Ὧν μὲν τοίνυν οὐθένα
ᾤμην δεῖν λόγον ποιεῖσθαι, ταῦτά ἐστι. Χρόνῳ δ´ ὕστερον οὐ πολλῷ περιπατοῦντος,
ὥσπερ εἰώθειν, ἐσπέρας ἐν ἀγορᾷ μου μετὰ Φανοστράτου τοῦ Κηφισέως τῶν ἡλικιωτῶν
τινος παρέρχεται Κτησίας ὁ υἱὸς ὁ τούτου, μεθύων, κατὰ τὸ Λεωκόριον, ἐγγὺς ἰὼν
Πυθοδώρου. Κατιδὼν δὲ ἡμᾶς, καὶ κραυγάσας, καὶ διαλεχθείς τι πρὸς αὑτὸν οὕτως ὡς ἂν
μεθύων, ὥστε μὴ μαθεῖν ὅ τι λέγει, παρῆλθε πρὸς Μελίτην ἄνω. Ἔπινον δ´ ἄρα ἐνταῦθα
παρὰ Παμφίλῳ τῷ γναφεῖ· Κόνων οὑτοσὶ, Θεόδωρός τις, Ἀλκιβιάδης, Σπίνθαρος ὁ
Εὐβούλου, Θεογένης ὁ Ἀνδρομένους, πολλοί τινες· οὓς ἐξαναστήσας ὁ Κτησίας, ἐπορεύετο
εἰς τὴν ἀγοράν, καὶ ἡμῖν συμβαίνει ἀναστρέφουσιν ἐκ τοῦ φερρεφαττίου, καὶ περιπατοῦσι
πάλιν κατ´ αὐτό πως τὸ Λεωκόριον εἶναι, καὶ τούτοις περιτυγχάνομεν. Ὡς δ´ ἀνεμίχθημεν,
εἷς μὲν αὐτῶν, ἀγνώς τις, τῷ Φανοστράτῳ προσπίπτει, καὶ κατεῖχεν ἐκεῖνον· Κόνων δὲ
οὑτοσὶ, καὶ ὁ υἱὸς αὐτοῦ, καὶ ὁ Ἀνδρομένους υἱὸς, ἐμοὶ περιπεσόντες, τὸ μὲν πρῶτον
ἐξέδυον, εἶτα ὑποσκελίσαντες καὶ ῥάξαντες εἰς τὸν βόρβορον, οὕτω διέθηκαν ἐναλλόμενοι
καὶ ὑβρίζοντες, ὥστε τὸ μὲν χεῖλος διακόψαι, τοὺς δ´ ὀφθαλμοὺς συγκλεῖσαι. Οὕτω δὲ
κακῶς ἔχοντα κατέλειπον, ὥστε μήτε ἀναστῆναι, μήτε φθέγξασθαι δύνασθαι. Κείμενος δ´
αὐτῶν ἤκουον πολλὰ καὶ δεινὰ λεγόντων· καὶ τὰ μὲν ἄλλα βλασφημίας ἔχει τινάς, ἃς κἂν
ὀνομάζειν ὀκνήσαιμι· ὃ δὲ τῆς ὕβρεώς ἐστι τῆς τούτου σημεῖον, καὶ τεκμήριον ὡς πᾶν τὸ
πρᾶγμα ὑπὸ τούτου γενόμενον, τοῦθ´ ὑμῖν ἐρῶ· ᾞδεν γὰρ, τοὺς ἀλεκτρυόνας μιμούμενος
τοὺς νενικηκότας· οἳ δὲ κροτεῖν αὐτὸν ἠξίουν τοῖς ἀγνῶσιν ἀντὶ πτερύγων τὰς πλευράς. »
| [3,12] XII. Telle est la narration de Lysias dans le discours contre Tisis. Le morceau de
Démosthène, que je vais citer, est tiré de la harangue contre Conon. Je ne dirai rien de la
ressemblance qu'ils présentent par rapport aux choses : je les examinerai seulement sous le
rapport du style.
« II y a trois ans que je fus envoyé en garnison à Panacte avec d'autres citoyens. Près de
nous se trouvait la tente des fils de Conon; et plût au ciel qu'il n'en eût pas été ainsi ! car ce
fut la première source de notre inimitié et de nos disputes, comme vous allez l'apprendre.
Après leur dîner, ils passaient le reste de la journée à boire : tout le temps que je suis resté à
Panacte, ils ont tenu la même conduite. Pour moi, je vivais là, comme j'ai toujours vécu à
Athènes ; eux, au contraire, étaient dans l'ivresse, à l'heure où tout le monde a coutume de se
mettre à table. Ils commencèrent par insulter mes domestiques, et bientôt ils m'insultèrent
moi-même. Sous prétexte que mes gens, en préparant le repas, les importunaient par la
fumée, ou les accablaient des plus grossières injures, ils les frappaient et les couvraient
d'ordures ; en un mot , ils se permettaient à leur égard les insultes les plus dégoûtantes.
Témoin de tant d'insolences, et quelque affligé que j'en fusse, je dissimulai d'abord ; mais
quand je me vis, moi-même en butte à leurs attaques, et comme ils n'y mettaient point de
terme, je m'adressai au général; non pas seul, mais accompagné de tous ceux qui vivaient
avec moi et qui avaient aussi à se plaindre. Le général leur adressa de vifs reproches, blâma
hautement leur conduite envers nous et envers l'armée tout entière. Eh bien, au lieu de se
corriger ou d'éprouver quelque honte, le soir même, aussitôt qu'il fit nuit, ils m'attaquèrent
encore : ils commencèrent par des injures et finirent par des coups. Ils poussaient de tels cris
et faisaient tant de bruit autour de ma tente, que le général, quelques officiers et plusieurs
soldats accoururent et empêchèrent qu'ils ne se portassent aux derniers excès contre moi, ou
que poussé à bout par leurs violences je ne les leur fisse payer chèrement. Les choses en
étaient à ce point, lorsque nous revînmes à Athènes : il existait entre nous des haines et des
ressentiments, comme cela devait être; mais, j'en atteste les dieux, je ne pensais ni à lès
appeler en justice, ni à leur demander raison de ce qui s'était passé : j'avais seulement résolu
de me tenir sur mes gardes et de n'avoir plus aucun rapport avec des hommes de ce
caractère. Je vais prouver, par les dépositions des témoins, la vérité de ce que j'ai avancé;
ensuite, je vous ferai connaître tout ce que j'ai souffert de la part de mon ennemi. Par-là,
vous verrez que loin de se repentir de ses premières injustices, il en a commis de plus
révoltantes. - Déposition des témoins. - Tels sont les faits dont je ne croyais pas devoir
demander raison. Peu de temps après, je me promenais vers le soir, suivant ma coutume, sur
la place publique avec Phanostrate de Céphisie, qui est à-peu-près de mon âge. Ctésias, fils
de Conon, vient à passer, dans un état complet d'ivresse, aux environs du Léocorium, non
loin de la maison de Pythodore. A notre aspect, il pousse d'abord des cris, et puis murmure
ensuite à voix basse quelques paroles, comme un ivrogne : nous ne pûmes comprendre ce
qu'il disait. Il s'éloigne de nous et se dirige vers Mélite. Là, dans la maison du foulon
Pamphile, Conon, un certain Théodore, Alcibiade, Spintharius, fils d'Eubulus, Théogénes,
fils d'Andromène, et plusieurs autres, passaient le temps à boire. Ctésias les entraîne, accourt
avec eux vers la place publique, et vient au devant de nous, au moment où, de retour du
temple de Proserpine, nous nous promenions de nouveau sur la place, tout près du
Léocorium : ils viennent au-devant de nous. Lorsque nous fûmes en sa présence, du milieu
d'eux, un inconnu se jette sur Phanostrate et l'arrête. Conon, son fils, et le fils d'Andromène
fondent sur moi, et commencent par me dépouiller: ils me saisissent par les cuisses, me
traînent dans la boue et me foulent aux pieds, en me couvrant d'outrages : ils me fendent la
lèvre, me remplissent les yeux de sang et me laissent dans un si triste état que je ne pouvais
ni me relever, ni proférer une parole: Couché à terre, j'entendis tous leurs propos : c'étaient
des injures si grossières que je n'oserais les répéter. La preuve certaine que tous ces excès
furent commis par son ordre et sous ses auspices, la voici : il chantait, comme les coqs qui
célèbrent leur victoire; et ses compagnons le pressaient de se frapper les flancs avec les
coudes, pour imiter le battement des ailes. »
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