[3,13] Ιγ'.
Ταῦτ´ οὐ καθαρὰ καὶ ἀκριβῆ καὶ σαφῆ καὶ διὰ τῶν κυρίων τε καὶ κοινῶν ὀνομάτων
κατεσκευασμένα, ὥσπερ τὰ Λυσίου; Ἐμοὶ μὲν γὰρ ὑπάρχειν δοκεῖ. Τί δέ οὐχὶ σύντομα καὶ
στρογγύλα, καὶ ἀληθείας μεστὰ, καὶ τὴν ἀφελῆ καὶ ἀκατάσκευον ἐπιφαίνοντα φύσιν,
καθάπερ ἐκεῖνα; Πάντων μὲν οὖν μάλιστα. Οὐχὶ δὲ καὶ πιθανὰ, καὶ ἐν ἤθει λεγόμενά τινι,
καὶ τὸ πρέπον τοῖς ὑποκειμένοις προσώποις τε καὶ πράγμασι φυλάττοντα; Ἡδονῆς δὲ ἄρα
καὶ πειθοῦς καὶ χαρίτων, καιροῦ τε, καὶ τῆς ἄλλης ἅπασιν ἃ τοῖς Λυσιακοῖς ἐπανθοῦσιν,
ἆρα οὐχὶ πολλὴ μοῖρα; Οὐκ ἔνεστ´ ἄλλως εἰπεῖν. Εἰ γοῦν μὴ διὰ τῆς ἐπιγραφῆς, οὗτινός
ἐστιν, ἑκάτερος τῶν λόγων γνώριμος ἦν, ἀλλ´ ἀνεπιγράφοις περιετύχομεν αὐτοῖς, οὐ
πολλοὺς ἂν ἡμῶν οἴομαι διαγνῶναι ῥᾳδίως πότερος Δημοσθένους ἐστὶν ἢ Λυσίου.
Τοσαύτην οἱ χαρακτῆρες ὁμοιότητα πρὸς ἀλλήλους ἔχουσι. Τοιοῦτός ἐστι καὶ ὁ πρὸς
Ἀπολλόδωρον ὑπὲρ Φορμίωνος, καὶ ὁ κατ´ Ὀλυμπιοδώρου τῆς βλάβης, καὶ ὁ πρὸς Βοιωτὸν
ὑπὲρ τοῦ ὀνόματος· ἥ τε πρὸς Εὐβουλίδην ἔφεσις, καὶ ἡ πρὸς Μακάρτατον διαδικασία, καὶ
οἱ ἄλλοι πάντες οἱ ἰδιωτικοὶ λόγοι, οὐ πολλῷ πλείους τῶν εἴκοσιν ὄντες. Οἷς γε δὴ κατὰ τὸ
παρὸν ἐντετυχηκὼς, γνώσῃ, ὁποῖα λέγω. Καὶ τῶν δημοσίων δὲ ἀγώνων πολλὰ μέρη τούτῳ
κατεσκεύασται τῷ χαρακτῆρι. Ἐφερον δ´ ἂν ἐξ ἑκάστου τὰ παραδείγματα, εἰ μὴ πλείων
ἔμελλε τοῦ μετρίου γενήσεσθαι ὁ λόγος. Ἐν οἷς δῆλός ἐστι περὶ καλλιλογίαν καὶ σεμνότητα,
καὶ πάσας τὰς ἐπιθέτους κατασκευὰς μᾶλλον ἐσπουδακὼς ἢ περὶ τὴν ἀκρίβειαν· ὁ δὲ πρὸς
τὴν ἐπιστολὴν καὶ τοὺς πρέσβεις τοὺς παρὰ Φιλίππου ῥηθεὶς λόγος, ὃν ἐπιγράφει
Καλλίμαχος ὑπὲρ Ἁλονήσου, ὁ τὴν ἀρχὴν τήνδε ἔχων·
« Ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, οὐκ ἔστιν, ὅπως αἱ αἰτίαι, ἃς Φίλιππος αἰτιᾶται »·
ὅλος ἐστὶν ἀκριβὴς καὶ λεπτὸς, καὶ τὸν Λυσιακὸν χαρακτῆρα ἐκμέμακται εἰς ὄνυχα·
ἐξαλλαγῆς δὲ, ἢ σεμνολογίας, ἢ δεινότητος, ἢ τῶν ἄλλων τινός, ἃ τῇ Δημοσθένους δυνάμει
παρακολουθεῖν πέφυκεν, ὀλίγην ἐπίδειξιν ἔχει. Τίς οὖν ἐστι κἀν τούτοις ἡ διαφορά; καὶ πῶς
ἂν διαγνοίη τις, ὅταν εἰς τὸν ἀναγκαῖον καταβῇ χαρακτῆρα ὁ Δημοσθένης, πῇ κρείττων ἐστὶ
Λυσίου καὶ κατὰ τὴν λέξιν; Ἀξιοῖς γὰρ δὴ καὶ τοῦτο μαθεῖν. Φυσική τις ἐπιτρέχει τοῖς
Λυσίου λόγοις εὐστομία καὶ χάρις, ὥσπερ ἔφην καὶ πρότερον· ᾗ προὔχει, πλὴν
Δημοσθένους, τῶν ἄλλων ῥητόρων. Αὕτη μέν τοι, καθάπερ νότιός τις αὖρα, μέχρι
προοιμίου καὶ διηγήσεως αὐτὸν ἄγει· ὅταν δὲ εἰς τοὺς ἀποδεικτικοὺς ἔλθῃ λόγους, ἀμυδρά
τις γίνεται καὶ ἀσθενής· ἐν δὲ δὴ τοῖς παθητικοῖς εἰς τέλος ἀποσβέννυται. Τόνος γὰρ οὐ
πολὺς αὐτῇ πρόσεστιν, οὐδ´ ἰσχύς. Παρὰ δὲ τῷ Δημοσθένει πολὺς μὲν ὁ τόνος, αὐτάρκης
δ´ ἡ χάρις. Ὥστε κἀν ταύτῃ τῷ διαρκεῖ καὶ μετρίῳ νικᾶν, κἀν ἐκείνῳ τῷ παντὶ προέχειν.
Τοῦτο παρατήρημα δεύτερον ᾧ διαγνοίη τις ἂν τὴν Δημοσθένους διάλεκτον, ὅταν εἰς
ταῦτα τἀναγκαῖα συνάγηται. Οὐ γὰρ ὥσπερ τὴν ἐξαλλαγὴν καὶ περιττολογίαν, καὶ πάντας
τοὺς ἐπιθέτους ἐκδύεται κόσμους, οὕτω καὶ τὸ μέγεθος καὶ τὸν τόνον; ἀλλ´ ἔστιν αὐτῆς
ἀναφαίρετος οὗτος, εἴτ´ ἄρα συγγενὴς, εἴτε ἀσκήσει παρὼν εἰς ῥῆσιν. Ἐπιτάσεις μέντοι καὶ
ἀνέσεις λαμβάνει τινὰς ἀναλόγους. Καὶ ταῦτ´ ἤδη γνώριμα οἷς λέγω, καὶ οὐθὲν δεόμεθα
παραδειγμάτων.
| [3,13] XIII. Ce style n'est-il pas un modèle de pureté, de correction, de clarté et de l'emploi
des mots propres et usités, comme celui de Lysias ? Pour moi, j'y trouve le même caractère.
N'est-il pas concis, arrondi, naïf et remarquable par cette simplicité, qui exclut le travail et
peint si bien la nature? Ces diverses qualités me paraissent réunies ici, au suprême degré.
N'est-il point persuasif, n'exprime-t-il pas fidèlement les moeurs, ne se renferme-t-il pas
dans les convenances prescrites pour les personnes et pour les choses ? La douceur, le
naturel, la grâce, l'à-propos ; en un mot les qualités qui embellissent le style de Lysias, n'y
brillent-elles pas dans toute leur perfection ? Il me paraît difficile de soutenir le contraire. Si
l'on ne connaissait point, par le titre, l'auteur de ce discours, et que le hasard les fit tomber
entre nos mains, sans que rien nous en indiquât le nom, je suis persuadé que fort peu de
gens seraient à même de dire s'ils sont l'ouvrage de Démosthène ou de Lysias; tant est
grande la ressemblance qui existe entre l'un et l'autre. II en en de même : 1°. du discours
pour Phormion contre Apollodore; 2. du discours contre Olympiodore accusé d'avoir causé
du dommage ; 3°. du discours contre Boëtus, au sujet du nom; 4°. de l'appel contre Eubulide
; 5°. de la discussion contre Macartatus, et d'autres discours concernant de simples citoyens :
on en compte vingt environ. Il suffit d'y jeter les yeux, pour reconnaître la justesse de mon
opinion. Plusieurs de ses harangues politiques présentent le même caractère. Si je ne
craignais que ce traité ne dépassât les bornes convenables, je pourrais montrer jusqu'à
l'évidence, par des exemples, que Démosthène vise à la pompe ; à la grandeur et à toutes les
finesses de l'art, bien plus qu'à la correction. Mais le discours intitulé Réponse à la lettre de
Philippe et à ses Députés, auquel Callimaque donne pour titre "sur l'Halonèse", et qui
commence par ces mots : « Athéniens, il n'est point de motifs que Philippe puisse alléguer »,
se distingue par la correction et la simplicité : les formes du style de Lysias y sont copiées
trait par trait ; la nouveauté de l'expression, la pompe, la véhémence, et les autres qualités
qui constituent la manière de Démosthène s'y reproduisent rarement. Quelle différence y a-t-il
donc entre ces deux orateurs , et par quelles qualités Démosthène, lorsqu'il reste fidèle à
son caractère, est-il supérieur à Lysias ? C'est une question dont la solution peut vous
paraître intéressante : tâchons de la résoudre. Partout, comme je l'ai déjà dit, les discours de
Lysias sont empreints d'une élégance et d'une grâce naturelles, qui le placent au-dessus des
autres orateurs, à l'exception de Démosthène ; mais cette élégance, qu'on peut comparer au
souffle léger du zéphir, ne l'accompagne pas au-delà de l'exorde et de la narration : à peine
est-il arrivé à la confirmation, qu'elle devient faible et presque insensible ; elle s'évanouit
tout-à-fait dès qu'il veut remuer les passions : car, elle manque de vigueur et de vie.
Démosthène, au contraire, est plein de nerf, et il a assez de grâce; en sortes qu'il l'emporte
sur Lysias par une supériorité assez marquée, pour l'élégante sagesse de ses compositions, et
qu'il l'éclipse entièrement pour l'énergie. C'est le second trait caractéristique auquel on peut
le reconnaître, quand il se renferme dans les limites convenables. Et en effet; s'il évite une
diction étrange et nouvelle, les grâces affectées et tous les ornements d'emprunt, il ne
néglige ni l'élévation ni la vigueur : elles se montrent toujours dans son style, soit qu'elles
fussent chez lui une qualité naturelle, soit qu'il les dût au travail. Il sait tantôt leur donner
tout leur essor et tantôt les retenir dans une sage mesure, en respectant partout les
convenances. Tout le monde est d'accord sur ce point et je n'ai pas besoin d'exemples.
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