HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Athénée de Naucratis, les Deipnosophistes (ou Le Banquet des sages), livre XII

Chapitre 18

  Chapitre 18

[12,18] Δοκεῖ δὲ μέγα τῆς εὐδαιμονιας αἴτιον εἷναι ὅτι ἐκ τῆς χωρας, ἀλιμένου τῆς θαλάσσης παρηκούσης (519f) καὶ τῶν καρπῶν σχεδὸν ἁπάντων ὑπὸ τῶν πολιτῶν καταναλισκομένων, τε, τῆς πόλεως τόπος καὶ παρὰ τοῦ θεοῦ χρησμὸς συμπαροξῦναι πάντας ἐκτρυφῆσαι καὶ ποιῆσαι ζῆσαι ὑπὲρ τὸ μέτρον ἐκλελυμένως. δὲ πόλις αὐτῶν ἐν κοίλῳ κειμένη τοῦ μὲν θέρους ἕωθέν τε καὶ πρὸς ἑσπέραν ψῦχος ὑπερβάλλον ἔχει, τὸ δὲ μέσον τῆς ἡμέρας καῦμα ἀνύποιστον· ὥστε τοὺς πλείστους αὐτῶν ὑπειληφέναι (520) πρὸς ὑγίειαν διαφέρειν τοὺς πότους. Ὅθεν και ῥηθῆναι ὅτι τὸν βουλόμενον ἐν Συβάρει μὴ πρὸ μοίρας ἀποθανεῖν οὔτε δυόμενον οὔτε ἀνίσχοντα τὸν ἥλιον ὁρᾶν δεῖ. Ἔπεμψαν δέ ποτε καὶ εἰς θεοῦ τοὺς χρησομένους, ὧν ἦν εἷςΑμυρις, πυνθανόμενοι μέχρι τίνος εὐδαιμονήσουσι. Καὶ Πυθία ἔφη· Εὐδαίμων, Συβαρῖτα, πανευδαίμων σὺ μὲν αἰεὶ ἐν θαλίῃσιν ἔση, τιμῶν γένος αἰὲν ἐόντων, εὖτ' ἂν δὲ πρότερον θνητὸν θεοῦ ἄνδρα σεβίσσῃς, (520b) τηνίκα σοι πόλεμός τε και ἔμφυλος στάσις ἥξει. Τούτων ἀκούσαντες ἔδοξαν λέγειν αὐτοῖς τὸν θεὸν ὡς οὐδέποτε παύσοιντο τρυφῶντες· οὐδέποτε γὰρ τιμήσειν ἄνθρωπον μᾶλλον θεοῦ. Ἐγένετ' οὖν αὐτοῖς τῆς τύχης μεταρολὴ ἐπεί τις τῶν οἰκετῶν τινα μαστιγῶν τοῦτον καταφυγόντα εἰς τὰ ἱερὰ πάλιν ἐμαστίγου· ὡς δὲ τὸ τελευταῖον κατέδραμεν ἐπὶ τὰ τοῦ πατρὸς αὐτοῦ μνήματα, ἀφῆκεν αἰδεσθείς. (520c) Ἐξαναλώθησαν δὲ φιλοτιμούμενοι πρὸς ἑαυτοὺς τρυφαῖς, καὶ πόλις δὲ πρὸς ἁπάσας τὰς ἄλλας ἡμιλλᾶτο περὶ τρυφῆς. Εἱτα μετ' οὐ πολὺ γινομένων αὐτοῖς σημείων πολλῶν τῆς ἀπωλείας, περὶ ἧς οὐ κατεπείγει λέγειν, διεφθάρησαν. [12,18] Une telle prospérité de leur part s'explique par la région même où ils habitent, car la plus grande partie de la côte environnante ne signale aucun port ; ils ont pour eux la totalité des fruits que la terre produit, et que seuls les indigènes partagent avec eux. Il ne faut pas oublier non plus la situation de leur ville. Il semblerait que l'oracle du dieu les ait favorisé dans leur penchant pour la volupté et leur propension à une vie déjantée : en effet, leur ville est bâtie dans une cuvette ; de fait, en été, ils jouissent d'une grande fraîcheur le matin et le soir, tandis qu'à midi, ils subissent une chaleur étouffante. Pour ces raisons, ils considèrent que boire abondamment est un gage de bonne santé ; tant et si bien qu'à Sybaris nul quidam ne souhaite mourir sans avoir auparavant contemplé le lever ou le coucher du soleil. Un jour, ils envoyèrent une délégation de citoyens - parmi lesquels figurait Amyris - au temple de la divinité poliade pour demander à l'oracle combien de temps encore ils jouiraient de leur prospérité. La Pythie leur répondit : « Heureux, toi le Sybarite, tu baigneras toujours dans l'abondance, tant que tu honoreras la race des immortels. Mais dès que tu craindras un mortel plus qu'un dieu, alors la guerre et les dissensions civiles déferleront sur toi. » À cette réponse, les Sybarites en conclurent que le dieu leur promettait une vie de plaisir perpétuelle, persuadés que jamais ils n'oseraient honorer un mortel plus qu'une dieu. Or leur fortune périclita quand, un jour, un homme se mit à fouetter l'un de ses esclaves, et qu'il continua à la supplicier, même après que celui-ci se fut réfugié à l'intérieur des sanctuaires ; quand le malheureux fut parvenu à rejoindre la sépulture du père de son maître, l'homme le laissa partir honteusement. À partir de ce moment, leur surenchère effrénée de voluptés les mena à leur perte, Sybaris s'efforçant toujours de rivaliser avec les autres cités dans la quête des plaisirs. Bientôt, des signes avant-coureurs de leur ruine imminente leur apparurent. Mais il n'y a pas urgence à relater ces faits ; en résumé, disons qu'ils furent anéantis.


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Dernière mise à jour : 24/11/2005