[12,19] Εἰς τηλικοῦτον δ' ἦσαν τρυφῆς ἐληλακότες ὡς καὶ παρὰ τὰς εὐωχίας τοὺς
ἵππους ἐθίσαι πρὸς αὐλὸν ὀρχεῖσθαι. Τοῦτ' οὖν εἰδότες οἱ Κροτωνιᾶται ὅτε
αὐτοῖς ἐπολέμουν, ὡς καὶ ᾽Αριστοτέλης ἱστορεῖ (520d) διὰ τῆς Πολιτείας
αὐτῶν, ἐνέδοσαν τοῖς ἵπποις τὸ ὀρχηστικὸν μέλος· συμπαρῆσαν γὰρ αὐτοῖς
καὶ αὐληταὶ ἐν στρατιωτικῇ σκευῇ· καὶ ἅμα αὐλούντων ἀκούοντες οἱ ἵπποι
οὺ μόνον ἐξωρχήσαντο, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἀναβάτας ἔχοντες ηὐτομόλησαν
πρὸς τοὺς Κροτωνιάτας. Τὰ ὅμοια ἱστόρησε καὶ περὶ Καρδιανῶν ὁ
Λαμψακηνὸς Χάρων ἐν δευτέρῳ ῞Ωρων γράφων οὕτως· « Βισάλται εἰς
Καρδίην ἐστρατεύσαντο καὶ ἐνίκησαν. Ἡγεμὼν δὲ τῶν Βισαλτέων ᾖν ὁ
Νάρις. Οὑτος δὲ παῖς ὢν ἐν τῇ Καρδίῃ (520e) ἐπράθη καί τινι Καρδιηνῷ
δουλεύσας κορσωτεὺς ἐγένετο. Καρδιηνοῖς δὲ λόγιον ἦν ὡς Βισάλται
ἀπίξονται ἐπ' αὐτούς, καὶ πυκνὰ, περὶ τούτου διελέγοντο ἐν τῷ κορσωτηρίῳ
ἱζάνοντες. Και ἀποδρὰς ἐκ τῆς Καρδίης εἰς τὴν πατρίδα τοὺς Βισάλτας
ἔστειλεν ἐπὶ τοὺς Καρδιηνοὺς ἀποδειχθεὶς ἡγεμὼν ὑπὸ τῶν Βισαλτέων, οἱ δὲ
Καρδιηνοὶ πάντες τοὺς ἵππους ἐδίδαξαν ἐν τοῖς συμποσίοις ορχεῖσθαι ὑπὸ
τῶν αὐλῶν, καὶ ἐπὶ τῶν ὀπισθίων ποδῶν ἱστάμενοι τοῖς προσθίοις ὥσπερ
χειρονομέοντες ὠρχοῦντο ἐξεπιστάμενοι τὰ αὐλήματα. Ταῦτ' οὖν
ἐπιστάμενος ὁ Νάρις ἐκτήσατο (520f) ἐκ τῆς Καρδίης αὐλητρίδα, καὶ
ἀφικομένη ἡ αὐλητρὶς εἰς τοὺς Βισάλτας ἐδίδαξε πολλοὺς αὐλητάς· μεθ' ὧν
δὴ καὶ στρατεύεναι ἐπὶ τὴν Καρδίην. Καὶ ἐπειδὴ ἡ μάχη συνειστήκει,
ἐκέλευσεν αὐλεῖν τὰ αὐλήματα ὅσα οἱ ἵπποι τῶν Καρδιηνῶν ἐξεπισταίατο.
Καὶ ἐπεὶ ἤκουσαν οἱ ἵπποι τοῦ αὐλοῦ, ἔστησαν ἐπὶ τῶν ὀπισθίων ποδῶν καὶ
πρὸς ὀρχησμὸν ἐτράποντο· τῶν δὲ Καρδιηνῶν ἡ ἰσχὺς ἐν τῇ ἵππῳ ἦν, καὶ
οὕτως ἐνικήθησαν.»
521 Συβαριτῶν δέ τις εἰς Κρότωνά ποτε διαπλεῦσαι βουληθεὶς ἐκ τῆς
Συβάρεως ἰδιόστολον ἐναυλώσατο πλοῖον, ἐφ' ᾧ οὔτε ῥαντισθήσεται οὔτ'
ἐμβήσεται ἕτερος καὶ ἐφ' ᾧ τὸν ἵππον ἀναλήψεται. Τοῦ δ᾽ οὕτως
συμφωνήσαντος ἐνεβίβασέν τε τὸν ἵππον καὶ ὑποστορέσαι τῷ ζῴῳ
ἐκέλευσεν. Ἔπειτα τινὸς τῶν προπεμπόντων ἐδεῖτο συμπλεῦσαι αὐτῷ, λέγων
ὅτι προδιεστειλάμην τῷ πορθμεῖ ἵνα παρὰ τὴν γῆν πλέῃ. Ὁ δὲ ἀπεκρίνατο
ὅτι μόλις ἄν σου ὑπήκουσα εἰ παρὰ τὴν θάλασσαν ἔμελλες πεζεύειν καὶ μὴ
παρὰ τὴν γῆν πλεῖν.
| [12,19] Ils en étaient arrivés à un tel degré d'excentricité qu'ils avaient
dressés leurs chevaux à danser dans les banquets au son de la flûte.
Lorsque la chose parvint aux oreilles des gens de Crotone, ces derniers
déclarèrent la guerre aux Sybarites, comme Aristote le relate dans sa
Constitution : et c'est au cours de la bataille qu'ils entonnèrent l'air sur
lequel les chevaux avaient appris à danser (les Crotoniens avaient, en
effet, incorporé dans leur armée des joueurs de flûte déguisés en soldats)
: dès que les chevaux entendirent le son des flûtes, ils se mirent
spontanément à danser, alors qu'ils portaient les cavaliers sybarites sur
leur dos, et ils rejoignirent le camp des Crotoniens. Charon de
Lampsaque, dans second livre de ses Annales, nous raconte la même
histoire, mais pour les gens de Cardia.
« Les Bisaltiens firent campagne contre Cardia et furent victorieux. Naris était le chef
des Bisaltiens. Quand il était enfant, il fut vendu comme esclave à un citoyen de Cardia
et devint barbier. Un oracle avait prédit aux Cardiens que les Bisaltiens les
attaqueraient. Très vite, on ne parla plus que de cet oracle dans l'échoppe du barbier.
Naris s'échappa bientôt de Cardia et revint dans sa terre natale où il incita ses
compatriotes à marcher contre leur rivale. Il fut alors nommé général en chef de leur
armée par les Bisaltiens. On savait que, pour les banquets, les Cardiens avaient dressé
leurs chevaux à danser au son des flûtes, et à se dresser sur leurs pattes arrières ; ils
dansaient donc en suivant scrupuleusement le rythme de la mélodie. Informé de cet
usage, Naris acheta une joueuse de flûte d'origine cardienne, qui fut chargée
d'apprendre à un groupe de Bisaltiens les airs de flûte qui étaient familiers aux Cardiens
; et c'est avec ces musiciens qu'il partit attaquer la cité ennemie. Quand la bataille
débuta, il donna l'ordre de jouer toutes les mélodies que les chevaux de Cardia
connaissaient par cœur. Dès que le son des flûtes se mit à retentir, les chevaux se
dressèrent sur leurs pattes arrières et commencèrent à danser ; et comme la puissance
des Cardiens provient de leur cavalerie, ces derniers furent naturellement défaits. »
Un jour, un Sybarite, désireux de naviguer de sa ville jusqu'à Crotone,
loua un bateau pour son usage personnel, stipulant qu'il ne voulait pas
être éclaboussé, ni voyager avec qui que ce soit. En outre, il exigeait
d'embarquer son cheval à bord. Le capitaine accepta ces conditions.
Alors, notre Sybarite fit monter son cheval sur le bateau et ordonna
d'étendre une litière pour l'animal. Il demanda ensuite à celui qui l'avait
escorté de faire le voyage en sa compagnie, en arguant du fait qu'il s'était
préalablement arrangé avec le capitaine pour qu'il naviguât au plus près
du rivage. Mais l'homme répondit : « J'aurais à peine esquissé une
réponse, si tu avais eu l'intention de faire un voyage terrestre par mer,
au lieu d'une croisière maritime par terre. »
|