[4,1h] Οὕτως ποιοῦσι καὶ τῶν ὁδοιπόρων οἱ ἀσφαλέστεροι.
ἀκήκοεν ὅτι λῃστεύεται ἡ ὁδός· μόνος οὐ τολμᾷ καθεῖναι, ἀλλὰ περιέμεινεν
συνοδίαν ἢ πρεσβευτοῦ ἢ ταμίου ἢ ἀνθυπάτου καὶ προσκατατάξας ἑαυτὸν
παρέρχεται ἀσφαλῶς. οὕτως καὶ ἐν τῷ κόσμῳ ποιεῖ ὁ φρόνιμος.
‘πολλὰ λῃστήρια, τύραννοι, χειμῶνες, ἀπορίαι, ἀποβολαὶ
τῶν φιλτάτων. ποῦ τις καταφύγῃ; πῶς ἀλῄστευτος
παρέλθῃ; ποίαν συνοδίαν περιμείνας ἀσφαλῶς διέλθῃ;
τίνι προσκατατάξας ἑαυτόν; τῷ δεῖνι, τῷ πλουσίῳ, τῷ
ὑπατικῷ. καὶ τί μοι ὄφελος; αὐτὸς ἐκδύεται, οἰμώζει,
πενθεῖ. τί δ´, ἂν ὁ συνοδοιπόρος αὐτὸς ἐπ´ ἐμὲ στραφεὶς λῃστής μου γένηται; τί
ποιήσω; φίλος ἔσομαι Καίσαρος· ἐκείνου με ὄντα ἑταῖρον οὐδεὶς ἀδικήσει.
πρῶτον μέν, ἵνα γένωμαι, π{ρ}όσα με δεῖ τλῆναι καὶ παθεῖν,
ποσάκις καὶ ὑπὸ πόσων λῃστευθῆναι· εἶτα ἐὰν γένωμαι,
καὶ οὗτος θνητός ἐστιν {καὶ οὗτος θνητός}. ἂν δ´ αὐτὸς ἔκ τινος περιστάσεως
ἐχθρός μου γένηται, ἀναχωρῆσαί πού ποτε κρεῖσσον; εἰς ἐρημίαν; ἄγε, ἐκεῖ
πυρετὸς οὐκ ἔρχεται; τί οὖν γένηται; οὐκ ἔστιν εὑρεῖν ἀσφαλῆ σύνοδον, πιστόν,
ἰσχυρόν, ἀνεπιβούλευτον;’ οὕτως
ἐφίστησιν καὶ ἐννοεῖ, ὅτι, ἐὰν τῷ θεῷ προσκατατάξῃ
ἑαυτόν, διελεύσεται ἀσφαλῶς.
Πῶς λέγεις προσκατατάξαι; (-) Ἵν´, ὃ ἂν ἐκεῖνος
θέλῃ, καὶ αὐτὸς θέλῃ καί, ὃ ἂν ἐκεῖνος μὴ θέλῃ, τοῦτο
μηδ´ αὐτὸς θέλῃ. (-) Πῶς οὖν τοῦτο γένηται; (-) Πῶς
γὰρ ἄλλως ἢ ἐπισκεψαμένῳ τὰς ὁρμὰς τοῦ θεοῦ καὶ
τὴν διοίκησιν; τί μοι δέδωκεν ἐμὸν καὶ αὐτεξούσιον, τί
αὑτῷ κατέλ{ε}ιπεν; τὰ προαιρετικά μοι δέδωκεν, ἐπ´
ἐμοὶ πεποίηκεν, ἀνεμπόδιστα, ἀκώλυτα. τὸ σῶμα τὸ
πήλινον πῶς ἐδύνατο ἀκώλυτον ποιῆσαι; ὑπέταξεν οὖν
τῇ τῶν ὅλων περιόδῳ, τὴν κτῆσιν, τὰ σκεύη, τὴν οἰκίαν,
τὰ τέκνα, τὴν γυναῖκα. τί οὖν θεομαχῶ; τί θέλω
τὰ μὴ θελητά, τὰ μὴ δοθέντα μοι ἐξ ἅπαντος ἔχειν;
ἀλλὰ πῶς; ὡς δέδοται καὶ ἐφ´ ὅσον δύναται. ἀλλ´ ὁ
δοὺς ἀφαιρεῖται. τί οὖν ἀντιτείνω; οὐ λέγω, ὅτι ἠλίθιος ἔσομαι τὸν ἰσχυρότερον
βιαζόμενος, ἀλλ´ ἔτι πρότερον ἄδικος. πόθεν γὰρ ἔχων αὐτὰ ἦλθον; ὁ πατήρ
μου αὐτὰ ἔδωκεν. ἐκείνῳ δὲ τίς; τὸν ἥλιον δὲ τίς πεποίηκε, τοὺς καρποὺς δὲ τίς,
τὰς δ´ ὥρας τίς, τὴν δὲ
πρὸς ἀλλήλους συμπλοκὴν καὶ κοινωνίαν τίς;
Εἶτα σύμπαντα εἰληφὼς παρ´ ἄλλου καὶ αὐτὸν σεαυτόν, ἀγανακτεῖς καὶ μέμφῃ
τὸν δόντα, ἄν σού τι ἀφέληται; τίς ὢν καὶ ἐπὶ τί ἐληλυθώς; οὐχὶ ἐκεῖνός σε
εἰσήγαγεν; οὐχὶ τὸ φῶς ἐκεῖνός σοι ἔδειξεν; οὐ συνεργοὺς δέδωκεν; οὐ καὶ
αἰσθήσεις; οὐ λόγον; ὡς τίνα δὲ
εἰσήγαγεν; οὐχ ὡς θνητόν; οὐχ ὡς μετὰ ὀλίγου σαρκιδίου ζήσοντα ἐπὶ γῆς καὶ
θεασόμενον τὴν διοίκησιν
αὐτοῦ καὶ συμπομπεύσοντα αὐτῷ καὶ συνεορτάσοντα
πρὸς ὀλίγον; οὐ θέλεις οὖν, ἕως δέδοταί σοι, θεασάμενος τὴν πομπὴν καὶ τὴν
πανήγυριν εἶτα, ὅταν ς´ ἐξάγῃ,
πορεύεσθαι προσκυνήσας καὶ εὐχαριστήσας ὑπὲρ ὧν
ἤκουσας καὶ εἶδες; ‘οὔ· ἀλλ´ ἔτι ἑορτάζειν ἤθελον.’ καὶ
γὰρ οἱ μύσται μυεῖσθαι; τάχα καὶ οἱ ἐν Ὀλυμπίᾳ ἄλλους ἀθλητὰς βλέπειν·
ἀλλὰ ἡ πανήγυρις πέρας ἔχει· ἔξελθε, ἀπαλλάγηθι ὡς εὐχάριστος,
ὡς αἰδήμων· δὸς ἄλλοις τόπον· δεῖ γενέσθαι καὶ ἄλλους, καθάπερ καὶ
σὺ ἐγένου, καὶ γενομένους ἔχειν χώραν καὶ οἰκήσεις,
τὰ ἐπιτήδεια. ἂν δ´ οἱ πρῶτοι μὴ ὑπεξάγωσιν, τί ὑπολείπεται;
τί ἄπληστος εἶ; τί ἀνίκανος; τί στενοχωρεῖς
τὸν κόσμον; (-) Ναί· ἀλλὰ τὰ τεκνία μετ´ ἐμαυτοῦ
εἶναι θέλω καὶ τὴν γυναῖκα. (-) Σὰ γάρ ἐστιν; οὐχὶ
τοῦ δόντος; οὐχὶ καὶ τοῦ σὲ πεποιηκότος; εἶτα οὐκ ἐκστήσῃ τῶν ἀλλοτρίων; οὐ
παραχωρήσεις τῷ κρείσσονι;
(-) Τί οὖν μ´ εἰσῆγεν ἐπὶ τούτοις; (-) Καὶ εἰ μὴ ποιεῖ
σοι, ἔξελθε· οὐκ ἔχει χρείαν θεατοῦ μεμψιμοίρου. τῶν
συνεορταζόντων δεῖται, τῶν συγχορευόντων, ἵν´ ἐπικροτῶσι μᾶλλον,
ἐπιθειάζωσιν, ὑμνῶσι δὲ τὴν πανήγυριν. τοὺς ἀταλαιπώρους δὲ καὶ δειλοὺς οὐκ
ἀηδῶς ὄψεται ἀπολελειμμένους τῆς πανηγύρεως· οὐδὲ γὰρ
παρόντες ὡς ἐν ἑορτῇ διῆγον οὐδ´ ἐξεπλήρουν τὴν χώραν τὴν πρέπουσαν, ἀλλ´
ὠδυνῶντο, ἐμέμφοντο τὸν
δαίμονα, τὴν τύχην, τοὺς συνόντας· ἀναίσθητοι καὶ ὧν
ἔτυχον καὶ τῶν ἑαυτῶν δυνάμεων, ἃς εἰλήφασι πρὸς τὰ
ἐναντία, μεγαλοψυχίας, γενναιότητος, ἀνδρείας, αὐτῆς
τῆς νῦν ζητουμένης ἐλευθερίας. (-) Ἐπὶ τί οὖν εἴληφα
ταῦτα; (-) Χρησόμενος. (-) Μέχρι τίνος; (-) Μέχρις ἂν
ὁ χρήσας θέλῃ. (-) Ἂν οὖν ἀναγκαῖά μοι ᾖ; (-) Μὴ πρόσπασχε αὐτοῖς καὶ οὐκ
ἔσται. σὺ αὐτὰ αὑτῷ μὴ εἴπῃς ἀναγκαῖα καὶ οὐκ ἔστιν.
| [4,1h] Ainsi font ceux qui veulent voyager en sûreté. Apprend-on qu'il y a des
voleurs sur la route, on n'ose pas partir seul. Mais on attend qu'un
lieutenant, qu'un questeur ou qu'un proconsul fassent le même voyage ; on
se met à leur suite, et l'on fait la route en sûreté.
Ainsi fait le Sage dans le monde. « Nombreux, (se dit-il), sont les
voleurs, les tyrans, les tempêtes, les disettes, les amis que l'on perd.
Où trouver un refuge? Comment voyager à l'abri des voleurs? Quel compagnon
de route peut-on attendre, pour faire le trajet en sûreté? A la suite de
qui faut-il se mettre? A la suite d'un tel? d'un riche? d'un consulaire? A
quoi cela me servirait-il? Car voilà qu'on le dépouille, qu'il gémit et
qu'il pleure. Puis, si mon compagnon de route se tourne contre moi et se
fait mon voleur, que ferai-je? Je vais donc être l'ami de César ; et,
quand je serai son intime, personne ne m'attaquera. Mais d'abord, pour
arriver à ce rang brillant, que ne me faudra-t-il pas supporter et
souffrir? Combien de fois, et par combien de gens ne me faudra-t-il pas
être volé? Puis, supposez que je devienne son ami, n'est-il pas mortel,
lui aussi? Et, si, par suite de quelque circonstance, il devient mon
ennemi, où vaudra-t-il mieux me retirer? Dans un désert? Soit ; mais
est-ce que la fièvre n'y pénètre pas? Quel est donc l'état des choses? Et
ne serait-il pas possible de trouver un compagnon de route sûr, fidèle,
puissant, et qui ne se tournât jamais contre vous? » Voilà ce que dit le
Sage ; et il en conclut que c'est en se mettant à la suite de Dieu, qu'il
fera son voyage sans danger.
Qu'appelles-tu donc se mettre à la suite de Dieu? C'est vouloir soi-même
ce qu'il veut, et ne pas vouloir ce qu'il ne veut pas. Et comment le
peut-on faire? Le peut-on autrement qu'on étudiant les desseins de Dieu et
sa façon de disposer les choses? Que m'a-t-il donné qui soit à moi et dont
je sois le maître? Que s'est-il réservé à lui-même? il m'a donné ma
faculté de juger et de vouloir; il l'a faite dépendante de moi seul,
au-dessus de tout empêchement et de toute contrainte. Mais ce corps de
boue, comment pouvait-il le faire exempt d'entraves? Il a donc subordonné
aux évolutions du grand tout le sort de notre fortune, de nos meubles, de
notre maison, de nos enfants, de notre femme. Pourquoi dès lors à propos
d'eux lutter contre Dieu? Pourquoi vouloir ce que je ne dois pas vouloir?
Pourquoi prétendre avoir à tout jamais des choses qui ne m'ont pas été
données pour cela? Comment dois-je désirer les avoir? Comme elles m'ont
été données, et dans la mesure où elles l'ont été. — « Mais celui qui me
les a données me les retire !— Eh bien ! pourquoi lui résister? Je ne dis
pas seulement que je serais absurde de lutter contre un plus fort; mais de
plus, et avant tout, je manquerais à mes devoirs. Car de qui tenais-je
toutes ces choses, en arrivant au monde? C'est mon père qui me les avait
données. Mais lui, qu'est-ce qui les lui avait données? Demande qu'est-ce
qui a fait le soleil, les fruits, les saisons; qu'est-ce qui a fait cette
vie en commun et cette association des hommes entre eux.
Et, quand tu tiens tout d'un autre, jusqu'à ton être propre, tu t'emportes
et tu accuses celui qui t'a tout donné, s'il vient à te reprendre quelque
chose! Qui es-tu donc? Et pourquoi es-tu venu ici? N'est-ce pas lui qui
t'y a amené? N'est-ce pas lui qui t'a fait voir la lumière, qui t'a donné
des compagnons de travail, qui t'a donné les sens, qui t'a donné la
raison? Mais qui a-t-il amené ici? Un être mortel, n'est-ce pas vrai? Un
être qui doit vivre sur la terre en compagnie d'un corps chétif, et
pendant quelque temps y regarder la façon dont Dieu gouverne, célébrer les
jeux avec lui, et avec lui assister aux fêtes? Ne consentiras-tu donc pas,
après avoir regardé la fête et l'assemblée, tant qu'il te l'aura permis, à
t'en aller quand il t'emmènera, en lui témoignant ton respect, et en le
remerciant pour tout ce que tu as vu et entendu? — « Non; car j'aurais
voulu rester encore à la fête. » — Ceux, en effet, qu'on initie voudraient
que l'initiation durât plus longtemps; et sans doute ceux qui sont à
Olympie voudraient voir d'autres athlètes encore; mais la solennité est
terminée ! Va-t'en, et pars en homme reconnaissant, en homme réservé ;
fais place à d'autres; car il faut que d'autres naissent à leur tour,
comme tu es né toi-même, et que, après être nés, ils aient un pays et une
demeure à eux, avec les choses nécessaires à la vie. Que leur
resterait-il, si l'on ne mettait pas les premiers dehors? Pourquoi n'es-tu
pas satisfait? Pourquoi n'en trouves-tu pas assez? Pourquoi fais-tu que le
monde soit trop étroit? — « Oui; mais je voudrais avoir avec moi ma femme
et mes enfants. — Est-ce qu'ils sont à toi, et non à celui qui te les a
donnés, à celui qui t'a fait? Ne peux-tu pas renoncer à ce qui n'est pas à
toi, céder quelque chose à ton supérieur? —Mais pourquoi m'a-t-il amené
ici à ces conditions? — Si elles ne te plaisent pas, va-t'en ; il n'a que
faire d'un spectateur qui se plaint. Il désire avoir des gens qui prennent
part à la fête et aux chœurs, mais pour qu'ils applaudissent, pour qu'ils
fassent éclater leurs transports et vantent bien haut la réunion. Quant
aux indifférents et aux sans cœur, il les verra sans peine quitter
l'assemblée; car, lorsqu'ils y étaient, ils ne s'y conduisaient pas comme
à une fête, et n'y jouaient pas le rôle qu'ils devaient y jouer. Loin de
là, ils se plaignaient, ils accusaient Dieu, le sort, leurs compagnons, ne
se rappelant pas tout ce qu'ils avaient reçu, et toutes les ressources qui
leur avaient été données contre l'adversité, telles que la grandeur d'âme,
la noblesse de cœur, le courage, et cette liberté même qui est l'objet de
nos recherches présentes. —Mais pourquoi donc ai-je reçu ces objets qui
m'entourent? — Pour t'en servir. — Combien de temps? — Tant que voudra
celui qui te les a prêtés. —Mais s'ils me sont indispensables? — Ne t'y
attache pas, et ils ne le seront point. Ne dis pas toi-même qu'ils te sont
indispensables, et ils ne le seront pas. »
|