[4,1d] Ὅταν οὖν μήτε οἱ βασιλεῖς λεγόμενοι ζῶσιν ὡς θέλουσι μήθ´ οἱ φίλοι τῶν
βασιλέων, τίνες ἔτι εἰσὶν
ἐλεύθεροι; (-) Ζήτει καὶ εὑρήσεις. ἔχεις γὰρ ἀφορμὰς
παρὰ τῆς φύσεως πρὸς εὕρεσιν τῆς ἀληθείας. εἰ δ´
αὐτὸς οὐχ οἷός τε εἶ κατὰ ταύτας ψιλὰς πορευόμενος
εὑρεῖν τὸ ἑξῆς, ἄκουσον παρὰ τῶν ἐζητηκότων. τί λέγουσιν;
ἀγαθόν σοι δοκεῖ ἡ ἐλευθερία; (-) Τὸ μέγιστον.
(-) Δύναται οὖν τις τοῦ μεγίστου ἀγαθοῦ τυγχάνων
κακοδαιμονεῖν ἢ κακῶς πράσσειν; (-) Οὔ. (-) Ὅσους
οὖν ἂν ἴδῃς κακοδαιμονοῦντας, δυσροοῦντας, πενθοῦντας, ἀποφαίνου θαρρῶν
μὴ εἶναι ἐλευθέρους. (-) Ἀποφαίνομαι. (-) Οὐκοῦν ἀπὸ μὲν ὠνῆς καὶ πράσεως καὶ
τῆς τοιαύτης ἐν κτήσει κατατάξεως ἤδη ἀποκεχωρήκαμεν.
εἰ γὰρ ὀρθῶς ὡμολόγησας ταῦτα, ἄν τε μέγας βασιλεὺς
κακοδαιμονῇ, οὐκ ἂν ἐλεύθερος, ἄν τε μικρὸς ἄν θ´
ὑπατικὸς ἄν τε δισύπατος. (-) Ἔστω.
Ἔτι οὖν ἀπόκριναί μοι κἀκεῖνο· δοκεῖ σοι μέγα τι
εἶναι καὶ γενναῖον ἡ ἐλευθερία καὶ ἀξιόλογον; (-) Πῶς
γὰρ οὔ; (-) Ἔστιν οὖν τυγχάνοντά τινος οὕτως μεγάλου καὶ ἀξιολόγου καὶ
γενναίου ταπεινὸν εἶναι; (-)
Οὐκ ἔστιν. (-) Ὅταν οὖν ἴδῃς τινὰ ὑποπεπτωκότα ἑτέρῳ
ἢ κολακεύοντα παρὰ τὸ φαινόμενον αὐτῷ, λέγε καὶ τοῦτον θαρρῶν μὴ εἶναι
ἐλεύθερον· καὶ μὴ μόνον, ἂν δειπναρίου ἕνεκα αὐτὸ ποιῇ, ἀλλὰ κἂν ἐπαρχίας
ἕνεκα κἂν
ὑπατείας. ἀλλ´ ἐκείνους μὲν μικροδούλους λέγε τοὺς
μικρῶν τινων ἕνεκα ταῦτα ποιοῦντας, τούτους δ´, ὡς
εἰσὶν ἄξιοι, μεγαλοδούλους. (-) Ἔστω καὶ ταῦτα. (-) Δοκεῖ δέ σοι ἡ ἐλευθερία
αὐτεξούσιόν τι εἶναι καὶ αὐτόνομον; (-) Πῶς γὰρ οὔ; (-) Ὅντινα οὖν ἐπ´ ἄλλῳ
κωλῦσαι ἔστι καὶ ἀναγκάσαι, θαρρῶν λέγε μὴ εἶναι ἐλεύθερον. καὶ μή μοι
πάππους αὐτοῦ καὶ προπάππους
βλέπε καὶ ὠνὴν ζήτει καὶ πρᾶσιν, ἀλλ´ ἂν ἀκούσῃς λέγοντος ἔσωθεν καὶ ἐκ
πάθους ‘κύριε’, κἂν δώδεκα
ῥάβδοι προάγωσιν, λέγε δοῦλον· κἂν ἀκούσῃς λέγοντος
‘τάλας ἐγώ, οἷα πάσχω’, λέγε δοῦλον· ἂν ἁπλῶς ἀποκλαιόμενον ἴδῃς,
μεμφόμενον, δυσροοῦντα, λέγε δοῦλον
περιπόρφυρον ἔχοντα. ἂν οὖν μηδὲν τούτων ποιῇ, μήπω εἴπῃς ἐλεύθερον,
ἀλλὰ τὰ δόγματα αὐτοῦ κατάμαθε,
μή τι ἀναγκαστά, μή τι κωλυτικά, μή τι δυσροητικά·
κἂν εὕρῃς τοιοῦτον, λέγε δοῦλον ἀνοχὰς ἔχοντα ἐν
Σατο{υ}ρναλίοις· λέγε, ὅτι ὁ κύριος αὐτοῦ ἀποδημεῖ· εἶθ´
ἥξει καὶ γνώσῃ οἷα πάσχει. (-) Τίς ἥξει; (-) Πᾶς ὃς ἂν
ἐξουσίαν ἔχῃ τῶν ὑπ´ αὐτοῦ τινος θελομένων πρὸς τὸ
περιποιῆσαι ταῦτα ἢ ἀφελέσθαι. (-) Οὕτως οὖν πολλοὺς
κυρίους ἔχομεν; (-) Οὕτως. τὰ γὰρ πράγματα προτέρους
τούτων κυρίους ἔχομεν· ἐκεῖνα δὲ πολλά ἐστιν. διὰ
ταῦτα ἀνάγκη καὶ τοὺς τούτων τινὸς ἔχοντας ἐξουσίαν
κυρίους εἶναι· ἐπεί τοι οὐδεὶς αὐτὸν τὸν Καίσαρα φοβεῖται,
ἀλλὰ θάνατον, φυγήν, ἀφαίρεσιν τῶν ὄντων,
φυλακήν, ἀτιμίαν. οὐδὲ φιλεῖ τις τὸν Καίσαρα, ἂν μή
τι ᾖ πολλοῦ ἄξιος, ἀλλὰ πλοῦτον φιλοῦμεν, δημαρχίαν,
στρατηγίαν, ὑπατείαν. ὅταν ταῦτα φιλῶμεν καὶ μισῶμεν καὶ φοβώμεθα,
ἀνάγκη τοὺς ἐξουσίαν αὐτῶν ἔχοντας κυρίους ἡμῶν εἶναι.
διὰ τοῦτο καὶ ὡς θεοὺς αὐτοὺς προσκυνοῦμεν· ἐννοοῦμεν γάρ,
ὅτι τὸ ἔχον ἐξουσίαν τῆς μεγίστης ὠφελείας θεῖόν ἐστιν,
εἶθ´ ὑποτάσσομεν κακῶς ‘οὗτος δ´ ἔχει {τῆς μεγίστης ὠφελείας·
θεῖόν ἐστιν. εἶθ´ ὑποτάσσομεν κακῶς, οὗτος δ´ ἔχει} τῆς μεγίστης
ὠφελείας ἐξουσίαν’. ἀνάγκη καὶ τὸ γενόμενον ἐξ αὐτῶν
ἐπενεχθῆναι κακῶς.
| [4,1d] Puis donc que ni ceux qu'on appelle rois, ni ceux qui sont les amis des
rois, ne vivent comme ils le veulent, qui est-ce qui est libre? Cherche,
et tu le trouveras ; car la nature t'a donné plus d'une voie pour
découvrir la vérité. Mais, si par toi-même tu n'es pas capable, en te
bornant à suivre ces voies, de trouver ce qui est au bout, écoute ceux qui
ont fait cette recherche. Que te disent-ils : « Crois-tu que la liberté
soit un bien? —Le plus grand de tous. Quelqu'un qui est en possession du
plus grand bien, peut-il être malheureux? Peut-il être misérable? —Non.
—Tous ceux donc que tu verras malheureux, souffrants, gémissants, dis
hardiment qu'ils ne sont pas libres. — Je le dis. » — Nous voici donc bien
loin de l'achat, de la vente, et de tous les modes pareils d'acquisition;
car, si ce que tu nous accordes est vrai, un roi, grand ou petit, un
consulaire, ou même un homme qui a été deux fois consul, ne sont pas
libres, dès qu'ils sont malheureux. — Oui.
— Réponds-moi donc encore à ceci : Crois-tu que la liberté soit une chose
d'importance, une noble chose, une chose de prix? — Comment non? — Se
peut-il donc qu'un homme, qui possède une chose de cette importance, de
cette valeur, de cette élévation, ait le cœur bas? — Cela ne se peut. —
Lors donc que tu verras quelqu'un s'abaisser devant un autre, et le
flatter contre sa conviction, dis hardiment que celui-là non plus n'est
pas libre, non pas seulement quand c'est pour un dîner qu'il agit ainsi,
mais encore lorsque c'est pour un gouvernement ou pour le consulat.
Appelle petits esclaves ceux qui se conduisent ainsi pour un petit
salaire; mais ces autres, appelle-les de grands esclaves; ils le méritent
bien. — Soit pour ceci encore. — Crois-tu d'autre part que la liberté soit
l'indépendance et la pleine disposition de soi-même? — Comment non? —
Tous ceux donc aussi qu'il est au pouvoir d'un autre d'entraver ou de
contraindre, dis hardiment qu'ils ne sont pas libres. Ne regarde pas aux
pères et aux grands-pères, ne cherche pas si l'on a été acheté ou vendu;
mais, dès que tu entendras quelqu'un dire, « maître, sérieusement et de
cœur, appelle-le esclave, alors même que douze faisceaux marcheraient
devant lui. Si tu lui entends dire : « Hélas, que de maux je souffre!
appelle-le esclave. Plus simplement, qui que ce soit que tu voies pleurer,
se plaindre, se trouver malheureux, appelle-le esclave, quand même il
porterait la robe bordée de pourpre. Alors même encore que l'on ne ferait
rien de tout cela, ne dis pas qu'on est libre : examine auparavant les
déterminations des gens ; vois s'il n'y a pour elles ni contrainte, ni
empêchement, ni mauvais succès. Si tu trouves les gens dans ce cas, dis
que ce sont des esclaves, qui ont un jour de congé aux Saturnales; dis que
leur maître est en voyage ; mais il arrivera, et tu verras alors quelle
est leur condition. Quel est donc ce maître qui doit arriver? Tous ceux
qui ont le pouvoir de leur procurer ou de leur enlever quelqu'un des
objets qu'ils désirent. Avons-nous donc, en effet, tant de maîtres? Oui,
car avant ceux-là nous avons les objets mêmes pour maîtres; et ces objets
sont nombreux, et c'est grâce à eux que tous ceux qui les ont à leur
disposition sont forcément nos maîtres, eux aussi. Ce que l'on craint, en
effet, ce n'est pas la personne de l'Empereur ; mais la mort, l'exil, la
confiscation, la prison, la dégradation. Ce n'est pas non plus l'Empereur
que l'on aime, à moins qu'il ne soit du premier mérite ; c'est la richesse
que nous aimons; c'est le tribunat, la prêtrise, le consulat. Mais, dès
que nous aimons, haïssons, ou redoutons ainsi quelque chose, tous ceux qui
l'ont en leur pouvoir sont forcément nos maîtres. De là vient encore que
nous les honorons comme des dieux. Nous croyons, en effet, que les choses
les plus utiles sont aux mains des Dieux ; et nous y ajoutons à tort : «
Cet homme a dans ses mains les choses les plus utiles; donc, il est un
Dieu. » Une fois que nous avons ajouté à tort : « Cet homme a dans ses
mains les choses les plus utiles, il faut forcément en arriver à une
conclusion fausse. »
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