[4,4c] θέλετ´ εἰς Ῥώμην; εἰς Ῥώμην. εἰς Γύαρα; εἰς Γύαρα.
εἰς Ἀθήνας; εἰς Ἀθήνας. εἰς φυλακήν; εἰς φυλακήν.
ἂν ἅπαξ εἴπῃς ‘πότε τις εἰς Ἀθήνας ἀπέλθῃ;’, ἀπώλου.
ἀνάγκη γε ταύτην τὴν ὄρεξιν ἀτελῆ μὲν οὖσαν ἀτυχῆ
σε ποιεῖν, τελειωθεῖσαν δὲ κενόν, ἐφ´ οἷς οὐ δεῖ ἐπαιρόμενον· πάλιν ἂν
ἐμποδισθῇς, δυστυχῆ, περιπίπτοντα
οἷς οὐ θέλεις. ἄφες οὖν ταῦτα πάντα. ‘καλαὶ αἱ Ἀθῆναι.’ ἀλλὰ τὸ εὐδαιμονεῖν
κάλλιον πολύ, τὸ ἀπαθῆ
εἶναι, τὸ ἀτάραχον, τὸ ἐπὶ μηδενὶ κεῖσθαι τὰ σὰ πράγματα. ‘θόρυβος ἐν Ῥώμῃ
καὶ ἀσπασμοί.’ ἀλλὰ τὸ εὐροεῖν ἀντὶ πάντων τῶν δυσκόλων. εἰ οὖν τούτων
καιρός ἐστιν, διὰ τί οὐκ αἴρεις αὐτῶν τὴν ἔκκλισιν; τίς
ἀνάγκη ὡς ὄνον ξυλοκοπούμενον ἀχθοφορεῖν; εἰ δὲ μή,
ὅρα ὅτι δεῖ σε δουλεύειν ἀεὶ τῷ δυναμένῳ σοι διαπράξασθαι τὴν ἔξοδον, τῷ πᾶν
ἐμποδίσαι δυναμένῳ
κἀκεῖνον θεραπεύειν ὡς Κακοδαίμονα.
Μία ὁδὸς ἐπὶ εὔροιαν (τοῦτο καὶ ὄρθρου καὶ μεθ´
ἡμέραν καὶ νύκτωρ ἔστω πρόχειρον), ἀπόστασις τῶν
ἀπροαιρέτων, τὸ μηδὲν ἴδιον ἡγεῖσθαι, τὸ παραδοῦναι
πάντα τῷ δαιμονίῳ, τῇ τύχῃ, ἐκείνους ἐπιτρόπους αὐτῶν ποιήσασθαι, οὓς καὶ ὁ
Ζεὺς πεποίηκεν, αὐτὸν δὲ
πρὸς ἑνὶ εἶναι μόνῳ, τῷ ἰδίῳ, τῷ ἀκωλύτῳ, καὶ ἀναγιγνώσκειν ἐπὶ τοῦτο
ἀναφέροντα τὴν ἀνάγνωσιν καὶ
γράφειν καὶ ἀκούειν. διὰ τοῦτο οὐ δύναμαι εἰπεῖν φιλόπονον, ἂν ἀκούσω τοῦτο
μόνον, ὅτι ἀναγιγνώσκει ἢ
γράφει, κἂν προσθῇ τις, ὅτι ὅλας τὰς νύκτας, οὔπω
λέγω, ἂν μὴ γνῶ τὴν ἀναφοράν. οὐδὲ γὰρ σὺ λέγεις
φιλόπονον τὸν διὰ παιδισκάριον ἀγρυπνοῦντα· οὐ τοίνυν οὐδ´ ἐγώ. ἀλλ´ ἐὰν μὲν
ἕνεκα δόξης αὐτὸ ποιῇ, λέγω φιλόδοξον, ἂν δ´ ἕνεκα ἀργυρίου, φιλάργυρον, οὐ
φιλόπονον. ἂν δ´ ἐπὶ τὸ ἴδιον ἡγεμονικὸν ἀναφέρῃ
τὸν πόνον, ἵν´ ἐκεῖνο κατὰ φύσιν ἔχῃ καὶ διεξάγῃ, τότε
λέγω μόνον φιλόπονον. μηδέποτε γὰρ ἀπὸ τῶν κοινῶν
μήτ´ ἐπαινεῖτε μήτε ψέγετε, ἀλλὰ ἀπὸ δογμάτων. ταῦτα
γάρ ἐστι τὰ ἴδια ἑκάστου, τὰ καὶ τὰς πράξεις αἰσχρὰς
ἢ καλὰς ποιοῦντα· τούτων μεμνημένος χαῖρε τοῖς παροῦσιν καὶ ἀγάπα ταῦτα,
ὧν καιρός ἐστιν. εἴ τινα ὁρᾷς,
ὧν ἔμαθες καὶ διεσκέψω, ἀπαντῶντά σοι εἰς τὰ ἔργα,
εὐφραίνου ἐπ´ αὐτοῖς. εἰ τὸ κακόηθες καὶ λοίδορον
ἀποτέθεισαι, μεμείωκας, εἰ τὸ προπετές, εἰ τὸ αἰσχρολόγον, εἰ τὸ εἰκαῖον, εἰ τὸ
ἐπισεσυρμένον, εἰ οὐ κινῇ
ἐφ´ οἷς πρότερον, εἰ οὐχ ὁμοίως γ´ ὡς πρότερον, ἑορτὴν
ἄγειν δύνασαι καθ´ ἡμέραν, σήμερον, ὅτι καλῶς ἀνεστράφης ἐν τῷδε τῷ ἔργῳ,
αὔριον, ὅτι ἐν ἑτέρῳ.
πόσῳ μείζων αἰτία θυσίας ἢ ὑπατεία ἢ ἐπαρχία. ταῦτα
ἐκ σοῦ αὐτοῦ γίνεταί σοι καὶ ἀπὸ τῶν θεῶν. ἐκεῖνο μέμνησο, τίς ὁ διδούς ἐστι καὶ
τίσιν καὶ διὰ τίνα. τούτοις
τοῖς διαλογισμοῖς ἐντρεφόμενος ἔτι διαφέρῃ, ποῦ ὢν
εὐδαιμονήσεις, ποῦ ὢν ἀρέσεις τῷ θεῷ; οὐ πανταχόθεν
τὸ ἴσον ἀπέχουσιν; οὐ πανταχόθεν ὁμοίως ὁρῶσιν τὰ γινόμενα;
| [4,4c] Dis-leur : « Voulez-vous me conduire à Rome? » Eh bien, à Rome ! A Gyaros?
Eh bien, à Gyaros ! » A Athènes? Eh bien, à Athènes ! En prison? Eh bien,
en prison! » Si tu dis une seule fois : « Quand partira-t-on pour Athènes? »
c'en est fait de toi. Inévitablement ce désir, tant qu'il ne sera point
satisfait, te rendra malheureux ; s'il l'est, il fera de toi un homme
futile, qui s'exalte pour ce qui n'en vaut pas la peine ; et, s'il
rencontre des obstacles, tu seras misérable, tu tomberas dans ce que tu
voudras éviter. Renonce donc à tout cela. Athènes est belle ; mais c'est
une chose bien plus belle d'être heureux, d'être sans agitation et sans
trouble, et de n'être en rien dans la dépendance de personne. A Rome, il y
a le tumulte de la foule et les salutations ; mais le bonheur d'une âme
calme ne dédommage-t-il pas de tous les ennuis? Si donc l'heure des ennuis
est venue, pourquoi ne pas supprimer en toi le désir d'y échapper? Quelle
nécessité y a-t-il de porter ton fardeau à la façon d'un âne qui succombe
sous le bâton? Sinon, vois bien qu'il te faudra être l'esclave de
quiconque pourra te faire sortir de Rome, de quiconque pourra t'empêcher
d'en partir. Il te faudra le servir, comme on sert une divinité méchante.
Il n'y a qu'une voie qui mène à ce bonheur dans le calme (songeons-y le
matin, le jour et la nuit) : c'est de nous détacher des choses qui ne
dépendent pas de notre libre arbitre ; de ne les point tenir pour nôtres ;
de les abandonner toutes à Dieu et à la fortune ; d'en remettre la gestion
à ceux à qui Jupiter l'a remise ; et, quant à nous, de nous donner
uniquement à ce qui nous appartient en propre, à ce qui échappe à toute
contrainte; de lire, enfin, en rapportant à ce but tout ce que nous
lisons, comme tout ce que nous écrivons ou écoutons. Voilà pourquoi je ne
puis pas dire qu'il aime le travail celui dont j'apprends seulement qu'il
lit ou qu'il écrit; et quand même on ajouterait qu'il le fait toute la
nuit, je ne le dirais pas encore, tant que je ne connaîtrais pas son but.
Tu ne dis pas qu'il aime le travail celui qui veille pour une femme; et
moi non plus je ne le dis pas. Si quelqu'un veille pour la gloire, je dis
qu'il aime la gloire; si quelqu'un veille pour l'argent, je dis qu'il aime
l'argent, et non point le travail; s'il veille par amour pour les lettres,
je dis qu'il aime les lettres. Mais ayez pour but de tous vos travaux
votre propre partie maîtresse, afin de la faire vivre et se conduire
conformément à la nature, alors seulement je dirai que vous aimez le
travail. Ne vantez et ne critiquez personne pour ce qui nous est commun
avec tout le monde ; ne le faites que pour ses opinions et ses intentions.
Car elles seules nous appartiennent en propre; elles seules font que nos
actions sont honorables ou honteuses. Songe à cela, et jouis du présent,
sans demander autre chose que ce dont l'heure est venue. Sois heureux, si
tu vois se présenter à toi l'occasion d'appliquer ce que tu as appris et
examiné. Et si tu extirpes ou diminues en toi la malignité, le penchant à
la médisance, la précipitation, l'habitude des propos obscènes, la
légèreté, la nonchalance; si tu n'es plus troublé par ce qui te troublait
auparavant, ou si tu l'es moins, alors tu pourras chaque jour célébrer une
fête, aujourd'hui pour avoir bien agi dans tel cas, et demain dans tel
autre. Quelle belle occasion de sacrifice il y a là, bien plus belle que
le consulat ou la préture ! Car ce sont là des choses qui te viennent de
toi seul et des Dieux ; tandis que ces dernières tu dois te rappeler qui
les donne, à qui on les donne, et en vue de quoi.
Si tu es nourri de ces réflexions, que t'importera en quel lieu tu seras
heureux, en quel lieu tu seras agréable à Dieu ! Ce qu'on reçoit des Dieux
n'est-il pas le même partout? N'ont-ils pas partout de même les yeux sur
ce qui se fait?
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