HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Arrien, Les Entretiens d'Épictête, livre IV

Chapitre 1a

  Chapitre 1a

[4,0] LIVRE IV. [4,0] LES ENTRETIENS D'ÉPICTÈTE RECUEILLIS PAR ARRIEN LIVRE QUATRIÈME : De la liberté.
[4,1a] Περὶ ἐλευθερίας. Ἐλεύθερός ἐστιν ζῶν ὡς βούλεται, ὃν οὔτ´ ἀναγκάσαι ἔστιν οὔτε κωλῦσαι οὔτε βιάσασθαι, οὗ αἱ ὁρμαὶ ἀνεμπόδιστοι, αἱ ὀρέξεις ἐπιτευκτικαί, αἱ ἐκκλίσεις ἀπερίπτωτοι. τίς οὖν θέλει ζῆν ἁμαρτάνων; (-) Οὐδείς. (-) Τίς θέλει ζῆν ἐξαπατώμενος, προπίπτων, ἄδικος ὤν, ἀκόλαστος, μεμψίμοιρος, ταπεινός; (-) Οὐδείς. (-) Οὐδεὶς ἄρα τῶν φαύλων ζῇ ὡς βούλεται· οὐ τοίνυν οὐδ´ ἐλεύθερός ἐστιν. τίς δὲ θέλει λυπούμενος ζῆν, φοβούμενος, φθονῶν, ἐλεῶν, ὀρεγόμενος καὶ ἀποτυγχάνων, ἐκκλίνων καὶ περιπίπτων; (-) Οὐδὲ εἷς. (-) Ἔχομεν οὖν τινα τῶν φαύλων ἄλυπον, ἄφοβον, ἀπερίπτωτον, ἀναπότευκτον; (-) Οὐδένα. (-) Οὐκ ἄρα οὐδὲ ἐλεύθερον. Ταῦτα ἄν τις ἀκούσῃ δισύπατος, ἂν μὲν προσθῇς ὅτιἀλλὰ σύ γε σοφὸς εἶ, οὐδὲν πρὸς σὲ ταῦτα’, συγγνώσεταί σοι. ἂν δ´ αὐτῷ τὰς ἀληθείας εἴπῃς ὅτιτῶν τρὶς πεπραμένων οὐδὲν διαφέρεις πρὸς τὸ μὴ καὶ αὐτὸς δοῦλος εἶναι’, τί ἄλλο πληγάς σε δεῖ προσδοκᾶν; ‘πῶς γάρ’, φησίν, ‘ἐγὼ δοῦλός εἰμι; πατὴρ ἐλεύθερος, μήτηρ ἐλευθέρα, οὗ ὠνὴν οὐδεὶς ἔχει· ἀλλὰ καὶ συγκλητικός εἰμι καὶ Καίσαρος φίλος καὶ ὑπάτευκα καὶ δούλους πολλοὺς ἔχω.’ πρῶτον μέν, βέλτιστε συγκλητικέ, τάχα σου καὶ πατὴρ τὴν αὐτὴν δουλείαν δοῦλος ἦν καὶ μήτηρ καὶ πάππος καὶ ἐφεξῆς πάντες οἱ πρόγονοι. εἰ δὲ δὴ καὶ τὰ μάλιστα ἦσαν ἐλεύθεροι, τί τοῦτο πρὸς σέ; τί γάρ, εἰ ἐκεῖνοι μὲν γενναῖοι ἦσαν, σὺ δ´ ἀγεννής; ἐκεῖνοι μὲν ἄφοβοι, σὺ δὲ δειλός; ἐκεῖνοι μὲν ἐγκρατεῖς, σὺ δ´ ἀκόλαστος; Καὶ τί, φησί, τοῦτο πρὸς τὸ δοῦλον εἶναι; (-) Οὐδέν σοι φαίνεται εἶναι τὸ ἄκοντά τι ποιεῖν, τὸ ἀναγκαζόμενον, τὸ στένοντα πρὸς τὸ δοῦλον εἶναι; (-) Τοῦτο μὲν ἔστω, φησίν. ἀλλὰ τίς με δύναται ἀναγκάσαι, εἰ μὴ πάντων κύριος Καῖσαρ; (-) Οὐκοῦν ἕνα μὲν δεσπότην σαυτοῦ καὶ σὺ αὐτὸς ὡμολόγησας. ὅτι δὲ πάντων, ὡς λέγεις, κοινός ἐστιν, μηδέν σε τοῦτο παραμυθείσθω, ἀλλὰ γίγνωσκε, ὅτι ἐκ μεγάλης οἰκίας δοῦλος εἶ. οὕτως καὶ Νικοπολῖται ἐπιβοᾶν εἰώθασινὴ τὴν Καίσαρος τύχην, ἐλεύθεροί ἐσμεν’. Ὅμως δ´, ἐάν σοι δοκῇ, τὸν μὲν Καίσαρα πρὸς τὸ παρὸν ἀφῶμεν, ἐκεῖνο δέ μοι εἰπέ· οὐδέποτ´ ἠράσθης τινός; οὐ παιδισκαρίου, οὐ παιδαρίου, οὐ δούλου, οὐκ ἐλευθέρου; (-) Τί οὖν τοῦτο πρὸς τὸ δοῦλον εἶναι ἐλεύθερον; (-) Οὐδέποθ´ ὑπὸ τῆς ἐρωμένης ἐπετάγης οὐδὲν ὧν οὐκ ἤθελες; οὐδέποτέ σου τὸ δουλάριον ἐκολάκευσας; οὐδέποτ´ αὐτοῦ τοὺς πόδας κατεφίλησας; καίτοι τοῦ Καίσαρος ἄν σέ τις ἀναγκάσῃ, ὕβριν αὐτὸ ἡγῇ καὶ ὑπερβολὴν τυραννίδος. τί οὖν ἄλλο ἐστὶ δουλεία; νυκτὸς οὐδέποτ´ ἀπῆλθες, ὅπου οὐκ ἤθελες; ἀνάλωσας, ὅσα οὐκ ἤθελες; εἶπάς τινα οἰμώζων καὶ στένων, ἠνέσχου λοιδορούμενος, ἀποκλειόμενος; ἀλλ´ εἰ σὺ αἰσχύνῃ τὰ σαυτοῦ ὁμολογεῖν, ὅρα λέγει καὶ ποιεῖ Θρασωνίδης, ὃς τοσαῦτα στρατευσάμενος, ὅσα τάχα οὐδὲ σύ, πρῶτον μὲν ἐξελήλυθε νυκτός, ὅτε Γέτας οὐ τολμᾷ ἐξελθεῖν, ἀλλ´ εἰ προσηναγκάζετο ὑπ´ αὐτοῦ, πόλλ´ ἂν ἐπικραυγάσας καὶ τὴν πικρὰν δουλείαν ἀπολοφυράμενος ἐξῆλθεν. εἶτα, τί λέγει; παιδισκάριόν με, φησίν, καταδεδούλωκ´ εὐτελές, ὃν οὐδὲ εἷς τῶν πολεμίων οὐπώποτε. τάλας, ὅς γε καὶ παιδισκαρίου δοῦλος εἶ καὶ παιδισκαρίου εὐτελοῦς. τί οὖν ἔτι σαυτὸν ἐλεύθερον λέγεις; τί δὲ προφέρεις σου τὰς στρατείας; εἶτα ξίφος αἰτεῖ καὶ πρὸς τὸν ὑπ´ εὐνοίας μὴ διδόντα χαλεπαίνει{ν} καὶ δῶρα τῇ μισούσῃ πέμπει καὶ δεῖται καὶ κλαίει, πάλιν δὲ μικρὰ εὐημερήσας ἐπαίρεται· πλὴν καὶ τότε πῶς; μηδ´ ἐπιθυμεῖν φοβεῖσθαι οὔτ´ ἐλευθερίαν . [4,1a] CHAPITRE Ier L'homme libre est celui qui vit comme il le veut; qu'on ne peut ni contraindre à faire une chose, ni empêcher de la faire; à qui l'on ne peut rien imposer de force; qui n'est jamais arrêté dans ce qu'il entreprend; qui ne manque jamais ce qu'il désire; qui ne tombe jamais dans ce qu'il redoute. Or, est-il quelqu'un qui veuille vivre en faute? Personne. Est-il quelqu'un qui veuille vivre dans l'erreur, à l'étourdie, injuste, dissolu, se plaignant toujours de son sort, n'ayant que des sentiments bas? Personne. Il n'est donc pas un pervers qui vive comme il le veut ; et pas un, par conséquent, qui soit libre. D'autre part, est-il quelqu'un qui veuille vivre à s'affliger, à trembler, à être jaloux, à se lamenter pour autrui, à désirer pour ne pas avoir ce qu'il désire, à craindre pour tomber dans ce qu'il craint? Personne. Or, avons-nous un seul pervers qui vive sans affliction et sans terreur, qui ne tombe jamais dans ce qu'il redoute, qui ne manque jamais ce qu'il désire? Pas un. De cette manière donc encore nous n'en avons pas un qui soit libre. Tiens ce langage devant un homme qui aura été deux fois consul, il te le pardonnera, si tu ajoutes : « Pour toi, tu es un sage, et rien de tout ceci ne te concerne. » Mais, si tu lui dis la vérité, qu'au point de vue de la servitude il n'y a aucune différence entre lui et ceux qui ont été vendus trois fois, devras-tu en attendre autre chose que des coups? « Comment ! dira-t-il, je suis un esclave, moi, dont le père était libre, dont la mère était libre, et que personne n'a acheté ! Mais je suis sénateur, et ami de César! J'ai été consul, et j'ai une foule d'esclaves ! » D'abord, mon cher sénateur, peut-être ton père était-il esclave tout comme toi, ainsi que ta mère, ainsi que ton grand-père et tous tes aïeux à la suite les uns des autres. Et, alors même qu'ils auraient été aussi libres que possible, qu'importerait par rapport à toi? Qu'importe, en effet, qu'ils aient eu du cœur, si tu n'en as pas ! Qu'ils aient été courageux, si tu es lâche ! Qu'ils aient été maîtres d'eux-mêmes, si tu ne l'es pas de toi ! — « Et quels rapports ceci a-t-il avec la servitude? — Crois-tu que ce ne soit pas de l'esclavage que de faire quelque chose malgré soi, par contrainte, en pleurant? — Soit, mais qui peut me contraindre, hormis César, le maître de tous? — Tu conviens donc, toi-même, que tu as un maître? Ce maître, dis-tu, est commun à tous; mais cela ne doit pas être pour toi une consolation : cela signifie seulement que tu es esclave dans une maison qui a un grand nombre d'autres esclaves. Tu ressembles aux Nicopolitains qui ont l'habitude de crier : "Par la fortune de César, nous sommes libres !" Laissons cependant César pour le moment, si tu le veux bien. Réponds-moi à ceci : N'as-tu jamais été amoureux? N'as-tu jamais eu de maîtresse, quelle fût libre ou esclave? — Et quels rapports cela a-t-il avec la servitude ou avec la liberté? — Celle que tu aimais ne t'a-t-elle donc jamais rien commandé contre ton gré? N'as-tu jamais flatté ton esclave? Ne lui as-tu jamais baisé les pieds? Certes, si quelqu'un t'avait forcé de baiser ceux de César, tu aurais vu là un outrage, et le comble de la tyrannie. Qu'est-ce donc que la servitude, si ce que tu faisais là n'en est pas? Pour elle n'as-tu jamais été de nuit où tu ne voulais pas? N'as-tu jamais dépensé plus que tu ne voulais? N'as-tu jamais rien dit avec des gémissements et des pleurs? N'as-tu jamais dû te laisser injurier et mettre à la porte? Si tu rougis d'avouer ta propre histoire, vois ce que dit et fait Thrasonides, après avoir fait plus de campagnes que toi-même probablement. D'abord il sort de nuit, à une heure telle que Geta n'ose pas y sortir, ou ne sort, quand son maître l'y contraint, qu'avec force cris, force lamentations sur son dur esclavage. Puis, que dit-il? « Une misérable fillette m'a fait son esclave, quand aucun ennemi ne l'avait pu ! » Malheureux, qui es l'esclave d'une fillette, et d'une misérable fillette ! Pourquoi te dis-tu libre encore? Pourquoi vantes-tu tes campagnes? Puis il demande une épée, et se fâche contre ceux qui la lui refusent par intérêt pour lui-même. Il envoie des cadeaux à celle qui le déteste; il la supplie; il pleure. Par contre, qu'il obtienne d'elle la moindre faveur, et le voilà hors de lui ! Mais à ce moment même encore comment est-il? N'a-t-il plus rien à désirer? plus rien à craindre? Et voilà comment il est libre !


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Dernière mise à jour : 18/05/2007