[3,1276b] Εἴπερ γάρ ἐστι κοινωνία τις ἡ πόλις, ἔστι δὲ
κοινωνία πολιτῶν πολιτείας, γινομένης ἑτέρας τῷ εἴδει καὶ διαφερούσης
τῆς πολιτείας ἀναγκαῖον εἶναι δόξειεν ἂν καὶ τὴν πόλιν εἶναι μὴ τὴν
αὐτήν, ὥσπερ γε καὶ χορὸν ὁτὲ μὲν κωμικὸν ὁτὲ δὲ τραγικὸν ἕτερον
εἶναί φαμεν, τῶν αὐτῶν πολλάκις ἀνθρώπων ὄντων,
§ 14. ὁμοίως δὲ καὶ πᾶσαν ἄλλην κοινωνίαν καὶ σύνθεσιν ἑτέραν, ἂν
εἶδος ἕτερον ᾖ τῆς συνθέσεως, οἷον ἁρμονίαν τῶν αὐτῶν φθόγγων
ἑτέραν εἶναι λέγομεν, ἂν ὁτὲ μὲν ᾖ Δώριος ὁτὲ δὲ Φρύγιος. Εἰ δὴ τοῦτον
ἔχει τὸν τρόπον, φανερὸν ὅτι μάλιστα λεκτέον τὴν αὐτὴν πόλιν εἰς τὴν
πολιτείαν βλέποντας· ὄνομα δὲ καλεῖν ἕτερον ἢ ταὐτὸν ἔξεστι καὶ τῶν
αὐτῶν κατοικούντων αὐτὴν καὶ πάμπαν ἑτέρων ἀνθρώπων.
§ 15. Εἰ δὲ δίκαιον διαλύειν ἢ μὴ διαλύειν, ὅταν εἰς ἑτέραν μεταβάλῃ
πολιτείαν ἡ πόλις, λόγος ἕτερος.
CHAPITRE II.
§ 1. Τῶν δὲ νῦν εἰρημένων ἐχόμενόν ἐστιν ἐπισκέψασθαι πότερον τὴν
αὐτὴν ἀρετὴν ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ πολίτου σπουδαίου θετέον, ἢ μὴ τὴν
αὐτήν. Ἀλλὰ μὴν εἴ γε τοῦτο τυχεῖν δεῖ ζητήσεως, τὴν τοῦ πολίτου τύπῳ
τινὶ πρῶτον ληπτέον. Ὥσπερ οὖν ὁ πλωτὴρ εἷς τις τῶν κοινωνῶν ἐστιν,
οὕτω καὶ τὸν πολίτην φαμέν. Τῶν δὲ πλωτήρων καίπερ ἀνομοίων
ὄντων τὴν δύναμιν νὁ μὲν γάρ ἐστιν ἐρέτης, ὁ δὲ κυβερνήτης, ὁ δὲ
πρῳρεύς, ὁ δ' ἄλλην τιν' ἔχων τοιαύτην ἐπωνυμίανν δῆλον ὡς ὁ μὲν
ἀκριβέστατος ἑκάστου λόγος ἴδιος ἔσται τῆς ἀρετῆς, ὁμοίως δὲ καὶ
κοινός τις ἐφαρμόσει πᾶσιν. Ἡ γὰρ σωτηρία τῆς ναυτιλίας ἔργον ἐστὶν
αὐτῶν πάντων· τούτου γὰρ ἕκαστος ὀρέγεται τῶν πλωτήρων.
§ 2. Ὁμοίως τοίνυν καὶ τῶν πολιτῶν, καίπερ ἀνομοίων ὄντων, ἡ
σωτηρία τῆς κοινωνίας ἔργον ἐστί, κοινωνία δ' ἐστὶν ἡ πολιτεία· διὸ τὴν
ἀρετὴν ἀναγκαῖον εἶναι τοῦ πολίτου πρὸς τὴν πολιτείαν. Εἴπερ οὖν ἔστι
πλείω πολιτείας εἴδη, δῆλον ὡς οὐκ ἐνδέχεται τοῦ σπουδαίου πολίτου
μίαν ἀρετὴν εἶναι, τὴν τελείαν· τὸν δ' ἀγαθὸν ἄνδρα φαμὲν κατὰ μίαν
ἀρετὴν εἶναι τὴν τελείαν. Ὅτι μὲν οὖν ἐνδέχεται πολίτην ὄντα σπουδαῖον
μὴ κεκτῆσθαι τὴν ἀρετὴν καθ' ἣν σπουδαῖος ἀνήρ, φανερόν·
§ 3. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ κατ' ἄλλον τρόπον ἔστι διαποροῦντας ἐπελθεῖν τὸν
αὐτὸν λόγον περὶ τῆς ἀρίστης πολιτείας. Εἰ γὰρ ἀδύνατον ἐξ ἁπάντων
σπουδαίων ὄντων εἶναι πόλιν, δεῖ γ' ἕκαστον τὸ καθ' αὑτὸν ἔργον εὖ
ποιεῖν, τοῦτο δὲ ἀπ' ἀρετῆς· ἐπειδὴ ἀδύνατον ὁμοίους εἶναι πάντας τοὺς πολίτας,
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L'État, en effet, est une sorte d'association ; s'il est une association
de citoyens obéissant à une constitution, cette constitution venant à
changer et à se modifier dans sa forme, il s'ensuit nécessairement, ce
semble, que l'État ne reste pas identique ; c'est comme le choeur, qui,
figurant tour à tour dans la comédie et dans la tragédie, est changé
pour nous, bien que souvent il se compose des mêmes acteurs.
§ 14. Cette remarque s'applique également à toute autre association, à
tout autre système, qu'on déclare changé quand l'espèce de la
combinaison vient à l'être ; c'est comme l'harmonie, où les mêmes
sons peuvent donner tantôt le mode dorien, tantôt le mode phrygien. Si
donc ceci est vrai, c'est à la constitution surtout qu'il faut regarder pour
prononcer sur l'identité de l'État. Il se peut, d'ailleurs, qu'il reçoive une
dénomination différente, les individus qui le composent demeurant les
mêmes; ou qu'il garde sa première dénomination, malgré le changement
radical des individus.
§ 15. C'est d'ailleurs une autre question de savoir s'il convient, après
une révolution, de remplir les engagements contractés ou de les rompre.
CHAPITRE II.
§ 1. Une question qui fait suite à celle-ci, c'est de savoir s'il existe
identité entre la vertu de l'individu privé et la vertu du citoyen ; ou bien,
si elles diffèrent l'une de l'autre. Pour procéder régulièrement à cette
recherche, il faut d'abord nous faire une idée de la vertu du citoyen.
Le citoyen, comme le matelot, est membre d'une association. A bord
du navire, quoique chacun ait un emploi différent, que l'un soit rameur,
l'autre pilote, celui--ci second, celui-là chargé de telle autre fonction, il
est clair que, malgré les appellations et les fonctions qui constituent à
proprement parler une vertu spéciale pour chacun d'eux, tous
concourent néanmoins à un but commun, c'est-à-dire au salut de
l'équipage, que tous assurent pour leur part, et que chacun d'entre eux
recherche également.
§ 2. Les membres de la cité ressemblent exactement aux matelots :
malgré la différence de leurs emplois, le salut de l'association est leur
oeuvre commune ; et l'association ici, c'est l'État. La vertu du citoyen
se rapporte donc exclusivement à l'État. Mais comme l'État revêt bien
des formes diverses, il est clair que la vertu du citoyen dans sa
perfection ne peut être une ; la vertu qui fait l'homme de bien, au
contraire, est une et absolue. De là, cette conclusion évidente, que la vertu
du citoyen peut être une tout autre vertu que celle de l'homme privé.
§ 3. On peut encore traiter cette question d'un point de vue différent,
qui tient à la recherche de la république parfaite. S'il est impossible en
effet que l'État ne compte parmi ses membres que des hommes de
bien ; et chacun cependant doit y remplir scrupuleusement les
fonctions qui lui sont confiées, ce qui suppose toujours quelque vertu ;
comme il n'est pas moins impossible que tous les citoyens agissent
tous identiquement,
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