[3,1275b] τὰς γὰρ ἡμαρτημένας καὶ παρεκβεβηκυίας ἀναγκαῖον ὑστέρας
εἶναι τῶν ἀναμαρτήτων (τὰς δὲ παρεκβεβηκυίας πῶς λέγομεν, ὕστερον
ἔσται φανερόν). Ὥστε καὶ τὸν πολίτην ἕτερον ἀναγκαῖον εἶναι τὸν
καθ' ἑκάστην πολιτείαν. Διόπερ ὁ λεχθεὶς ἐν μὲν δημοκρατίᾳ μάλιστ' ἐστὶ πολίτης,
§ 7. ἐν δὲ ταῖς ἄλλαις ἐνδέχεται μέν, οὐ μὴν ἀναγκαῖον. Ἐν ἐνίαις γὰρ
οὐκ ἔστι δῆμος, οὐδ' ἐκκλησίαν νομίζουσιν ἀλλὰ συγκλήτους, καὶ τὰς
δίκας δικάζουσι κατὰ μέρος, οἷον ἐν Λακεδαίμονι τὰς τῶν συμβολαίων
δικάζει τῶν ἐφόρων ἄλλος ἄλλας, οἱ δὲ γέροντες τὰς φονικάς, ἑτέρα δ'
ἴσως ἀρχή τις ἑτέρας. Οὐ τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ περὶ Καρχηδόνα·
πάσας γὰρ ἀρχαί τινες κρίνουσι τὰς δίκας.
§ 8. Ἀλλ' ἔχει διόρθωσιν ὁ τοῦ πολίτου διορισμός. Ἐν γὰρ ταῖς ἄλλαις
πολιτείαις οὐχ ὁ ἀόριστος ἄρχων ἐκκλησιαστής ἐστι καὶ δικαστής, ἀλλὰ
ὁ κατὰ τὴν ἀρχὴν ὡρισμένος· τούτων γὰρ ἢ πᾶσιν ἢ τισὶν ἀποδέδοται τὸ
βουλεύεσθαι καὶ δικάζειν ἢ περὶ πάντων ἢ περὶ τινῶν. Τίς μὲν οὖν ἐστιν
ὁ πολίτης, ἐκ τούτων φανερόν· ᾧ γὰρ ἐξουσία κοινωνεῖν ἀρχῆς
βουλευτικῆς ἢ κριτικῆς, πολίτην ἤδη λέγομεν εἶναι ταύτης τῆς πόλεως,
πόλιν δὲ τὸ τῶν τοιούτων πλῆθος ἱκανὸν πρὸς αὐτάρκειαν ζωῆς, ὡς
ἁπλῶς εἰπεῖν.
§ 9. Ὁρίζονται δὲ πρὸς τὴν χρῆσιν πολίτην τὸν ἐξ ἀμφοτέρων πολιτῶν
καὶ μὴ θατέρου μόνον, οἷον πατρὸς ἢ μητρός, οἱ δὲ καὶ τοῦτ' ἐπὶ πλέον
ζητοῦσιν, οἷον ἐπὶ πάππους δύο ἢ τρεῖς ἢ πλείους. Οὕτω δὲ
ὁριζομένων πολιτικῶς καὶ ταχέως, ἀποροῦσί τινες τὸν τρίτον ἐκεῖνον ἢ
τέταρτον, πῶς ἔσται πολίτης. Γοργίας μὲν οὖν ὁ Λεοντῖνος, τὰ μὲν ἴσως
ἀπορῶν τὰ δ' εἰρωνευόμενος, ἔφη, καθάπερ ὅλμους εἶναι τοὺς ὑπὸ τῶν
ὁλμοποιῶν πεποιημένους, οὕτω καὶ Λαρισαίους τοὺς ὑπὸ τῶν
δημιουργῶν πεποιημένους· εἶναι γάρ τινας λαρισοποιούς. Ἔστι δ'
ἁπλοῦν. Εἰ γὰρ μετεῖχον κατὰ τὸν ῥηθέντα διορισμὸν τῆς πολιτείας,
ἦσαν πολῖται· καὶ γὰρ οὐδὲ δυνατὸν ἐφαρμόττειν τὸ ἐκ πολίτου ἢ ἐκ
πολίτιδος ἐπὶ τῶν πρώτων οἰκησάντων ἢ κτισάντων.
§ 10. Ἀλλ' ἴσως ἐκεῖνο μᾶλλον ἔχει ἀπορίαν, ὅσοι μετέσχον μεταβολῆς
γενομένης πολιτείας, οἷον Ἀθήνησιν ἐποίησε Κλεισθένης μετὰ τὴν τῶν
τυράννων ἐκβολήν· πολλοὺς γὰρ ἐφυλέτευσε ξένους καὶ δούλους
μετοίκους. Τὸ δ' ἀμφισβήτημα πρὸς τούτους ἐστὶν οὐ τίς πολίτης, ἀλλὰ
πότερον ἀδίκως ἢ δικαίως. Καίτοι κἂν τοῦτό τις ἔτι προσαπορήσειεν,
| [3,1275b]
puisqu'il faut bien placer les constitutions faussées et corrompues
après celles qui ont conservé toute leur pureté : je dirai plus tard ce
que j'entends par constitution corrompue. Dès lors, le citoyen varie
nécessairement d'une constitution à l'autre, et le citoyen tel que nous
l'avons défini est surtout le citoyen de la démocratie.
§ 7. Ceci ne veut pas dire qu'il ne puisse l'être encore ailleurs ; mais il
ne l'y est pas nécessairement. Quelques constitutions ne
reconnaissent pas de peuple ; au lieu d'assemblée publique, c'est un
sénat ; et les fonctions de juge sont attribuées à des corps spéciaux,
comme à Lacédémone, où les Éphores se partagent toutes les affaires
civiles, où les Gérontes connaissent les affaires de meurtre, et où les
autres causes peuvent ressortir encore à différents tribunaux ; et
comme à Carthage, où quelques magistratures ont le privilège exclusif
de tous les jugements.
§ 8. Notre définition du citoyen doit donc être modifiée en ce sens.
Nulle part ailleurs que dans la démocratie, il n'existe de droit commun
et illimité d'être membre de l'assemblée publique et d'être juge. Ce
sont au contraire des pouvoirs tout spéciaux ; car on peut étendre à
toutes les classes de citoyens, ou limiter à quelques-unes, la faculté de
délibérer sur les affaires de l'État et celle de juger ; cette faculté même
peut s'appliquer à tous les objets, ou bien être restreinte à quelques-uns.
Donc évidemment, le citoyen, c'est l'individu qui peut avoir à
l'assemblée publique et au tribunal voix délibérante, quel que soit
d'ailleurs l'État dont il est membre ; et j'entends positivement par l'État
une masse d'hommes de ce genre, qui possède tout ce qu'il lui faut
pour fournir aux nécessités de l'existence.
§ 9. Dans le langage usuel, le citoyen est l'individu né d'un père
citoyen et d'une mère citoyenne ; une seule des deux conditions ne
suffirait pas. Quelques personnes poussent plus loin l'exigence et
demandent deux ou trois ascendants, ou même davantage. Mais de
cette définition, qu'on croit aussi simple que républicaine, naît une
autre difficulté, c'est de savoir si ce troisième ou quatrième ancêtre est
citoyen. Aussi, Gorgias de Léontium, moitié par embarras, moitié par
moquerie, prétendait-il que les citoyens de Larisse étaient fabriqués
par des ouvriers qui n'avaient que ce métier-là et qui fabriquaient des
Larissiens comme un potier fabrique un pot. Pour nous, la question
serait fort simple : ils étaient citoyens, s'ils jouissaient des droits
énoncés dans notre définition ; car être né d'un père citoyen et d'une
mère citoyenne, est une condition qu'on ne peut raisonnablement
exiger des premiers habitants, des fondateurs de la cité.
§ 10. On révoquerait en doute avec plus de justice le droit de ceux qui
n'ont été faits citoyens que par suite d'une révolution, comme Clisthène
en fit tant après l'expulsion des tyrans à Athènes, en introduisant en
foule dans les tribus les étrangers et les esclaves domiciliés. Pour
ceux-là, la vraie question est de savoir, non pas s'ils sont citoyens,
mais s'ils le sont justement ou injustement. Il est vrai que, même à cet
égard, on pourrait se demander encore
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