[3,1287a] CHAPITRE XI.
§ 1. Περὶ δὲ τοῦ βασιλέως τοῦ κατὰ τὴν αὑτοῦ βούλησιν πάντα
πράττοντος ὅ τε λόγος ἐφέστηκε νῦν καὶ ποιητέον τὴν σκέψιν. Ὁ μὲν
γὰρ κατὰ νόμον λεγόμενος βασιλεὺς οὐκ ἔστιν εἶδος, καθάπερ εἴπομεν,
πολιτείας (ἐν πάσαις γὰρ ὑπάρχειν ἐνδέχεται στρατηγίαν ἀίδιον, οἷον ἐν
δημοκρατίᾳ καὶ ἀριστοκρατίᾳ, καὶ πολλοὶ ποιοῦσιν ἕνα κύριον τῆς
διοικήσεως· τοιαύτη γὰρ ἀρχή τις ἔστι καὶ περὶ Ἐπίδαμνον, καὶ περὶ
Ὀποῦντα δὲ κατά τι μέρος ἔλαττον)·
§ 2. περὶ δὲ τῆς παμβασιλείας καλουμένης ςαὕτη δ' ἐστὶ καθ' ἣν ἄρχει
πάντων κατὰ τὴν ἑαυτοῦ βούλησιν ὁ βασιλεύσσ δοκεῖ δέ τισιν οὐδὲ
κατὰ φύσιν εἶναι τὸ κύριον ἕνα πάντων εἶναι τῶν πολιτῶν, ὅπου
συνέστηκεν ἐξ ὁμοίων ἡ πόλις· τοῖς γὰρ ὁμοίοις φύσει τὸ αὐτὸ δίκαιον
ἀναγκαῖον καὶ τὴν αὐτὴν ἀξίαν κατὰ φύσιν εἶναι, ὥστ' εἴπερ καὶ τὸ ἴσην
ἔχειν τοὺς ἀνίσους τροφὴν ἢ ἐσθῆτα βλαβερὸν τοῖς σώμασιν, οὕτως
ἔχειν καὶ τὰ περὶ τὰς τιμάς· ὁμοίως τοίνυν καὶ τὸ ἄνισον τοὺς ἴσους·
§ 3. διόπερ οὐδένα μᾶλλον ἄρχειν ἢ ἄρχεσθαι δίκαιον, καὶ τὸ ἀνὰ μέρος
τοίνυν ὡσαύτως. Τοῦτο δ' ἤδη νόμος· ἡ γὰρ τάξις νόμος. Τὸν ἄρα
νόμον ἄρχειν αἱρετώτερον μᾶλλον ἢ τῶν πολιτῶν ἕνα τινά, κατὰ τὸν
αὐτὸν δὲ λόγον τοῦτον, κἂν εἴ τινας ἄρχειν βέλτιον, τούτους
καταστατέον νομοφύλακας καὶ ὑπηρέτας τοῖς νόμοις· ἀναγκαῖον γὰρ
εἶναί τινας ἀρχάς, ἀλλ' οὐχ ἕνα τοῦτον εἶναί φασι δίκαιον, ὁμοίων γε
ὄντων πάντων.
§ 4. Ἀλλὰ μὴν ὅσα γε μὴ δοκεῖ δύνασθαι διορίζειν ὁ νόμος, οὐδ'
ἄνθρωπος ἂν δύναιτο γνωρίζειν. Ἀλλ' ἐπίτηδες παιδεύσας ὁ νόμος
ἐφίστησι τὰ λοιπὰ τῇ δικαιοτάτῃ γνώμῃ κρίνειν καὶ διοικεῖν τοὺς
ἄρχοντας. Ἔτι δ' ἐπανορθοῦσθαι δίδωσιν ὅ τι ἂν δόξῃ πειρωμένοις
ἄμεινον εἶναι τῶν κειμένων. Ὁ μὲν οὖν τὸν νόμον κελεύων ἄρχειν δοκεῖ
κελεύειν ἄρχειν τὸν θεὸν καὶ τὸν νοῦν μόνους, ὁ δ' ἄνθρωπον κελεύων
προστίθησι καὶ θηρίον· ἥ τε γὰρ ἐπιθυμία τοιοῦτον, καὶ ὁ θυμὸς
ἄρχοντας διαστρέφει καὶ τοὺς ἀρίστους ἄνδρας. Διόπερ ἄνευ ὀρέξεως
νοῦς ὁ νόμος ἐστίν.
§ 5. Τὸ δὲ τῶν τεχνῶν εἶναι δοκεῖ παράδειγμα ψεῦδος, ὅτι τὸ κατὰ
γράμματα ἰατρεύεσθαι φαῦλον, ἀλλὰ αἱρετώτερον χρῆσθαι τοῖς ἔχουσι
τὰς τέχνας. Οἱ μὲν γὰρ οὐδὲν διὰ φιλίαν παρὰ τὸν λόγον ποιοῦσιν, ἀλλ'
ἄρνυνται τὸν μισθὸν τοὺς κάμνοντας ὑγιάσαντες· οἱ δ' ἐν ταῖς πολιτικαῖς
ἀρχαῖς πολλὰ πρὸς ἐπήρειαν καὶ χάριν εἰώθασι πράττειν, ἐπεὶ καὶ τοὺς
ἰατροὺς ὅταν ὑποπτεύωσι πιστευθέντας τοῖς ἐχθροῖς διαφθείρειν διὰ
κέρδος, τότε τὴν ἐκ τῶν γραμμάτων θεραπείαν ζητήσαιεν ἂν μᾶλλον.
| [3,1287a] CHAPITRE XI.
§ 1. Notre sujet nous conduit maintenant à la royauté où le monarque
peut tout faire selon son bon plaisir, et nous allons l'étudier ici. Aucune
des royautés dites légales ne forme, je le répète, une espèce
particulière de gouvernement, puisqu'on peut établir partout un
généralat inamovible, dans la démocratie aussi bien que dans
l'aristocratie. Bien souvent l'administration militaire est confiée à un
seul individu ; et il y a une magistrature de ce genre à Épidamne et à
Opunte, où cependant les pouvoirs du chef suprême sont moins étendus.
§ 2. Quant à ce qu'on nomme la royauté absolue, c'est-à-dire celle où
un seul homme règne souverainement suivant son bon plaisir, bien
des gens soutiennent que la nature des choses repousse elle-même
ce pouvoir d'un seul sur tous les citoyens, puisque l'État n'est qu'une
association d'êtres égaux, et qu'entre des êtres naturellement égaux,
les prérogatives et les droits doivent être nécessairement identiques.
S'il est physiquement nuisible de donner une égale nourriture et des
vêtements égaux à des hommes de constitution et de taille différentes,
l'analogie n'est pas moins frappante pour les droits politiques. Et à
l'inverse, l'inégalité entre égaux n'est pas moins déraisonnable.
§ 3. Ainsi il est juste que les parts de pouvoir et d'obéissance pour
chacun soient parfaitement égales, ainsi que leur alternative ; car c'est
là précisément ce que procure la loi, et la loi c'est la constitution. Il faut
donc préférer la souveraineté de la loi à celle d'un des citoyens ; et,
d'après ce même principe, si le pouvoir doit être remis à plusieurs
parmi eux, on ne doit les faire que gardiens et serviteurs de la loi ; car
si l'existence des magistratures est chose indispensable, c'est une
injustice patente de donner à un seul homme une magistrature
suprême, à l'exclusion de tous ceux qui valent autant que lui.
§ 4. Malgré ce qu'on en a dit, là où la loi est impuissante, un individu
n'en saura jamais plus qu'elle ; une loi qui a su convenablement
instruire les magistrats, peut s'en rapporter à leur bon sens et à leur
justice pour juger et régler tous les cas où elle se tait. Bien plus, elle
leur accorde le droit de corriger tous ses défauts, quand l'expérience a
démontré l'amélioration possible. Ainsi donc, quand on demande la
souveraineté de la loi, c'est demander que la raison règne avec les lois ;
demander la souveraineté d'un roi, c'est constituer souverains
l'homme et la bête ; car les entraînements de l'instinct, les passions du
coeur corrompent les hommes quand ils sont au pouvoir, même les
meilleurs ; mais la loi, c'est l'intelligence sans les passions aveugles.
§ 5. L'exemple emprunté plus haut aux sciences ne paraît pas
concluant. Il est dangereux de suivre en médecine des préceptes
écrits, et il vaut mieux se confier aux praticiens. Un médecin ne sera
jamais entraîné par amitié à donner quelque prescription
déraisonnable ; tout au plus aura-t-il en vue le prix de la guérison. En
politique, au contraire, la corruption et la faveur exercent fort
ordinairement leur funeste influence. Ce n'est que lorsqu'on soupçonne
le médecin de s'être laissé gagner par des ennemis pour attenter à la
vie de son malade, qu'on a recours aux préceptes écrits.
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