[3,1286b] Ἢ δῆλον ὡς οἱ πλείους; Ἀλλ' οἱ μὲν στασιάσουσιν ὁ δὲ εἷς ἀστασίαστος.
Ἀλλὰ πρὸς τοῦτ' ἀντιθετέον ἴσως ὅτι σπουδαῖοι τὴν ψυχήν,
ὥσπερ κἀκεῖνος ὁ εἷς.
§ 7. Εἰ δὴ τὴν μὲν τῶν πλειόνων ἀρχὴν ἀγαθῶν δ' ἀνδρῶν πάντων
ἀριστοκρατίαν θετέον, τὴν δὲ τοῦ ἑνὸς βασιλείαν, αἱρετώτερον ἂν εἴη
ταῖς πόλεσιν ἀριστοκρατία βασιλείας, καὶ μετὰ δυνάμεως καὶ χωρὶς
δυνάμεως οὔσης τῆς ἀρχῆς, ἂν ᾖ λαβεῖν πλείους ὁμοίους. Καὶ διὰ τοῦτ'
ἴσως ἐβασιλεύοντο πρότερον, ὅτι σπάνιον ἦν εὑρεῖν ἄνδρας πολὺ
διαφέροντας κατ' ἀρετήν, ἄλλως τε καὶ τότε μικρὰς οἰκοῦντας πόλεις.
Ἔτι δ' ἀπ' εὐεργεσίας καθίστασαν τοὺς βασιλεῖς, ὅπερ ἐστὶν ἔργον τῶν
ἀγαθῶν ἀνδρῶν.
§ 8. Ἐπεὶ δὲ συνέβαινε γίγνεσθαι πολλοὺς ὁμοίους πρὸς ἀρετήν, οὐκέτι
ὑπέμενον ἀλλ' ἐζήτουν κοινόν τι καὶ πολιτείαν καθίστασαν. Ἐπεὶ δὲ
χείρους γιγνόμενοι ἐχρηματίζοντο ἀπὸ τῶν κοινῶν, ἐντεῦθέν ποθεν
εὔλογον γενέσθαι τὰς ὀλιγαρχίας· ἔντιμον γὰρ ἐποίησαν τὸν πλοῦτον.
Ἐκ δὲ τούτων πρῶτον εἰς τυραννίδας μετέβαλλον, ἐκ δὲ τῶν
τυραννίδων εἰς δημοκρατίαν· αἰεὶ γὰρ εἰς ἐλάττους ἄγοντες δι'
αἰσχροκέρδειαν ἰσχυρότερον τὸ πλῆθος κατέστησαν, ὥστ' ἐπιθέσθαι καὶ
γενέσθαι δημοκρατίας. Ἐπεὶ δὲ καὶ μείζους εἶναι συμβέβηκε τὰς πόλεις,
ἴσως οὐδὲ ῥᾴδιον ἔτι γίγνεσθαι πολιτείαν ἑτέραν παρὰ δημοκρατίαν.
§ 9. Εἰ δὲ δή τις ἄριστον θείη τὸ βασιλεύεσθαι ταῖς πόλεσιν, πῶς ἕξει τὰ
περὶ τῶν τέκνων; Πότερον καὶ τὸ γένος δεῖ βασιλεύειν; Ἀλλὰ γιγνομένων
ὁποῖοί τινες ἔτυχον, βλαβερόν. Ἀλλ' οὐ παραδώσει κύριος ὢν τοῖς
τέκνοις. Ἀλλ' οὐκ ἔτι τοῦτο ῥᾴδιον πιστεῦσαι· χαλεπὸν γάρ, καὶ μείζονος
ἀρετῆς ἢ κατ' ἀνθρωπίνην φύσιν. Ἔχει δ' ἀπορίαν καὶ περὶ τῆς
δυνάμεως, πότερον ἔχειν δεῖ τὸν μέλλοντα βασιλεύειν ἰσχύν τινα περὶ
αὑτόν, ᾗ δυνήσεται βιάζεσθαι τοὺς μὴ βουλομένους πειθαρχεῖν, ἢ πῶς
ἐνδέχεται τὴν ἀρχὴν διοικεῖν; Εἰ γὰρ καὶ κατὰ νόμον εἴη κύριος, μηδὲν
πράττων κατὰ τὴν αὑτοῦ βούλησιν παρὰ τὸν νόμον, ὅμως ἀναγκαῖον
ὑπάρχειν αὐτῷ δύναμιν ᾗ φυλάξει τοὺς νόμους. Τάχα μὲν οὖν τὰ περὶ
τὸν βασιλέα τὸν τοιοῦτον οὐ χαλεπὸν διορίσαι· δεῖ γὰρ αὐτὸν μὲν ἔχειν
ἰσχύν, εἶναι δὲ τοσαύτην τὴν ἰσχὺν ὥστε ἑκάστου μὲν καὶ ἑνὸς καὶ
συμπλειόνων κρείττω τοῦ δὲ πλήθους ἥττω, καθάπερ οἵ τ' ἀρχαῖοι τὰς
φυλακὰς ἐδίδοσαν, ὅτε καθισταῖέν τινα τῆς πόλεως ὃν ἐκάλουν
αἰσυμνήτην ἢ τύραννον, καὶ Διονυσίῳ τις, ὅτ' ᾖτει τοὺς φύλακας,
συνεβούλευε τοῖς Συρακουσίοις διδόναι τοσούτους τοὺς φύλακας.
| [3,1286b] Ou plutôt l'avantage n'est-il pas évidemment à la majorité ?
Mais, dit-on, la majorité peut s'insurger; un seul ne le peut pas.
On oublie alors que nous avons supposé à tous les membres
de la majorité autant de vertu qu'à cet individu unique.
§ 7. Si donc on appelle aristocratie le gouvernement de plusieurs
citoyens honnêtes, et royauté le gouvernement d'un seul, l'aristocratie
sera certainement pour les États très préférable à la royauté, que
d'ailleurs son pouvoir soit absolu ou ne le soit pas, pourvu qu'elle se
compose d'individus aussi vertueux les uns que les autres. Si nos
ancêtres se sont soumis à des rois, c'est peut-être qu'il était fort rare
alors de trouver des hommes supérieurs, surtout dans des États aussi
petits que ceux de ce temps-là ; ou bien ils n'ont fait des rois que par
pure reconnaissance, gratitude qui témoigne en faveur de nos pères.
Mais quand l'État renferma plusieurs citoyens d'un mérite également
distingué, on ne put souffrir plus longtemps la royauté ; on chercha une
forme de gouvernement où l'autorité pût être commune,- et l'on établit
la république.
§ 8. La corruption amena des dilapidations publiques, et créa fort
probablement, par suite de l'estime toute particulière accordée à
l'argent, des oligarchies. Celles-ci se changèrent d'abord en tyrannies,
comme les tyrannies se changèrent bientôt en démagogies. La
honteuse cupidité des gouvernants, tendant sans cesse à restreindre
leur nombre, fortifia d'autant les masses, qui purent bientôt renverser
les oppresseurs et saisir le pouvoir pour elles-mêmes. Plus tard,
l'accroissement des États ne permit guère d'adopter une autre forme
de gouvernement que la démocratie.
§ 9. Mais nous demandons à ceux qui vantent l'excellence de la
royauté, quel sort ils veulent faire aux enfants des rois ? Est-ce que,
par hasard, eux aussi devront régner ? Certes, s'ils sont tels qu'on en a
tant vu, cette hérédité sera bien funeste. Mais, dira-t-on, le roi sera
maître de ne point transmettre le pouvoir à sa race. La confiance est ici
bien difficile ; la position est fort glissante, et ce désintéressement
exigerait un héroïsme qui est au-dessus du coeur humain.
§ 10. Nous demanderons encore si, pour l'exercice de son pouvoir, le
roi, qui prétend dominer, doit avoir à sa disposition une force armée
capable de contraindre les factieux à la soumission ? Ou bien
comment pourra-t-il assurer son autorité ? En supposant même qu'il
règne suivant les lois, et qu'il ne leur substitue jamais son arbitraire
personnel, encore faudra-t-il qu'il dispose d'une certaine force pour
protéger les lois elles-mêmes. Il est vrai que, pour un roi si
parfaitement légal, la question peut se résoudre assez vite : il doit avoir
certainement une force armée, et cette force armée doit être calculée
de façon à le rendre plus puissant que chaque citoyen en particulier,
ou qu'un certain nombre de citoyens réunis, mais de façon aussi à le
rendre toujours plus faible que la masse. C'est dans cette proportion
que nos ancêtres réglaient les gardes , quand ils les accordaient en
remettant l'État aux mains d'un chef qu'ils nommaient Aesymnète, ou
d'un tyran. C'est encore sur cette base, lorsque Denys demanda des
gardes, qu'un Syracusain, dans l'assemblée du peuple, conseilla de lui
en accorder.
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