[3,1280b] Ἀλλ' οὔτ' ἀρχαὶ πᾶσιν ἐπὶ τούτοις κοιναὶ καθεστᾶσιν, ἀλλ' ἕτεραι
παρ' ἑκατέροις, οὔτε τοῦ ποίους τινὰς εἶναι δεῖ φροντίζουσιν ἅτεροι τοὺς
ἑτέρους, οὐδ' ὅπως μηδεὶς ἄδικος ἔσται τῶν ὑπὸ τὰς συνθήκας μηδὲ
μοχθηρίαν ἕξει μηδεμίαν, ἀλλὰ μόνον ὅπως μηδὲν ἀδικήσουσιν
ἀλλήλους. Περὶ δ' ἀρετῆς καὶ κακίας πολιτικῆς διασκοποῦσιν ὅσοι
φροντίζουσιν εὐνομίας. ᾟ καὶ φανερὸν ὅτι δεῖ περὶ ἀρετῆς ἐπιμελὲς
εἶναι τῇ γ' ὡς ἀληθῶς ὀνομαζομένῃ πόλει, μὴ λόγου χάριν. Γίγνεται γὰρ
ἡ κοινωνία συμμαχία, τῶν ἄλλων τόπῳ διαφέρουσα μόνον, τῶν
ἄπωθεν συμμάχων. Καὶ ὁ νόμος συνθήκη καί, καθάπερ ἔφη Λυκόφρων
ὁ σοφιστής, ἐγγυητὴς ἀλλήλοις τῶν δικαίων, ἀλλ' οὐχ οἷος ποιεῖν
ἀγαθοὺς καὶ δικαίους τοὺς πολίτας.
§ 12. Ὅτι δὲ τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον, φανερόν. Εἰ γάρ τις καὶ συναγάγοι
τοὺς τόπους εἰς ἕν, ὥστε ἅπτεσθαι τὴν Μεγαρέων πόλιν καὶ Κορινθίων
τοῖς τείχεσιν, ὅμως οὐ μία πόλις· οὐδ' εἰ πρὸς ἀλλήλους ἐπιγαμίας
ποιήσαιντο· καίτοι τοῦτο τῶν ἰδίων ταῖς πόλεσι κοινωνημάτων ἐστίν.
Ὁμοίως δ' οὐδ' εἴ τινες οἰκοῖεν χωρὶς μέν, μὴ μέντοι τοσοῦτον ἄπωθεν
ὥστε μὴ κοινωνεῖν, ἀλλ' εἴησαν αὐτοῖς νόμοι τοῦ μὴ σφᾶς αὐτοὺς
ἀδικεῖν περὶ τὰς μεταδόσεις, οἷον εἰ ὁ μὲν εἴη τέκτων ὁ δὲ γεωργὸς ὁ δὲ
σκυτοτόμος ὁ δ' ἄλλο τι τοιοῦτον, καὶ τὸ πλῆθος εἶεν μύριοι, μὴ μέντοι
κοινωνοῖεν ἄλλου μηδενὸς ἢ τῶν τοιούτων, οἷον ἀλλαγῆς καὶ
συμμαχίας, οὐδ' οὕτω πω πόλις.
§ 13. Διὰ τίνα δή ποτ' αἰτίαν; Οὐ γὰρ δὴ διὰ τὸ μὴ σύνεγγυς τῆς
κοινωνίας. Εἰ γὰρ καὶ συνέλθοιεν οὕτω κοινωνοῦντες ςἕκαστος μέντοι
χρῷτο τῇ ἰδίᾳ οἰκίᾳ ὥσπερ πόλεἰ καὶ σφίσιν αὐτοῖς ὡς ἐπιμαχίας οὔσης
βοηθοῦντες ἐπὶ τοὺς ἀδικοῦντας μόνον, οὐδ' οὕτως ἂν εἶναι δόξειεν
πόλις τοῖς ἀκριβῶς θεωροῦσιν, εἴπερ ὁμοίως ὁμιλοῖεν συνελθόντες καὶ
χωρίς. Φανερὸν τοίνυν ὅτι ἡ πόλις οὐκ ἔστι κοινωνία τόπου, καὶ τοῦ μὴ
ἀδικεῖν σφᾶς αὐτοὺς καὶ τῆς μεταδόσεως χάριν· ἀλλὰ ταῦτα μὲν
ἀναγκαῖον ὑπάρχειν, εἴπερ ἔσται πόλις, οὐ μὴν οὐδ' ὑπαρχόντων
τούτων ἁπάντων ἤδη πόλις, ἀλλ' ἡ τοῦ εὖ ζῆν κοινωνία καὶ ταῖς οἰκίαις
καὶ τοῖς γένεσι, ζωῆς τελείας χάριν καὶ αὐτάρκους.
§ 14. Οὐκ ἔσται μέντοι τοῦτο μὴ τὸν αὐτὸν καὶ ἕνα κατοικούντων τόπον
καὶ χρωμένων ἐπιγαμίαις. Διὸ κηδεῖαί τ' ἐγένοντο κατὰ τὰς πόλεις καὶ
φατρίαι καὶ θυσίαι καὶ διαγωγαὶ τοῦ συζῆν. Τὸ δὲ τοιοῦτον φιλίας ἔργον·
ἡ γὰρ τοῦ συζῆν προαίρεσις φιλία. Τέλος μὲν οὖν πόλεως τὸ εὖ ζῆν,
ταῦτα δὲ τοῦ τέλους χάριν. Πόλις δὲ ἡ γενῶν καὶ κωμῶν κοινωνία ζωῆς
τελείας καὶ αὐτάρκους,
| [3,1280b] ayant, du reste, chacun des magistrats séparés sans un
seul magistrat commun pour toutes ces relations, parfaitement
indifférents à la moralité de leurs alliés respectifs, quelque injustes et
quelque pervers que puissent être ceux qui sont compris dans ces
traités, et attentifs seulement à se garantir de tout dommage
réciproque. Mais comme c'est surtout à la vertu et à la corruption
politiques que s'attachent ceux qui regardent à de bonnes lois, il est
clair que la vertu est le premier soin d'un État qui mérite vraiment ce
titre et qui n'est pas un État seulement de nom. Autrement,
l'association politique est comme une alliance militaire de peuples
éloignés, s'en distinguant à peine par l'unité de lieu ; la loi, dès lors, est
une simple convention ; et, comme l'a dit le sophiste Lycophron : « Elle
n'est qu'une garantie des droits individuels, sans aucune puissance sur
la moralité et la justice personnelles des citoyens. »
§ 12. La preuve de ceci est bien facile. Qu'on réunisse par la pensée
les localités diverses, et qu'on enferme dans une seule Muraille
Mégare et Corinthe ; certes on n'aura point fait par là de cette vaste
enceinte une cité unique, même en supposant que tous ceux qu'elle
renferme aient contracté entre eux des mariages, liens qui passent
pour les plus essentiels de l'association civile. Ou bien encore qu'on
suppose des hommes isolés les uns des autres, assez rapprochés
toutefois pour conserver des communications entre eux ; qu'on leur
suppose des lois communes sur la justice mutuelle qu'on doit observer
dans les relations de commerce, les uns étant charpentiers, les autres
laboureurs, cordonniers, etc., au nombre de dix mille par exemple ; si
leurs rapports ne vont pas au delà des échanges quotidiens et de
l'alliance en cas de guerre, ce ne sera point encore là une cité.
§ 13. Et pourquoi? Ici pourtant on ne dira pas que les liens de
l'association ne sont pas assez resserrés. C'est que là où l'association
est telle que chacun ne voit l'État que dans sa propre maison, là où
l'union est une simple ligue contre la violence, il n'y a point de cité, à y
regarder de près ; les relations de l'union ne sont alors que celles des
individus isolés. Donc évidemment, la cité ne consiste pas dans la
communauté du domicile, ni dans la garantie des droits individuels, ni
dans les relations de commerce et d'échange ; ces conditions
préliminaires sont bien indispensables pour que la cité existe ; mais,
même quand elles sont toutes réunies, la cité n'existe point encore. La
cité, c'est l'association du bonheur et de la vertu pour les familles et
pour les classes diverses d'habitants, en vue d'une existence complète
qui se suffise à elle-même.
§ 14. Toutefois on ne saurait atteindre un tel résultat sans la
communauté de domicile et sans le secours des mariages ; et c'est là
ce qui a donné naissance dans les États aux alliances de famille, aux
phratries, aux sacrifices publics et aux fêtes qui réunissent les citoyens :
La source de toutes ces institutions, c'est la bienveillance, sentiment
qui pousse l'homme à préférer la vie commune ; le but de l'État, c'est le
bonheur des citoyens, et toutes ces institutions-là ne tendent qu'à
l'assurer. L'État n'est qu'une association où les familles réunies par
bourgades doivent trouver tous les développements, toutes les facilités
de l'existence ;
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