HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Éthique à Eudème, livre I

Page 1218

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[1,1218] (1218a) § 9. ἔτι ἐν ὅσοις ὑπάρχει τὸ πρότερον καὶ ὕστερον, οὐκ ἔστι κοινόν τι παρὰ ταῦτα, καὶ τοῦτο χωριστόν. § 10. εἴη γὰρ ἄν τι τοῦ πρώτου πρότερον· πρότερον γὰρ τὸ κοινὸν καὶ χωριστὸν διὰ τὸ (5) ἀναιρουμένου τοῦ κοινοῦ ἀναιρεῖσθαι τὸ πρῶτον. οἷον εἰ τὸ διπλάσιον πρῶτον τῶν πολλαπλασίων, οὐκ ἐνδέχεται τὸ πολλαπλάσιον τὸ κοινῇ κατηγορούμενον εἶναι χωριστόν· ἔσται γὰρ τοῦ διπλασίου πρότερον. εἰ συμβαίνει τὸ κοινὸν εἶναι τὴν ἰδέαν, οἷον εἰ χωριστὸν ποιήσειέ τις τὸ κοινόν. εἰ γάρ ἐστι (10) δικαιοσύνη ἀγαθόν, καὶ ἀνδρεία. § 11. ἔστι τοίνυν, φασίν, αὐτό τι ἀγαθόν. τὸ οὖν αὐτὸ πρόσκειται πρὸς τὸν λόγον τὸν κοινόν. τοῦτο δὲ τί ἂν εἴη πλὴν ὅτι ἀίδιον καὶ χωριστόν; ἀλλοὐθὲν μᾶλλον λευκὸν τὸ πολλὰς ἡμέρας λευκὸν τοῦ μίαν ἡμέραν· ὥστοὐδὲ <τὸ ἀγαθὸν μᾶλλον ἀγαθὸν τῷ ἀίδιον εἶναι· οὐδὲ> δὴ τὸ κοινὸν (15) ἀγαθὸν ταὐτὸ τῇ ἰδέᾳ· πᾶσι γὰρ ὑπάρχει <τὸ> κοινόν. § 12. ἀνάπαλιν δὲ καὶ δεικτέον ὡς νῦν δεικνύουσι τὸ ἀγαθὸν αὐτό. νῦν μὲν γὰρ ἐκ τῶν ἀνομολογουμένων ἔχειν τὸ ἀγαθόν, ἐξ ἐκείνων τὰ ὁμολογούμενα εἶναι ἀγαθὰ δεικνύουσιν, ἐξ ἀριθμῶν, ὅτι δικαιοσύνη καὶ ὑγίεια ἀγαθόν· τάξεις γὰρ καὶ ἀριθμοί, ὡς τοῖς ἀριθμοῖς (20) καὶ ταῖς μονάσιν ἀγαθὸν ὑπάρχον διὰ τὸ εἶναι τὸ ἓν αὐτὸ ἀγαθόν. § 13. δεῖ δἐκ τῶν ὁμολογουμένων, οἷον ὑγιείας ἰσχύος σωφροσύνης, ὅτι καὶ ἐν τοῖς ἀκινήτοις μᾶλλον τὸ καλόν. πάντα γὰρ τάδε τάξις καὶ ἠρεμία· εἰ ἄρα, ἐκεῖνα μᾶλλον· ἐκείνοις γὰρ ὑπάρχει ταῦτα μᾶλλον. § 14. — παράβολος δὲ (25) καὶ ἀπόδειξις ὅτι τὸ ἓν αὐτὸ τὸ ἀγαθόν, ὅτι οἱ ἀριθμοὶ ἐφίενται· οὔτε γὰρ ὡς ἐφίενται λέγονται φανερῶς, ἀλλὰ λίαν ἁπλῶς τοῦτο φασί, καὶ ὄρεξιν εἶναι πῶς ἄν τις ὑπολάβοι ἐν οἷς ζωὴ μὴ ὑπάρχει; § 15. δεῖ δὲ περὶ τούτου πραγματευθῆται, καὶ μὴ ἀξιοῦν μηθὲν ἀλόγως, καὶ μετὰ λόγου (30) πιστεῦσαι οὐ ῥᾴδιον. — τό τε φάναι πάντα τὰ ὄντα ἐφίεσθαι ἑνός τινος ἀγαθοῦ οὐκ ἀληθές· ἕκαστον γὰρ ἰδίου ἀγαθοῦ ὀρέγεται, ὀφθαλμὸς ὄψεως, σῶμα ὑγιείας, οὕτως ἄλλο ἄλλου. § 16. ὅτι μὲν οὖν οὐκ ἔστιν αὐτό τι ἀγαθόν, ἔχει ἀπορίας τοιαύτας, καὶ ὅτι οὐ χρήσιμον τῇ πολιτικῇ, ἀλλἴδιόν τι (35) ἀγαθόν, ὥσπερ καὶ ταῖς ἄλλαις, οἷον γυμναστικῇ εὐεξία § 17. (ἔτι καὶ τὸ ἐν τῷ λόγῳ γεγραμμένον· γὰρ οὐδεμιᾷ χρήσιμον αὐτὸ τὸ τοῦ ἀγαθοῦ εἶδος πάσαις ὁμοίως· § 18. ἔτι οὐ πρακτόνὁμοίως δοὐδὲ τὸ κοινὸν ἀγαθὸν οὔτε αὐτὸ ἀγαθόν ἐστι (1218b) (καὶ γὰρ ἂν μικρῷ ὑπάρξαι ἀγαθῷ) οὔτε πρακτόν. οὐ γὰρ ὅπως ὑπάρξει τὸ ὁτῳοῦν ὑπάρχον ἰατρικὴ πραγματεύεται, ἀλλὅπως ὑγίεια. ὁμοίως δὲ καὶ τῶν ἄλλων τεχνῶν ἑκάστη. § 19. ἀλλὰ πολλαχῶς τὸ ἀγαθόν, καὶ ἔστι τι αὐτοῦ καλόν, (5) καὶ τὸ μὲν πρακτὸν τὸ δοὐ πρακτόν. πρακτὸν δὲ τὸ τοιοῦτον ἀγαθόν, τὸ οὗ ἕνεκα. οὐκ ἔστι δὲ τὸ ἐν τοῖς ἀκινήτοις. φανερὸν ὅτι οὔτε ἰδέα τἀγαθοῦ τὸ ζητούμενον αὐτὸ τὸ ἀγαθὸν ἐστίν, οὔτε τὸ κοινόν (τὸ μὲν γὰρ ἀκίνητον καὶ οὐ πρακτόν, τὸ δὲ κινητὸν μὲν ἀλλοὐ πρακτόν)· § 20. τὸ δοὗ (10) ἕνεκα ὡς τέλος ἄριστον καὶ αἴτιον τῶν ὑφαὑτὸ καὶ πρῶτον πάντων. ὥστε τοῦτἂν εἴη αὐτὸ τὸ ἀγαθὸν τὸ τέλος τῶν ἀνθρώπῳ πρακτῶν. τοῦτο δἐστὶ τὸ ὑπὸ τὴν κυρίαν πασῶν. αὕτη δἐστὶ πολιτικὴ καὶ οἰκονομικὴ καὶ φρόνησις. διαφέρουσι γὰρ αὗται αἱ ἕξεις πρὸς τὰς (15) ἄλλας τῷ τοιαῦται εἶναι· πρὸς δἀλλήλας εἴ τι διαφέρουσιν, ὕστερον λεκτέον. § 21. ὅτι δαἴτιον τὸ τέλος τοῖς ὑφαὑτό, δηλοῖ διδασκαλία. ὁρισάμενοι γὰρ τὸ τέλος τἆλλα δεικνύουσιν, ὅτι ἕκαστον αὐτῶν ἀγαθόν· αἴτιον γὰρ τὸ οὗ ἕνεκα. οἷον ἐπειδὴ τὸ ὑγιαίνειν τοδί, ἀνάγκη τόδε εἶναι (20) τὸ συμφέρον πρὸς αὐτήν· τὸ δὑγιεινὸν τῆς ὑγιείας αἴτιον ὡς κινῆσαν, καὶ τότε τοῦ εἶναι ἀλλοὐ τοῦ ἀγαθὸν εἶναι τὴν ὑγίειαν. § 22. ἔτι οὐδὲ δείκνυσιν οὐθεὶς ὅτι ἀγαθὸν ὑγίεια, ἂν μὴ σοφιστὴς καὶ μὴ ἰατρός (οὗτοι γὰρ τοῖς ἀλλοτρίοις λόγοις σοφίζονται), ὥσπερ οὐδἄλλην ἀρχὴν οὐδεμίαν. (25) τὸ δὡς τέλος ἀγαθὸν ἀνθρώπῳ καὶ τὸ ἄριστον τῶν πρακτῶν, σκεπτέον ποσαχῶς τὸ ἄριστον πάντων, ἐπειδὴ τοῦτο ἄριστον, μετὰ ταῦτα ἄλλην λαβοῦσιν ἀρχήν. [1,1218] (1218a) § 9. En outre, dans toutes les choses où il y a un premier et un dernier terme, il n'y a pas d'Idée commune en dehors de ces termes, et qui en soit tout à fait séparée. § 10. Autrement, il y aurait quelque chose d'antérieur au premier terme lui-même ; car ce quelque chose de commun et de séparé serait antérieur, puisque, si (5) l'on détruisait le commun, le premier terme serait aussi détruit. Supposons, par exemple, que le double soit le premier des multiples ; je dis qu'il est impossible que le multiple, qui est attribué en commun à cette foule de termes , existe séparément de ces termes ; car alors le multiple serait antérieur au double, s'il est vrai que l'Idée soit l'attribution commune, absolument comme si l'on donnait à ce terme commun une existence à part ; car si la (10) justice est le bien, le courage ne le sera pas moins qu'elle. § 11. On n'en soutient pas moins la réalité du bien en soi. Il est vrai qu'on ajoute au mot de bien le mot, « lui-même » , ou « en soi » ; et qu'on dit, le bien en soi, le bien lui-même. Et c'est une addition pour représenter la notion commune. Mais que peut signifier cette addition, si elle ne veut pas dire que le bien en soi est éternel et séparé ? Mais ce qui est blanc pendant plusieurs jours n'est pas plus blanc que ce qui l'est durant un seul jour; et l'on ne peut pas davantage confondre le bien qui est commun (15) à une multitude de termes, avec l'Idée du bien; car l'attribut commun appartient à tous les termes sans exception. § 12. En admettant cette théorie, il faudrait du moins démontrer le bien en soi tout autrement qu'on ne l'a démontré de notre temps. C'est en partant de choses dont on ne convient pas du tout qu'elles soient des biens, qu'on démontre des biens sur lesquels tout le monde est d'accord ; et, par exemple, on démontre à l'aide des nombres que la santé et la justice sont des biens. (20) On prend pour cette démonstrations des séries numériques et des nombres, en supposant gratuitement que le bien est dans les nombres et dans les unités, attendu que le bien en soi est un et par tout le même. § 13. Au contraire, c'est en partant de choses que tout le monde s'accorde à regarder comme des biens, la santé, la force, la sagesse, qu'il faudrait démontrer que le beau et le bien se trouvent dans les choses immobiles plutôt que partout ailleurs ; car tous ces biens ne sont qu'ordre et repos ; et si ces premières choses, c'est-à-dire la santé et la sagesse, sont des biens, les autres le sont encore davantage, parce qu'elles ont bien davantage d'ordre et de repos. § 14. Mais ce n'est qu'une image (25) au lieu d'une démonstration, quand on prétend que le bien en soi est un, parce que les nombres eux-mêmes le désirent. On serait fort embarrassé d'expliquer clairement comment des nombres désirent quelque chose ; c'est là évidemment une expression trop absolue ; et, je le demande, comment pourrait-on supposer qu'il y ait désir là où il n'y a pas même de vie ? § 15. C'est un sujet d'ailleurs qui exige qu'on se donne de la peine ; et il ne faut rien hasarder sans raisonnements à l'appui, dans des matières (30) où il n'est pas facile d'arriver à quelque certitude, même à l'aide de la raison. Il n'est pas non plus exact de dire que tous les êtres sans exception désirent un seul et même bien. Chacun des êtres ne désirent tout au plus que le bien qui leur est propre, comme l' oeil désire la vision, comme le corps désire la santé, et comme tel autre être désire tel autre bien. § 16. Voilà les objections qu'on pourrait élever pour faire voir que le bien en soi n'existe pas, et qu'existât-il, il ne serait pas le moins du monde utile à la politique ; car la politique poursuit un bien qui (35) lui est spécial, comme toutes les autres sciences poursuivent aussi le leur; et, par exemple, c'est la santé et la force corporelle que poursuit la gymnastique. § 17. Ajoutez encore ce qui est exprimé, ce qui est écrit dans la définition même, à savoir que cette Idée du bien en soi, ou n'est utile à aucune science, ou bien qu'elle doit l'être à toutes également. § 18. Une autre critique, c'est que l'idée du bien en soi n'est point pratique et applicable. Par la même raison, le bien commun n'est pas le bien en soi, (1218b) puisque alors le bien en soi se trouverait dans le bien le plus futile. Il n'est pas non plus applicable et pratique ; ainsi, la médecine ne s'occupe pas de donner à l'être qu'elle soigne une disposition qu'ont tous les êtres ; elle s'occupe uniquement de lui donner la santé ; et tous les autres arts agissent comme elle. § 19. Mais ce mot de bien a beaucoup de sens ; et dans le bien, il y a aussi le beau (5) et l'honnête, qui est essentiellement pratique, tandis que le bien eu soi ne l'est pas. Le bien pratique est celui qui est la cause finale pour laquelle on agit. Mais on ne voit pas assez évidemment quel bien il peut y avoir dans les choses immobiles, puisque l'Idée du bien n'est pas le bien même qu'on cherche, non plus que le bien commun. Le premier est immobile, et n' est pas pratique ; l'autre est mobile, mais il n'est pas plus pratique pour cela. § 20. Le but en vue (10) duquel on fait tout le reste, est, en tant que fin, le bien suprême ; il est la cause de tous les autres biens classés au-dessous de lui, et il leur est antérieur à tous. Par conséquent, on pourrait dire que le bien en soi est uniquement le but final que se proposent toutes les actions de l'homme. Or, ce but final dépend de la science souveraine, maîtresse de toutes les autres, c'est-à-dire la politique, l'économique, et la sagesse. C'est précisément par ce caractère spécial que ces trois sciences (15) diffèrent de toutes les autres. Elles ont aussi des différences entre elles ; et nous en parlerons plus tard. § 21. Il suffirait de la méthode seule qu'on est forcé de prendre en enseignant les choses, pour montrer que le but final est la vraie cause de tous les termes classés au-dessous de lui. Ainsi dans l'enseignement, on commence par définir le but ; et l'on démontre ensuite facilement que chacun des termes inférieurs est un bien, puisque c'est l'objet qu'on a finalement en vue qui est la cause de tout le reste. Par exemple, si l'on a d'abord établi que la santé est précisément telle ou telle chose, il faut nécessairement que (20) ce qui contribue â la procurer soit aussi telle ou telle chose précisément. La chose saine est bien la cause de la santé, en tant que commençant le mouvement qui nous la donne; et par conséquent, elle est cause que la santé a lieu ; mais ce n'est pas elle qui est cause que la santé soit un bien. § 22. Aussi, ne prouve-t-on jamais par des démonstrations en règle que la santé est un bien, à moins qu'on ne soit un sophiste et qu'on ne soit pas un médecin ; car les sophistes aiment à étaler leur vaine sagesse dans des raisonnements étrangers au sujet , et l'on ne démontre pas plus ce principe qu'on n'en démontre aucun autre. (25) Mais puisque nous admettons que la fin, le but est pour l'homme un bien réel et même le bien suprême, entre tous ceux que l'homme peut acquérir, il faut voir quels sont les sens divers de ce mot, de bien suprême ; et pour nous en rendre un compte exact, il convient de prendre un nouveau point de départ.


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Dernière mise à jour : 29/05/2008