HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Périclès

Chapitre 5-6

  Chapitre 5-6

[5] τοῦτον ὑπερφυῶς τὸν ἄνδρα θαυμάσας Περικλῆς καὶ τῆς λεγομένης μετεωρολογίας καὶ μεταρσιολεσχίας ὑποπιμπλάμενος, οὐ μόνον, ὡς ἔοικε, τὸ φρόνημα σοβαρὸν καὶ τὸν λόγον ὑψηλὸν εἶχε καὶ καθαρὸν ὀχλικῆς καὶ πανούργου βωμολοχίας, ἀλλὰ καὶ προσώπου σύστασις ἄθρυπτος εἰς γέλωτα καὶ πρᾳότης πορείας καὶ καταστολὴ περιβολῆς πρὸς οὐδὲν ἐκταραττομένη πάθος ἐν τῷ λέγειν καὶ πλάσμα φωνῆς ἀθόρυβον, καὶ ὅσα τοιαῦτα πάντας θαυμαστῶς ἐξέπληττε. (2) λοιδορούμενος γοῦν ποτε καὶ κακῶς ἀκούων ὑπό τινος τῶν βδελυρῶν καὶ ἀκολάστων ὅλην ἡμέραν ὑπέμεινε σιωπῇ κατ' ἀγοράν, ἅμα τι τῶν ἐπειγόντων καταπραττόμενος· ἑσπέρας δ' ἀπῄει κοσμίως οἴκαδε παρακολουθοῦντος τοῦ ἀνθρώπου καὶ πάσῃ χρωμένου βλασφημίᾳ πρὸς αὐτόν. (3) ὡς δ' ἔμελλεν εἰσιέναι σκότους ὄντος ἤδη, προσέταξέ τινι τῶν οἰκετῶν φῶς λαβόντι παραπέμψαι καὶ καταστῆσαι πρὸς τὴν οἰκίαν τὸν ἄνθρωπον. δὲ ποιητὴς Ἴων μοθωνικήν φησι τὴν ὁμιλίαν καὶ ὑπότυφον εἶναι τοῦ Περικλέους, καὶ ταῖς μεγαλαυχίαις αὐτοῦ πολλὴν ὑπεροψίαν ἀναμεμῖχθαι καὶ περιφρόνησιν τῶν ἄλλων· ἐπαινεῖ δὲ τὸ Κίμωνος ἐμμελὲς καὶ ὑγρὸν καὶ μεμουσωμένον ἐν ταῖς περιφοραῖς. (4) ἀλλ' Ἴωνα μέν, ὥσπερ τραγικὴν διδασκαλίαν, ἀξιοῦντα τὴν ἀρετὴν ἔχειν τι πάντως καὶ σατυρικὸν μέρος ἐῶμεν· τοὺς δὲ τοῦ Περικλέους τὴν σεμνότητα δοξοκοπίαν τε καὶ τῦφον ἀποκαλοῦντας Ζήνων παρεκάλει καὶ αὐτούς τι τοιοῦτο δοξοκοπεῖν, ὡς τῆς προσποιήσεως αὐτῆς τῶν καλῶν ὑποποιούσης τινὰ λεληθότως ζῆλον καὶ συνήθειαν. [5] V. Mais l’ami le plus intime de Périclès, celui qui contribua le plus à lui donner cette élévation, cette fierté de sentiments peu appropriées, il est vrai, à un gouvernement populaire, celui enfin qui lui inspira cette grandeur d’âme qui le distinguait, cette dignité qu’il faisait éclater dans toute sa conduite, ce fut Anaxagore de Clazomène, que ses contemporains appelaient l’Intelligence, soit par admiration pour ses connaissances sublimes et sa subtilité à pénétrer les secrets de la nature, soit parce qu’il avait le premier établi pour principe de la formation du monde, non le hasard ou la nécessité, mais une intelligence pure et simple qui avait tiré du chaos les substances homogènes. Pénétré de l’estime la plus profonde pour ce grand personnage, instruit à son école dans la connaissance des sciences naturelles et des phénomènes célestes, Périclès puisa dans son commerce non seulement une élévation d’esprit, une éloquence sublime, éloignée de l’affectation et de la bassesse du style populaire, mais encore un extérieur grave et sévère que le rire ne tempérait jamais, une démarche ferme et tranquille, un son de voix toujours égal, une modestie dans son port, dans son geste et dans son habillement, que l’action la plus véhémente, lorsqu’il parlait en public, ne pouvait jamais altérer. Ces qualités, relevées par beaucoup d’autres, frappaient tout le inonde d’admiration. On raconte qu’étant insulté par un homme bas et insolent, qui ne cessa, durant toute une journée, de lui dire des injures, il les supporta patiemment sans lui répondre un seul mot, et se tint constamment dans la place à expédier les affaires pressées. Le soir il se retira tranquillement chez lui, toujours suivi par cet homme, qui l’accablait d’injures. Quand il fut à la porte de sa maison, comme il faisait déjà nuit, il commanda à un de ses esclaves de prendre un flambeau et de reconduire cet homme chez lui. Le poète Ion dit pourtant que son ton et ses manières respiraient l’arrogance et la fierté ; qu’il mêlait à sa dignité beaucoup de hauteur et de mépris pour les autres. Au contraire, il loue fort la politesse, la douceur et l’honnêteté de Cimon dans le commerce de la vie. Mais laissons le poète Ion, qui veut que dans la vertu, comme dans les tragédies, il y ait toujours une partie destinée à la satire. Quand Zénon entendait quelqu’un traiter de faste et d’arrogance la gravité de Périclès, il l’exhortait à avoir lui-même un pareil orgueil, et il l’assurait que cette imitation produirait en lui l’émulation et l’habitude des bonnes choses.
[6] οὐ μόνον δὲ ταῦτα τῆς Ἀναξαγόρου συνουσίας ἀπέλαυσε Περικλῆς, ἀλλὰ καὶ δεισιδαιμονίας δοκεῖ γενέσθαι καθυπέρτερος, ὅσην τὸ πρὸς τὰ μετέωρα θάμβος ἐνεργάζεται τοῖς αὐτῶν τε τούτων τὰς αἰτίας ἀγνοοῦσι καὶ περὶ τὰ θεῖα δαιμονῶσι καὶ ταραττομένοις δι' ἀπειρίαν αὐτῶν, ἣν φυσικὸς λόγος ἀπαλλάττων ἀντὶ τῆς φοβερᾶς καὶ φλεγμαινούσης δεισιδαιμονίας τὴν ἀσφαλῆ μετ' ἐλπίδων ἀγαθῶν εὐσέβειαν ἐργάζεται. (2) λέγεται δέ ποτε κριοῦ μονόκερω κεφαλὴν ἐξ ἀγροῦ τῷ Περικλεῖ κομισθῆναι, καὶ Λάμπωνα μὲν τὸν μάντιν, ὡς εἶδε τὸ κέρας ἰσχυρὸν καὶ στερεὸν ἐκ μέσου τοῦ μετώπου πεφυκός, εἰπεῖν ὅτι δυεῖν οὐσῶν ἐν τῇ πόλει δυναστειῶν, τῆς Θουκυδίδου καὶ Περικλέους, εἰς ἕνα περιστήσεται τὸ κράτος παρ' γένοιτο τὸ σημεῖον· τὸν δ' Ἀναξαγόραν τοῦ κρανίου διακοπέντος ἐπιδεῖξαι τὸν ἐγκέφαλον οὐ πεπληρωκότα τὴν βάσιν, ἀλλ' ὀξὺν ὥσπερ ὠὸν ἐκ τοῦ παντὸς ἀγγείου συνωλισθηκότα κατὰ τὸν τόπον ἐκεῖνον ὅθεν ῥίζα τοῦ κέρατος εἶχε τὴν ἀρχήν. (3) καὶ τότε μὲν θαυμασθῆναι τὸν Ἀναξαγόραν ὑπὸ τῶν παρόντων, ὀλίγῳ δ' ὕστερον τὸν Λάμπωνα, τοῦ μὲν Θουκυδίδου καταλυθέντος, τῶν δὲ τοῦ δήμου πραγμάτων ὁμαλῶς ἁπάντων ὑπὸ τῷ Περικλεῖ γενομένων. ἐκώλυε δ' οὐδέν, οἶμαι, καὶ τὸν φυσικὸν ἐπιτυγχάνειν καὶ τὸν μάντιν, τοῦ μὲν τὴν αἰτίαν, τοῦ δὲ τὸ τέλος καλῶς ἐκλαμβάνοντος· ὑπέκειτο γὰρ τῷ μέν, ἐκ τίνων γέγονε καὶ πῶς πέφυκε, θεωρῆσαι, τῷ δέ, πρὸς τί γέγονε καὶ τί σημαίνει, προειπεῖν. (4) οἱ δὲ τῆς αἰτίας τὴν εὕρεσιν ἀναίρεσιν εἶναι λέγοντες τοῦ σημείου οὐκ ἐπινοοῦσιν ἅμα τοῖς θείοις καὶ τὰ τεχνητὰ τῶν συμβόλων ἀθετοῦντες, ψόφους τε δίσκων καὶ φῶτα πυρσῶν καὶ γνωμόνων ἀποσκιασμούς· ὧν ἕκαστον αἰτίᾳ τινὶ καὶ κατασκευῇ σημεῖον εἶναί τινος πεποίηται. ταῦτα μὲν οὖν ἴσως ἑτέρας ἐστὶ πραγματείας. [6] VI. Ce n’était pas le seul fruit que Périclès eût retiré du commerce d’Anaxagore : il avait encore appris de lui à s’élever au-dessus de cette faiblesse qui fait qu’à l’aspect de certains météores, ceux qui n’en connaissent pas les causes sont remplis de terreur, vivent dans une crainte servile des dieux, et dans un trouble continuel. La philosophie, en dissipant cette ignorance, bannit la superstition, toujours alarmée, toujours tremblante, et la remplace par cette piété solide que soutient une ferme espérance. On dit qu’un jour on apporta de la campagne à Périclès une tête de bélier qui n’avait qu’une corne, et que le devin Lampon, ayant vu cette corne forte et solide qui s’élevait du milieu du front, déclara que la puissance des deux partis qui divisaient alors la ville, celui de Thucydide et celui de Périclès, se réunirait tout entière sur la tête de celui chez qui ce prodige était arrivé. Mais Anaxagore, ayant fait l’ouverture de la tête du bélier, fit voir que la cervelle ne remplissait pas toute la capacité du crâne ; que, détachée des parois de la tête, et pointue comme un oeuf, elle s’était portée vers l’endroit où la racine de la corne prenait naissance. Tous ceux qui étaient présents à cette démonstration en admirèrent la justesse ; mais, peu de temps après, l’exil de Thucydide ayant fait passer entre les mains de Périclès toutes les affaires de la république, on n’admira pas moins la sagacité de Lampon. Au reste, rien n’empêche que le philosophe et le devin n’aient également bien rencontré : l’un a expliqué la cause du prodige, l’autre en a découvert la fin. L’objet du philosophe est de rechercher le principe des choses, et la manière dont elles se font ; le but du devin est de prédire pourquoi elles arrivent et ce qu’elles présagent. Ceux qui prétendent que la découverte de la cause détruit le signe ne font pas réflexion que par là ils anéantissent à la fois et la signification des signes célestes, et la vertu des symboles artificiels, tels que le son des bassins, la lumière des fanaux, et l’ombre des gnomons. Chacune de ces choses a sa cause et sa préparation, et ne laisse pas d’être le signe d’une autre. Mais ce serait là peut-être le sujet d’un traité particulier.


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Dernière mise à jour : 14/12/2005