HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur Isis et Osiris

Chapitre 77-78

  Chapitre 77-78

[77] στολαὶ δ´ αἱ μὲν Ἴσιδος ποικίλαι ταῖς βαφαῖς (περὶ γὰρ ὕλην δύναμις αὐτῆς πάντα γινομένην καὶ δεχομένην, φῶς σκότος, ἡμέραν νύκτα, πῦρ ὕδωρ, ζωὴν θάνατον, ἀρχὴν τελευτήν δ´ Ὀσίριδος οὐκ ἔχει σκιὰν οὐδὲ ποικιλμόν, ἀλλ´ ἓν ἁπλοῦν τὸ φωτοειδές· ἄκρατον γὰρ ἀρχὴ καὶ ἀμιγὲς τὸ πρῶτον καὶ νοητόν. ὅθεν ἅπαξ ταύτην ἀναλαβόντες ἀποτίθενται καὶ φυλάττουσιν ἀόρατον καὶ ἄψαυστον, ταῖς δ´ Ἰσιακαῖς χρῶνται πολλάκις. ἐν χρήσει γὰρ τὰ αἰσθητὰ καὶ πρόχειρα ὄντα πολλὰς ἀναπτύξεις καὶ θέας αὑτῶν ἄλλοτ´ ἄλλως ἀμειβομένων δίδωσιν· δὲ τοῦ νοητοῦ καὶ εἰλικρινοῦς καὶ ἁπλοῦ νόησις ὥσπερ ἀστραπὴ διαλάμψασα τῆς ψυχῆς ἅπαξ ποτὲ θιγεῖν καὶ προσιδεῖν παρέσχε. διὸ καὶ Πλάτων καὶ Ἀριστοτέλης ἐποπτικὸν τοῦτο τὸ μέρος τῆς φιλοσοφίας καλοῦσιν, καθ´ ὅσον οἱ τὰ δοξαστὰ καὶ μικτὰ καὶ παντοδαπὰ ταῦτα παραμειψάμενοι τῷ λόγῳ πρὸς τὸ πρῶτον ἐκεῖνο καὶ ἁπλοῦν καὶ ἄυλον ἐξάλλονται καὶ θιγόντες ἀληθῶς τῆς περὶ αὐτὸ καθαρᾶς ἀληθείας οἷον ἐν τελετῇ τέλος ἔχειν φιλοσοφίας νομίζουσι. [77] Les vêtements d'Isis sont teints de couleurs bigarrées, parce que son pouvoir s'étend sur la matière, qui reçoit toutes les formes, qui est susceptible de subir toutes les modifications possibles, puisqu'elle devient lumière, ténèbres ; jour, nuit; feu, eau; vie, mort; commencement, fin. Mais la robe d'Osiris ne présente ni ombre ni variété : elle est d'une seule couleur, et elle a l'éclat du jour, attendu que le principe de tout est sans mélange, que l'être primitif et intelligible est essentiellement pur. Aussi, après que ce vêtement a été exposé une seule fois, on le met de côté et on le garde religieusement : comme tout ce qui est de pure intelligence, on veut qu'il échappe aux regards et au toucher. Mais on se sert souvent des robes d'Isis : car les choses matérielles, étant d'un usage quotidien et à notre portée, nous avons occasion de les manier, de les voir à chaque instant, et elles se présentent sous des formes qui changent tour-à-tour. Mais la perception de l'être qui n'est qu'intelligence, que lumière, que sainteté, semble un éclair qui brille et que l'âme ne peut apercevoir et saisir qu'une fois. Voilà pourquoi Platon et Aristote donnent à cette partie de la philosophie le nom d'époptique. Ils veulent faire comprendre, que quand on a franchi à l'aide de la raison le mélange confus d'opinions de toutes espèces, on s'élance jusqu'à ce premier être simple et immatériel, on touche sans intermédiaire à la vérité pure qui circule autour de cet être; on est comme initié, et l'on parvient aux limites de toute philosophie.
[78] Καὶ τοῦθ´ ὅπερ οἱ νῦν ἱερεῖς ἀφοσιούμενοι καὶ παρακαλυπτόμενοι μετ´ εὐλαβείας ὑποδηλοῦσιν, ὡς θεὸς οὗτος ἄρχει καὶ βασιλεύει τῶν τεθνηκότων οὐχ ἕτερος ὢν τοῦ καλουμένου παρ´ Ἕλλησιν Ἅιδου καὶ Πλούτωνος, ἀγνοούμενον ὅπως ἀληθές ἐστι, διαταράττει τοὺς πολλοὺς ὑπονοοῦντας ἐν γῇ καὶ ὑπὸ γῆν τὸν ἱερὸν καὶ ὅσιον ὡς ἀληθῶς Ὄσιριν οἰκεῖν, ὅπου τὰ σώματα κρύπτεται τῶν τέλος ἔχειν δοκούντων. δ´ ἔστι μὲν αὐτὸς ἀπωτάτω τῆς γῆς ἄχραντος καὶ ἀμίαντος καὶ καθαρὸς οὐσίας ἁπάσης φθορὰν δεχομένης καὶ θάνατον, ἀνθρώπων δὲ ψυχαῖς ἐνταυθοῖ μὲν ὑπὸ σωμάτων καὶ παθῶν περιεχομέναις οὐκ ἔστι μετουσία τοῦ θεοῦ πλὴν ὅσον ὀνείρατος ἀμαυροῦ θιγεῖν νοήσει διὰ φιλοσοφίας· ὅταν δ´ ἀπολυθεῖσαι μεταστῶσιν εἰς τὸ ἀειδὲς καὶ ἀόρατον καὶ ἀπαθὲς καὶ ἁγνόν, | οὗτος αὐταῖς ἡγεμών ἐστι καὶ βασιλεὺς θεὸς ἐξηρτημέναις ὡς ἂν ἀπ´ αὐτοῦ καὶ θεωμέναις ἀπλήστως καὶ ποθούσαις τὸ μὴ φατὸν μηδὲ ῥητὸν ἀνθρώποις κάλλος· οὗ τὴν Ἶσιν παλαιὸς ἀποφαίνει λόγος ἐρῶσαν ἀεὶ καὶ διώκουσαν καὶ συνοῦσαν ἀναπιμπλάναι τὰ ἐνταῦθα πάντων καλῶν καὶ ἀγαθῶν, ὅσα γενέσεως μετέσχηκε. Ταῦτα μὲν οὖν οὕτως ἔχει τὸν μάλιστα θεοῖς πρέποντα λόγον· [78] Il est un autre dogme qui inspire aux prêtres d'aujourd'hui une horreur religieuse. Ils en font mystère, et ne le dévoilent qu'avec une réserve extrême : c'est le dogme par lequel il est enseigné qu'Osiris est maître et roi des morts, et qu'il n'est autre que l'Hadès et le Pluton des Grecs. Ce point de doctrine, sur lequel on ne connaît pas la vérité, trouble le vulgaire. On se figure qu'Osiris, ce Dieu saint et pur, habite en réalité sous terre, là où sont ensevelis les corps de ceux que l'on estime avoir cessé d'exister. Mais lui, au contraire, il est le plus loin possible de la terre. Pur et sans tache, il reste étranger à toute matière corruptible et mortelle. Les âmes des hommes, tant qu'elles sont ici-bas dans les liens du corps et sous l'influence d'affections diverses, n'ont point de communication avec la Divinité, hormis celles que peut réaliser l'intelligence par le secours de la philosophie et comme dans les visions confuses d'un songe. Mais lorsque, dégagées de leurs liens, les âmes échangent la terre contre un séjour immatériel, invisible et mystérieux, centre de pureté, que ne trouble aucune passion, ce même Dieu devient alors leur chef et leur roi. Les âmes s'attachent étroitement à lui, et contemplent avec une allégresse, avec un désir insatiables cette beauté qui échappe à tout contact, à tout regard humain. C'est cette même beauté dont Isis, selon l'ancienne mythologie, est toujours amoureuse, qu'elle poursuit sans cesse, avec laquelle elle s'unit, répandant ici-bas tous les biens et tous les avantages sur les êtres qui sont le produit d'une telle union. C'est ainsi qu'on peut trouver dans ces pratiques une interprétation convenable à la nature des Dieux.


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Dernière mise à jour : 11/01/2006