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[75] οὐ μὴν οὐδ´ ὁ κροκόδειλος αἰτίας πιθανῆς ἀμοιροῦσαν ἔσχηκε
τιμήν, ἀλλὰ μίμημα θεοῦ λέγεται γεγονέναι μόνος μὲν ἄγλωσσος ὤν·
φωνῆς γὰρ ὁ θεῖος λόγος ἀπροσδεής ἐστι καί ’δι´ ἀψόφου
βαίνων κελεύθου κατὰ δίκην τὰ θνήτ´ ἄγει‘ ·
μόνου δέ φασιν ἐν ὑγρῷ διαιτωμένου τὰς
ὄψεις ὑμένα λεῖον καὶ διαφανῆ παρακαλύπτειν ἐκ τοῦ
μετώπου κατερχόμενον, ὥστε βλέπειν μὴ βλεπόμενον,
ὃ τῷ πρώτῳ θεῷ συμβέβηκεν. ὅπου δ´ ἂν ἡ θήλεια τῆς
χώρας ἀποτέκῃ, τοῦτο Νείλου πέρας ἐπίσταται τῆς
αὐξήσεως γινόμενον. ἐν ὑγρῷ γὰρ οὐ δυνάμεναι, πόρρω
δὲ φοβούμεναι τίκτειν, οὕτως ἀκριβῶς προαισθάνονται
τὸ μέλλον, ὥστε τῷ ποταμῷ προσελθόντι χρῆσθαι
λοχευόμεναι, {καὶ} θάλπουσαι δὲ τὰ ᾠὰ ξηρὰ καὶ ἄβρεκτα
φυλάσσειν. ἑξήκοντα δὲ τίκτουσι καὶ τοσαύταις ἡμέραις
ἐκλέπουσι καὶ τοσούτους ζῶσιν ἐνιαυτοὺς οἱ μακρότατον
ζῶντες, ὃ τῶν μέτρων πρῶτόν ἐστι τοῖς περὶ τὰ οὐράνια
πραγματευομένοις. ἀλλὰ μὴν τῶν δι´ ἀμφότερα τιμωμένων
περὶ μὲν τοῦ κυνὸς εἴρηται πρόσθεν·
ἡ δ´ ἶβις ἀποκτείνουσα μὲν τὰ θανατηφόρα τῶν ἑρπετῶν
ἐδίδαξε πρώτη κενώματος ἰατρικοῦ χρείαν κατιδόντας
αὐτὴν κλυζομένην καὶ καθαιρομένην ὑφ´ ἑαυτῆς, οἱ δὲ
νομιμώτατοι τῶν ἱερέων καθάρσιον ὕδωρ ἁγνιζόμενοι
λαμβάνουσιν ὅθεν ἶβις πέπωκεν· οὐ πίνει γὰρ ἢ νοσῶδες
ἢ πεφαρμαγμένον οὐδὲ πρόσεισι. τῇ δὲ τῶν ποδῶν
διαστάσει πρὸς ἀλλήλους καὶ τὸ ῥύγχος ἰσόπλευρον
ποιεῖ τρίγωνον, ἔτι δ´ ἡ τῶν μελάνων πτερῶν πρὸς τὰ
λευκὰ ποικιλία καὶ μῖξις ἐμφαίνει σελήνην ἀμφίκυρτον.
οὐ δεῖ δὲ θαυμάζειν, εἰ γλίσχρας ὁμοιότητας οὕτως
ἠγάπησαν Αἰγύπτιοι. καὶ γὰρ καὶ Ἕλληνες ἔν τε
γραπτοῖς ἔν τε πλαστοῖς εἰκάσμασι θεῶν ἐχρήσαντο
πολλοῖς τοιούτοις, οἷον ἐν Κρήτῃ Διὸς ἦν ἄγαλμα μὴ
ἔχον ὦτα· τῷ γὰρ ἄρχοντι καὶ κυρίῳ πάντων οὐδενὸς
ἀκούειν προσήκει.
τῷ δὲ τῆς Ἀθηνᾶς τὸν δράκοντα Φειδίας παρέθηκε,
τῷ δὲ τῆς Ἀφροδίτης ἐν Ἤλιδι τὴν χελώνην,
ὡς τὰς μὲν παρθένους φυλακῆς δεομένας,
ταῖς δὲ γαμεταῖς οἰκουρίαν καὶ σιωπὴν πρέπουσαν.
ἡ δὲ τοῦ Ποσειδῶνος τρίαινα σύμβολόν ἐστι τῆς τρίτης χώρας,
ἣν θάλαττα κατέχει μετὰ τὸν οὐρανὸν καὶ τὸν ἀέρα
τεταγμένη· διὸ καὶ τὴν Ἀμφιτρίτην καὶ τοὺς Τρίτωνας
οὕτως ὠνόμασαν.
Οἱ δὲ Πυθαγόρειοι καὶ ἀριθμοὺς καὶ σχήματα θεῶν
ἐκόσμησαν προσηγορίαις. τὸ μὲν γὰρ ἰσόπλευρον τρίγωνον
ἐκάλουν Ἀθηνᾶν κορυφαγενῆ καὶ τριτογένειαν, ὅτι τρισὶ
καθέτοις ἀπὸ τῶν τριῶν γωνιῶν ἀγομέναις διαιρεῖται·
τὸ δ´ ἓν Ἀπόλλωνα πλήθους ἀποφάσει καὶ δι´ ἁπλότητα
τῆς μονάδος· ἔριν δὲ τὴν δυάδα καὶ τόλμαν, δίκην δὲ
τὴν τριάδα· τοῦ γὰρ ἀδικεῖν καὶ ἀδικεῖσθαι κατ´ ἔλλειψιν
καὶ ὑπερβολὴν ὄντος τὸ ἰσότητι δίκαιον ἐν μέσῳ
γέγονεν· ἡ δὲ καλουμένη τετρακτύς, τὰ ἓξ καὶ τριάκοντα,
| μέγιστος ἦν ὅρκος, ὡς τεθρύληται, καὶ κόσμος
ὠνόμασται, τεσσάρων μὲν ἀρτίων τῶν πρώτων, τεσσάρων
δὲ τῶν περισσῶν εἰς ταὐτὸ συντιθεμένων ἀποτελούμενος.
| [75] Le crocodile même n'est pas révéré sans qu'il y ait à
cela un motif plausible. On dit qu'il est une image de Dieu,
en ce qu'il est le seul animal qui n'ait point de langue. Car
la raison divine n'a pas besoin de parole pour se manifester :
"Par l'équité conduite, elle marche sans voix,
Et l'univers entier est régi par ses lois".
C'est, dit-on, le seul animal qui, vivant au milieu de l'eau,
ait les yeux couverts d'une membrane légère et transparente
partant du front, de manière qu'il voit sans être vu;
ce qui est le privilége du premier des Dieux. L'endroit de
la contrée où la femelle dépose ses oeufs est toujours le terme
où s'arrête le débordement du Nil. Les mères ne pouvant
pondre dans l'eau et craignant, d'autre part, d'en pondre
trop loin, ont un merveilleux pressentiment de l'avenir.
Tout en se tenant, après leur ponte et pendant leur couvée,
dans le voisinage du fleuve, dont les eaux se grossissent,
elles conservent néanmoins leurs oeufs secs et à l'abri de
l'inondation. Elles en produisent soixante, qu'elles mettent
autant de jours à faire éclore. Pareil aussi est le nombre
d'années que vivent le plus longtemps les crocodiles. Or
le nombre soixante est le premier que les astronomes emploient
dans leurs calculs.
Pour parler maintenant des animaux honorés à un double
titre nous avons cité plus haut le chien. Mais l'ibis, outre
qu'il détruit les reptiles dont la blessure est mortelle, nous
a enseigné le premier l'usage des lavements en nous faisant
voir de quelle manière il se purge et se lave lui-même les
entrailles. Les prêtres les plus scrupuleux en matière de
rites prennent pour eau lustrale, dans les purifications, celle
où l'ibis s'est désaltéré : car il n'en boit jamais qui soit
malsaine ou corrompue; il n'en approche même pas. Avec
la trace de ses deux pieds écartés l'un de l'autre et celle de
son bec, il détermine un triangle équilatéral. Enfin, la variété
et le mélange des plumes noires qui se confondent sur
lui avec les plumes blanches, figure la lune arrondie aux trois
quarts. Il ne faut pas s'étonner, du reste, si les Égyptiens se
sont contentés ainsi de ces faibles traits de ressemblance.
Les Grecs aussi, dans les images, soit peintes soit sculptées,
de leurs dieux, ont plus d'une fois réalisé des rapprochements
du même genre. En Crète, il y avait une statue de
Jupiter sans oreilles : attendu que le maître et le souverain
de tous les hommes ne doit écouter aucun mortel particulièrement.
Aux pieds de la statue de Minerve Phidias a placé
le dragon, et la tortue aux pieds de la Vénus d'Elide : pour signifier
que les jeunes filles ont besoin d'être gardées et qu'aux
femmes mariées il convient d'être sédentaires et d'observer le silence.
Le trident de Neptune est le symbole de la troisième région :
celle que la mer, dans la place assignée, occupe
après le ciel et l'air; et de là viennent les noms donnés
aux Tritons et à Amphitrite. Les Pythagoriciens, pareillement,
ont honoré d'appellations de dieux et des nombres et
des figures de géométrie. En effet ils ont donné au triangle
équilatéral le nom de Minerve, née du cerveau de Jupiter
et appelée Tritogénie, parce que les perpendiculaires abaissées
des trois angles sur les bases les divisent en parties
égales. L'unité est Apollon, parce que ce dernier nom est
la dénégation de la pluralité et l'expression de la monade;
Le Deux, c'est la querelle et l'audace ; le Trois, c'est la justice :
car entre le dommage apporté et le dommage reçu,
entre l'excès de la faiblesse et entre l'excès de la force, la
Justice tient le milieu et établit l'égalité. Le nombre appelé
quaternaire, à savoir trente-six, constituait, comme tout le
monde le répète, leur serment le plus sacré, et il porte le
nom de monde. Il se compose de la somme des quatre premiers
nombres pairs et de celle des quatre premiers nombres
impairs additionnés ensemble.
| [76] εἴπερ οὖν οἱ δοκιμώτατοι τῶν φιλοσόφων
οὐδ´ ἐν ἀψύχοις καὶ ἀσωμάτοις πράγμασιν αἴνιγμα τοῦ
θείου κατιδόντες ἠξίουν ἀμελεῖν οὐδὲν οὐδ´ ἀτιμάζειν,
ἔτι μᾶλλον, οἶμαι, τὰς ἐν αἰσθανομέναις καὶ ψυχὴν
ἐχούσαις καὶ πάθος καὶ ἦθος φύσεσιν ἰδιότητας
{κατὰ τὸ ἦθος} ἀγαπητέον {οὖν} οὐ ταῦτα τιμῶντας,
ἀλλὰ διὰ τούτων τὸ θεῖον ὡς ἐναργεστέρων
ἐσόπτρων καὶ φύσει γεγονότων. ἀληθὲς δὲ καὶ
τοῦτ´ ἔστιν, ὡς ὄργανον τὴν ψυχὴν δεῖ τοῦ πάντα
κοσμοῦντος θεοῦ νομίζειν καὶ ὅλως ἀξιοῦν γε μηδὲν
ἄψυχον ἐμψύχου μηδ´ ἀναίσθητον αἰσθανομένου κρεῖττον
εἶναι μηδ´ ἂν τὸν σύμπαντά τις χρυσὸν ὁμοῦ καὶ
σμάραγδον εἰς ταὐτὸ συμφορήσῃ. οὐκ ἐν χρόαις γὰρ
οὐδ´ ἐν σχήμασιν οὐδ´ ἐν λειότησιν ἐγγίνεται τὸ θεῖον,
ἀλλ´ ἀτιμοτέραν ἔχει νεκρῶν μοῖραν, ὅσα μὴ μετέσχε
μηδὲ μετέχειν τοῦ ζῆν πέφυκεν. ἡ δὲ ζῶσα καὶ βλέπουσα
καὶ κινήσεως ἀρχὴν ἐξ αὑτῆς ἔχουσα καὶ γνῶσιν
οἰκείων καὶ ἀλλοτρίων φύσις κάλλους τ´ ἔσπακεν ἀπορροὴν
καὶ μοῖραν ἐκ τοῦ φρονοῦντος, ’ὅτῳ κυβερνᾶται τὸ
{τε} σύμπαν‘ καθ´ Ἡράκλειτον. ὅθεν οὐ χεῖρον
ἐν τούτοις εἰκάζεται τὸ θεῖον ἢ χαλκοῖς καὶ λιθίνοις
δημιουργήμασιν, ἃ φθορὰς μὲν ὁμοίως δέχεται καὶ ἐπιχρώσεις,
αἰσθήσεως δὲ πάσης φύσει καὶ συνέσεως ἐστέρηται.
Περὶ μὲν οὖν τῶν τιμωμένων ζῴων ταῦτα δοκιμάζω
μάλιστα τῶν λεγομένων·
| [76] Si donc les plus estimables d'entre les philosophes,
dès qu'ils ont remarqué dans les substances inanimées et
privées dé corps quelques traits rappelant la Divinité, n'ont
pas cru devoir les négliger et les mépriser, à plus forte raison
nous devons nous montrer scrupuleux lorsque dans les êtres
doués de sens, de vie et d'affections nous retrouvons des
ressemblances morales avec la Divinité. Il faut approuver
non pas ceux qui adorent ces êtres en eux-mêmes, mais
ceux pour qui ces êtres deviennent une occasion d'adorer
Dieu. Ce sont comme des miroirs fidèles que nous offre la
nature. Tout ce qui a vie doit être à nos yeux un instrument
de cette Divinité qui préside à l'harmonie de l'Univers;
et d'ailleurs, disons-le comme un principe général: on
ne doit jamais admettre que ce qui est inanimé, insensible,
puisse l'emporter sur ce qui a la vie et le sentiment,
même lorsqu'on rassemblerait tout ce qu'il y a d'or et
d'émeraudes dans le monde. En effet ce n'est ni dans l'éclat
des couleurs, ni dans l'élégance des formes, ni dans le poli
des surfaces que s'imprime la Divinité ; et même ce qui n'a
pas eu vie, ce qui n'a pas été créé pour en avoir, est d'une
condition inférieure à ce qui est mort. Au contraire une
substance qui vit, qui voit, qui a en elle-même un principe
de mouvement, qui discerne ce qui lui convient et ce qui lui
est étranger, a reçu, à n'en pas douter, une part, une émanation
de cette Providence par qui, selon l'expression d'Héraclite,
est gouverné le grand Tout. Aussi la Divinité n'a-t-elle
pas moins sensiblement imprimé sa ressemblance dans
de telles natures que dans les ouvrages de bronze et de
pierre. Il est vrai que ces derniers peuvent reproduire aussi
le mélange des teintes et la combinaison des couleurs,
mais ils sont, par nature, privés de sentiment et d'intelligence.
De tout ce qui a été dit sur le culte rendu aux animaux
voilà ce que j'estime être le plus raisonnable.
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