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[73] πολλῶν δὲ λεγόντων εἰς ταῦτα τὰ ζῷα
τὴν Τυφῶνος αὐτοῦ διῃρῆσθαι ψυχὴν αἰνίττεσθαι δόξειεν
ἂν ὁ μῦθος, ὅτι πᾶσα φύσις ἄλογος καὶ θηριώδης τῆς
τοῦ κακοῦ δαίμονος γέγονε μοίρας, κἀκεῖνον ἐκμειλισσόμενοι
καὶ παρηγοροῦντες περιέπουσι ταῦτα καὶ θεραπεύουσιν·
ἂν δὲ πολὺς ἐμπίπτῃ καὶ χαλεπὸς αὐχμὸς
ἐπάγων ὑπερβαλλόντως ἢ νόσους ὀλεθρίους ἢ συμφορὰς
ἄλλας παραλόγους καὶ ἀλλοκότους, ἔνια τῶν τιμωμένων
οἱ ἱερεῖς ἀπάγοντες ὑπὸ σκότῳ μετὰ σιωπῆς καὶ ἡσυχίας
ἀπειλοῦσι καὶ δεδίττονται τὸ πρῶτον, ἂν δ´ ἐπιμένῃ,
καθιερεύουσι καὶ σφάττουσιν, ὡς δή τινα κολασμὸν
ὄντα τοῦ δαίμονος τοῦτον ἢ καθαρμὸν ἄλλως μέγαν ἐπὶ
μεγίστοις· καὶ γὰρ ἐν Εἰλειθυίας πόλει ζῶντας ἀνθρώπους
κατεπίμπρασαν, ὡς Μανεθὼς ἱστόρηκε, Τυφωνείους
καλοῦντες καὶ τὴν τέφραν αὐτῶν λικμῶντες ἠφάνιζον
καὶ διέσπειρον. ἀλλὰ τοῦτο μὲν ἐδρᾶτο φανερῶς καὶ
καθ´ ἕνα καιρὸν ἐν ταῖς κυνάσιν ἡμέραις· αἱ δὲ τῶν
τιμωμένων ζῴων καθιερεύσεις ἀπόρρητοι καὶ χρόνοις
ἀτάκτοις πρὸς τὰ συμπίπτοντα γινόμεναι τοὺς πολλοὺς
λανθάνουσι, πλὴν ὅταν Ἄπιδος ταφὰς ἔχωσι καὶ τῶν
ἄλλων ἀναδεικνύντες ἔνια πάντων παρόντων συνεμβάλλωσιν
οἰόμενοι τοῦ Τυφῶνος ἀντιλυπεῖν καὶ κολούειν τὸ
ἡδόμενον. ὁ γὰρ Ἆπις δοκεῖ μετ´ ὀλίγων ἄλλων ἱερὸς
εἶναι τοῦ Ὀσίριδος· ἐκείνῳ δὲ τὰ πλεῖστα προσνέμουσι.
κἂν ἀληθὴς ὁ λόγος οὗτος, σημαίνειν ἡγοῦμαι τὸ ζητούμενον
ἐπὶ τῶν ὁμολογουμένων καὶ κοινὰς ἐχόντων τὰς
τιμάς, οἷόν ἐστιν ἶβις καὶ ἱέραξ καὶ κυνοκέφαλος, αὐτὸς
ὁ Ἆπις · οὕτω δὴ γὰρ τὸν ἐν Μένδητι τράγον καλοῦσι.
| [73] Plusieurs auteurs prétendent que l'âme de Typhon
fut comme divisée entre tous ces animaux. Cette fable donnerait
à entendre, que toutes les natures brutes et sauvages
constituent une part de ce mauvais Génie, et que c'est pour
l'adoucir, pour le calmer, que l'on respecte et que l'on honore
ces différents animaux. Lorsqu'il survient une sécheresse
excessive et pernicieuse, qui amène avec soi dans
d'effrayantes proportions des maladies funestes ou d'autres
calamités imprévues et étranges, les prêtres choisissent
quelques-uns de ces animaux sacrés; puis, ils les emmènent
au milieu des ténèbres en s'entourant de calme et de silence.
Ils cherchent d'abord à les effrayer par des menaces.
Si le fléau persiste, ils les offrent en victimes et les égorgent,
soit pour châtier ainsi le mauvais Génie, soit pour consommer
d'une manière ou d'une autre une grande expiation à
propos d'un grand malheur. Il y a plus: Manéthos rapporte
que dans la ville d'Ilythie on brûlait vifs des hommes
à qui on donnait le nom de Typhoniens ; on passait ensuite
leur cendre dans un crible pour la faire disparaître et la semer
au vent. Mais cela se pratiquait en public à une époque
fixe, à savoir pendant les jours de la canicule. Au contraire,
les immolations d'animaux sacrés ont lieu secrètement, à
des époques irrégulières, et selon telles ou telles circonstances.
Le vulgaire n'en est pas instruit, si ce n'est lorsqu'on
célèbre leurs funérailles. Alors les prêtres en désignent
un certain nombre des autres espèces, et en présence
de tout le monde ils les jettent dans la même tombe que les
animaux dont se font les obsèques : ils se figurent que l'on
afflige ainsi Typhon, et qu'on diminue la joie qu'il éprouve.
Apis, avec quelques autres, semble être consacré à Osiris;
mais le plus grand nombre d'animaux est attribué à Typhon.
Si ce propos est vrai, je pense que le fait dont nous
nous occupons a lieu aux funérailles de tous les animaux
reconnus et honorés en commun, tels que l'ibis, l'épervier,
le cynocéphale, Apis lui-même, et Pan : car ils donnent ce
dernier nom au bouc que l'on entretient à Mendès.
| [74] Λείπεται δὲ δὴ τὸ χρειῶδες καὶ τὸ συμβολικόν, ὧν
ἔνια θατέρου, πολλὰ δ´ ἀμφοῖν μετέσχηκε. βοῦν μὲν οὖν
καὶ πρόβατον καὶ ἰχνεύμονα δῆλον ὅτι χρείας ἕνεκα καὶ
ὠφελείας ἐτίμησαν, ὡς Λήμνιοι κορύδους τὰ τῶν ἀτταλάβων
εὑρίσκοντας ᾠὰ καὶ κόπτοντας, Θεσσαλοὶ δὲ
πελαργούς, ὅτι πολλοὺς ὄφεις τῆς γῆς ἀναδιδούσης
ἐπιφανέντες ἐξώλεσαν ἅπαντας (διὸ καὶ νόμον ἔθεντο
φεύγειν ὅστις ἂν ἀποκτείνῃ πελαργόν)· ἀσπίδα δὲ καὶ
γαλῆν καὶ κάνθαρον, εἰκόνας τινὰς ἐν αὐτοῖς ἀμαυρὰς |
ὥσπερ ἐν σταγόσιν ἡλίου τῆς τῶν θεῶν δυνάμεως κατιδόντες.
τὴν μὲν γὰρ γαλῆν ἔτι πολλοὶ νομίζουσι καὶ
λέγουσι κατὰ τὸ οὖς ὀχευομένην τῷ δὲ στόματι τίκτουσαν
εἴκασμα τῆς τοῦ λόγου γενέσεως εἶναι· τὸ δὲ κανθάρων
γένος οὐκ ἔχειν θήλειαν, ἄρρενας δὲ πάντας ἀφιέναι
τὸν γόνον εἰς τὴν σφαιροποιουμένην ὕλην, ἣν κυλινδοῦσιν
ἀντιβάδην ὠθοῦντες, ὥσπερ δοκεῖ τὸν οὐρανὸν ὁ ἥλιος
ἐς τοὐναντίον περιστρέφειν αὐτὸς ἀπὸ δυσμῶν ἐπὶ τὰς
ἀνατολὰς φερόμενος· ἀσπίδα δ´ ὡς ἀγήρω καὶ χρωμένην
κινήσεσιν ἀνοργάνοις μετ´ εὐπετείας καὶ ὑγρότητος
ἀστραπῇ προσείκασαν.
| [74] Reste à expliquer l'utilité de ces animaux, et leur portée
symbolique. Quelques-uns ont l'un ou l'autre de ces
caractères, plusieurs les possèdent tous deux. Le boeuf, par
exemple, la brebis, l'ichneumon, ont été évidemment révérés
en raison de leur utilité et des services qu'on en tire.
C'est ainsi qu'à Lemnos on honore les alouettes, parce
qu'elles découvrent les oeufs de sauterelles et les cassent. En
Thessalie ce sont les cigognes : parce que, étant survenues
au moment où la terre avait produit à sa surface un grand
nombre de reptiles, elles les avaient tous fait périr. Aussi
a-t-on porté une loi frappant d'exil quiconque aura tué une
cigogne. Les Egyptiens adorent l'aspic, la belette, l'escarbot,
voyant en eux des traits d'obscure similitude avec la
puissance divine, comme le soleil se reproduit dans des
gouttes d'eau. Pour ce qui est de la belette, bien des gens
encore pensent et disent que cet animal conçoit par l'oreille
et enfante par la bouche : ce qui, selon eux, représente la
génération du discours. Ils prétendent qu'il n'y a pas d'escarbots
femelles : que tous sont mâles, et déposent leur semence
dans une sorte de matière arrondie en boule et qu'ils
roulent en la poussant avec leurs pattes de derrière. On y
voit une imitation du cours du soleil qui, allant d'occident
en orient, semble suivre une direction contraire à celle du
ciel. Enfin, comme l'aspic ne vieillit point, et que, sans avoir
les organes du mouvement, il se meut avec une grande
prestesse et une grande facilité, on l'a comparé à un astre.
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