HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur Isis et Osiris

Chapitre 71-72

  Chapitre 71-72

[71] τὸ δ´ οὐκ ἔστι τοιοῦτον, ἀλλὰ θρηνοῦσι μὲν τοὺς καρπούς, εὔχονται δὲ τοῖς αἰτίοις καὶ δοτῆρσι θεοῖς ἑτέρους πάλιν νέους ποιεῖν καὶ ἀναφύειν ἀντὶ τῶν ἀπολλυμένων. ὅθεν ἄριστα λέγεται παρὰ τοῖς φιλοσόφοις τὸ τοὺς μὴ μανθάνοντας ὀρθῶς ἀκούειν ὀνομάτων κακῶς χρῆσθαι καὶ τοῖς πράγμασιν· ὥσπερ Ἑλλήνων οἱ τὰ χαλκᾶ καὶ τὰ γραπτὰ καὶ λίθινα μὴ μαθόντες μηδ´ ἐθισθέντες ἀγάλματα καὶ τιμὰς θεῶν ἀλλὰ θεοὺς καλεῖν, εἶτα τολμῶντες λέγειν, ὅτι τὴν Ἀθηνᾶν Λαχάρης ἐξέδυσε, τὸν δ´ Ἀπόλλωνα χρυσοῦς βοστρύχους ἔχοντα Διονύσιος ἀπέκειρεν, δὲ Ζεὺς Καπετώλιος περὶ τὸν ἐμφύλιον πόλεμον ἐνεπρήσθη καὶ διεφθάρη, λανθάνουσι συνεφελκόμενοι καὶ παραδεχόμενοι δόξας πονηρὰς ἑπομένας τοῖς ὀνόμασιν. Τοῦτο δ´ οὐχ ἥκιστα πεπόνθασιν Αἰγύπτιοι περὶ τὰ τιμώμενα τῶν ζῴων. Ἕλληνες μὲν γὰρ ἔν γε τούτοις λέγουσιν ὀρθῶς καὶ νομίζουσιν ἱερὸν Ἀφροδίτης ζῷον εἶναι τὴν περιστερὰν καὶ τὸν δράκοντα τῆς Ἀθηνᾶς καὶ τὸν κόρακα τοῦ Ἀπόλλωνος καὶ τὸν κύνα τῆς Ἀρτέμιδος, ὡς Εὐριπίδης· ’Ἑκάτης ἄγαλμα φωσφόρου κύων ἔσῃ‘· Αἰγυπτίων δ´ οἱ πολλοὶ θεραπεύοντες αὐτὰ τὰ ζῷα καὶ περιέποντες ὡς θεοὺς οὐ γέλωτος μόνον οὐδὲ χλευασμοῦ καταπεπλήκασι τὰς ἱερουργίας, ἀλλὰ τοῦτο τῆς ἀβελτερίας ἐλάχιστόν ἐστι κακόν· δόξα δ´ ἐμφύεται δεινὴ τοὺς μὲν ἀσθενεῖς καὶ ἀκάκους εἰς ἄκρατον ὑπερείπουσα τὴν δεισιδαιμονίαν, τοῖς δὲ δριμυτέροις καὶ θρασυτέροις εἰς ἀθέους ἐμπίπτουσα καὶ θηριώδεις λογισμούς. καὶ περὶ τούτων τὰ εἰκότα διελθεῖν οὐκ ἀνάρμοστόν ἐστι· [71] Du reste, ce n'est pas ainsi que la chose se passe. On pleure, il est vrai, la perte des fruits, mais on prie ceux qui les font naître et qui nous les donnent, à savoir les Dieux, d'en produire encore de nouveaux et de les faire naître pour remplacer ceux qui ne sont plus. C'est d'après cela que les philosophes ont toute raison de dire, que quand on ne sait pas bien comprendre le sens des mots, on se trompe aussi sur l'emploi des choses. Ainsi, chez les Grecs, ceux qui, voyant les reproductions des Dieux sur le bronze, sur la toile ou sur la pierre, appelaient, par défaut d'instruction ou d'habitude, de semblables effigies non pas des images ou des emblèmes religieux, mais des dieux mêmes, ceux-là en vinrent jusqu'à oser dire, que Lacharès avait dépouillé Minerve, que Denys avait coupé à Apollon les boucles d'or de sa chevelure, que Jupiter Capitolin avait été dévoré par les flammes et consumé dans les horreurs de la guerre civile. Ils ne remarquèrent pas que l'abus des mots les entraînait à en faire sortir des croyances perverses et à les adopter. C'est une erreur que n'ont en aucune façon évitée les Égyptiens dans le culte par eux rendu aux animaux. Les Grecs, du moins en cela, pensent et s'expriment d'une manière exacte, quand ils disent que la colombe est consacrée à Vénus, le dragon à Minerve, le corbeau à Apollon, et le chien à Diane, comme on lit dans Euripide : "Tu deviendras statue et la chienne d'Hécate". Mais le plus grand nombre des Égyptiens, en adorant les animaux eux-mêmes, en les entourant d'hommages comme si c'étaient des dieux, n'ont pas seulement chargé leur liturgie de pratiques ridicules et bouffonnes, ce qui est le moindre mal de toutes ces absurdités : ils ont encore donné lieu à des opinions funestes, qui ont fait succomber sous la superstition la plus grossière les esprits faibles et sans malice, et qui ont développé l'athéisme, avec ses plus farouches théories, chez les hommes énergiques et audacieux. C'est pourquoi il n'est pas hors de propos d'exposer ce qu'il y a de vraisemblable en ces matières.
[72] τὸ μὲν γὰρ εἰς ταῦτα τὰ ζῷα τοὺς θεοὺς τὸν Τυφῶνα δείσαντας μεταβαλεῖν, οἷον ἀποκρύπτοντας ἑαυτοὺς σώμασιν ἴβεων καὶ κυνῶν καὶ ἱεράκων, πᾶσαν ὑπερπέπαικε τερατείαν καὶ μυθολογίαν, καὶ τὸ ταῖς ψυχαῖς τῶν θανόντων ὅσαι διαμένουσιν εἰς ταῦτα μόνα γίνεσθαι τὴν παλιγγενεσίαν ὁμοίως ἄπιστον. τῶν δὲ βουλομένων πολιτικήν τινα λέγειν αἰτίαν οἱ μὲν Ὄσιριν ἐν τῇ μεγάλῃ στρατιᾷ φασιν εἰς μέρη πολλὰ διανείμαντα τὴν δύναμιν (λόχους καὶ τάξεις Ἑλληνικῶς καλοῦσιν), ἐπίσημα δοῦναι {καὶ} ζῳόμορφα πᾶσιν, ὧν ἕκαστον τῷ γένει τῶν συννεμηθέντων ἱερὸν γενέσθαι καὶ τίμιον· | οἱ δὲ τοὺς ὕστερον βασιλεῖς ἐκπλήξεως ἕνεκα τῶν πολεμίων ἐν ταῖς μάχαις ἐπιφαίνεσθαι θηρίων χρυσᾶς προτομὰς καὶ ἀργυρᾶς περιτιθεμένους· ἄλλοι δὲ {τῶνδε} τῶν δεινῶν τινα καὶ πανούργων βασιλέων ἱστοροῦσι τοὺς Αἰγυπτίους καταμαθόντα τῇ μὲν φύσει κούφους καὶ πρὸς μεταβολὴν καὶ νεωτερισμὸν ὀξυρρόπους ὄντας, ἄμαχον δὲ καὶ δυσκάθεκτον ὑπὸ πλήθους δύναμιν ἐν τῷ συμφρονεῖν καὶ κοινοπραγεῖν ἔχοντας, ἀίδιον αὐτοῖς ἐγκατασπεῖραι δείξαντα δεισιδαιμονίαν διαφορᾶς ἀπαύστου πρόφασιν. τῶν γὰρ θηρίων, προσέταξεν ἄλλοις ἄλλα τιμᾶν καὶ σέβεσθαι, δυσμενῶς καὶ πολεμικῶς ἀλλήλοις προσφερομένων καὶ τροφὴν ἑτέρων ἕτερα προσίεσθαι πεφυκότων ἀμύνοντες ἀεὶ τοῖς οἰκείοις ἕκαστοι καὶ χαλεπῶς ἀδικουμένων φέροντες ἐλάνθανον ταῖς τῶν θηρίων ἔχθραις συνεφελκόμενοι καὶ συνεκπολεμούμενοι πρὸς ἀλλήλους. μόνοι γὰρ ἔτι νῦν Αἰγυπτίων Λυκοπολῖται πρόβατον ἐσθίουσιν, ἐπεὶ καὶ λύκος, ὃν θεὸν νομίζουσιν· οἱ δ´ Ὀξυρυγχῖται καθ´ ἡμᾶς τῶν Κυνοπολιτῶν τὸν ὀξύρυγχον ἰχθὺν ἐσθιόντων κύνα συλλαβόντες καὶ θύσαντες ὡς ἱερεῖον κατέφαγον, ἐκ δὲ τούτου καταστάντες εἰς πόλεμον ἀλλήλους τε διέθηκαν κακῶς καὶ ὕστερον ὑπὸ Ῥωμαίων κολαζόμενοι διετέθησαν. [72] On a prétendu que les Dieux, par crainte de Typhon, s'étaient métamorphosés en ces divers animaux, se cachant en quelque façon dans des corps d'ibis, de chiens, d'éperviers. Ces sortes de contes dépassent toutes les monstruosités, toutes les fables possibles. Il ne faut pas croire davantage, que parmi les âmes des morts celles à qui il est donné de survivre à leur dépouille terrestre, ne reviennent à la vie que dans les corps de ces animaux seuls. Il en est pourtant qui veulent donner à cette croyance une explication toute politique. Selon quelques-uns, Osiris, ayant une armée très considérable, partagea ses forces en plusieurs bandes, ou, comme nous dirions, en cohortes et en compagnies; à chacune d'elles il donna une enseigne représentant un animal, et l'espèce de cet animal devint pour tous les soldats réunis sous la même bannière un objet de culte et de vénération. Selon d'autres, les rois qui vinrent plus tard voulant effrayer leurs ennemis, se présentaient à eux couverts de figures de bêtes féroces, simulées en or ou en argent. Il y en a d'autres qui racontent ce que fit un de leurs rois, plein d'adresse et de ruse. Il connaissait les Égyptiens pour des esprits légers et fort disposés au changement et aux révolutions. D'un autre côté ce roi comprenait qu'en raison de leur grand nombre, la résistance par eux opposée à qui tenterait de briser leur coalition pour le mal serait un obstacle invincible. Il voulut donc semer au milieu d'eux un germe éternel de discorde, et il leur inspira la superstition, cause de conflits perpétuels. Les différents animaux proposés par lui à leur culte et à leur vénération étant ceux qui se détestent, qui se font la guerre, et qui se mangent mutuellement les uns les autres, il s'en suivit que chaque corps d'armée défendait les siens et ne pouvait supporter qu'on les insultât. Il se trouva que par cela même ils avaient, sans s'en apercevoir, épousé les haines de ces animaux et se faisaient constamment la guerre. Ainsi, encore de nos jours, les Lycopolitains sont les seuls en Égypte qui mangent de la brebis à l'imitation du loup, qu'ils adorent comme un dieu. Nous avons vu les Oxyrynchites, parce qu'ils avaient su que ceux de Cynopolis mangeaient de 1'oxyrynque, prendre des chiens, les immoler et en manger comme chair de victimes. De là est survenue une guerre dans laquelle les deux peuples se sont mutuellement fort maltraités; et plus tard il a fallu une vigoureuse répression des Romains pour les remettre dans l'ordre.


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Dernière mise à jour : 11/01/2006