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[69] Πῶς οὖν χρηστέον ἐστὶ ταῖς σκυθρωπαῖς καὶ
ἀγελάστοις καὶ πενθίμοις θυσίαις, εἰ μήτε παραλείπειν
τὰ νενομισμένα καλῶς ἔχει μήτε φύρειν τὰς περὶ θεῶν
δόξας καὶ συνταράττειν ὑποψίαις ἀτόποις; καὶ παρ´ Ἕλλησιν
ὅμοια πολλὰ γίνεται περὶ τὸν αὐτὸν ὁμοῦ τι
χρόνον, οἷς Αἰγύπτιοι δρῶσιν ἐν τοῖς Ἰσείοις. καὶ γὰρ
Ἀθήνησι νηστεύουσιν αἱ γυναῖκες ἐν Θεσμοφορίοις χαμαὶ
καθήμεναι, καὶ Βοιωτοὶ τὰ τῆς Ἀχαίας μέγαρα κινοῦσιν
ἐπαχθῆ τὴν ἑορτὴν ἐκείνην ὀνομάζοντες, ὡς διὰ τὴν τῆς
Κόρης κάθοδον ἐν ἄχει τῆς Δήμητρος οὔσης. ἔστι δ´ ὁ
μὴν οὗτος περὶ Πλειάδας σπόριμος, ὃν Ἀθὺρ Αἰγύπτιοι,
Πυανεψιῶνα δ´ Ἀθηναῖοι, Βοιωτοὶ δὲ Δαμάτριον καλοῦσι.
τοὺς δὲ πρὸς ἑσπέραν οἰκοῦντας ἱστορεῖ Θεόπομπος
ἡγεῖσθαι καὶ καλεῖν τὸν μὲν χειμῶνα
Κρόνον, τὸ δὲ θέρος Ἀφροδίτην, τὸ δ´ ἔαρ Περσεφόνην·
ἐκ δὲ Κρόνου καὶ Ἀφροδίτης γεννᾶσθαι πάντα.
Φρύγες δὲ τὸν θεὸν οἰόμενοι χειμῶνος καθεύδειν θέρους
δ´ ἐγρηγορέναι τοτὲ μὲν κατευνασμούς, τοτὲ δ´ ἀνεγέρσεις
βακχεύοντες αὐτῷ τελοῦσι· Παφλαγόνες δὲ καταδεῖσθαι
καὶ καθείργνυσθαι χειμῶνος, ἦρος δὲ κινεῖσθαι καὶ
ἀναλύεσθαι φάσκουσι·
| [69] Comment donc doit-on s'acquitter des sacrifices sombres,
sérieux et lugubres, si d'un côté il est convenable de
ne pas négliger les prescriptions établies, et si de l'autre
il n'est pas permis d'altérer les opinions religieuses ni de
les troubler par des conjectures absurdes? Chez les Grecs
aussi, il se célèbre plusieurs cérémonies dans le même
temps qu'il s'en accomplit chez les Egyptiens, et il y a une
grande analogie entre les pratiques sacrées qui s'observent
de part et d'autre. Ainsi, à Athènes, les femmes qui
célèbrent les Thesmophories jeûnent en se tenant assises
par terre. En Béotie, on déplace certaines chapelles d'Achma,
quand on célèbre la fête qu'on appelle Épachthè (désolation),
parce que la descente de Proserpine aux enfers causa
la désolation de Cérès. Cette fête tombe à l'époque du lever
des Pléiades, dans le mois des semailles, mois qui est appelé
Athyr par les Egyptiens, Pyanepsion par les Athéniens, et
Damatrius par les Béotiens. Théopompe rapporte que les
peuples qui habitent au couchant désignent, par suite de
leur croyance, l'hiver sous le nom de Saturne, l'été sous
celui de Vénus, le printemps sous celui de Proserpine; et
ces peuples pensent que tous les êtres procèdent de Saturne
et de Vénus. Les Phrygiens, qui croient que Dieu dort
pendant l'hiver et se réveille l'été, célèbrent dans la première
de ces deux saisons des bacchanales qu'ils appellent
"les assoupissements", et dans la seconde d'autres qu'ils
nomment « les réveils ». Enfin, les Paphlagoniens disent
souvent que Dieu est étroitement enchaîné et garrotté pen-
dant l'hiver, mais que l'été il reprend ses mouvements et son
indépendance.
| [70] καὶ δίδωσιν ὁ καιρὸς ὑπόνοιαν ἐπὶ τῶν καρπῶν τῇ ἀποκρύψει
γενέσθαι τὸν σκυθρωπασμόν, οὓς οἱ παλαιοὶ θεοὺς μὲν οὐκ ἐνόμιζον,
ἀλλὰ δῶρα θεῶν ἀναγκαῖα καὶ μεγάλα πρὸς τὸ μὴ ζῆν ἀγρίως
καὶ θηριωδῶς· | καθ´ ἣν δ´ ὥραν τοὺς μὲν ἀπὸ δένδρων
ἑώρων ἀφανιζομένους παντάπασιν καὶ ἀπολείποντας, τοὺς
δὲ καὶ αὐτοὶ κατέσπειρον ἔτι γλίσχρως καὶ ἀπόρως,
διαμώμενοι ταῖς χερσὶ τὴν γῆν καὶ περιστέλλοντες
αὖθις, ἐπ´ ἀδήλῳ τῷ πάλιν ἐκφανεῖσθαι καὶ συντέλειαν
ἕξειν ἀποθέμενοι πολλὰ θάπτουσιν ὅμοια καὶ πενθοῦσιν
ἔπραττον. εἶθ´ ὥσπερ ἡμεῖς τὸν ὠνούμενον βιβλία Πλάτωνος
ὠνεῖσθαί φαμεν Πλάτωνα καὶ Μένανδρον ὑποκρίνεσθαι
τὸν τὰ Μενάνδρου ποιήμαθ´ διατιθέμενον,
οὕτως ἐκεῖνοι τοῖς τῶν θεῶν ὀνόμασι τὰ τῶν θεῶν δῶρα
καὶ ποιήματα καλεῖν οὐκ ἐφείδοντο, τιμῶντες ὑπὸ χρείας
καὶ σεμνύνοντες. οἱ δ´ ὕστερον ἀπαιδεύτως δεχόμενοι καὶ
ἀμαθῶς ἀναστρέφοντες ἐπὶ τοὺς θεοὺς τὰ πάθη τῶν
καρπῶν καὶ τὰς παρουσίας τῶν ἀναγκαίων καὶ ἀποκρύψεις
θεῶν γενέσεις καὶ φθορὰς οὐ προσαγορεύοντες
μόνον ἀλλὰ καὶ νομίζοντες ἀτόπων καὶ παρανόμων καὶ
τεταραγμένων δοξῶν αὑτοὺς ἐνέπλησαν, καίτοι τοῦ παραλόγου
τὴν ἀτοπίαν ἐν ὀφθαλμοῖς ἔχοντες. ὁ μὲν οὖν
Ξενοφάνης ὁ Κολοφώνιος ἠξίωσε τοὺς Αἰγυπτίους,
εἰ θεοὺς νομίζουσι, μὴ θρηνεῖν, εἰ δὲ θρηνοῦσι, θεοὺς μὴ
νομίζειν, ἀλλ´ ὅτι γελοῖον ἅμα θρηνοῦντας εὔχεσθαι
τοὺς καρποὺς πάλιν ἀναφαίνειν καὶ τελειοῦν ἑαυτοῖς,
ὅπως πάλιν ἀναλίσκωνται καὶ θρηνῶνται·
| [70] La saison même où se célèbrent ces fêtes essentiellement
lugubres, donne lieu de croire qu'elles ont été instituées
parce que c'est le moment où tout est caché dans la
terre. Les fruits étaient regardés par les anciens, sinon
comme dieux, du moins comme présents des Dieux; ils étaient
d'une grande importance, et nécessaires pour que les hommes
ne vécussent pas d'une vie de sauvages et de bêtes.
Dans la saison où l'on voyait les fruits disparaître complétement
des arbres et faire défaut, ainsi que ceux que l'on
avait semés soi-même dans des conditions de pénurie et de
stérilité, on ouvrait la terre de ses propres mains, et on la
rapprochait ensuite, après y avoir déposé des germes desquels
l'on n'espérait que très faiblement la maturité. On
faisait aussi beaucoup de choses qui se pratiquent dans les
funérailles et dans le deuil. Ainsi, comme nous disons de
quelqu'un, quand il achète les ouvrages de Platon, qu'il a
acheté Platon, quand il joue les comédies de Ménandre,
qu'il joue Ménandre, de même ces peuples n'hésitaient pas
à donner le nom des Dieux aux productions et aux largesses
divines, honorant et sanctifiant celles-ci à cause du besoin
qu'ils en avaient. Leurs descendants ne surent pas accepter
d'une façon intelligente cette tradition : ils transportèrent
maladroitement sur les Dieux les modifications que subissent
les fruits, parmi lesquels nous voyons ceux qui nous sont
indispensables paraître et disparaître tour à tour. Non
seulement ils appelèrent ces phénomènes, naissances et morts des
Dieux, mais encore ils crurent à ces naissances, à ces morts ;
ils se remplirent ainsi de dogmes absurdes, impies, et qui
n'étaient que confusion. L'inconséquence de semblables erreurs
était pourtant de nature à frapper les yeux. Ainsi,
l'on connaît le dilemme de Xénophane le Colophonien :
"Ou les Égyptiens croient à la divinité de leurs Dieux, et alors
ils ne doivent pas les pleurer ; ou ils les pleurent, et alors
ils ne doivent pas croire à leur divinité". En effet, il est ridicule
de demander au ciel avec larmes que les fruits reparaissent
et deviennent mûrs, pour les pleurer de nouveau
quand ils seront consumés.
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